les ctivités dans le illage

par Marie-Josée Jacquemont - 2013

 

 

L'agriculture

Elle tient une place essentielle dans le village.

D'après l'étude réalisée à la fin du XIXe siècle par Monsieur Poiré (monographie de Saint Léger les Authie), nous avons de précieuses indications concernant l'état des lieux de l'agriculture à cette époque.
Les cultures se répartissaient ainsi : 250 ha de céréales, 90 ha de racines, tubercules et prairies et 35 ha d'autres cultures. On comptait dans le village 44 chevaux, 184 bovins dont 64 laitières, 115 porcs, 18 chèvres.
Les 1242 parcelles du territoire appartenaient à 196 propriétaires et étaient exploitées par des petits cultivateurs. Deux fermes occupaient ¼ du territoire : celles de M. de Louvencourt pour 33 ha 26 a 16 ca et celle de M. de Monthureux pour 74 ha 18 a 30 ca.
L'apiculture était encore beaucoup pratiquée dans les années 1870 mais en 1898, il ne restait plus que 30 ruches produisant 240 kg de miel et 90 kg de cire.
On apprend également que les méthodes et l'outillage sont en progrès, les exploitations ne restent pas dans la routine, les fumiers sont bien soignés et le purin est recueilli dans des citernes.
M. le Comte de Louvencourt a ouvert une marnière, Chemin d'Hénu, qu'il met gracieusement à la disposition des habitants.
Il existe deux batteuses dans le village, dont une avec manège et l'autre à vapeur. Les cultivateurs possèdent tous une moissonneuse. Une faucheuse-lieuse nouveau modèle vient même d'être acquise.
L'instituteur note que St Léger s'est bien transformé depuis les années 1850. L'aisance pénètre dans les familles grâce à l'activité des habitants qui travaillent avec courage et intelligence.

 

une moissonneuse, à gauche

 

 

batteuse à vapeur

 

 

 

100 ans plus tard, l'agriculture a bien changé et est sans cesse en évolution. L'arrivée des tracteurs juste après la seconde guerre a signé la disparition des chevaux. Les derniers agriculteurs à avoir des chevaux furent M. Abel Bellettre et M. Léon Favrel qui garda le sien jusqu'en 1974, date à laquelle il prit sa retraite.

 

1948 - Lucienne Hossart

 

Une des révolutions dans le domaine agricole fut sans conteste le remembrement des terres agricoles. Le cadastre datait de Napoléon et le découpage des terres n'était constitué que de petites parcelles très difficiles à exploiter avec l'arrivée des tracteurs. Ce fut une opération très délicate à réaliser car comment réaliser un nouveau morcellement sans défavoriser personne ? Néanmoins, après de nombreuses réunions, le changement fut entériné en 1967.
La mécanisation libéra hommes et femmes des travaux manuels pénibles mais entraîna la disparition d'un très grand nombre de petites fermes.

 

 

 

1962

 

 

Famille Hossart

Ces photos illustrent la fin d'un certain monde paysan tel que l'ont vécu, pendant des siècles, des générations d'hommes et de femmes... et l'apparition de la mécanisation :
en arrière-plan, les "moyettes" - au 1er plan, la moissonneuse-batteuse

 

 

Actuellement, en 2013, ne restent plus que 2 exploitants qui vivent dans le village. On a beaucoup cultivé les plantes oléagineuses : colza, oeillette, lin, mais aujourd'hui les terres sont presque exclusivement consacrées à la culture des céréales, de la pomme de terre, de la betterave à sucre et du maïs. L'élevage a pratiquement disparu. Il n'y a plus ni cochons ni chèvres depuis longtemps. L'apiculture n'intéresse plus que quelques amateurs passionnés qui ont bien du mal à maintenir la population de leurs ruchers. 

 

 

 

 

La culture de la chicorée, introduite en 1856, a tenu une dizaine d'années. Il n'en est pas de même pour celle de l'endive. Dès 1948, M. Roger Hossart se lançait dans l'aventure. La production de ce nouveau légume n'entraînant que de faibles investissements financiers, bon nombre d'agriculteurs et d'ouvriers tentèrent l'expérience et purent ainsi apporter un complément de revenus à leur salaire. Malheureusement, la culture en salle de l'endive remplaça la culture en terre qui demandait un travail fastidieux et beaucoup de main d'œuvre disponible, ce qui entraîna une automatisation des process et, bien sûr, la chute des cours. L'endive a disparu définitivement du paysage local en 2007 avec le départ en retraite de M. Bernard Josse, l'un des derniers endiviers de la région.

