Antonio à Saint Léger Vauban (1/3)

 

 

 

Octobre 2008 - Simone Fouratier nous écrit :

"Mon information concerne Saint-Léger Vauban.
A la recherche de ma famille paternelle et notamment de mon frère, petit espagnol de 13 ans accueilli en 1938 par les époux Guyard à Trinquelin, j’ai mené, en 2001, une enquête serrée auprès des habitants de ces communes…
Ayant fini par retrouver mon frère, en 2002, à Malaga en Espagne, j’ai recueilli ses confidences et appris ce qui s’était passé dans ce village pour lui entre 1938 à 1940.

Simone et Antonio à Malaga, en mai 2002

J’ai écrit à la suite un livre qui s’appelle : "Cherche père désespérément" et retrace l’enquête contemporaine et le récit du passé. Cet ouvrage concerne le patrimoine de Saint-Léger Vauban et des petites communes qui y sont rattachées. On y voit vivre les habitants de cette époque."

 

Livre aussitôt acheté auprès de Simone, le voici ainsi dédicacé :

"Aux Amis des St Léger,
Des évènements historiques ont conduit le petit Antonio, 12 ans, à Saint-Léger-Vauban en 1938. Son vécu en ce lieu est l'héritage de ses habitants actuels, et en garder mémoire un devoir.
Malgré la tragédie vécue par ma famille, je ne doute pas que vous trouviez plaisir à lire ce récit.
Avec ma profonde sympathie,
Simone Fouratier"

 

Premier écrit de l'auteure, qui nous plonge dans la recherche obstinée de ses origines paternelles.

Cette quête éperdue du père lui révèle une ascendance espagnole. Elle découvre, après bien des péripéties, une fratrie ignorée. Et c'est ainsi qu'elle va annoncer à un homme de 77 ans qu'elle est sa sœur ! Par chance, le frère retrouvé maîtrise parfaitement le français et, de ce fait, Simone peut recueillir les souvenirs d'enfance, d'abord paisibles, puis effroyables lorsque la famille fut confrontée à la guerre fratricide de 1936.

En effet, les trois enfants, après avoir connu l'exode et les bombes, vont faire partie, à l'âge de 11, 8 et 5 ans, des premiers convois de petits Espagnols expatriés, notamment vers la France. Ils livrent le récit bouleversant de leur épopée. De cette évocation se dégagera la personnalité hors du commun de ce père tant désiré.

 

Vous trouverez dans les pages suivantes quelques morceaux choisis de ce livre et quelques portraits, offerts par Simone qu'il nous faut ici très chaleureusement remercier. 
Nous nous sommes cantonnés aux pages concernant Saint-Léger-Vauban : elles restituent pleinement l'ensemble de l'ouvrage.
Puisse ce récit trouver une suite, et une fin "heureuse" !

 

 

préface - CHERCHE PERE DESESPEREMENT… - par Menie Grégoire

Simone Fouratier… était-ce elle, cette voix bouleversante qui parlait sur l'antenne d'RTL durant les débuts de mon émission ? Elle, une autre ou un autre, tous semblables devant cette découverte intolérable qu'on ne sait pas d'où on vient, de qui et d'où on sort, dans la chaîne éternelle des hommes et des femmes. Comme si on était apparu sur cette terre sans liens, sans histoire, sans racines, sans images ni souvenirs de ceux d'où on émane : inconnus mais pourtant essentiels. Chaînes brisées, souvenirs interdits, déchirures aux conséquences insoupçonnables, tels Simone et ses semblables sont-ils apparus sur l'antenne à une époque où il était interdit par la loi de savoir qui vous avait mis là, comment et pourquoi.

Nés "sous X" ou abandonnés, ils sont arrivés sur l'antenne, déchirés, quêtant souvent sans espoir l'être mythique qui était leur père ou leur mère.

Ils étaient déchirants, et bien sûr déchirés. Je me souviens de cet homme qui cherchait encore sa mère : il avait plus de 70 ans et disait : "Elle n'est peut-être pas morte… et je ne veux pas, moi, mourir sans la retrouver." "Retrouver", c'est à dire reprendre, ravoir, reconnaître un être qu'on n'a jamais connu et dont on sort mystérieusement.

Je n'ai pas osé lui répondre comme le poète : "Cherche la rose, si tu ne l'as pas trouvée, tu l'auras du moins cherchée." Car pour l'amour, pour le bonheur, le poète a raison, mais c'est faux pour les racines que rien ne peut remplacer.

La loi qui a enfin permis aux enfants abandonnés à la naissance de demander et d'obtenir des renseignements sur leurs parents a été un progrès réel dans l'histoire des hommes. Pourtant c'était hier. Quelle folie à l'image du cruel dix-neuvième siècle de donner encore tous les droits aux parents et rien aux enfants.

Simone témoigne pour des milliers d'êtres qui se reconnaîtront et à qui elle donnera peut-être de l'espoir. Oui, ils ont raison de chercher, c'est un droit imprescriptible, c'est la clé de l'équilibre, et les parents n'ont pas ce droit de rompre la chaîne. Il n'y a pas de "fils ou de fille de personne".

Chez Simone comme chez tous les autres, le pardon est facile quand on a "quêté éperdument" et des années de recherche, même inutiles, ne sont pas de trop : on en a besoin, comme de pain pour survivre. C'est ce que dit superbement Simone, et puis elle le laisse entendre : si on ne les a pas trouvés, on a créé en rêve cette existence indispensable à l'équilibre, à la dignité. On a acquis au fond son "droit de vivre".

Notre époque est critiquée, elle est néanmoins plus humaine que les précédentes, parce que c'est une époque de vérité, celle de la découverte de l'âme humaine, avec sa part " inconsciente ", que toute la psychologie moderne doit au docteur Freud. Notre époque est la fin du règne de la raison toute sèche, et l'avènement de l'irrationnel. C'est sur lui que s'est construit chacun de nous, autant que sur la raison.

Chaque fois que, sur l'antenne d'RTL, surgissait une lettre ou un appel comme celui de Simone, c'était une pluie d'autres lettres et d'appels, tous concordants, avec cette fraternité profonde des abandonnés : "Dites-lui bien que moi…, dites-lui qu'elle cherche… Moi, j'ai fini par trouver", etc. Il y a surtout eu le récit de retrouvailles après des années de quête (l'entourage, Dieu merci, n'est pas toujours muet.) Mais je ne me souviens guère que d'un pardon général, la joie d'être enfin "l'enfant de…" une joie qui fait tout pardonner, comprendre et excuser. Les enfants sont donc plus généreux que leurs parents, on s'en doutait un peu.

Ai-je fait autre chose, chère Simone, que d'écouter, comprendre et faire savoir ce qu'on ne disait qu'à soi même (si on osait !) C'est ce qui a fait de ces quinze années de dialogue public entre les êtres, cette heure de confidence anonyme pour ceux qui écoutaient et qui osaient parler de leur vérité. Ce sont eux, et non moi, qui vous ont aidée.

Vous avez eu raison, Simone, d'écrire ce livre. On voudrait qu'il atteigne tous ceux qui sont vos frères et vos sœurs en solitude, en courage et en réussite.

Utile et vrai, votre livre est beau, inoubliable. Beau par le style, par ses mots, ses retrouvailles pour dire les souffrances et le courage. Beau enfin par un bonheur conquis : celui de s'être trouvée soi-même.

 

 

la préface de Menie

la quête de Simone

le récit d'Antonio

 

Sinon, merci de fermer l'agrandissement.

 

   

 

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