MONOGRAPHIES DE COMMUNES Commune de St Léger sous la Bussière - Département de Saône-et-Loire Auteur :
M Perrussot - Profession de l'auteur : Instituteur
"A
Monsieur Plassard Joseph |
Monographie de la commune de Saint Léger sous la Bussière
1re partie - Introduction historique
I - Histoire générale de la Commune
Histoire générale de
la ommune Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire,
dit l'adage : les habitants de la Commune de St Léger sont de
ce nombre. St-Léger-sous-la-Bussière
- vue du bourg On ne connaît rien de l'histoire de St
Léger avant notre ère, ce qui ferait supposer que les
habitants devaient être rares dans ces vallées qui
n'offraient aucun refuge, ni lieux escarpés, ni cavernes, et
où l'on était trop exposé aux attaques des
tribus voisines. Voici le fac similé de cette
antiquité : Des colonnes provenant aussi du château
sont la propriété de M. Vivier. Selon le mot d'un chroniqueur du temps, cette
troupe "d'Ecorcheurs" ne se détacha du pays qu'après
s'être gorgée de sang comme une sangsue. fac similé de la signature du
seigneur de La Bussière
en 1931 Il apparaît que le château
appartint par la suite (après 1760) à Henri de
Castellane à qui il fut vendu. Hameau de La Bussière Bâti
sur une éminence, il commandait la
vallée et la route de Mâcon à
la Loire. Les seigneurs de Labussière
figurent depuis 1100. En 1423, Jean de
Toulongeon, maréchal de Bourgogne, tenta de
s'en emparer. Le gouverneur négocia et
promit de se rendre, lorsqu'apparut Robert de
Grolée avec 500 lances et 1000
archers. Les troupes du maréchal furent
taillées en pièces et lui fait
prisonnier. L'année suivante, il ruina le
château. Rétabli en 1580, il
était aux nobles de Laurencin en 1563, de
nouveau ruiné et incendié en 1620 ;
saisi en 1699 et vendu à Louis de
Foudras. En 1775, les demoiselles de Foudras
le vendirent au marquis de Castellane. Le village souffrit beaucoup de la famine en
1709. Parlons maintenant de l'aspect du pays, de ses
voies de communication et de ses divers hameaux. Une "planche" sur La Grosne Les voitures passaient dans la rivière.
Des poutres jetées çà et là, en travers
de la rivière, servaient au passage des piétons. Au
moment des crues on ne pouvait plus communiquer d'une rive à
l'autre, à tel point qu'une personne de Trambly, étant
morte à St Léger (1709), fut inhumée dans cette
dernière paroisse parce qu'on ne put passer la rivière
par suite d'une inondation. Vue des Lévriers (état
actuel) Il existait aussi une papeterie qui
s'élevait sur l'emplacement actuel du château moderne
dit de la Papeterie, appartenant à M. Plassard. St-Léger-sous-la-Bussière
- le château Un témoin de l'acte, sans doute un
papetier, s'appelait Montgolfier. Est-ce un aïeul de l'illustre
papetier d'Annonay ? Ces Montgolfier, dont nous avons revu le nom sur
un acte notarié (entre les mains de M. Lardy),
portèrent un peu avant la Révolution le titre de
marquis et possédaient des propriétés à
St Léger. Histoire émographique Le nombre des naissances, des
décès et des mariages, dans le cours du
dix-huitième siècle a été de : En 1701 13 naissances 4
décès 11
mariages En 1720 24 naissances 7
décès 7
mariages En 1730 23 naissances 15
décès 3
mariages En 1740 28 naissances 10
décès 5
mariages En 1760 21 naissances 9
décès 7
mariages En 1780 21 naissances 43
décès 4
mariages En 1790 28 naissances 15
décès 7
mariages En 1800 23 naissances 16
décès 7
mariages On remarquera le nombre élevé de
décès pendant l'année 1780. Sans doute la
terrible variole qui désolait la France à
périodes régulières était venue à
St Léger. Parmi les décès, on remarque beaucoup
