les hirurgiens sthétiques de la resse écrite

 

 

article de La Nouvelle République du Centre (édition de la Vienne) en date du dimanche 19 janvier 2014 après JC
L'histoire ne le dit pas, mais Jay est à droite sur la photo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE OÛT

 

Quel goût a la cigarette du condamné ?
L'amertume du regret
Le sucré des bons souvenirs
Le salé des échecs
L'épicé des rêves
L'âcreté de la peur

Quel goût a la première tétée de bébé ?
Celui de l'amour
Mais s'en souvient-on ?

Jay

 

 

OTERIE

 

Au Loto j'ai donné mon obole
Pour gagner le pactole

Avec le Bingo
Je suis devenu dingo

Avec le Millionnaire
Mes poches avaient des courants d'air

Dans les Morpions
J'ai mis mes derniers pions

Pour le Tac-O-Tac
J'ai raclé le fond du sac

Rien à faire avec les jeux
Je suis malchanceux

Enfin à la loterie du bonheur
J'ai joué les numéros de mon cœur

Et j'ai gagné la plus belle des fleurs.

Jay

ur la page blanche
Lieu de leur naissance
Les mots s'organisent
Offrant une friandise
Aux yeux curieux
Qui se penchent sur eux.

 

Jay - 2014

TOPIE

 

Peut-on rêver d'un meilleur monde
Bien différent du nôtre
Sans être pris à la ronde
Pour un pauvre apôtre ?

Un monde où le respect des vieux
Se lirait en tendresse dans leurs yeux

Où l'imagination des enfants
Casserait le système de l'argent

Où le pouvoir serait aux femmes
Au lieu d'être aux armes

Où l'on aimerait la foule
Pour partager la joie qui roule

Où l'on taxerait sans pitié
Intolérance et méchanceté

Où l'on ne verrait pas de dette
Au fond de son assiette

Où les regards les plus lourds
Seraient seulement chargés d'amour

Où il n'y aurait plus de maladie
Et un vaccin pour la jalousie

Où les hommes auraient toujours
Tendresse et affection pour discours

Un monde près des yeux, près du coeur
Loin des coups, loin de la peur

Où le temps changerait son thème
Pour se compter en je t'aime.

Jay - 1992

 

 

ENSÉES

 

Quoi qu'on en dise, la douleur est utile. De la douleur sont nées la plupart des musiques majeures.

Nous sommes étonnés d'apprendre qu'un oiseau retrouve le nid où il a éclos, après avoir migré sur des milliers de kilomètres. Que font les humains après avoir voyagé ? Ils reviennent sur leur terre natale.

Que font les publicitaires ? Ils vous montrent le côté brillant, pour vous vendre le côté échec et mat.

Jay

 

 

OLIFICHETS

 

En coulisses, un coolie, au long cou lisse, s'occupait de colis fichés. Il y plaçait des colifichets variés et avariés. Parmi les allumettes, ou trouvait des amulettes, des daviers dans des raviers, des tromblons et des troncs bruns, des volets volés, des vélos lovés, des périscopes et des endoscopes, des cavités et des vacuités, des calames calamiteux, des poulpes avec leur pulpe, des vases vaseux, des crânes crâneurs, des rivets virés, des mottes de tommes, des tonnes de notes, des jours ajourés, des lits alités, des délits déliés, des âges agités, des crues cuites, des pastiches à postiches, un pataquès et une caisse à pattes, un matin mité, une fourmi endormie, une laisse délaissée, une fesse fessée, une brise brisée, un coeur écoeuré, une sirène en résine, des collets montés et des loquets démontés, une matraque détraquée, un cadre encadré, un décor cordé, une trique étriquée, une méduse étonnée et un étonné médusé, une foule bruyante et une moule frayante, des mites gourmandes et des gîtes mordants, des roses trémières et des crémières roses, des laids dépôts et des pots de lait, des pommes d'amour et des poires de discorde, de la calamine, de la mélamine, de la gélatine, un corbeau dans une corbeille, un moineau issu d'un moine et d'une moinesse, un feutre truffé et une truffe feutrée.

