OCIÉTÉ DES GRICULTEURS DE FRANCE
MONOGRAPHIES DE COMMUNES

Commune de St Léger sous la Bussière - Département de Saône-et-Loire

Auteur : M Perrussot - Profession de l'auteur : Instituteur
Récompense décernée : Médaille d'argent grand module
Concours de 1909
Observations : N° d'ordre 164 - N° du rayon et du carton 65 - XIX

Monographie d'une Commune rurale par "un ami des paysans"

"A Monsieur Plassard Joseph
Je dédie ce modeste ouvrage"

 

Monographie de la commune de Saint Léger sous la Bussière

1re partie - Introduction historique

I - Histoire générale de la Commune

II - Histoire démographique

III - Histoire économique

IV - Histoire sociale

 

 

Histoire générale de la ommune

Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire, dit l'adage : les habitants de la Commune de St Léger sont de ce nombre.
Grâce à sa situation dans des vallées étroites, éloignées des passages des invasions, St Léger (anciennement appelée Saint Ligier) fut sans doute souvent à l'abri des incursions des barbares.
On n'a retrouvé dans la Commune ni pierres polies, ni armes, ni tombeaux anciens, ni monnaies romaines…
Une route traversait la Commune pendant la période gallo-romaine : il subsiste quelques vestiges de cette voie en divers points de la Commune, et principalement au hameau du Fourneau. Un pont existait dont on pouvait apercevoir les ruines il y a quelques années.
Un autre hameau du nom de Bretonnière laisserait supposer qu'une colonie de bretons était, aux époques reculées de notre histoire, venue s'établir en ce lieu.

 

 

 

St-Léger-sous-la-Bussière - vue du bourg

 

 

On ne connaît rien de l'histoire de St Léger avant notre ère, ce qui ferait supposer que les habitants devaient être rares dans ces vallées qui n'offraient aucun refuge, ni lieux escarpés, ni cavernes, et où l'on était trop exposé aux attaques des tribus voisines.
On ne sait rien de l'histoire locale durant les onze premiers siècles de notre ère.
En 1105 fut construit sur la montagne de La Bussière, un des points culminants de la Commune, le vieux château féodal dont on aperçoit encore les ruines.
Cette date, ignorée jusqu'à ce jour, nous l'avons découverte nous-même. Elle se trouve gravée sur une pierre provenant de la démolition du château, et cette pierre orne aujourd'hui la cheminée d'une ancienne auberge du lieu qui appartient à M. Plassard.

Voici le fac similé de cette antiquité :

 

Des colonnes provenant aussi du château sont la propriété de M. Vivier.
En 1150, vivait à La Bussière (le nom de ce hameau indique un lieu couvert de buis) Hugues de Lachaux, seigneur de La Bussière qui fit construire à cette époque un château fort au Fournay, "paroisse " de Montagny.
Ce seigneur devait être turbulent et chercher noise aux voisins, car vers cette époque aussi, les moines de Cluny firent élever, pour surveiller le château de La Bussière, celui de la Motte, situé sur la paroisse de Brandon, hameau de Montravant. Des pierres, des buissons et des ronces indiquent l'emplacement de ce château.
La tradition rapporte que le château de La Bussière fut pris d'assaut et en partie détruit par une bande armée, pendant la Guerre de Cent Ans.
A ce moment, c'est à dire vers l'an 1360, le Mâconnais fut, en effet, complètement dévasté par des bandes de brigands appelées Grandes Compagnies, et en cela la tradition est d'accord avec l'histoire.
Les récoltes du pays, comme celles de toute la région, furent saccagées, les maisons pillées et brûlées, les habitants massacrés.

Selon le mot d'un chroniqueur du temps, cette troupe "d'Ecorcheurs" ne se détacha du pays qu'après s'être gorgée de sang comme une sangsue.
Après que le pays eut recouvré sa tranquillité, le château fut réparé et habité par la suite par la famille des de Laurencin qui furent les seigneurs de La Bussière.
Nous avons retrouvé, sur les registres de l'état civil de la commune, dont les plus anciens remontent à 1627, divers actes se rapportant à cette famille.
En 1631, 1633, 1634, 1637, …, 1672, 1673, les dits registres font mention d'un noble de Laurencin, seigneur et baron de La Bussière, la Garde et autres lieux.
En 1702 un comte, seigneur de Matour, de La Bussière, St Pierre le Vieux, Nay, Le Chastelier et autres places, était capitaine aux gardes françaises.

