notes sur d'Artagnan, capitaine des Mousquetaires du Roi,
et Adrien Malaisé de Saint-Léger,
premier maréchal des logis à Paris
dans la 1re Compagnie de Mousquetaires de Louis XIV
sous les ordres dudit d'Artagnan
et au siège de Maëstricht en 1673, toujours sous ses ordres

 

(...) D'Artagnan vend des chevaux, quelques-uns magnifiques, si on en juge par les prix qui lui en sont donnés : 30 pistoles pour l’un, 25 louis d’or pour un autre, 2 000 livres pour un troisième cédé à un mousquetaire qui porte son nom (...)
(...) On lui donnait maintenant le titre de comte d’Artagnan, et, dans les loisirs que lui laissaient le soin de sa compagnie, les revues, les manoeuvres au Pré-aux-Clercs ou au Bois de Boulogne, il prenait sa part des plaisirs ou des devoirs de société. Quelqu’un de ses mousquetaires venait-il à avoir un enfant, Charles de Castelmore, comte d’Artagnan, capitaine-lieutenant des Grands mousquetaires du roi, apportait au nouveau-né le parrainage recherché de sa gloire. Ainsi tint-il sur les fonts du baptême Charles-Joseph, fils d’Abraham-Joseph de Casenave, gentilhomme béarnais et mousquetaire, et de Marguerite Jonquet sa femme; et, peu après,
le fils de son premier maréchal des logis, Adrien Malaisé, seigneur de Saint-Léger* (...)

* le 9 avril 1671 (Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, par Auguste Jal, 1872, 3e édition)

 

d'Artagnan

 

la mort de d'Artagnan

 

Pour détruire la Hollande et prendre à ses marchands cossus les richesses qui allumaient la convoitise de Colbert, la campagne de 1672 n’avait pas suffi. Au printemps de l’année suivante, l’armée se remit en marche. Le 1er mai, le roi quitta Saint-Germain avec la reine, madame de Montespan grosse, et toute la cour.

Tandis que Condé se tenait sur la défensive en Hollande, et Turenne sur la rive droite du Rhin, Louis XIV, secondé par Vauban, entrait dans les Pays-Bas espagnols. Après avoir menacé Gand, puis Bruxelles, on tourna vers l’est, du côté de Maëstricht.

Les 2 compagnies de mousquetaires faisaient naturellement partie de l’armée. La 2e compagnie, montée sur des chevaux noirs, était aux ordres de M. de Montbron, le même qui s’était illustré en 1667 à l’assaut de Lille. A la tête de la première, ci-devant des Grands mousquetaires, aux montures alors uniformément blanches, était, bien entendu, celui que les annuaires de l’époque appellent "Messire Charle de Castelmore, seigneur d’Artagnan". Le sous-lieutenant, Jean-Louis de Castéras de la Rivière, parent du capitaine, vieil officier dont Courtils de Sandras a parlé sans beaucoup d’éloges, l’enseigne et le cornette, MM. de Jonvelle et de Maupertuis, 6 maréchaux des logis, MM. de Saint-Mars, de Saint-Léger, des Claveaux, de Rigoville, de Vaudreuil, de Saint-Papoul, le commissaire à la conduite, M. de La Rapée, 4 brigadiers, MM. Malet, de Saint-Vincent, de La Coste, de Saint-Martial, 16 sous-brigadiers, se partageaient à tous les degrés l’autorité sur 250 mousquetaires ; 3 fourriers, 4 tambours, 4 hautbois, 1aumônier, 1 chirurgien, 1 apothicaire, 1 maréchal-ferrant, 1 sellier, 1 armurier, enfin 1 trésorier, M. de Casenove, complétaient l’effectif de la compagnie.

La solde du sous-lieutenant était de 200 livres par mois ; celle de l’enseigne et du cornette de 150 ; celle des maréchaux des logis de 75 ; celle des brigadiers de 21 écus. Les mousquetaires touchaient 40 sous par jour, soit 20 écus par mois ; les fourriers, etc, 30 sous, soit 15 écus par mois.

 

 

Maëstricht, ville principale du Brabant hollandais, est située sur la Meuse qui coupe la ville en deux parties très inégales, dont la plus petite forme un faubourg nommé Wick.

