Deux ou trois choses sur Delle

 

carte ayant voyagé en 1909

 

du château médiéval à l'église St Léger

 

"Delle a d'abord été une ville fortifiée : le 31 décembre 1231, lorsque l'abbé de Murbach, propriétaire de la cité, l'avait cédée au roi Henri VII, fils de l'empereur Frédéric II, il avait été convenu qu'elle serait fortifiée.
Différents documents, études ou vestiges encore conservés permettent de savoir en quoi consistait le système de défense de la cité médiévale.
Le point fort du dispositif était le château. Il était édifié sur l'angle de la falaise qui dominait à la fois le passage de la Voie Romaine et le confluent de l'Allaine et de la Batte. Il se présentait sous la forme d'une imposante forteresse carrée renforcée par une tour à chaque angle.

 

donjon et pont-levis

La plus grosse des quatre, au nord-ouest, servait de donjon. À son pied s'ouvrait la porte principale, fermée par un pont-levis qui, abattu, permettait de franchir le large fossé dédoublé en cet endroit.
À l'intérieur de la cour, se trouvaient l'indispensable puits et les différents bâtiments appuyés à la courtine, l'habitation seigneuriale, la chapelle, les logements de la garnison, granges, écuries, maison du portier.
On sait que l'édifice a été détruit en 1673, sur l'ordre de Louis XIV, après la visite de Turenne, qui ne souhaitait pas voir subsister, en Alsace, des forteresses coûteuses à entretenir, et qui pouvaient retomber entre des mains ennemies.
Le château avait donc disparu depuis plus d'un siècle lorsqu'éclata la Révolution. En revanche, l'enceinte de la ville était restée encore pratiquement intacte.

 

L'église Saint-Léger, avec son clocher à bulbe comtois, a connu de nombreux avatars.
Malgré les inondations et les incendies,
les hommes ont toujours reconstruit et amélioré l'édifice religieux.

 

Les dates inscrites au-dessus de la porte latérale nord marquent deux étapes importantes dans l'évolution de l'édifice.

La première, 1573, rappelle le souvenir du remplacement total de l'église médiévale par une construction plus moderne. De ce second bâtiment constitué d'une nef à deux bas-côtés, d'un choeur terminé par une abside à trois pans coupés et d'un clocher à flèche dressé contre la façade sud. Il ne reste aujourd'hui que la partie basse du mur nord de la nef et les cinq contreforts qui l'épaulent, ainsi que le mur de la façade ouest avec son porche d'entrée.

En 1709, comme en témoigne la deuxième date, l'église fut profondément modifiée. Voûtes et piliers ont été entièrement démolis, les murs et les contreforts surélevés de 5 mètres, les bas-côtés disparus, créant ainsi une seule et vaste salle. En même temps, les fenêtres sont allongées vers le haut et un oeil-de-boeuf au-dessus du grand portail est percé.

 

l'inondation de 1714

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1714, c'est la grande inondation de la ville qui est immergée sous trois mètres d'eau. Une plaque commémorative posée sur l'immeuble de la pâtisserie "La Finette", Grande Rue, indique le niveau impressionnant atteint par l'eau.

Contre le mur de la maison accueillant la pâtisserie "La Finette" est visible une pierre sculptée
montrant les armoiries de la ville sous lesquelles on peut lire l’inscription
MARQUE DE L’INONDATION DU 6 7BRE 1714.
Elle indique en effet la hauteur qui fut atteinte par l’eau au cours d’une terrible inondation
qui se produisit dans la nuit du 6 au 7 septembre 1714.
Même s’il n’y eut pas de victimes parmi les habitants,
toutes les constructions de la partie basse de la ville souffrirent beaucoup,
y compris l’église dont il fallut abattre le clocher.

Le clocher s'en trouve si sérieusement ébranlé qu'il faut abattre la flèche et l'étage supérieur en 1715. Deux ans plus tard, les parties basses de la tour et le mur sud de la nef menacent à leur tour de s'effondrer.
Dès lors, d'énormes travaux de reconstruction sont entrepris, ils dureront jusqu'en 1732. Le mur de la nef est consolidé, le clocher reconstruit à l'emplacement actuel, et il est couvert par un clocher à bulbe comtois typique de la région. La base de l'ancien clocher est transformée en sacristie.

Après l'incendie de 1857, le choeur est doublé en longueur.
Lors de la fabrication de l'orgue, en 1967, Curt Schwenkedel s'efforce de reprendre les caractéristiques des instruments européens construits avant le XIXe siècle, dans le but de lui donner un style baroque. A noter la particularité de cet orgue : les trompettes, appelées trompettes en chamade, sont projetées horizontalement vers la nef.

Les orgues Schwenkedel datent de 1967.
Restaurées en 1994, elles sont composées de vingt et un jeux et un tremblant,
deux claviers et un pédalier.
Cette palette sonore permet d’interpréter la musique ancienne
et d’ouvrir sur un répertoire de musique française.

 

Pour tous ces chef-d'oeuvre architecturaux, parfaitement restaurés et mis en valeur, le vieux Delle vaut bien un détour. D'ailleurs l'office du tourisme organise, depuis quelques années, des visites guidées, en période estivale, à travers le dédale des rues, souvent étroites, du coeur de la cité des cariatides."

Marylène Léostic - lundi 20 août 2001 - L'Alsace - Le Pays

 

 

 

Sources et liens :

 

 

 

 

https://www.stleger.info