de jeunes enfants qui succombèrent au terrible fléau. A
cette époque la vaccine n'avait pas encore été
découverte par Jenner. Voici la liste des décès de cette
année 1780, dressée d'après les âges
: Enfants au-dessous de 5
ans 24 id. de 5 ans à 10
ans 6 Enfants de 10 à 20
ans 1 Décès de 20
à 30 ans " id. de 30 à 40
ans 4 Au-dessus de 40
ans 8 Le nombre des naissances, des
décès et des mariages pendant les cent dernières
années a été respectivement chaque année
de : Années Naissances Décès Mariages Années Naissances Décès Mariages 1809 28 17 13 1822 20 30 4 1810 17 26 3 1823 23 13 13 1811 23 17 9 1824 36 27 4 1812 31 15 6 1825 30 25 6 1813 25 17 16 1827 26 24 1 1814 24 22 2* 1827 26 24 1 1815 32 20 4 1828 20 25 11 1816 23 19 4 1829 32 23 3 1817 17 13 5 1830 30 17 3 1818 25 14 5 1831 31 23 10 1819 23 17 8 1832 32 20 8 1820 19 10 4 1833 32 21 3 1821 27 18 7 1834 39 36 6 Totaux à
reporter 314 225 86 A reporter 373 308 68 Années Naissances Décès Mariages Années Naissances Décès Mariages 1835 32 19 6 1856 19 16 3 1836 27 23 6 1857 25 17 7 1837 25 30 2 1858 16 13 8 1838 30 23 7 1859 21 23 2 1839 23 17 4 1860 22 16 8 1840 27 24 10 1861 16 12 11 1841 25 19 10 1862 15 13 11 1842 28 19 8 1863 23 22 4 1843 32 22 7 1864 23 17 7 1844 29 29 6 1865 16 20 3 1845 38 20 5 1866 17 14 1 1846 22 24 5 1867 14 11 4 1847 32 19 6 1868 13 23 2 1848 28 29 7 1869 17 16 10 1849 33 32 2 1870 18 19 4 1850 32 27 4 1871 14 23 5 1851 24 12 9 1872 15 8 15 1852 26 30 8 1873 17 16 5 1853 28 23 6 1874 19 18 8 1854 27 14 5 1875 14 23 3 1855 26 26 3 1876 22 13 9 Totaux à
reporter 594 481 126 A reporter 377 353 130 Années Naissances Décès Mariages Années Naissances Décès Mariages 1877 17 19 1 1893 15 13 0 1878 14 10 2 1894 19 13 2 1879 15 15 2 1895 19 13 2 1880 14 11 5 1896 16 10 6 1881 21 11 7 1897 19 17 5 1882 19 5 1 1898 14 8 8 1883 12 11 6 1899 16 15 7 1884 12 14 5 1900 18 15 7 1885 12 10 4 1901 10 19 4 1886 15 6 6 1902 14 12 4 1887 18 16 4 1903 12 14 4 1888 17 11 4 1904 13 12** 5 1889 13 13 0 1905 13 19 7 1890 11 12 2 1906 10 11 4 1891 11 16 5 1907 14 15 4 1892 11 14 4 1908 15 12 4 Totaux 232 194 60 Totaux 234 225 78 * On remarquera le nombre insignifiant des
mariages pendant l'année de l'invasion (1814) et la marche
décroissante du nombre des naissances dans le cours de ce
siècle. De 1809 à
1821 314
naissances 225
décès 86
mariages De 1821 à
1834 373
naissances 308
décès 68
mariages De 1835 à
1855 594
naissances 481
décès 126
mariages De 1855 à
1876 377
naissances 353
décès 130
mariages De 1877 à
1892 232
naissances 194
décès 60
mariages De 1893 à
1908 234
naissances 225
décès 78
mariages Totaux
généraux 2124
naissances 1786
décès 548
mariages Le nombre de naissances naturelles est
insignifiant : il s'élève à 15 pour les cent
dernières années écoulées : 1 naissance naturelle en
1819 2 naissances naturelles en
1873 2 naissances naturelles en
1827 1 - - en 1879 1 - - en 1829 1 - - en 1880 1 - - en 1844 1 - - en 1882 1 - - en 1847 1 - - en 1895 1 - - en 1853 1 - - en 1901 1 - - en 1860 0 depuis cette
époque La population atteignait : en 1831 720 habitants en 1836 750 - en 1846 770 - en 1851 796 - en 1861 686 - en 1866 643 - en 1872 656 - en 1876 572 - en 1881 593 - en 1886 568 - en 1891 585 - en 1896 596 - en 1901 560 - en 1906 590 - Par suite de la diminution du nombre des
naissances, la population totale de la Commune est passée de
643 habitants en 1866 à 572 en 1876. Depuis cette
époque, la population semble se maintenir au même
chiffre et même se rapproche de 600 habitants. En 1851 la population se répartissait
ainsi : Agriculteurs et leurs
familles et personnes vivant de