 

fac similé de la signature du seigneur de La Bussière en 1931

 

Il apparaît que le château appartint par la suite (après 1760) à Henri de Castellane à qui il fut vendu.
Puis, tombant en ruines, ses débris servirent à construire les maisons de La Bussière et des hameaux voisins.
De toute cette splendeur passée, il ne reste plus que quelques remparts, quelques pans de mur en ruines que le lierre protège, la plate forme et un corps de garde muni de meurtrières.
Revenons à l'histoire des habitants de St Léger.
Ils furent, pendant de longs siècles, sous la dépendance du seigneur, abritant leur misère dans de chétives demeures, travaillant sans relâche pour pouvoir payer les multiples redevances qui allaient toujours croissant, et faire face aux dures exigences des collecteurs d'impôts, d'autant plus dures que les terres cultivées par routine ne donnaient que de maigres récoltes.

 

Hameau de La Bussière
A l'endroit marqué X se dressait le château féodal, construit vers 1105.

 

 

 

St-Léger-sous-Labussière - le château fort

Bâti sur une éminence, il commandait la vallée et la route de Mâcon à la Loire. Les seigneurs de Labussière figurent depuis 1100. En 1423, Jean de Toulongeon, maréchal de Bourgogne, tenta de s'en emparer. Le gouverneur négocia et promit de se rendre, lorsqu'apparut Robert de Grolée avec 500 lances et 1000 archers. Les troupes du maréchal furent taillées en pièces et lui fait prisonnier. L'année suivante, il ruina le château. Rétabli en 1580, il était aux nobles de Laurencin en 1563, de nouveau ruiné et incendié en 1620 ; saisi en 1699 et vendu à Louis de Foudras. En 1775, les demoiselles de Foudras le vendirent au marquis de Castellane.

 

 

Le village souffrit beaucoup de la famine en 1709.
Cette année-là, il n'y eut point de blé. Les arbres les plus résistants avaient gelé. Aussi la famine fut terrible. Les habitants abandonnaient leurs maisons pour chercher çà et là une chétive nourriture : de l'herbe, des racines, l'écorce des arbres… il y eut cette année 49 décès au lieu de 8, chiffre moyen de la mortalité dans la "paroisse " à cette époque.
Il fut trouvé sur le territoire de la "paroisse " plusieurs personnes étrangères venues à St Léger pour mendier, mortes de faim. Nous transcrivons un acte de décès de cette année si tristement célèbre :
"Ce jourd'huy seizième juin (1709) je curé ay trouvé enterré au cimetière de St Léger un garçon aagé d'environ douze ans, trouvé mort dans un chemin dudit Saint Léger… sans avoir aucune connaissance d'où il est."
Un autre acte de cette année : "Une grande fille aagée de dix-huit ans, mendiante, est morte
à Chaux, sans sçavoir son nom, a été enterrée dans le cimetière de St Léger."
Un autre : "Un pauvre aagé de quarante ans a été trouvé mort dans un chemin ; on n'a pu sçavoir le nom de sa paroisse."
Dans la liste des quarante-neuf décès, on relève le nom de beaucoup d'enfants qui ne purent supporter tant de misères.
A l'occasion de la Révolution de 1789, le curé du lieu, détenteur des registres de l'état civil, inscrit cette mention : "Cette année sera mémorable soit par rapport à son hiver qui a été le plus rigoureux, soit par la tenue des états généraux qui ont commencé dans le mois de may, soit par des attroupements qui ont lieu dans différentes provinces où l'on a brûlé et dévasté les châteaux."

Parlons maintenant de l'aspect du pays, de ses voies de communication et de ses divers hameaux.
La paroisse de St Léger était pauvre, mal cultivée.
De grands terrains étaient en friche. Les chemins, de hameau à hameau, étaient étroits, mal entretenus, d'un accès difficile. Quelques-uns de ces chemins existent encore : le chemin de la Garde à La Bussière ; celui des Lévriers à La Bussière, etc.
On se demande au prix de quels efforts les charrois parvenaient à gravir ces pentes raides, ces chemins abrupts et rocailleux où aucune voiture n'oserait s'engager aujourd'hui.
Aucun pont n'était construit sur La Grosne.