 

 

EU D'IRS

 

Le légionnaire factionnaire fractionnaire intérimaire et téméraire n'était pas autoritaire ni démissionnaire, au contraire. C'était un commissaire divisionnaire, parlementaire, volontaire comme Voltaire pour ne pas taire ce que pensèrent les notaires aux affaires ordinaires et pécuniaires qui maltraitèrent les femmes adultères et postulèrent pour le clystère qu'ils portèrent derrière l'austère presbytère délétère au paratonnerre plein de mystère planétaire et plein de terre sur fond de pommes de terre extraordinaires et majoritaires destinées aux militaires prioritaires débonnaires qui déculottèrent les réfractaires au bon air et complétèrent leurs étagères familières de légères misères étrangères et parasitaires. Selon le commentaire, datant d'hier, d'une commère incendiaire, qui vitupère dans la misère, le légionnaire, atteint d'une maladie héréditaire, peut-être ancien notaire, n'ayant aucun horaire et ne touchant plus d'honoraires, verse un salaire à une crémière logeant derrière le cimetière dans une pétaudière sans chaudière ni cuisinière, où naguère habitèrent des hôtelières rentières et un peu sorcières qui se soucièrent peu de leurs soupières, saucières, et cuillers, qui réchauffèrent des pissaladières irrégulières achetées à des particulières bien singulières qui se recommandèrent d'un apothicaire impopulaire et patibulaire comme un ours polaire, muni d'un oculaire circulaire métallifère, propriétaire d'une villa somptuaire cédée par un actuaire appelé Césaire, cessant son activité portuaire pour une charge mortuaire, restant majoritaire avec ses frères actionnaires d'une soufrière gérée par une palefrenière altière buveuse de bière qui lui gonflait la sous-ventrière et son derrière odorifère et tarifaire. Ces primevères ne sont pas chères, peuchère ! s'exclama la boulangère devant Bérengère la bergère étrangère qui lui dit : Tu exagères ! En bonne ménagère, mets-les sur ton étagère, à côté de la tabatière de ton manager.

 

 

LES ISTOIRES DE AY

 

Le hapeau (année 1970)

 

"La boîte à lettres m'apporte un courrier me convoquant au siège du "labo" qui m'a embauché un an plus plutôt. La raison est la fusion avec un autre "labo", et la réorganisation géographique des secteurs.

Après quatre heures de route et un bon repas au restaurant local acheté par le directeur du labo pour y recevoir ses représentants et visiteurs, des médecins et pharmaciens, et y organiser des séminaires de formation, je suis reçu par le responsable des visiteurs médicaux.
Accueil avec sourire, signe encourageant :
- Depuis un an, le chiffre d'affaire de votre secteur a évolué de 7%, vous restez dans la nouvelle société, vous avez le choix entre 3 propositions pour votre nouveau secteur.
Je choisis celui au plus près de mes origines : Vienne, Haute Vienne, Indre.

Quelques mois plus tard, je m'installe en location dans une sous-préfecture parce que c'est un point quasi central, m'évitant trop de nuitées d'hôtels, et qui me rapproche du berceau familial : la Charente.
Je fais bien sûr connaissance avec les 3 généralistes en exercice, et j'en choisis un comme "traitant" et lui annonce qu'il sévira comme accoucheur dans 3 mois.
Comme il me demande si je souhaite un garçon en premier, et que je lui confie que je n'ai pas de préférence, il me raconte l'histoire suivante :

"Cela remonte au début de mon installation, je reçois une patiente pour une consultation de routine, et lui adresse un compliment :
- Vous avez huit enfants, c'est très bien, mais le fait qu'il s'agisse d'une alternance parfaite garçon-fille est un extraordinaire cadeau du hasard.
- Ah, mais pas du tout, Docteur, c'est pas du tout le hasard, c'est mon mari et moi qui l'avons voulu comme ça !