l'agriculture Rentiers Industriels Commerce Employés des
Communes Sages femmes Instituteurs Domestiques attachés
à la personne Mendiants Total par
sexe Total
général En 1861 on comptait : Agriculteurs et personnes
vivant de l'agriculture Industriels Commerçants Professions
libérales Clergé Professions
diverses Sans professions Total par
sexe Total
général En 1886, la répartition de la population
par professions était la suivante : Agriculteurs et personnes
vivant de l'agriculture Industrie Commerce Professions
libérales Rentiers Non classés Total par
sexe Total
général On voit sur les tableaux qui
précèdent que le chiffre de la population agricole a
considérablement diminué d'un recensement à
l'autre. Le nombre de conscrits est aussi allé en
diminuant d'une façon assez sensible. Voici le relevé
des listes des conscrits pour les classes suivantes : 1816 12
conscrits 1836 5
conscrits 1856 9
conscrits 1817 10 1837 4 1857 9 1818 12 1838 8 1858 9 1919 9 1839 6 1859 3 1820 (manque) 1840 6 1860 8 1821 5 1841 10 1861 4 1822 8 1842 5 1862 11 1823 9 1843 13 1863 10 1824 8 1844 8 1864 6 1825 10 1845 ? 1865 12 1826 (manque) 1846 11 1866 7 1827 7 1847 10 1867 11 1828 12 1848 8 1868 7 1829 9 1849 11 1869 12 1830 (manque) 1850 11 1870 10 1831 8 1851 6 1871 8 1832 6 1852 7 1872 5 1833 8 1853 12 1873 6 1834 9 1854 8 1874 10 1835 8 1855 15 1875 7 1876 5
conscrits 1887 3
conscrits 1898 9
conscrits 1877 10 1888 6 1899 2 1878 5 1889 4 1900 " 1879 3 1890 4 1901 8 1880 " 1891 5 1902 7 1881 7 1892 4 1903 3 1882 8 1893 7 1904 7 1883 4 1894 8 1905 7 1884 5 1895 " 1906 4 1885 3 1896 6 1907 5 1886 11 1897 4 1908 4 Le nombre des ménages est passé
de 164 à 149 (de l'année 1851 à l'année
1906). Voici d'ailleurs le relevé par recensement : En 1846, il y avait dans la
commune 156 ménages 1851 164 1861 145 1866 145 1872 152 1876 145 1881 151 1886 152 1891 149 1896 146 1901 143 1906 149 Histoire conomique La surface de la Commune
comprend 864 hectares. Terres
labourables 571
ha 64 Prairies 175
ha 00 Terrains
plantés en vignes 6
ha 91 Bois 68
ha 00 Landes 8
ha 00 Maisons et
cours 5
ha 32 Grandes
routes, chemins 22
ha 39 Rivières,
ruisseaux 6
ha 90 Total 864
ha 16 Dans cette surface on comptait
: Ces propriétés
étaient exploitées par (en 1851) 523
propriétaires, 139 fermiers et 45 ouvriers agricoles. En 1851, la répartition
par hameaux était la suivante : St
Léger (Le Bourg et La Garde) 148
h Aux
Charmes 11
h La
Bussière 128
h Le
Mauvais 11h Nogent 114
h En
Golaine 10
h La
Chanal 103
h Piron 9
h La
Belouze 32
h Chante
Grillé 9
h Pontcharras 32
h La
Planche 9
h Montdidier 46
h Grenouillère 8
h Les
Lévriers 25
h Chaux 8
h Le
Fourneau 25
h Combe
Durand 7
h Grange
Neuve 17
h Le
Breuil 6
h Les
Portes 15
h Pré
Marteau 6
h Montagne de
Chaux 15
h Bois
Mouchoir 5
h Total Particularités
coutumières : Rien de saillant à signaler
ici. Pratiques successorales
: Nous ne remonterons pas à l'époque
déjà éloignée où le droit
d'aînesse était une coutume générale. La
Révolution a supprimé ce droit qui établissait
l'inégalité dans la famille. A 2 km 1/2 de la
gare de Pari-Gagné, 5 de celle de Trambly et
8 de celle de Clermain Les produits de la ferme sont
facilement écoulés au dehors. La Commune de St
Léger possède 8 foires, dont 4 qui ont conservé
leur importance. Mais les foires ne se tiennent plus à La
Bussière comme autrefois, elles ont lieu à La Belouze,
hameau au centre de la Commune. Il y a des foires importantes
à Dompierre, les Ormes, Tramayes, Matour, Cluny, St Pierre le
Vieux, etc. Les marchands de bestiaux expédient à Paris
ou à Lyon les bufs, vaches, veaux, porcs dont la Commune
fait un élevage assez important. Impôts : Le revenu
