1897 - l'incendie du azar de la harité 

 

 

 

le château de Rigny de nos jours 

 

 

u château de igny vécut une comtesse au destin tragique

4 mai 1897 : Installée au château de Rigny près de St Léger de Montbrun, la châtelaine meurt dans l’incendie du Bazar de la Charité.

Née à Tours en 1850, Jeanne Emilie Odart de Rilly d’Oysonville grandit non loin des bords de Loire.
Du côté paternel, ses racines la rattachaient à l’Anjou et à la Beauce.
Par sa mère, née Villeneuve-Guibert, elle grandit d’abord au château de Chenonceaux, propriété de ses aïeux, puis au château de La Carte à Ballan-Miré.

Mariée en 1870 à Édouard Haward de La Blotterie, sous-préfet, elle accompagne son époux au gré des ses affectations – Loudun, Issoudun, Fontainebleau, Douai – avant de devenir préfet des Landes puis de l’Aveyron.
C’est dans ces villes que naquirent leurs quatre filles.
Après ces périples, le ménage loua de nombreuses années le château de Rigny, lieu qu’elle affectionnait beaucoup, près de Thouars, non loin du berceau familial sis à Loudun, et acquit à Paris un hôtel au 53 de la rue Boissière.

Partageant son temps entre Paris et le Poitou, elle rejoint la capitale quelques jours plus tôt pour assister à cet évènement mondain.

Ce mardi 4 mai 1897, toute la bonne société parisienne se presse rue Jean Goujon, entre la Seine et les Champs Elysées, pour le fameux Bazar de la Charité fondé en 1885.
Cette vente de bienfaisance annuelle, assurée par les dames de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, attire chaque année une foule immense et permet de récolter des fonds pour les plus démunis.
Plus de mille personnes se pressent au Bazar. On a même prévu en attraction une projection cinématographique, ce procédé inventé quelques mois auparavant par les frères Lumière.

Vers 16h15, la lampe à éther du cinématographe s’embrase. Rapidement, les flammes se propagent aux décors, aux toiles peintes et à la charpente du hangar de bois.
En quelques minutes, le bâtiment est en flammes et la panique est totale.
125 victimes, principalement des femmes et des enfants, périssent dans la tragédie.

La comtesse de la Blotterie meurt étouffée dans l’incendie. Sa disparition laisse un époux et quatre filles affligés.
Sa terre recueillit ses cendres et elle fut inhumée quelques jours plus tard dans le caveau de l’église de la Bonne-Dame de Ranton dont le terrain avait été donné par les ancêtres de son mari.
Ce dernier interrompit ses séjours à Rigny où sa femme avait été si heureuse et se retira à Lyrec sur la paroisse de Bignoux, où il survécut plus de trente années à sa femme.

Sa fille aînée, Andrée, entra dans la compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul.
Des trois autres de leurs filles, l’une devint la marquise de Razilly, une autre resta célibataire, toutes deux demeurant poitevines, la dernière épousa un belge, Charles Lejeune de Schiervel.

Bulletin municipal paru en janvier 2019

 

 

le château de Rigny - ©Francis Gardeur - http://photovuduciel.com

 

 

la mort tragique d'une hâtelaine de igny

"De style Renaissance, le château de Rigny a été à plusieurs reprises restauré et remanié. Dans sa chapelle, avant la Révolution, 58 messes et 2 services étaient annuellement célébrés, ce qui rapportait 40 livres au curé desservant, 3 livres au vicaire et 3 livres également au syndic de la paroisse.

Le domaine, après avoir appartenu aux Aubineau pendant un peu plus de 100 ans, passa vers la moitié du XVIIIe siècle aux Bunault. Né en 1752 au château de Rigny, Charles-Louis Bunault termina sa carrière militaire comme maître de camp. Il participa, en 1789, à l'assemblée de la noblesse du Poitou, émigra en 1791, servit à l'armée des Princes et fut nommé Prévôt d'Angers en 1816. En son absence, le château fut occupé par les Vendéens qui, en 1793, y entreposèrent des vivres saisis à Thouars, notamment de la farine.

Le 4 mai 1897, la comtesse Jeanne Marie Haward de la Blotterie, née Odart de Rilly, épouse d'un ancien préfet, fut à Paris l'une des 100 et quelques victimes du tragique Incendie du Bazar de la Charité, association philanthropique présidée par la comtesse d'Alençon, sœur de l'impératrice Elisabeth d'Autriche."

