de anctus Leodegarius à Saint égier

une glise retrouvée - 2014

 

 

 

istorique des écouvertes 

 

Suite au dépouillement des plans cadastraux vaudois dans les années 1980, une nouvelle région archéologique a été tracée sur la carte archéologique du canton au lieu-dit « Sur la Chapelle » à Saint-Légier - La Chiésaz.

Cette mesure visait à vérifier la présence des vestiges d’un édifice religieux en cas de projets de construction. Dès lors, les chantiers de construction mis en oeuvre en 1994 et 2001 sur les terrains de ce quartier proche de l’ancien bourg ont fait l’objet de sondages exploratoires. Comme ils se sont avérés négatifs, les possibilités que l’édifice religieux ait pu subsister se sont réduites à la dernière parcelle non lotie du quartier.

C’est finalement sous l’impulsion d’un voisin que l’enquête put progresser et que les doutes furent définitivement levés sur cette surface exiguë de 270 m² entre deux villas. En faisant donation de ce terrain en 2005 à la commune dans l’idée d’y aménager un lieu de mémoire dédié au saint à qui le village doit son nom, André Guex offrait aux archéologues une des dernières chances de découvrir le lieu de culte. Contactée par la commune pour venir diagnostiquer le sous-sol, la Section d’archéologie cantonale se prêta au jeu et, le 21 août 2007, les premiers coups de pelle mécanique des sondages recoupèrent rapidement les maçonneries de deux bâtiments. Le plan caractéristique de l’un d’eux suffisait à attester la localisation de l’édifice religieux.

La commune remblaya les sondages pour l’hiver et donna un mandat à Prisca Lehmann et Ansgar Wildermann pour mener une recherche historique sur l’ancienne église, bientôt suivie par le lancement d’un projet de mise en valeur du site confié à Jean-Christophe Dunant et Cécile A. Presset. Cette perspective sera déterminante puisqu’elle conduira le canton à organiser des fouilles archéologiques.

Ainsi, au printemps 2011, la société Archeodunum est mandatée par la commune pour intervenir dans l’emprise présumée du projet. Au terme de la fouille réalisée par Clément Hervé, face à la densité des structures et à l’apparition de nouveaux vestiges, les archéologues du canton décident, avec l’aval de la commune, d’effectuer des compléments d’investigations.

Ces travaux viennent confirmer l’important potentiel historique du site sur lequel il importe de poursuivre les recherches. Nicole Pousaz, archéologue cantonale, établit alors un accord avec l’institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité de Lausanne par le biais du Professeur Michel Fuchs, afin de mettre en place un chantier de formation universitaire l’année suivante sous la direction du canton. Ce délai octroyé par la commune permet à Valentine Chaudet de reprendre l’exploration archéologique de la parcelle avec la participation des étudiants et de Benoît Dubosson en charge de leur encadrement.

 

 

Sept ans après sa découverte, le site de « La Chapelle » aura livré la plupart de ses vestiges. En plus de retracer l’histoire du premier lieu de culte du village de Saint-Légier-La Chiésaz, le chantier de l’été 2012 aura également permis d’exhumer un lot de tombes - à mettre en parallèle avec d’autres trouvailles similaires faites au XVIIIe sècle en ce lieu - et, de façon moins attendue, des vestiges à vocation profane du haut Moyen Âge. Dépassant largement les premières attentes, ces résultats auront entraîné la réadaptation du projet d’aménagement architectural et paysager qui révèle à présent toute la complexité et l’intérêt scientifique du site au public.

Susan Ebbutt, archéologie cantonale

 

vue aérienne du chantier - photo Cyril Neri

 

 

les ources istoriques

 

Le village de Saint-Légier-La Chiésaz (forme archaïque de Léger, dont le nom latin est Leodegarius) tire son nom de Léger, évêque d’Autun, décapité en 678 et rapidement vénéré comme martyr. Un lieu de culte, aujourd’hui disparu, lui était dédié. Si le vocable évoque la période antérieure à l’an mil, les mentions d’un sanctuaire dédié à saint Léger dans la localité ne datent que du premier tiers du XIIIe siècle. Les documents historiques, bien que relativement peu nombreux et peu prolixes, témoignent de l’existence de ce lieu de culte, de l’évolution de son statut et de son abandon.

Au XIIIe siècle, le territoire de Saint-Légier fait partie de la seigneurie de Blonay, dont le toponyme est déjà mentionné dans un document de la fin du IXe siècle. Les seigneurs du même nom apparaissent dès la seconde moitié du XIe siècle, alors qu’ils forment une des familles aristocratiques les plus puissantes de la région. Si elle est citée très tôt dans l’entourage savoyard, ce n’est qu’à la fin du XIIIe siècle que la seigneurie des Blonay est progressivement féodalisée au profit des comtes de Savoie. Le château ancestral de la famille, à Blonay, occupe une position stratégique importante, puisqu’il contrôle la voie qui mène du lac Léman au nord par la vallée de la Veveyse.