du territoire a été fixé en 1839, à 4890
f, et la valeur du centime le franc de la contribution
foncière a varié de 0,8217 (en 1839) à 1,11202
(en 1909) en suivant toujours une marche ascendante. Associations agricoles :
Les associations agricoles sont toutes de formation récente,
mais sous ce rapport St Léger n'a rien à envier aux
communes où les associations de cultivateurs sont en
honneur. Histoire ociale Les anciennes habitations étaient assez
peu confortables. Il n'y avait souvent qu'une seule pièce,
quelquefois deux. Les fenêtres peu élevées ne
donnaient point d'air, parce qu'on ne les ouvrait jamais, et que
très peu de lumière. Les plafonds étaient bas et
noirâtres. Le sol des maisons était en terre battue.
Dans la cour s'étalait le fumier, et le purin
s'écoulait en rigoles infectes jusque dans le puits
Le fonds de la nourriture était
autrefois de pain fait avec de la farine de seigle et de la bouillie
de sarrazin. Murs : Les murs sont simples
comme celles des aïeux. Les théories malsaines
écloses à la ville n'ont pas de prise chez les
populations laborieuses de nos campagnes ; le communisme,
l'anti-militarisme, ces deux inepties rapportées de la ville
par certains immigrés, ne rencontrent aucun adepte chez les
possesseurs du sol. Le culte de la Patrie est vivace dans ces
têtes saines. Indigents : Etant donné ce qui
précède, on comprendra aisément pourquoi le
bureau de bienfaisance ne compte qu'une quinzaine d'indigents pour
une population de 590 habitants. Fondations : Une personne
généreuse a légué à
l'hôpital de Cluny en 1907 une somme de 10000 f pour un lit en
faveur des malades pauvres de St Léger sous la
Bussière. Bureau de bienfaisance : La
création de ce bureau remonte à 1884 et depuis cette
époque le nombre des indigents a été à
peu près le même (de 15 à 18). Vue du Bourg (prise de La Belouze)
Grâce à sa situation dans des vallées
étroites, éloignées des passages des invasions,
St Léger (anciennement appelée Saint Ligier) fut sans
doute souvent à l'abri des incursions des barbares.
On n'a retrouvé dans la Commune ni pierres polies, ni armes,
ni tombeaux anciens, ni monnaies romaines
Une route traversait la Commune pendant la période
gallo-romaine : il subsiste quelques vestiges de cette voie en divers
points de la Commune, et principalement au hameau du Fourneau. Un
pont existait dont on pouvait apercevoir les ruines il y a quelques
années.
Un autre hameau du nom de Bretonnière laisserait supposer
qu'une colonie de bretons était, aux époques
reculées de notre histoire, venue s'établir en ce
lieu.
On ne sait rien de l'histoire locale durant les onze premiers
siècles de notre ère.
En 1105 fut construit sur la montagne de La Bussière, un des
points culminants de la Commune, le vieux château féodal
dont on aperçoit encore les ruines.
Cette date, ignorée jusqu'à ce jour, nous l'avons
découverte nous-même. Elle se trouve gravée sur
une pierre provenant de la démolition du château, et
cette pierre orne aujourd'hui la cheminée d'une ancienne
auberge du lieu qui appartient à M. Plassard.
En 1150, vivait à La Bussière (le nom de ce hameau
indique un lieu couvert de buis) Hugues de Lachaux, seigneur de La
Bussière qui fit construire à cette époque un
château fort au Fournay, "paroisse " de Montagny.
Ce seigneur devait être turbulent et chercher noise aux
voisins, car vers cette époque aussi, les moines de Cluny
firent élever, pour surveiller le château de La
Bussière, celui de la Motte, situé sur la paroisse de
Brandon, hameau de Montravant. Des pierres, des buissons et des
ronces indiquent l'emplacement de ce château.