Histoire des communes des Deux-Sèvres - le Pays Thouarsais
par Maurice Poignat / éditions Michel Fontaine - 1985

 

 

4 mai 1897
la soeur de l'mpératrice issi flambe dans l'incendie du Bazar de la Charité

article de http://www.lepoint.fr, signé Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, en date du 4 mai 2015

"La duchesse d'Alençon, épouse du petit-fils de Louis-Philippe, périt avec 125 membres du gotha parisien lors d'une vente de bienfaisance.

En fin d'après-midi, ce 4 mai 1897, une odeur de chair grillée se répand dans le 8e arrondissement de Paris. Cette odeur horrible odeur provient d'un incendie qui embrase le Bazar de la Charité, au 17 de la rue Jean-Goujon, où se déroule une réunion de bienfaisance. Le hangar en bois de 1 000 m² abritant la vente s'est brutalement enflammé, piégeant toutes les dames de la haute dont les longues robes se transforment en torches. Hurlements de terreur ! Sauve-qui-peut général ! Agonies terribles ! Qui sème la charité récolte l'incinération. Et Dieu dans tout ça ? Comme d'habitude, il tourne pudiquement les yeux ailleurs...

Pourtant, cette journée avait merveilleusement bien débuté. Dès le matin, la foule de précipite dans le Bazar où les architectes ont reconstitué une rue de Paris au Moyen Âge, avec ses éventaires, ses échoppes aux enseignes farfelues, ses étages en trompe-l'oeil et ses murs tapissés de feuillages et de lierres. Les enseignes rappellent les temps anciens : "À la truie qui file", "Au lion d'or", "Au chat botté"...

Au total, 22 stands proposent lingerie, colifichets et objets en tout genre collectés pour la grande vente. Tous les bénéfices doivent être reversés aux pauvres, aux invalides, aux orphelins. En début d'après-midi, le hangar se remplit à vue d'oeil, près de 1 200 personnes sont déjà là. Surtout des femmes qui adorent, une fois par an, donner un peu de leur fric pour soigner leur réputation. Rien de nouveau sous le soleil. On reconnait Son Altesse Royale la duchesse d'Alençon, épouse du petit-fils de Louis-Philippe Ier, soeur cadette de Sissi l'impératrice. Mais aussi la duchesse de Vendôme, la duchesse d'Uzès, la marquise de Saint-Chamans, la comtesse Greffulhe, la générale Février, la marquise de Sassenay, Carla Sarkozy, Valérie Trierweiler... Bref, tout le gratin, la jet-set française.

 

 

L'allumette fatale

Pour ravir les aristos, le baron de Mackau, président de l'organisation caritative, a cru bon d'accueillir le tout nouveau cinématographe des frères Lumière. Chouette ! La salle de projection est installée dans une sorte d'appentis en bois, adossé au hangar, où, pour cinquante petits centimes, on peut assister à la projection de "La sortie des usines Lumière à Lyon", de "L'arrivée du train en gare de La Ciotat" et de "L'arroseur arrosé". Seulement voilà, l'entrepreneur Normandin, chargé des représentations cinématographiques, fait la gueule. Depuis deux jours, il se plaint du réduit mis à sa disposition pour abriter l'invention du siècle, alors qu'un espace immense est consacré à la vente de ces fichus chiffons de bonnes femmes. À peine a-t-il assez de place pour loger ses appareils, ses bidons d'éther, ses tubes à oxygène, ses boîtes, ses bouteilles, tous très inflammables. Il s'est même demandé à un moment si le projectionniste et son assistant n'allaient pas finir sur les genoux des spectateurs.

Peu après 16 h, la duchesse d'Alençon confie à une de ses voisines, Mme Belin : "J'étouffe..." Celle-ci lui répond : "Si un incendie éclatait, ce serait terrible !" Elle brûle sans le savoir : moins d'une demi-heure plus tard, dans la cabine du cinématographe, la lampe du projecteur qui brûle de l'éther est à sec. M. Bellac, le projectionniste, entreprend de faire délicatement le plein quand son assistant, Grégoire Bagrachow - un ancien bonze tibétain - ne trouve rien de mieux à faire que de craquer une allumette. Erreur fatale. Les vapeurs d'éther s'embrasent instantanément. Les deux acolytes tentent péniblement de contenir les flammes. Autant demander aux eaux de la mer Rouge de reculer.