 

Une "planche" sur La Grosne

 

Les voitures passaient dans la rivière. Des poutres jetées çà et là, en travers de la rivière, servaient au passage des piétons. Au moment des crues on ne pouvait plus communiquer d'une rive à l'autre, à tel point qu'une personne de Trambly, étant morte à St Léger (1709), fut inhumée dans cette dernière paroisse parce qu'on ne put passer la rivière par suite d'une inondation.
Les hameaux actuels existaient aux époques auxquelles nous avons pu remonter ; mais il apparaît, d'après le chiffre des naissances, des décès et des mariages constaté pour le seul hameau de La Bussière que ce lieu était le plus peuplé de la commune et devait compter plus d'habitants qu'aujourd'hui. Il était pourvu d'un notaire, d'un greffier (1628), de marchands, de cabaretiers, de maréchaux-ferrants, etc.
Le hameau posséda même un juge ainsi que l'atteste l'acte suivant que nous avons recueilli dans les archives déjà citées :
"Le vingt six février mil sept cent cinquante, l'on a trouvé dans la rivière, au-dessous et proche le village de Nogean, un homme qui était mort aagé d'environ cinquante ans. La levée de son corps a été faite par M. le Juge de La Bussière."
Des foires importantes avaient lieu autrefois dans la commune. Elles se tenaient à La Bussière. Sur une immense place qui existe encore, mais qui a reçu une autre destination, se pressaient à époques fixes quantité de personnes qui avaient amené leurs bestiaux. Les transactions étaient nombreuses, car les foires de La Bussière étaient réputées à juste titre.
Le champ de foires est maintenant désert ; plus rien ne subsiste de ce passé, qu'une grande mare toujours pleine d'eau, mais qui ne désaltère plus que quelques troupeaux du lieu.
Le bourg de St Léger où était construite l'église autour de laquelle était le cimetière, ne comptait, autrefois comme aujourd'hui, que des cultivateurs. Le hameau de La Garde qui le domine était habité vers l'an 1500 (autant que nous avons pu en juger par l'écriture d'un document qui a été adressé en communication à M. l'archiviste départemental) par une noble dame de Chasland. D'après la tradition, un château (?) existait en ce lieu. Nous n'avons pu en retrouver aucune trace.
Le hameau des Lévriers qui n'est plus qu'un amas de ruines était autrefois assez important. Nous avons découvert, dans les débris qui jonchent le sol en cet endroit, des pierres de portes et de fenêtres dont l'architecture indique le moyen-âge, et nous avons sauvé ces reliques de la masse et du marteau du casseur de pierres.

 

Vue des Lévriers (état actuel)

 

Il existait aussi une papeterie qui s'élevait sur l'emplacement actuel du château moderne dit de la Papeterie, appartenant à M. Plassard.
Nous avons retrouvé sur un registre de l'année 1673 la naissance de Claudine Phibert, fille du papetier du lieu.

 

 

 

St-Léger-sous-la-Bussière - le château

 

 

Un témoin de l'acte, sans doute un papetier, s'appelait Montgolfier. Est-ce un aïeul de l'illustre papetier d'Annonay ? Ces Montgolfier, dont nous avons revu le nom sur un acte notarié (entre les mains de M. Lardy), portèrent un peu avant la Révolution le titre de marquis et possédaient des propriétés à St Léger.
Par l'examen des vieux registres de la paroisse nous avons constaté que les familles Lardy, Cornier, Georges, Laffay (de La Fay), Prettesac (Prettesaque), Desroches (Des Roches), Chaintreuil, Navaizard sont les plus anciennes du lieu. Leur origine dans la commune remonte au moins à 1628, date du plus ancien registre conservé.
D'autres familles qui existent encore sont allées s'établir dans les communes voisines : Martin (aux Ciberts), Lacharme (de La Charme), Dupasquier, Denojean (cette dernière famille est revenue à St Léger venant de Trambly).
Beaucoup d'autres familles ont essaimé au loin et on a perdu leurs traces. Sans doute un certain nombre d'entre elles se sont éteintes…
 

 

 

Histoire émographique

Le nombre des naissances, des décès et des mariages, dans le cours du dix-huitième siècle a été de :

En 1701

13 naissances

4 décès

11 mariages

En 1720

24 naissances

7 décès

7 mariages

En 1730

23 naissances

15 décès

3 mariages

En 1740

28 naissances

10 décès

5 mariages

En 1760

21 naissances

9 décès

7 mariages

En 1780

21 naissances

43 décès

4 mariages

En 1790

28 naissances

15 décès

7 mariages

En 1800

23 naissances

16 décès

7 mariages

On remarquera le nombre élevé de décès pendant l'année 1780. Sans doute la terrible variole qui désolait la France à périodes régulières était venue à St Léger. Parmi les décès, on remarque beaucoup de jeunes enfants qui succombèrent au terrible fléau. A cette époque la vaccine n'avait pas encore été découverte par Jenner.