La tradition rapporte que le château de La Bussière fut
pris d'assaut et en partie détruit par une bande armée,
pendant la Guerre de Cent Ans.
A ce moment, c'est à dire vers l'an 1360, le Mâconnais
fut, en effet, complètement dévasté par des
bandes de brigands appelées Grandes Compagnies, et en cela la
tradition est d'accord avec l'histoire.
Les récoltes du pays, comme celles de toute la région,
furent saccagées, les maisons pillées et
brûlées, les habitants massacrés.
Après que le pays eut recouvré sa tranquillité,
le château fut réparé et habité par la
suite par la famille des de Laurencin qui furent les seigneurs de La
Bussière.
Nous avons retrouvé, sur les registres de l'état civil
de la commune, dont les plus anciens remontent à 1627, divers
actes se rapportant à cette famille.
En 1631, 1633, 1634, 1637,
, 1672, 1673, les dits registres
font mention d'un noble de Laurencin, seigneur et baron de La
Bussière, la Garde et autres lieux.
En 1702 un comte, seigneur de Matour, de La Bussière, St
Pierre le Vieux, Nay, Le Chastelier et autres places, était
capitaine aux gardes françaises.
Puis, tombant en ruines, ses débris servirent à
construire les maisons de La Bussière et des hameaux
voisins.
De toute cette splendeur passée, il ne reste plus que quelques
remparts, quelques pans de mur en ruines que le lierre
protège, la plate forme et un corps de garde muni de
meurtrières.
Revenons à l'histoire des habitants de St Léger.
Ils furent, pendant de longs siècles, sous la
dépendance du seigneur, abritant leur misère dans de
chétives demeures, travaillant sans relâche pour pouvoir
payer les multiples redevances qui allaient toujours croissant, et
faire face aux dures exigences des collecteurs d'impôts,
d'autant plus dures que les terres cultivées par routine ne
donnaient que de maigres récoltes.
A l'endroit marqué X se dressait le château
féodal, construit vers 1105.
Cette année-là, il n'y eut point de blé. Les
arbres les plus résistants avaient gelé. Aussi la
famine fut terrible. Les habitants abandonnaient leurs maisons pour
chercher çà et là une chétive nourriture
: de l'herbe, des racines, l'écorce des arbres
il y eut
cette année 49 décès au lieu de 8, chiffre moyen
de la mortalité dans la "paroisse " à cette
époque.
Il fut trouvé sur le territoire de la "paroisse " plusieurs
personnes étrangères venues à St Léger
pour mendier, mortes de faim. Nous transcrivons un acte de
décès de cette année si tristement
célèbre :
"Ce jourd'huy seizième juin (1709) je curé ay
trouvé enterré au cimetière de St Léger
un garçon aagé d'environ douze ans, trouvé mort
dans un chemin dudit Saint Léger
sans avoir aucune
connaissance d'où il est."
Un autre acte de cette année : "Une grande fille
aagée de dix-huit ans, mendiante, est
morte à
Chaux, sans sçavoir son nom,
a été enterrée dans le cimetière de St
Léger."
Un autre : "Un pauvre aagé de quarante ans a
été trouvé mort dans un chemin ; on n'a pu
sçavoir le nom de sa paroisse."
Dans la liste des quarante-neuf décès, on relève
le nom de beaucoup d'enfants qui ne purent supporter tant de
misères.
A l'occasion de la Révolution de 1789, le curé du lieu,
détenteur des registres de l'état civil, inscrit cette
mention : "Cette année sera mémorable soit par
rapport à son hiver qui a été le plus rigoureux,
soit par la tenue des états généraux qui ont
commencé dans le mois de may, soit par des attroupements qui
ont lieu dans différentes provinces où l'on a
brûlé et dévasté les
châteaux."
La paroisse de St Léger était pauvre, mal
cultivée.
De grands terrains étaient en friche. Les chemins, de hameau
à hameau, étaient étroits, mal entretenus, d'un
accès difficile. Quelques-uns de ces chemins existent encore :
le chemin de la Garde à La Bussière ; celui des
Lévriers à La Bussière, etc.
On se demande au prix de quels efforts les charrois parvenaient
à gravir ces pentes raides, ces chemins abrupts et rocailleux
où aucune voiture n'oserait s'engager aujourd'hui.