Effondrement

Le duc d'Alençon, qui accompagne son épouse, est discrètement alerté de l'incendie. Aussitôt, il commence à faire évacuer des centaines de personnes par l'entrée principale. Soudain, un rideau du hangar prend feu. En quelques secondes, les flammes se propagent à tout ce décor fait de bois blanc, de carton et de velum goudronné, agrémenté de tapisseries, de tentures, de dentelles, de rubans. Que de belles textures pour ravir les flammes !

Le calme cède à la terreur. Les femmes se prennent les pieds dans leurs longues robes, celles qui tombent finissent piétinées par la horde de fuyards hurlants qui se précipitent vers la sortie. Le hangar se transforme en brasier. Certains invités, voyant la sortie totalement bouchée, rebroussent chemin pour essayer de s'enfuir par la cour intérieure. C'est le cas de la duchesse d'Alençon, qui a voulu rester pour aider quelques personnes à sortir. Mais la cour se révèle un mortel cul-de-sac, car elle donne sur les cuisines de l'hôtel du Palais, dont toutes les fenêtres sont dotées de barreaux. Les cuisiniers parviennent à en desceller quelques-uns, permettant ainsi à une poignée de personnes de s'échapper. À l'intérieur du hangar, le faux plafond en velum goudronné s'effondre enflammé sur la foule. Un plombier nommé Piquet et un vidangeur nommé Dhuy, passant par là, se précipitent courageusement dans le Bazar de la Charité pour secourir de nombreuses femmes et des enfants. "Deux bras se tendaient vers moi. Je les saisis, mais il ne me resta dans les mains qu'un peu de peau brûlée et un doigt" racontera Piquet au Petit Journal. Ceux ou celles qui sont restés piégés à l'intérieur se transforment en torches vivantes et se tortillent avant de tomber au sol, carbonisés au milieu des décombres calcinés. Quinze minutes après le début de l'incendie, l'édifice s'effondre déjà.

 

 

Peines de prison avec sursis

À l'extérieur, les pompiers s'efforcent d'éviter que l'incendie ne se propage aux bâtiments voisins. Dans la foule épouvantée, le duc d'Alençon cherche sa femme. En vain. Elle n'a pas réussi à s'enfuir. Son corps méconnaissable sera authentifié ultérieurement grâce à sa sublime denture et à un bridge en or. Ce jour-là, faire la charité coûte la vie à 126 personnes et des brûlures graves à plus de 250 autres. Les victimes sont essentiellement des femmes. Alors qu'au moins deux cents beaux mâles se pavanaient dans le Bazar, les victimes masculines se comptent sur les doigts d'une seule main ! Et encore, il s'agit de trois vieillards, d'un portier de 12 ans et d'un médecin. Les autres n'ont pas hésité à piétiner ces dames pour s'en sortir vivants. Les lâches ! Les journaux à grand tirage s'emparent du drame, glorifiant les deux ou trois véritables héros et ironisant sur tous les autres, les "chevaliers de la Pétoche" ou les "marquis de l'Escampette". C'est comme si Brad Pitt s'était tranquillement barré sur la pointe des pieds en laissant cramer son Angelina Jolie dans le Bunker du Festival de Cannes en proie aux flammes. Impensable.

Une fois le gratin roussi, on cherche le coupable. Les conspirationnistes débordent comme toujours d'imagination. Pour certains, c'est un attentat perpétré par un pays étranger. Pour d'autres, c'est forcément la faute d'un juif. Le pauvre Michel Heine, qui a gracieusement mis à disposition son terrain pour accueillir le Bazar de la Charité, est montré du doigt. La calomnie est de très courte durée. Les causes de l'incendie sont formellement établies après l'interrogatoire des employés des frères Lumière, qui avouent leur maladresse. En août suivant, ils écoperont tous deux de peines de prison, mais avec sursis, car ils ont eu une attitude très courageuse pour sauver des vies pendant l'incendie. C'était quand même la moindre des choses."

 

 

 

complément - article de la ouvelle épublique

Cet article de la Nouvelle République, daté du 1er décembre 2019, est signé Jean-Claude Rabin, qui précise : "Merci à Thérèse de Laplane et Serge Dutour qui ont fourni les éléments historiques de la famille Haward de la Blotterie, dont le caveau est à l'arrière de la chapelle de la Bonne Dame de Ranton. Merci également à Bernard Petit qui a permis la reproduction de l'avis de décès de la Comtesse."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la comtesse Haward de la Blotterie

dessin du château de Rilly

 

 

l'acte de décès de la comtesse

 

le caveau de la famille Haward de la Blotterie

 

 

 

erci de fermer l'agrandissement.

 

 

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