utour d'une gaufre au potiron,
le marmiton cuisine en picard

 

dimanche 07 Octobre 2012
Le festival "Chés Wèpes" se poursuit dans le Beauvaisis. Hier, à Saint-Léger-en-Bray, Jean-Marie Braillon divulguait sa recette toute picarde de la gaufre à la citrouille.

Pou chés woefes al chitroulhe: 500g éd frin.ne, 1 piéche éd bure, 350g éd Chitroule qhuite in badrèie, 25cl éd crime, 500ml éd lachoe, 4 uës, 1 saclé d'jèie, 1 qhulhiére à cafèi d'sé. Oui, la recette est en picard. Enfin presque.

Les cuisiniers du samedi avait droit à une traduction sur leur plan de travail. Hier, dans la salle multifonctions de Saint-Léger-en-Bray, le Picard Jean-Marie Braillon donnait un cours de cuisine à une vingtaine de participants.

Sur la table, il a sorti les marmites et les ustensiles de cuisine de sa grand-mère. La recette démarre avec le beurre. "Bon les quantités, c'est un peu au pif. Ça va être un peu long, car moi, je sens toujours les oeufs. Quand j'étais petit dans mon village, j'ai vu une voisine casser la coquille et un poussin sortir de l'œuf. Maintenant je vérifie."

Le cours n'a rien d'une master class d'un chef trois étoiles. D'ailleurs, le but n'est pas là. Autour du saladier, on discute en picard, on se pose des colles sur des noms communs à traduire, on se raconte des histoires. "Vous savez ce que c'est un écorcheu ?", demande le professeur du jour. L'assistance est muette. "C'est un tablier, voyons !"

La recette réserve quelques surprises. Le lait par exemple peut être fort bien remplacé par du cidre, de la bière, voire même du champagne. "Du champagne picard bien sûr. Qu'on fabrique à Château-Thierry !"

Une fois la démonstration terminée, les participants rejoignent leurs plans de travail. Nelly et son fils Mickael, 9 ans, se lance dans la préparation. En picard bien sûr. Une langue que le jeune garçon comprend bien. "Je parle surtout chtimi. C'est ma passion depuis que j'ai vu le film de Dany Boon." La famille vit à Feuquières. "Prononcez "Feuchère", insiste Nelly. Mes grands parents parlaient picard chez eux. Je regrette aujourd'hui qu'ils ne nous aient pas transmis leur langue même si je la comprends plutôt bien."

Un peu plus loin, Peggy est en train de doser le lait. Documentaliste dans la Somme mais originaire de Saint-Martin-le-Nœud, c'est loin de chez elle qu'elle s'est rendu compte de sa connaissance du picard. "J'étudiais dans la région lyonnaise et mes amis ne comprenaient pas certains mots que j'employais."

De retour en terres picardes, elle décide de transmettre son savoir à ses collégiens. "J'anime un club de picard dans mon établissement. Et les élèves sont drôlement forts, habitués à parler la langue depuis leur naissance."

Un enseignement très valorisant pour eux. "On leur reproche souvent de mal parler français alors qu'en réalité, ils parlent un très bon picard. Mon travail est de les aider à dissocier les deux, pour maîtriser parfaitement leurs langues."

Jean-Eric Ménard, le maire de Saint-Léger-en-Bray, rappelle que sa commune se trouve proche de la frontière sud du pays picard. "Ensuite, c'est la région parisienne. Ici pourtant, nous sommes bel et bien en Picardie, culturellement parlant. Nous avons d'ailleurs découvert que certains hameaux avaient des noms typiquement picards. C'est le cas des Oisons, qui signifie les oies."

Pierre Saulnier

 

 

 

 

 

 

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