Aucun pont n'était construit sur La Grosne.
Les hameaux actuels existaient aux époques auxquelles nous
avons pu remonter ; mais il apparaît, d'après le chiffre
des naissances, des décès et des mariages
constaté pour le seul hameau de La Bussière que ce lieu
était le plus peuplé de la commune et devait compter
plus d'habitants qu'aujourd'hui. Il était pourvu d'un notaire,
d'un greffier (1628), de marchands, de cabaretiers, de
maréchaux-ferrants, etc.
Le hameau posséda même un juge ainsi que l'atteste
l'acte suivant que nous avons recueilli dans les archives
déjà citées :
"Le vingt six février mil sept cent cinquante, l'on a
trouvé dans la rivière, au-dessous et proche le village
de Nogean, un homme qui était mort aagé d'environ
cinquante ans. La levée de son corps a été faite
par M. le Juge de La Bussière."
Des foires importantes avaient lieu autrefois dans la commune. Elles
se tenaient à La Bussière. Sur une immense place qui
existe encore, mais qui a reçu une autre destination, se
pressaient à époques fixes quantité de personnes
qui avaient amené leurs bestiaux. Les transactions
étaient nombreuses, car les foires de La Bussière
étaient réputées à juste titre.
Le champ de foires est maintenant désert ; plus rien ne
subsiste de ce passé, qu'une grande mare toujours pleine
d'eau, mais qui ne désaltère plus que quelques
troupeaux du lieu.
Le bourg de St Léger où était construite
l'église autour de laquelle était le cimetière,
ne comptait, autrefois comme aujourd'hui, que des cultivateurs. Le
hameau de La Garde qui le domine était habité vers l'an
1500 (autant que nous avons pu en juger par l'écriture d'un
document qui a été adressé en communication
à M. l'archiviste départemental) par une noble dame de
Chasland. D'après la tradition, un château (?) existait
en ce lieu. Nous n'avons pu en retrouver aucune trace.
Le hameau des Lévriers qui n'est plus qu'un amas de ruines
était autrefois assez important. Nous avons découvert,
dans les débris qui jonchent le sol en cet endroit, des
pierres de portes et de fenêtres dont l'architecture indique le
moyen-âge, et nous avons sauvé ces reliques de la masse
et du marteau du casseur de pierres.
Nous avons retrouvé sur un registre de l'année 1673 la
naissance de Claudine Phibert, fille du papetier du lieu.
Par l'examen des vieux registres de la paroisse nous avons
constaté que les familles Lardy, Cornier, Georges, Laffay (de
La Fay), Prettesac (Prettesaque), Desroches (Des Roches),
Chaintreuil, Navaizard sont les plus anciennes du lieu. Leur origine
dans la commune remonte au moins à 1628, date du plus ancien
registre conservé.
D'autres familles qui existent encore sont allées
s'établir dans les communes voisines : Martin (aux Ciberts),
Lacharme (de La Charme), Dupasquier, Denojean (cette dernière
famille est revenue à St Léger venant de Trambly).
Beaucoup d'autres familles ont essaimé au loin et on a perdu
leurs traces. Sans doute un certain nombre d'entre elles se sont
éteintes
** au dernier moment, en faisant la vérification, je constate
que le chiffre 12 est erroné. Il faut lire 9
(1904).
Les familles nombreuses ne manquaient pas autrefois. A une
époque rapprochée de nous, en 1866, on comptait encore
36 ménages ayant au moins 4 enfants vivants chacun. Au
recensement de 1876, on n'en comptait plus que 18. Au dernier
recensement, ce nombre est un peu dépassé et arrive
à 23.
Le mouvement d'émigration et immigration a lieu surtout parmi
les fermiers et les journaliers et généralement chez
ceux qui ne possèdent pas. Les départs sont le plus
souvent compensés par les arrivées.
D'autre part, quelques jeunes gens essaiment à la ville -
abandonnant la proie pour l'ombre - Les jeunes filles se font
domestiques, les jeunes gens deviennent garçons bouchers,
garçons boulangers, laitiers ; d'autres sont attirés
par l'appât d'une place de
facteur des postes ou de
cantonniers et désertent le foyer paternel.
Cette surface se répartissait ainsi en 1837 :
En 1866 nous trouvons : 380 propriétaires, 3
régisseurs, 102 fermiers, 7 métayers, 55 ouvriers.