Voici la liste des décès de cette année 1780, dressée d'après les âges :

Enfants au-dessous de 5 ans

24

id. de 5 ans à 10 ans

6

Enfants de 10 à 20 ans

1

Décès de 20 à 30 ans

"

id. de 30 à 40 ans

4

Au-dessus de 40 ans

8

 

Le nombre des naissances, des décès et des mariages pendant les cent dernières années a été respectivement chaque année de :

Années

Naissances

Décès

Mariages

Années

Naissances

Décès

Mariages

1809

28

17

13

1822

20

30

4

1810

17

26

3

1823

23

13

13

1811

23

17

9

1824

36

27

4

1812

31

15

6

1825

30

25

6

1813

25

17

16

1827

26

24

1

1814

24

22

2*

1827

26

24

1

1815

32

20

4

1828

20

25

11

1816

23

19

4

1829

32

23

3

1817

17

13

5

1830

30

17

3

1818

25

14

5

1831

31

23

10

1819

23

17

8

1832

32

20

8

1820

19

10

4

1833

32

21

3

1821

27

18

7

1834

39

36

6

Totaux à reporter

314

225

86

A reporter

373

308

68

Années

Naissances

Décès

Mariages

Années

Naissances

Décès

Mariages

1835

32

19

6

1856

19

16

3

1836

27

23

6

1857

25

17

7

1837

25

30

2

1858

16

13

8

1838

30

23

7

1859

21

23

2

1839

23

17

4

1860

22

16

8

1840

27

24

10

1861

16

12

11

1841

25

19

10

1862

15

13

11

1842

28

19

8

1863

23

22

4

1843

32

22

7

1864

23

17

7

1844

29

29

6

1865

16

20

3

1845

38

20

5

1866

17

14

1

1846

22

24

5

1867

14

11

4

1847

32

19

6

1868

13

23

2

1848

28

29

7

1869

17

16

10

1849

33

32

2

1870

18

19

4

1850

32

27

4

1871

14

23

5

1851

24

12

9

1872

15

8

15

1852

26

30

8

1873

17

16

5

1853

28

23

6

1874

19

18

8

1854

27

14

5

1875

14

23

3

1855

26

26

3

1876

22

13

9

Totaux à reporter

594

481

126

A reporter

377

353

130

Années

Naissances

Décès

Mariages

Années

Naissances

Décès

Mariages

1877

17

19

1

1893

15

13

0

1878

14

10

2

1894

19

13

2

1879

15

15

2

1895

19

13

2

1880

14

11

5

1896

16

10

6

1881

21

11

7

1897

19

17

5

1882

19

5

1

1898

14

8

8

1883

12

11

6

1899

16

15

7

1884

12

14

5

1900

18

15

7

1885

12

10

4

1901

10

19

4

1886

15

6

6

1902

14

12

4

1887

18

16

4

1903

12

14

4

1888

17

11

4

1904

13

12**

5

1889

13

13

0

1905

13

19

7

1890

11

12

2

1906

10

11

4

1891

11

16

5

1907

14

15

4

1892

11

14

4

1908

15

12

4

Totaux

232

194

60

Totaux

234

225

78

* On remarquera le nombre insignifiant des mariages pendant l'année de l'invasion (1814) et la marche décroissante du nombre des naissances dans le cours de ce siècle.
** au dernier moment, en faisant la vérification, je constate que le chiffre 12 est erroné. Il faut lire 9 (1904).
 

 

Récapitulation

De 1809 à 1821

314 naissances

225 décès

86 mariages

De 1821 à 1834

373 naissances

308 décès

68 mariages

De 1835 à 1855

594 naissances

481 décès

126 mariages

De 1855 à 1876

377 naissances

353 décès

130 mariages

De 1877 à 1892

232 naissances

194 décès

60 mariages

De 1893 à 1908

234 naissances

225 décès

78 mariages

Totaux généraux

2124 naissances

1786 décès

548 mariages

 

Le nombre de naissances naturelles est insignifiant : il s'élève à 15 pour les cent dernières années écoulées :

1 naissance naturelle en 1819

2 naissances naturelles en 1873

2 naissances naturelles en 1827

1 - - en 1879

1 - - en 1829

1 - - en 1880

1 - - en 1844

1 - - en 1882

1 - - en 1847

1 - - en 1895

1 - - en 1853

1 - - en 1901

1 - - en 1860

0 depuis cette époque

 