En 1673, le corps de la place n’était fortifié que d’une bonne muraille flanquée de tours ; c’était l’ancienne fortification du Moyen âge qu’on avait transformée pour la mettre en état de résister au canon. Les murs, arasés et remparés, formaient des boulevards. Les défenses extérieures comprenaient cinq ouvrages à cornes, bien retranchés, quelques bastions détachés, plusieurs demi-lunes revêtues, c’est-à-dire dont les escarpes et les contrescarpes étaient muraillées. Le tout était environné d’un excellent chemin couvert. Cette fortification offrait à l’assaillant de sérieux obstacles. Quant à la garnison, elle était composée de 5000 hommes d’infanterie, de 1000 cavaliers et de quelques milices bourgeoises. Le gouverneur, M. Jacques de Fariaux, baron de Maulde, français d’origine, avait déjà commandé à Valenciennes en 1656, lorsque cette ville fut attaquée par Turenne et le maréchal de La Ferté, qui durent abandonner leur entreprise. Il avait la réputation d’un excellent capitaine.

 

lettre à Louvois

 

Maëstricht fut investi le 10 juin 1673, et le siège commença. Il devait faire époque dans l'histoire de l'attaque des places. Pour la première fois, en effet, Vauban y employa les parallèles, dont après lui on fit usage si longtemps, et avec tant de succès.

Les Français, animés par la présence de leur roi, achevèrent les lignes de contrevallation et rassemblèrent munitions et vivres. La tranchée fut ouverte par 3 bataillons, soutenus par 8 escadrons de la Maison du roi.

La principale attaque était à la porte de Tongres, couverte par une grande demi-lune qu’il fallait emporter pour arriver à battre le corps de place et à faire brèche.

Le samedi 24 juin, jour de Saint-Jean, vers dix heures du soir, les canons français du Mont-Saint-Pierre allumèrent des feux de joie dans le ciel nocturne. A ce signal, 300 grenadiers, la première compagnie des mousquetaires, et le comte de Montbrun, à la tête de 4 bataillons du Régiment du roi, attaquent la contrescarpe de la porte de Tongres. Le combat fut rude, opiniâtre. Enfin les ennemis plient. On s’installe dans la demi-lune qu’on charge aussitôt de gabions et de fascines, luttant en même temps contre les retours offensifs de l’ennemi. Toute la nuit se passe dans ces angoisses.

Au petit jour, le dimanche 25 juin, le feu se ralentit. M. de Fanaux, après s’être rendu compte de la situation, envoie dans les galeries conduisant aux mines pratiquées sous la demi-lune que les Français occupaient, pour reconnaître si ceux-ci ne travaillaient pas à les découvrir. Le capitaine des mineurs revient dire que l’ennemi contremine et qu’il faut se hâter. Vers onze heures, les deux mines sautent, mais l’explosion n’eut pas toute la force qu’attendaient les Hollandais, parce qu’elle se produisit en terre remuée. En même temps, le gouverneur charge à la tête de son monde du côté du ruisseau du Jar. Après deux tentatives infructueuses, il réussit à chasser les Français du chemin couvert.

Le lieutenant-général qui commande fait demander quelques mousquetaires à d’Artagnan. Celui-ci n’est pas "de jour", ayant donné la nuit précédente à la tête de sa compagnie qui a subi de grosses pertes ; il ne s’est retiré qu’au moment où les pionniers ont établi le retranchement qui mettait les troupes de garde à l’abri des retours offensifs de la garnison. Néanmoins, il vient en personne ; ses hommes se battent en braves gens, à leur habitude. L’ouvrage est emporté une fois encore, et on s’y fortifie.

Mais quand les mousquetaires revinrent, leurs épées faussées et sanglantes jusqu’à la garde, et qu’ils se comptèrent, on s’aperçut que, dans ces deux attaques, 80 hommes de la première compagnie étaient restés morts sur le carreau, et que 50 autres avaient reçu de graves blessures. Qu’était devenu le capitaine ? Il manquait à l’appel...

 

d'Artagnan

 

D’Artagnan était adoré de ses soldats. Saint-Léger, premier maréchal des logis de la compagnie, et quelques autres passèrent par-dessus le retranchement et rentrèrent dans la partie de la demi-lune que battait le feu de l’ennemi. Ils trouvèrent leur capitaine bien en avant, tué raide, la gorge traversée par une balle de mousquet. Ils ramenèrent son corps sous une grêle de balles. Il était une heure après midi.