En 1876 : 310 propriétaires, 83 fermiers, 35 ouvriers
agricoles.
En 1881 : 363 propriétaires, 96 fermiers, 35 ouvriers
agricoles.
En 1886 : 360 propriétaires, 75 fermiers, 23 journaliers
agricoles.
Dans tous les nombres ci-dessus sont compris la femme et toute la
famille habitant avec le chef d'exploitation.
Nous verrons dans la 2e partie quels changements sont survenus depuis
ces dernières époques dans la division de la
propriété.
Cependant il subsiste encore des pratiques qui rappellent le droit
d'aînesse. Généralement, pour les
propriétés exploitées directement, le fils
aîné hérite du domaine de ses parents et il
s'efforce de le maintenir intact, de l'améliorer par son
travail, de l'agrandir si possible. Les autres enfants
reçoivent de l'aîné une somme d'argent
représentant leur part dans la succession. De cette
façon se transmet de père en fils le bien de famille.
Il n'est pas rare non plus de voir le fils aîné attendre
que les autres membres de la famille soient établis pour se
marier à son tour.
Depuis la confection du cadastre (1837) la surface du sol a subi de
profondes modifications au point de vue des cultures. On cultive de
moins en moins le seigle. On remplace cette culture par celle du
blé.
La surface occupée par les prairies a augmenté
sensiblement. Les jachères qui étaient en honneur
autrefois sont inconnues de nos jours. L'assolement biennal et
triennal a remplacé cette coutume désavantageuse. Le
défrichement est à peu près terminé ; de
grands terrains couverts de genêts (La Genetière) ou
couverts de marécages (La Grenouillère), de buissons
(Le Mauvais), de bruyères (La Grande Bruyère) ont
été mis en valeur.
D'autre part, les productions agricoles ont été
à peu près indemnes de toute maladie depuis de longues
années.
La Commune ne possédant que très peu de vignes n'a pas
trop eu à souffrir de l'invasion du phylloxéra.
Le prix de la terre n'a pas subi cette dépréciation que
l'on a constatée dans certaines régions. Il est
resté assez élevé. Cela provient de ce que les
gens sont aisés, que peu de propriétaires abandonnent
les champs pour la ville et de ce que les ventes de terrain sont
rares.
Le prix des denrées a augmenté d'une façon
notable par suite de la hausse du prix de la main d'uvre. Les
prix des fermages sont modérés. Les fermiers sont
généralement dans une bonne situation et peuvent se
tirer d'affaire.
En 1886, la Commune comptait 9 chevaux, 4 ânes, 31 veaux, 20
bouvillons ou génisses, 8 taureaux, 54 bufs, 273 vaches,
4 béliers, 131 brebis, 351 moutons, 120 agneaux, 262 porcs, 43
chèvres, 103 ruches.
Par suite de l'augmentation de la surface des prairies, le nombre des
animaux de l'espèce bovine est en accroissement notable, ainsi
qu'on le verra dans la 2e partie.
Depuis l'invasion de la fièvre aphteuse d'il y a une dizaine
d'années, la race bovine a été à l'abri
de toute nouvelle épidémie.
Dans la racine porcine, la mortalité nous paraît un peu
élevée, en été surtout.
Si les cultivateurs faisaient construire des écuries à
porcs plus spacieuses, s'ils observaient davantage les règles
de l'hygiène, s'ils prenaient soin d'appeler le
vétérinaire à temps voulu, les accidents
seraient évidemment moins nombreux. Dans les fermes où
l'on a renoncé aux anciens errements, la mortalité est
normale.
Les produits de la basse-cour sont facilement écoulés
dans les marchés voisins. Des coquetiers passent
régulièrement dans la Commune. Cette manière de
procéder est très ancienne. Les ufs, le beurre,
sont vendus de la même façon et à des prix de
plus en plus rémunérateurs.
Les centimes communaux (centimes additionnels aux 4 contributions
directes) s'élèvent au nombre de 60, dont 44 pour
amortissement d'emprunt fait en 1901 pour la construction d'une
Mairie et d'un groupe scolaire. Le centime produit 38 f environ.
Ces centimes vont être diminués et, en 1911, les
habitants auront leurs impôts allégés, car une
personne généreuse, M. Plassard Jules, a
légué à la Commune la somme nécessaire
pour désintéresser le Crédit
foncier.