La population atteignait :

en 1831

720 habitants

en 1836

750 -

en 1846

770 -

en 1851

796 -

en 1861

686 -

en 1866

643 -

en 1872

656 -

en 1876

572 -

en 1881

593 -

en 1886

568 -

en 1891

585 -

en 1896

596 -

en 1901

560 -

en 1906

590 -

Par suite de la diminution du nombre des naissances, la population totale de la Commune est passée de 643 habitants en 1866 à 572 en 1876. Depuis cette époque, la population semble se maintenir au même chiffre et même se rapproche de 600 habitants.
Les familles nombreuses ne manquaient pas autrefois. A une époque rapprochée de nous, en 1866, on comptait encore 36 ménages ayant au moins 4 enfants vivants chacun. Au recensement de 1876, on n'en comptait plus que 18. Au dernier recensement, ce nombre est un peu dépassé et arrive à 23.
Le mouvement d'émigration et immigration a lieu surtout parmi les fermiers et les journaliers et généralement chez ceux qui ne possèdent pas. Les départs sont le plus souvent compensés par les arrivées.
D'autre part, quelques jeunes gens essaiment à la ville - abandonnant la proie pour l'ombre - Les jeunes filles se font domestiques, les jeunes gens deviennent garçons bouchers, garçons boulangers, laitiers ; d'autres sont attirés par l'appât d'une place de … facteur des postes ou de cantonniers et désertent le foyer paternel.

En 1851 la population se répartissait ainsi :

Sexe masculin
Sexe féminin

Agriculteurs et leurs familles et personnes vivant de l'agriculture

350
357

Rentiers

6
11

Industriels

20
20

Commerce

9
11

Employés des Communes

2

Sages femmes

1

Instituteurs

1
1

Domestiques attachés à la personne

3

Mendiants

1
3

Total par sexe

389
407

Total général

796 habitants

En 1861 on comptait :

Sexe masculin
Sexe féminin

Agriculteurs et personnes vivant de l'agriculture

285
282

Industriels

30
31

Commerçants

6
4

Professions libérales

4
3

Clergé

1

Professions diverses

3
3

Sans professions

18
17

Total par sexe

347
344

Total général

681 habitants

En 1886, la répartition de la population par professions était la suivante :

Sexe masculin
Sexe féminin

Agriculteurs et personnes vivant de l'agriculture

236
222

Industrie

20
14

Commerce

6
11

Professions libérales

3
2

Rentiers

19
28

Non classés

6
1

Total par sexe

290
278

Total général

568 habitants

On voit sur les tableaux qui précèdent que le chiffre de la population agricole a considérablement diminué d'un recensement à l'autre.

 

Le nombre de conscrits est aussi allé en diminuant d'une façon assez sensible. Voici le relevé des listes des conscrits pour les classes suivantes :

 

1816

12 conscrits

1836

5 conscrits

1856

9 conscrits

1817

10

1837

4

1857

9

1818

12

1838

8

1858

9

1919

9

1839

6

1859

3

1820

(manque)

1840

6

1860

8

1821

5

1841

10

1861

4

1822

8

1842

5

1862

11

1823

9

1843

13

1863

10

1824

8

1844

8

1864

6

1825

10

1845

?

1865

12

1826

(manque)

1846

11

1866

7

1827

7

1847

10

1867

11

1828

12

1848

8

1868

7

1829

9

1849

11

1869

12

1830

(manque)

1850

11

1870

10

1831

8

1851

6

1871

8

1832

6

1852

7

1872

5

1833

8

1853

12

1873

6

1834

9

1854

8

1874

10

1835

8

1855

15

1875

7

1876

5 conscrits

1887

3 conscrits

1898

9 conscrits

1877

10

1888

6

1899

2

1878

5

1889

4

1900

"

1879

3

1890

4

1901

8

1880

"

1891

5

1902

7

1881

7

1892

4

1903

3

1882

8

1893

7

1904

7

1883

4

1894

8

1905

7

1884

5

1895

"

1906

4

1885

3

1896

6

1907

5

1886

11

1897

4

1908

4

 

Le nombre des ménages est passé de 164 à 149 (de l'année 1851 à l'année 1906). Voici d'ailleurs le relevé par recensement :

 

En 1846, il y avait dans la commune

156 ménages

1851

164

1861

145

1866

145

1872

152

1876

145

1881

151

1886

152

1891

149

1896

146

1901

143

1906

149

 

 

Histoire conomique

La surface de la Commune comprend 864 hectares.
Cette surface se répartissait ainsi en 1837 :