Interloqué, je cherche une réponse adaptée, finalement je m'assois et demande :
- Voulez vous m'expliquer comment vous avez réussi ?
- C'est simple, Docteur, il faut avoir un chapeau resté longtemps dans la famille de mon mari.

Comme elle marque un silence, et de plus en plus amusé, je me retiens de rire, et demande :
- Vous allez me dire la suite.
- C'est un peu délicat, Docteur, je vais essayer de vous dire sans vous gêner, et ça pourra servir à d'autres. Voilà, il faut avoir des réflexes, car c'est au moment où mon mari lâche la purée, il faut qu'il mette le chapeau sur ma tête si on veut une fille, sur la sienne si on veut un garçon. Et gare si le chapeau tombe, ça fait le contraire !

On a tort de ne pas croire au hasard, mais ne racontez pas cette histoire à la Française des Jeux, ils seraient capables de nous créer un nouveau truc-chapeau à gratter… et ce serait nettement moins agréable qu'en situation !"

 

 

enjamin

 

"Sur ma fiche-renseignements : 9 à 11h, rester debout devant le radiateur.
Ce n'est déjà pas mal, vu les deux degrés à peine positifs dehors, et les nuages qui ont du mal à flotter au-dessus des toits.
La salle d'attente est pleine et l'ambiance à peine pire qu'à l'intérieur d'une coquille d'escargot pendant une nuit de janvier.

Cinq minutes que je me réchauffe l'échine au radiateur, la porte d'entrée s'ouvre brutalement sur deux hommes, l'un soutenant l'autre.
Le plus âgé, la cinquantaine râblée et rougeaude sous l'effort, pousse le plus jeune, une petite trentaine, pâle comme un suaire ayant servi de test à une colonie d'enzymes gloutons. On pressent le drame. Une chaise se libère et le blessé est posé sans ménagements sur le siège .Le père se précipite et frappe à la porte du cabinet.
Le médecin pointe le nez.
- Mou fi s'a fit encorna, qu'ou créti !
Le médecin fait un saut jusqu'au blessé, soulève la serpillière qu'il tenait plaquée sur son aine, puis sans prévenir me fonce dessus. Surpris, je m'écarte. Il attrape une clé à molette placée sur le radiateur, et rapidement frappe trois coups sur le tuyau qui monte vers l'étage, puis retourne au galop dans son bureau.

Je suis plus étonné qu'un esquimau regardant pousser des bambous.
Traduction :
- Mon fils s'est fait encorner, ce crétin !
Le médecin constate qu'un chirurgien doit intervenir.
Le seul poste téléphonique disponible était à l'appartement au-dessus du cabinet - c'était courant à l'époque - le meilleur moyen pour prévenir Madame de réclamer une ambulance était de taper un code (les trois coups) par le tuyau de chauffage central.

En attendant, le praticien voulait parer à l'hémorragie.
Retour à la salle d'attente. Le blessé, jusque là silencieux, se met à crier sa souffrance.
La réaction du père est subite et imprévisible : il applique à son fils une baffe à assommer un veau, le regarde bien dans les yeux, et lui hurle :
- Benjamin, si tu coumminces à faire l'intéressant, y t'en colle une autre !

Explication :
La protection sociale était moins bonne que de nos jours, notamment en milieu agricole.
Le père, esprit obtus mais logique, voyait deux choses qui l'ont mis en colère : qui allait traire les vaches demain à la place de son fils, et combien lui coûterait cet accident ?"

 

 

vez-vous des échantillons ?

 

"Arrivé vingt minutes avant l'heure de la consultation, je passe assez rapidement après deux patients. Je parle des produits en promotion, et propose le "mémento".
- Avez-vous des échantillons de Lumirelax ?
Je sors deux tubes de pommade de ma sacoche.
- Pouvez-vous m'en donner davantage car je suis le médecin d'une équipe sportive.
- Sans me démunir pour d'autres, je peux vous proposer 10 tubes.
- Avec plaisir, car cela nous rendra un bon service, et je vous en remercie.
Aller-retour du coffre de la voiture au cabinet avec les 10 tubes.