Ainsi le brave soldat qu’avait été Charles de Castelmore d’Artagnan, suscitait, même mort, des actes d’héroïsme. C’était une belle récompense, et qu’il eût enviée. Les regrets que d’Artagnan laissa après lui furent immenses et sincères. On savait que, très avant dans les bonnes grâces du roi comme il était, il eût fait, ainsi que le dira plus tard Saint-Simon, une "fortune considérable". On admira que son courage seul l’eût conduit au danger et à la mort, alors que son service ne l’exigeait pas. En prose, en vers, on chanta ses mérites. Le roi le pleura et le loua dignement, ainsi que la Grande Mademoiselle et beaucoup d’autres (...)

 

les trois mousquetaires et d'Artagnan

 

Source : "D'Artagnan, capitaine des Mousquetaires du Roi", par Charles Samaran, Membre de l'Institut, 1967, Imprimerie Th. Bouquet, 32 Auch (Gers)

Ces documents nous ont été fournis par Jean-Claude Leblanc, 39 Hubert Street
Cambridge, Ontario, N3C 3M5, CANADA
adresse électronique : leblanciva@hotmail.com
Jean-Claude cherche le portrait, château natal et résidentiel, la généalogie et la biographie d'Adrien Malaisé de Saint-Léger, pour l'inclure dans son étude historique sur Les Quatre Mousquetaires.
Il doit y avoir en France une localité et un château portant le nom "Saint-Léger" d'où est originaire ce mousquetaire, sa famille et sa descendance.

Si vous pouvez nous renseigner,

 

 
complément :

Journal historique des deux Compagnies
des Mousquetaires du Roi

par Simon Lamoral Le Pipre de Neuville
(troisième partie 1673)

 

(...) Il est juste qu'après avoir nommé ceux qui ont si vaillamment versé leur sang dans cette occasion, de rapporter la générosité de M. de St. Leger premier Maréchal des Logis de la Compagnie de M. d'Artagnan ; St. Leger ne voyant point revenir son Capitaine de la demi-lune, résolut d'aller le chercher quelque péril qu'il y eut dans l'espérance qu'il pourrait le sauver, et comme M. d'Artagnan était très aimé de sa Compagnie, trois ou quatre Mousquetaires s'offrirent pour le seconder dans ce généreux dessein ; à peine furent-ils à l'entrée de la demi-lune qu'ils l'aperçurent mordant la poussière, étant reconnaissable à ses armes, ce qui les saisit de douleur ; mais comme le temps n'était pas propre pour s'y abandonner, ils ne songèrent qu'à exécuter leur entreprise, dont ils vinrent à bout, malgré l'opposition des ennemis, et qu'un d'eux eut été blessé.

 

Arrivée de Louis XIV au camp devant Maëstricht (juin 1673)
par Adam Frans Van Der Meulen - © Hervé Lewandowski, Réunion des Musées Nationaux

 

La mort de M. d'Artagnan apporta beaucoup de changement dans la Compagnie ; M. de Forbin, Major des Gardes du Corps, eut sa place de Capitaine Lieutenant, M. de la Rivière, sous-lieutenant étant d'un âge fort avancé, se retira avec 25 000 mille écus, dont le Roi le gratifia, et une pension annuelle de 100 écus.
M. de Maupertuis, Enseigne, eut cet emploi.
M. de la Hoguette, Cornette, fut enseigne.
M. de Moissac, Aide Major aux Gardes, qui donna des marques très distinguées de sa valeur pendant ce siège, eut la Cornette, quoi qu'elle dût appartenir à
M. de St. Leger dont je viens de parler ; mais Sa Majesté qui entrait avec beaucoup de bonté dans le détail de la fortune de ses moindres officiers, sachant qu'il n'était pas riche et chargé de famille, lui donna dix mille écus, ce qui lui fut beaucoup plus utile. Après que Louis XIV eut pourvu à tout ce qui était nécessaire pour la conservation de Maastricht, il partit pour se rendre par la Lorraine dans la Haute Alsace, où les deux Compagnies l'accompagnèrent (...)

 

Source :
http://vial.jean.free.fr/new_npi/revues_npi/31_2003/npi_3103/31_fra_mdr_mousq6.htm

 

 

 

 

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