Terres labourables

571 ha 64

Prairies

175 ha 00

Terrains plantés en vignes

6 ha 91

Bois

68 ha 00

Landes

8 ha 00

Maisons et cours

5 ha 32

Grandes routes, chemins

22 ha 39

Rivières, ruisseaux

6 ha 90

Total

864 ha 16

Dans cette surface on comptait :

  • 1 propriété de 40 ha
  • 34 propriétés de 6 à 40 ha
  • 110 propriétés de 1 à 6 ha

Ces propriétés étaient exploitées par (en 1851) 523 propriétaires, 139 fermiers et 45 ouvriers agricoles.
En 1866 nous trouvons : 380 propriétaires, 3 régisseurs, 102 fermiers, 7 métayers, 55 ouvriers.
En 1876 : 310 propriétaires, 83 fermiers, 35 ouvriers agricoles.
En 1881 : 363 propriétaires, 96 fermiers, 35 ouvriers agricoles.
En 1886 : 360 propriétaires, 75 fermiers, 23 journaliers agricoles.
Dans tous les nombres ci-dessus sont compris la femme et toute la famille habitant avec le chef d'exploitation.
Nous verrons dans la 2e partie quels changements sont survenus depuis ces dernières époques dans la division de la propriété.
 

 

En 1851, la répartition par hameaux était la suivante :

St Léger (Le Bourg et La Garde)

148 h

Aux Charmes

11 h

La Bussière

128 h

Le Mauvais

11h

Nogent

114 h

En Golaine

10 h

La Chanal

103 h

Piron

9 h

La Belouze

32 h

Chante Grillé

9 h

Pontcharras

32 h

La Planche

9 h

Montdidier

46 h

Grenouillère

8 h

Les Lévriers

25 h

Chaux

8 h

Le Fourneau

25 h

Combe Durand

7 h

Grange Neuve

17 h

Le Breuil

6 h

Les Portes

15 h

Pré Marteau

6 h

Montagne de Chaux

15 h

Bois Mouchoir

5 h

Total

796 h

 

Particularités coutumières : Rien de saillant à signaler ici.

 

Pratiques successorales : Nous ne remonterons pas à l'époque déjà éloignée où le droit d'aînesse était une coutume générale. La Révolution a supprimé ce droit qui établissait l'inégalité dans la famille.
Cependant il subsiste encore des pratiques qui rappellent le droit d'aînesse. Généralement, pour les propriétés exploitées directement, le fils aîné hérite du domaine de ses parents et il s'efforce de le maintenir intact, de l'améliorer par son travail, de l'agrandir si possible. Les autres enfants reçoivent de l'aîné une somme d'argent représentant leur part dans la succession. De cette façon se transmet de père en fils le bien de famille. Il n'est pas rare non plus de voir le fils aîné attendre que les autres membres de la famille soient établis pour se marier à son tour.
Depuis la confection du cadastre (1837) la surface du sol a subi de profondes modifications au point de vue des cultures. On cultive de moins en moins le seigle. On remplace cette culture par celle du blé.
La surface occupée par les prairies a augmenté sensiblement. Les jachères qui étaient en honneur autrefois sont inconnues de nos jours. L'assolement biennal et triennal a remplacé cette coutume désavantageuse. Le défrichement est à peu près terminé ; de grands terrains couverts de genêts (La Genetière) ou couverts de marécages (La Grenouillère), de buissons (Le Mauvais), de bruyères (La Grande Bruyère) ont été mis en valeur.
D'autre part, les productions agricoles ont été à peu près indemnes de toute maladie depuis de longues années.
La Commune ne possédant que très peu de vignes n'a pas trop eu à souffrir de l'invasion du phylloxéra.
Le prix de la terre n'a pas subi cette dépréciation que l'on a constatée dans certaines régions. Il est resté assez élevé. Cela provient de ce que les gens sont aisés, que peu de propriétaires abandonnent les champs pour la ville et de ce que les ventes de terrain sont rares.
Le prix des denrées a augmenté d'une façon notable par suite de la hausse du prix de la main d'œuvre. Les prix des fermages sont modérés. Les fermiers sont généralement dans une bonne situation et peuvent se tirer d'affaire.