Les contours du territoire de Saint-Légier ne nous sont pas précisément connus. Ils comprennent les communautés villageoises de Saint-Légier et La Chiésaz qui se sont constituées le long d’une voie qui porte actuellement le nom évocateur de « Route des Deux Villages ». Au Moyen Âge, la complexité de la géographie territoriale reflète celle des différents pouvoirs, droits et compétences qui s’y exercent et s’y entremêlent. Les limites des paroisses ne recoupent pas celles des villes, villages, communes, ou encore des domaines seigneuriaux et féodaux. Ainsi, le territoire de Saint-Légier abrite dans le premier tiers du XIIIe siècle deux églises paroissiales, une dédiée à Léger, dont les vestiges ont été récemment mis au jour, et l’église de La Chiésaz, dédiée à la Vierge, aujourd’hui lieu de culte de la paroisse protestante de Blonay-Saint-Légier.

 

L’glise de La hiésaz

L’église de La Chiésaz, dédiée à Notre-Dame, est mentionnée pour la première fois dans une charte de l’année 1105, selon laquelle l’évêque de Lausanne, Girold de Faucigny, lègue l’église à Robert, abbé de Molesme (fondateur de l’abbaye de Cîteaux en Bourgogne), qui la dote d’un prieuré. Ce document - également signé par le seigneur Amédée de Blonay - prévoit que « les moines de Molesme peuvent élire les prêtres de l’église et les présenter à lui ou à son successeur pour investiture ». L’édifice semble donc dès cette époque desservir la population de la localité en plus de sa destination conventuelle.

 

 

Le statut paroissial du lieu de culte apparaît pour la première fois dans un document daté de 1135 qui relate la donation de l’église par l’évêque de Lausanne, Guy de Malagny, à l’abbé Evrardus de Molesme. Dès 1221, le domaine dépend du prieuré de Saint-Sulpice (VD). En 1228, l’église de La Chiésaz apparaît comme prieurale et paroissiale dans le cartulaire du Chapitre de Notre-Dame de Lausanne.

 

Les sources documentaires indiquent que le territoire a changé de mains au fil du temps. En 1363 par exemple, la terre de Saint-Légier et La Chiésaz est séparée de la seigneurie de Blonay après sa vente au profit de la maison de Savoie qui la fait administrer par le châtelain de La Tour-de-Peilz et Vevey ; elle retournera en 1567 aux seigneurs de Blonay. Si nous ignorons l’étendue du territoire de Saint-Légier, il semble que la localité de La Chiésaz (autour de l’église actuelle) en a toujours fait partie.

 

les premiers temps du sanctuaire

Les sources antérieures au XIIIe siècle sont ténues. Si le vocable Saint-Léger suggère une fondation ancienne, celle-ci ne peut être précisément datée sur cette seule base. En effet, d’une part, un lieu de culte peut changer de vocable au cours du temps et, d’autre part, les autres édifices dédiés à saint Léger en Suisse romande sont trop peu nombreux et pas suffisamment connus pour identifier une période riche en fondations sous le patronage de ce martyr.

Le cartulaire de l’abbaye de Saint-Maurice comporte un acte du premier tiers du XIe siècle mentionnant le lieu-dit Abasilgieis qui, selon l’historien Maxime Reymond, fait peut-être référence à l’église Saint-Léger : l’église - basilica - serait à l’origine du toponyme. Dans une source plus tardive du XIVe siècle, transmise par l’historien Louis Levade, apparaît l’appellation Sanctus Ligerius Aguianum qui suggère une relation entre l’église Saint-Léger et le monastère de Saint-Maurice d’Agaune (fondé en 515 par Sigismond, futur roi des Burgondes). D’autres indices viennent conforter l’hypothèse d’un lien privilégié entre la région de Blonay / Saint-Légier et l’institution valaisanne. Tout d’abord, celle-ci détient de longue date des possessions dans le territoire de Blonay. Ensuite, les seigneurs de Blonay des XIe et XIIe siècles (et peut-être un de leurs ancêtres du Xe déjà) ont détenu, auprès de l’abbaye de Saint-Maurice, la charge d’avoué, par laquelle un laïc dirige les vassaux d’une institution ecclésiastique pour les affaires séculières. Par ailleurs, les armoiries de la commune de Saint-Légier-La Chiésaz reprennent la croix tréflée de Saint-Maurice, témoignant de l’importance de l’abbaye valaisanne pour la localité. Enfin, un bassin, retrouvé vers 1930 dans les bois dépendant du château d’Hauteville, près de l’Ognonnaz, arbore également le blason de Saint-Maurice.

 

 

 

 

 

 

fonts baptismaux placés dans la chapelle Saint-Georges
de l’église de La Chiésaz

 

Ces anciens fonts baptismaux n’appartiennent vraisemblablement pas au mobilier liturgique de l’église Saint-Léger. En effet, leur attribution au XVe siècle paraît exclure de les associer à ce lieu de culte qui a perdu sa fonction paroissiale à cette époque. Aujourd’hui conservés dans l’église de La Chiésaz, ils ont probablement réintégré l’édifice auquel ils étaient primitivement destinés. Quoi qu’il en soit, il est possible que les liens entre le territoire de Saint-Légier et l’abbaye de Saint-Maurice remontent à des temps reculés.

(à suivre)

Prisca Lehmann, Ansgar Wildermann et Valentine Chaudet

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La plaquette, dont sont extraites les quelques lignes ci-dessus, est mise en vente au Secrétariat Municipal de St-Légier-La Chiésaz au prix de CHF 10.-
00 41 21 943 01 20 - greffe@st-legier.ch

 

 

 

erci de fermer l'agrandissement.

 

 

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