Nous citons par ordre de fondation les diverses
sociétés que St Léger possède :
1° Une Mutuelle-Bétail qui groupe 42 membres, qui assure
64000 f de bestiaux d'espèce bovine et qui a plus de 1200 f de
réserve après avoir payé plus de 1500 f de
sinistres depuis sa fondation qui remonte au 1er avril 1906.
2° Un Syndicat agricole qui a pour objet l'achat d'engrais, de
semences, d'instruments agricoles (37 membres) et qui a
été fondé en 1908.
3° Une Mutuelle-Incendie qui ne fonctionne que depuis le 1er
janvier 1909 (60 membres expectants, 14 assurés depuis le 1er
janvier 1909).
4° Une Caisse de retraites agricoles qui fonctionne depuis le
1er juillet 1909 (26 membres). A cette Caisse est annexée une
Mutuelle scolaire qui groupe 50 enfants de la Commune.
Nous étudierons plus en détail le fonctionnement de ces
diverses sociétés dans la 2e partie.
Quelques une de ces logements malsains existent encore, mais la
plupart ont changé d'affectation. Les constructions modernes
qui ne manquent pas sont plus confortables. Les maisons à deux
ou trois pièces et même davantage sont maintenant la
généralité.
La ménagère intelligente sait faire régner dans
son logis l'ordre et la propreté qui indiquent une bonne
éducation ménagère.
Les anciens et pittoresques costumes de la contrée
disparaissent peu à peu pour faire place, hélas, aux
toilettes à la mode !
Nos grands-mères portaient avec la coiffe blanche toute en
dentelle faite à la main, un châle qui recouvrait les
épaules, une robe simple, un joli tablier de soie pour les
riches et de coton pour les moins fortunés, et des sabots ou
des souliers selon la saison.
Les costumes anciens qui autrefois caractérisaient une
province, une contrée, ne sont plus aujourd'hui qu'objets de
curiosité.
Les paysans ont conservé la blouse, la grande blouse bleue aux
boutons blancs que l'on porte encore dans une grande partie de la
Bourgogne.
On ne fait plus de pain avec la farine de seigle. Il est
fabriqué avec la farine de blé. Ici, c'est l'homme qui
pétrit la farine, qui cuit le pain, contrairement à
d'autres régions où la femme est chargée de ce
dur travail. Certains cultivateurs préfèrent vendre
leur blé et acheter leur pain au boulanger du pays.
Dans beaucoup de ménages on engraisse des porcs dont la viande
salée servira à l'alimentation.
Enfin si on ne fait plus de bouillie de sarrazin, cette
dernière nourriture est remplacée par des "gaufres"
fabriquées avec la farine de sarrazin délayée
dans de l'eau ou du lait. Quelquefois on ajoute de la farine de
blé à celle de sarrazin ; la substitution est
même complète dans certaines maisons.
Comme boisson on consomme du vin acheté dans le
Mâconnais ou le Beaujolais qui sont à proximité
de St Léger.
On compterait aussi les alcooliques. Chez les cultivateurs, quels
qu'ils soient, propriétaires, fermiers ou domestiques,
l'alcoolisme est un vice rare, pour ne pas dire inconnu.
D'autre part, les enfants naturels nés dans la Commune durant
les cent dernières années sont en quantité
insignifiante. Sur 2124 naissances, on compte 15 naissances
illégitimes soit 0,75 pour 100.
Les gens pratiquent l'économie qui va rarement jusqu'à
l'avarice.
C'est en conservant ces murs que s'entretient la vigueur de la
race, de cette bonne et vaillante race française. C'est par le
travail et l'économie que nous devons d'être le peuple
le plus riche du monde, et c'est en grande partie à nos
paysans que nous devons notre situation
privilégiée.
Presque tous sont des immigrés venus des communes
avoisinantes.
Généralement, ce n'est pas le vice qui les a
réduits à la pauvreté. Presque tous ont
mené une rude vie de labeur ; ils ont élevé une
lignée d'enfants ; le gain était maigre ; quelquefois
la maladie est cause de leur situation peu aisée. L'ignorance
n'a pas non plus été étrangère à
leur état.
En 1909, un ancien maire de la Commune, M. Jules Plassard
déjà cité, a légué au bureau de
bienfaisance une somme de 10000 f pour en employer les revenus au
profit des indigents de la Commune.