 

1965 - à cette époque, n'étaient produites que des endives de pleine terre,
le poêle à charbon servant à maintenir l'eau qui circulait dans des tuyaux sous terre à une température constante
afin d'obtenir une récolte d'endives en 3 semaines

 

 

1993 - l'industrialisation de l'endive est en marche - récolte d'endives poussées exclusivement en salle
famille Josse-Jacquemont, comme les photos suivantes

 

 

2004 - mise en terre de carottes d'endives

 

 

2004 - épluchage, mise en carton et pesage

 

 

2007 - la dernière récolte d'endives de pleine terre

 

 

 

quelques scènes de la vie rurale

 

Au XIXe siècle, beaucoup de familles n'avaient comme ressources que le modique salaire que leur procurait le travail dans les fermes. Elles possédaient souvent un petit jardin, quelques poules et parfois une vache ou deux qu'elles faisaient paître le long des chemins. A cette époque, les divers travaux des champs nécessitaient beaucoup de main d'œuvre. D'après les recensements successifs de la population depuis 1836, il est aisé d'avoir une image sociologique du village à une date donnée. Par exemple, en 1872, on compte 50 personnes travaillant journellement ou épisodiquement dans 9 fermes recensées. Ils sont dénommés ménagers, manouvriers, journaliers. Certains ont des tâches plus spécifiques : berger, vacher, domestique de charrue. Le nom "ouvrier agricole" n'apparaîtra que beaucoup plus tard.

Au début du XXe siècle, la prise de photos ne peut être que l'œuvre d'un professionnel qui s'attache à ne faire que des portraits de famille, d'événements exceptionnels tels que les mariages, les communions, le passage à l'armée. La carte postale est également très prisée avec les prises de vue des rues des villages. Plus tard, dans les années 40, l'appareil photographique se vulgarisant, il nous reste des photos qui, en restituant le passé par l'image, en immortalisant des tranches de vie quotidienne, participent à la connaissance de cette époque définitivement révolue, si lointaine pour certains, mais encore si proche pour d'autres. 

 

 

un peu de repos après les battages
Roger Hossart et Jules Leturque

direction le pré
en ce temps-là, les vaches avaient encore leurs cornes
Gaston Danicourt

 

 

ressemelage de chaussures avec des clous à tête carrée
(des "daches" en picard)
jusqu'au début du XXe s., il y eut plusieurs clouteries à Authie
Yvonne et Ernest Leturque

il est 17 heures (5 heures du soir !)
on part pour la traite des vaches

Yvonne Leturque, Yvette et l'ânesse Jeannette

 

 

charroi d'eau pour les bêtes - un travail presque journalier en période d'été
Abel et son cheval Bibi

 

 

chaque ferme, chaque maison avait une basse-cour
Yvonne Leturque

 

 

 

vivre avec les animaux

 

 

Abel Leturque et ses chevaux Bibi et Bayard, et l'ânesse Jeannette

 

 

Yvonne Leturque, Yvette, Josiane et Jeannette l'ânesse

Lucienne Hossard

 

 

Marie Favrel, Robert Candelier et Abel Leturque

 

 

 

 

 

 

 

 

le chien Ralph sur le cheval Coco devant les juments Lisette et Coquette
ferme de Gilbert Lefèvre

 

 

Maurice Hossart avec son cheval primé Coquette

 

"Si le cheval connaissait sa force, serait-il assez fou pour accepter le joug, comme il le fait ?
Mais qu'il devienne sensé et s'échappe, alors on dira qu'il est fou..."

August Strindberg

 

 

Lucette Hossart

 

 

Roger Hossart

 

"Le chien n'a qu'un but dans la vie : offrir son coeur."

J. R. Ackerley

 

 

De génération en génération, les cultivateurs ont su s'adapter, développant leurs rendements et sélectionnant les meilleures bêtes afin d'arriver à des troupeaux de grande qualité.
Dès 1867, St Léger les Authie figure au nombre des communes primées au Comice Agricole de Doullens.