 

 

 

St-Léger-sous-Labussière - la Belouze

A 2 km 1/2 de la gare de Pari-Gagné, 5 de celle de Trambly et 8 de celle de Clermain

 

 

Les produits de la ferme sont facilement écoulés au dehors. La Commune de St Léger possède 8 foires, dont 4 qui ont conservé leur importance. Mais les foires ne se tiennent plus à La Bussière comme autrefois, elles ont lieu à La Belouze, hameau au centre de la Commune. Il y a des foires importantes à Dompierre, les Ormes, Tramayes, Matour, Cluny, St Pierre le Vieux, etc. Les marchands de bestiaux expédient à Paris ou à Lyon les bœufs, vaches, veaux, porcs dont la Commune fait un élevage assez important.
En 1886, la Commune comptait 9 chevaux, 4 ânes, 31 veaux, 20 bouvillons ou génisses, 8 taureaux, 54 bœufs, 273 vaches, 4 béliers, 131 brebis, 351 moutons, 120 agneaux, 262 porcs, 43 chèvres, 103 ruches.
Par suite de l'augmentation de la surface des prairies, le nombre des animaux de l'espèce bovine est en accroissement notable, ainsi qu'on le verra dans la 2e partie.
Depuis l'invasion de la fièvre aphteuse d'il y a une dizaine d'années, la race bovine a été à l'abri de toute nouvelle épidémie.
Dans la racine porcine, la mortalité nous paraît un peu élevée, en été surtout.
Si les cultivateurs faisaient construire des écuries à porcs plus spacieuses, s'ils observaient davantage les règles de l'hygiène, s'ils prenaient soin d'appeler le vétérinaire à temps voulu, les accidents seraient évidemment moins nombreux. Dans les fermes où l'on a renoncé aux anciens errements, la mortalité est normale.
Les produits de la basse-cour sont facilement écoulés dans les marchés voisins. Des coquetiers passent régulièrement dans la Commune. Cette manière de procéder est très ancienne. Les œufs, le beurre, sont vendus de la même façon et à des prix de plus en plus rémunérateurs.

 

Impôts : Le revenu du territoire a été fixé en 1839, à 4890 f, et la valeur du centime le franc de la contribution foncière a varié de 0,8217 (en 1839) à 1,11202 (en 1909) en suivant toujours une marche ascendante.
Les centimes communaux (centimes additionnels aux 4 contributions directes) s'élèvent au nombre de 60, dont 44 pour amortissement d'emprunt fait en 1901 pour la construction d'une Mairie et d'un groupe scolaire. Le centime produit 38 f environ.
Ces centimes vont être diminués et, en 1911, les habitants auront leurs impôts allégés, car une personne généreuse, M. Plassard Jules, a légué à la Commune la somme nécessaire pour désintéresser le Crédit foncier.
 

 

Associations agricoles : Les associations agricoles sont toutes de formation récente, mais sous ce rapport St Léger n'a rien à envier aux communes où les associations de cultivateurs sont en honneur.
Nous citons par ordre de fondation les diverses sociétés que St Léger possède :
1° Une Mutuelle-Bétail qui groupe 42 membres, qui assure 64000 f de bestiaux d'espèce bovine et qui a plus de 1200 f de réserve après avoir payé plus de 1500 f de sinistres depuis sa fondation qui remonte au 1er avril 1906.
2° Un Syndicat agricole qui a pour objet l'achat d'engrais, de semences, d'instruments agricoles (37 membres) et qui a été fondé en 1908.
3° Une Mutuelle-Incendie qui ne fonctionne que depuis le 1er janvier 1909 (60 membres expectants, 14 assurés depuis le 1er janvier 1909).
4° Une Caisse de retraites agricoles qui fonctionne depuis le 1er juillet 1909 (26 membres). A cette Caisse est annexée une Mutuelle scolaire qui groupe 50 enfants de la Commune.
Nous étudierons plus en détail le fonctionnement de ces diverses sociétés dans la 2e partie.

 

 

Histoire ociale

Les anciennes habitations étaient assez peu confortables. Il n'y avait souvent qu'une seule pièce, quelquefois deux. Les fenêtres peu élevées ne donnaient point d'air, parce qu'on ne les ouvrait jamais, et que très peu de lumière. Les plafonds étaient bas et noirâtres. Le sol des maisons était en terre battue. Dans la cour s'étalait le fumier, et le purin s'écoulait en rigoles infectes jusque dans le puits…
Quelques une de ces logements malsains existent encore, mais la plupart ont changé d'affectation. Les constructions modernes qui ne manquent pas sont plus confortables. Les maisons à deux ou trois pièces et même davantage sont maintenant la généralité.
La ménagère intelligente sait faire régner dans son logis l'ordre et la propreté qui indiquent une bonne éducation ménagère.
Les anciens et pittoresques costumes de la contrée disparaissent peu à peu pour faire place, hélas, aux toilettes à la mode !
Nos grands-mères portaient avec la coiffe blanche toute en dentelle faite à la main, un châle qui recouvrait les épaules, une robe simple, un joli tablier de soie pour les riches et de coton pour les moins fortunés, et des sabots ou des souliers selon la saison.
Les costumes anciens qui autrefois caractérisaient une province, une contrée, ne sont plus aujourd'hui qu'objets de curiosité.
Les paysans ont conservé la blouse, la grande blouse bleue aux boutons blancs que l'on porte encore dans une grande partie de la Bourgogne.

