Alors que j'étais gamin, je me souviens de...

 

 a procession du aint acrement

 

 

Parmi les habitants de Saint-Léger de 50 à 80 ans, qui ne se souvient, avec un peu de nostalgie, des fêtes religieuses des années 30 à 50 ? Noël, Pâques, l'adoration, les communions solennelles, le 15 août, et surtout la procession du Saint Sacrement, le dimanche suivant la Fête-Dieu. Qui, mieux que madame Luce Leroy, pouvait nous en parler ?

 

Il fallait voir avec quelle foi, quel zèle, la fête était préparée ! C'était d'abord le nettoyage de l'église : pavés frottés, boiseries cirées, cuivres astiqués, autels garnis de fleurs. Nous étions une bonne douzaine pour ce gros travail. Mais une procession extérieure demande du beau temps. Beaucoup d'entre nous s'unissaient pour implorer l'intercession de la sainte Vierge, par une neuvaine de "Magnificat".

Pour que personne ne soit oublié, chaque quartier avait son reposoir : un au presbytère, un à la chapelle Sainte-Apolline, un à la ferme Perrier, le dernier à la maison du Maire, aux Câteliers.
Quelle coopération, quelle ingéniosité pour l'édification de ces reposoirs ! C'était à qui ferait mieux que l'autre : l'un prêtant un prie-Dieu, l'autre une table, un autre des candélabres, un autre des vases ou des tapis ou des nappes ou des bougies ou des fleurs... Chacun voulait participer et donner à son reposoir son caractère propre.
Celui du centre était dédié au Sacré-Cœur, donc tout drapé de rouge, garni de fleurs rouges, avec une banderole : " Je bénirai les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée ". Le reposoir du Mesnil-Allard était en l'honneur du Saint Sacrement, avec au fond, une disposition de fleurs simulant un ostensoir. La table était recouverte d'une nappe brodée et, en haut, une inscription : " Je suis le pain de Vie ". Celui du Rouage était entièrement blanc, nappe de dentelle blanche, garni de fleurs blanches, lys, roses, et pivoines. Il était dédié à la Sainte Vierge avec au centre, sur un piédestal, une jolie statuette de Notre-Dame de Lourdes. Quant au dernier, celui des Câteliers, il était orné de fleurs des champs : bleuets, marguerites et coquelicots, auxquels se mêlaient des épis d'avoine et de blé mûrissants. Là, on demandait la bénédiction du ciel pour la moisson toute proche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

saint Léger et saint Léonard

 

La procession avait lieu l'après-midi. On chantait vêpres et complies, puis le prêtre déposait l'hostie dans l'ostensoir. Au chant du "Laudate omnes gentes" la procession s'organisait.
En premier, la croix, portée par un jeune homme en aube blanche, puis une vingtaine d'enfants de chœur, en aubes rouges et surplis blancs. Venait ensuite une douzaine de jeunes chantres vêtus de la chape.
Enfin arrivait le dais, porté par deux membres du conseil paroissial qui se relayaient à chaque reposoir. Sous le dais, le prêtre portait religieusement l'ostensoir. De chaque côté, une douzaine de fillettes (3 à 10 ans) portaient des petites corbeilles garnies de dentelles et remplies de pétales de fleurs, qu'elles lanceront, plus tard, au Saint Sacrement. Puis venaient les jeunes filles voilées de blanc et portant la bannière de la Sainte Vierge, et enfin l'assistance qui priait et chantait. A chaque reposoir, c'était le même cérémonial : le prêtre déposait l'ostensoir sur la table, il encensait l'autel et l'ostensoir, s'agenouillait sur le prie-Dieu et récitait une oraison en latin ; il prenait ensuite l'ostensoir avec lequel il bénissait les fidèles, les maisons et les champs. A ce moment, les enfants jetaient leurs pétales de fleurs vers l'ostensoir, en chantant de leurs voix suaves : " Amour, Amour, Amour à Jésus " sur l'air de l'Ave Maria de Lourdes.

Sur le passage de la procession, les hommes se découvraient ; quelques personnes âgées, assises devant leur porte se signaient dévotement. Au reposoir dédié à la Vierge, on chantait avec foi le "Magnificat". Au reposoir des Câteliers, on reprenait les litanies d'offertoire de la messe des paysans de l'abbé Bouvier. Combien elles sonnaient justes dans l'ambiance de cette journée d'été ces phrases poétiques :

" L'herbe fleurie de nos talus,
la chanson de nos Angélus
le souffle odorant de nos prés
le frisson chantant de nos blés
le frais cantique des oiseaux
le miroir tranquille des eaux
la saveur de nos terroirs
la paix sereine des beaux soirs
les fatigues de notre corps
nos souffrances, nos efforts
les amours des foyers nouveaux
les sourires des jeunes berceaux
Nous vous les offrons, Seigneur."

 

 

 

 

 

saint Léger (détail)

La procession retournait ensuite vers l'église au chant du "Pange lingua". Les chantres, soutenus par l'harmonium, entonnaient un "Tantum ergo", puis en action de grâces, le chant du "Te Deum". Le prêtre faisait un dernier signe de croix avec l'ostensoir sur les fidèles prosternés. Puis, pendant le dernier "Laudate omnes gentes", il replaçait les saintes espèces dans le tabernacle.

La cérémonie étant terminée, chacun rentrait chez lui avec un petit bouquet bénit qu'il plaçait pieusement dans l'armoire pour embaumer celle-ci et pour rappeler que la bénédiction de Dieu était sur cette maison.

 

 

 
la Mission de 1933 et le baptême des 3 cloches
la guerre de 39-45 et les V1 à St Léger
après la guerre, la reconstruction

 

 

 

 

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