 

1895 - Société des Eleveurs du Nord - prix décerné à un éleveur du village

 

 

 

 

 

les travaux des champs

 

 

en janvier, ramassage des joncs pour palier au manque de paille pour les bêtes à l'étable
Abel Leturque et Paul Thiebaut

 

 

en juin, le fauchage des foins et la mise en bottes appelées des "kaos" en picard
Jules et Ernest Leturque

 

 

juillet et août - le temps des moissons - Angéline Favrel et ses deux vaches attelées comme des boeufs

 

 

le fauchage du colza

 

 

juillet - le fauchage du blé

 

 

le fauchage du blé, à nouveau

 

 

on redresse les bottes de blé afin de permettre un meilleur séchage
famille Hossart et Etienne François

 

 

Yvonne Leturque, Louise Candelier et Ernest Leturque

 

 

l'avoine était très importante pour la nourriture des chevaux

 

 

temps de repos auprès des "moyettes" - les bottes de paille redressées forment une moyette

 

 

des "moyettes" d'avoine
Rose Vasseur, Marcel Lièvre, Claudine Carnel, Paul Boulanger, Emilienne et Maurice Hossart

 

 

temps de détente - "on r'chine" - il est 4h au soleil, il est temps de se restaurer

 

 

en août, la récolte du colza
famille Hossart

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fin août, les battages

 

 

en septembre, l'arrachage des pommes de terre
Marie-Jacques Lecubin, Marie Favrel, Flore Candelier, Eugénie Graire
Abel Leturque, Francis Candelier

 

 

en septembre, le déchaumage après la moisson appelé "trécicage" en patois d'ici - l'engin s'appelle un tricycle
Abel Leturque

 

 

charroi de fumier

 

 

en octobre, les labours avec une charrue à un soc

 

 

en décembre, on tue le cochon

 

 

 

le moulin, élément essentiel du paysage rural

 

Le dernier moulin ayant été détruit en 1842, les paysans durent avoir recours aux moulins des villages environnants : Authie, Thièvres, Souastre et surtout Louvencourt dans la première moitié du XXe siècle. Electrifié rapidement, il assura ses fonctions jusqu'au milieu des années 50.

 

texte de l'abbé Danicourt

 

 

vers 1930 - croquis du moulin de Louvencourt, ainsi légendé :
"encore en activité, secondé les jours de panne de vent par un moteur à essence"

 

 

 

 

 

 

L'artisanat et le commerce

Depuis le XVIIe siècle, les archives locales du village d'Authie et les archives départementales font apparaître l'existence d'une activité de filage et de tissage à domicile : d'abord de la laine, puis du chanvre et du lin, et enfin du velours de coton. Il n'est donc pas surprenant de trouver, à la lecture des différents recensements de population, quelques fileurs et tisseurs exerçant d'abord leur métier à domicile, puis dès la fin du XIXe siècle travaillant dans la fabrique de tissage de M. Bourgeois à Authie. L'époque la plus florissante de cette usine fut vers 1880. Elle occupait alors 160 ouvriers à la fabrication du velours de coton. Jusqu'en 1956, date de sa fermeture, elle a fourni du travail à de nombreuses familles et pallier ainsi aux conséquences de la modernisation de l'agriculture qui entraîna la suppression d'une main d'œuvre importante.

 

 

 

un témoignage, celui de Maurice Josse

"J'ai travaillé dans cette usine de 1945 à 1956. On y tissait du velours à grosses côtes, à petites côtes et du molleton pour les bleus de travail. On travaillait 48h par semaine dans un bruit assourdissant. Dès 3h30, Monsieur Ducanda remettait en marche la machine à vapeur et c'est un sifflet strident qui annonçait le départ de la journée de travail et le changement d'équipe. J'étais chargé de vérifier les pièces de tissu produites. Elles mesuraient 80m et pesaient 25 à 30kg. Pendant la fermeture de l'usine au mois d'août, on procédait au nettoyage des cheminées, au détartrage de la machine à vapeur et à la vérification des métiers à tisser."

 

texte ci-dessous tiré d'un fascicule, "Grand-Père, raconte-moi", écrit en décembre 1985

 

Le monde rural en pleine mutation entraîna également un exode de la population vers les villes où il était plus aisé de trouver du travail, où les conditions de vie semblaient meilleures.
Les quelques artisans qui exerçaient leur métier dans le village au XIXe siècle disparurent petit à petit : 1 charpentier, 1 couvreur, 2 vanniers, 1 menuisier, 1 tailleur, 1 cordonnier, 1 tonnelier, 1 horloger. Le dernier à disparaître fut le maréchal-ferrant vers 1960.
Il n'y eut jamais de commerçants dans le village si on excepte les deux débitants (café Gry, café Déleval) et les cafés de guerre.
Fin 2013, les habitants du village sont composés en majorité de retraités, de deux agriculteurs, et les autres personnes exerçant une activité ont pour lieux de travail Doullens, Albert, Amiens ou Arras.

 

horloge dite "oeil de boeuf" - jolie réalisation de l'horloger Constant Gigault (fin du XIXe s.)

 

 

 

 

1957 - à gauche, grange et habitation ayant appartenu à la famille Gigault, avant complète destruction

 

 

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