Au moment où je tourne la poignée de la porte, elle s'ouvre sur une grande dame à la cinquantaine élégante, qui, me voyant les bras chargés, me prie d'entrer, et m'aide à déposer les tubes.
- Prrrroduit pourrr sporrrtifff ? me dit-elle avec un bel accent rrrrroulant.
- Oui madame, le Docteur ne m'a pas précisé le type de sport.
- Comment ?? Mon marrri ne vous a rrrien dit !! Suivez-moi !

Elle me précède dans l'escalier, me conduit jusqu'au salon et me pousse quasiment dans une chaise.
Sans me demander mon avis, elle prend une bouteille de whisky et deux verres dans le buffet et, tout en commençant à parrrler, me verse une sérieuse rasade.
Je l'arrête de la main et de la voix, elle se sert une ration quadruple de la mienne, trinque à casser les verres, s'en enfile la moitié sans respirer, et se laisse choir dans le fauteuil en face de moi.
En servant, elle avait commencé à m'informer que son marrri s'occupait de l'Equipe de Frrrance Juniorrrr de Football, mais elle avait vite dévié sur sa vie personnelle, et moi, étonné par la forte personnalité, j'écoutais !

Puis, devant la volubilité de la dame associée aux gorgées de whisky se succédant plus vite que des volées de flèches, j'ai commencé à réaliser la délicate situation dans laquelle je me trouvais : la femme d'un médecin, saoule, en train de me raconter ses malheurs tout en me montrant involontairement ses cuisses et son porte-jarretelles !
On se sent de la couleur au visage et de la chaleur du côté du tropique qui fait les cornes !
Comment s'en sortir ?

J'ai écouté Madame et guetté le rythme de sa logorrhée. Cela m'a permis d'intervenir d'une voix ferme au moment précis où sa phrase déclinait en même temps que son poignet se levait pour une nouvelle lampée :
- Merci pour votre accueil, Madame, je viendrai voir votre mari bientôt.

Je dévale l'escalier, trouve la sortie, pousse un soupir de soulagement dans la voiture et me rends chez l'autre médecin de la localité. Un coup d'oeil à la montre m'apprend que la matinée est très entamée, mais il n'y a pas foule dans la salle d'attente.

Je dois encore être perturbé, car le médecin me demande ce qui ne va pas. Je décide de lui raconter l'aventure. Il se marre et m'annonce :
- Je vais t'éclairer. La femme de mon confrère est d'origine polonaise. Sa famille et ses enfants du premier mariage ont disparu dans la dernière guerre, elle n'en a jamais eu de nouvelles, et quand c'est insupportable, elle boit un coup de remontant. Mais par ailleurs c'est une grande dame dans notre commune, conseillère municipale avisée, elle s'occupe aussi d'œuvres sociales avec intelligence, et tout le monde la respecte avec son défaut.

Dans la voiture, je fais le point et me dis qu'il serait bon de retourner saluer le premier médecin. J'attends dehors, il ne tarde pas à raccompagner son client et me fait entrer.
- Merci pour vos échantillons, mes footballeurs seront...
Nous sommes interrompus par un tonitruant "Qui est là ?" suivi par d'un bruit évoquant un sac de noix dévalant un escalator.
C'est Madame qui a raté la première marche en haut de l'escalier et nous arrive en désordre sur les pieds !

Un instant de stupeur nous fige, puis nous nous baissons pour relever Madame. Ce faisant, nos deux crânes se heurtent, manquant nous déséquilibrer.
Nous sommes tous les trois debout, Monsieur appelle Hortense à l'aide, je prépare une parole d'excuse pour me défiler, mais Madame nous attrape par le cou, elle rigole.

Où il y a de la gêne, il y a quand même un peu de plaisir !

Jay

 

 

 erci de fermer l'agrandissement.

 

 

 

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