 

Ancien costume des habitants de la Commune de St Léger

 

Le fonds de la nourriture était autrefois de pain fait avec de la farine de seigle et de la bouillie de sarrazin.
On ne fait plus de pain avec la farine de seigle. Il est fabriqué avec la farine de blé. Ici, c'est l'homme qui pétrit la farine, qui cuit le pain, contrairement à d'autres régions où la femme est chargée de ce dur travail. Certains cultivateurs préfèrent vendre leur blé et acheter leur pain au boulanger du pays.
Dans beaucoup de ménages on engraisse des porcs dont la viande salée servira à l'alimentation.
Enfin si on ne fait plus de bouillie de sarrazin, cette dernière nourriture est remplacée par des "gaufres" fabriquées avec la farine de sarrazin délayée dans de l'eau ou du lait. Quelquefois on ajoute de la farine de blé à celle de sarrazin ; la substitution est même complète dans certaines maisons.
Comme boisson on consomme du vin acheté dans le Mâconnais ou le Beaujolais qui sont à proximité de St Léger.
 

 

Mœurs : Les mœurs sont simples comme celles des aïeux. Les théories malsaines écloses à la ville n'ont pas de prise chez les populations laborieuses de nos campagnes ; le communisme, l'anti-militarisme, ces deux inepties rapportées de la ville par certains immigrés, ne rencontrent aucun adepte chez les possesseurs du sol. Le culte de la Patrie est vivace dans ces têtes saines.
On compterait aussi les alcooliques. Chez les cultivateurs, quels qu'ils soient, propriétaires, fermiers ou domestiques, l'alcoolisme est un vice rare, pour ne pas dire inconnu.
D'autre part, les enfants naturels nés dans la Commune durant les cent dernières années sont en quantité insignifiante. Sur 2124 naissances, on compte 15 naissances illégitimes soit 0,75 pour 100.
Les gens pratiquent l'économie qui va rarement jusqu'à l'avarice.
C'est en conservant ces mœurs que s'entretient la vigueur de la race, de cette bonne et vaillante race française. C'est par le travail et l'économie que nous devons d'être le peuple le plus riche du monde, et c'est en grande partie à nos paysans que nous devons notre situation privilégiée.

 

Indigents : Etant donné ce qui précède, on comprendra aisément pourquoi le bureau de bienfaisance ne compte qu'une quinzaine d'indigents pour une population de 590 habitants.
Presque tous sont des immigrés venus des communes avoisinantes.
Généralement, ce n'est pas le vice qui les a réduits à la pauvreté. Presque tous ont mené une rude vie de labeur ; ils ont élevé une lignée d'enfants ; le gain était maigre ; quelquefois la maladie est cause de leur situation peu aisée. L'ignorance n'a pas non plus été étrangère à leur état.

 

Fondations : Une personne généreuse a légué à l'hôpital de Cluny en 1907 une somme de 10000 f pour un lit en faveur des malades pauvres de St Léger sous la Bussière.

 

Bureau de bienfaisance : La création de ce bureau remonte à 1884 et depuis cette époque le nombre des indigents a été à peu près le même (de 15 à 18).
En 1909, un ancien maire de la Commune, M. Jules Plassard déjà cité, a légué au bureau de bienfaisance une somme de 10000 f pour en employer les revenus au profit des indigents de la Commune.

 

Vue du Bourg (prise de La Belouze)

 

 

2e partie de la monographie

Situation actuelle de la commune
I - Description physique
II - La population
III - L'émigration et l'immigration
IV - La division de la propriété
V - Les modes d'exploitation
VI - Cultures
VII - Instruction agricole
VIII - Industries rurales
IX - Salaires et main-d'œuvre
X - Condition du personnel
XI - Résultats économiques
XII - Syndicats agricoles
XIII - Prévoyance
XIV - Assistance
XV - Etat moral et social de la commune

Conclusions

 

etour à l'accueil

 

    

 

 

 

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