onographie d'une ommune rurale par "un ami des paysans"

par Eugène Perrussot, Instituteur - 1909

"A Monsieur Plassard Joseph
Je dédie ce modeste ouvrage"

 

Monographie de la commune de Saint Léger sous la Bussière

2e partie - Situation actuelle de la commune

I - Description physique

IX - Salaires et main-d'œuvre

II - La population

X - Condition du personnel

III - L'émigration et l'immigration

XI - Résultats économiques

IV - La division de la propriété

XII - Syndicats agricoles

V - Les modes d'exploitation

XIII - Prévoyance

VI - Cultures

XIV - Assistance

VII - Instruction agricole

XV - Etat moral et social de la commune

VIII - Industries rurales

Conclusions

 

 

escription physique

Les lieux : La coquette Commune de St Léger sous la Bussière (arrondissement de Mâcon, canton de Tramayes) est située sur les confins du Département de Saône et Loire, à l'endroit précis où tous les petits cours d'eau, qui venant du département du Rhône, doivent former la rivière appelée La Grosne, se réunissent dans un même lit.
Elle est située à 6 kilomètres de Tramayes, et à 30 kilomètres de Mâcon.
Géographiquement, elle appartient à la région du Charollais ; par son ancien costume, par son langage (patois), elle se rattache à cette partie de la France. Les divisions politiques actuelles faites pour détruire les divisions si naturelles d'autrefois la rattachent à l'arrondissement de Mâcon.
Les Communes limitrophes sont : au nord Brandon, à l'est Tramayes, au nord-ouest Trambly, au nord-ouest St Pierre le Vieux (toutes situées dans le département de Saône et Loire) et au sud Trades (situé dans le département du Rhône).
Un cours d'eau venant du sud-est appelé La Grosne Orientale reçoit sur le territoire de la Commune deux autres cours d'eau appelés l'un La Grosne Occidentale, et l'autre ruisseau de St Pierre.

 

 

 

St-Léger-sous-Labussière - la vallée de la Grosne - le Château

Edifié sur l'emplacement de la féculerie, sur les bords de la Grosne - Cette rivière traverse Clairmain, Sainte-Cécile, Cluny, Massilly, Cormartin et Sercy, se jette dans la Saône à Marmay à 15 km de Châlon.

 

 

Le territoire de St Léger sous la Bussière est donc le lieu de rencontre, l'aboutissant d'un certain nombre de vallées : l'une, la principale, formée par La Grosne Orientale s'étend du nord au sud-est de la Commune, deux autres, sur la rive gauche, la vallée de Trades et la vallée de St Pierre mériteraient d'avoir été dépeintes par Lamartine.
Ces vallées, assez étroites, encaissées même par endroits, au fond desquelles coule une eau claire et limpide où s'ébat la truite, sont dominées par des collines aux pentes cultivées, aux sommets boisés en certains endroits, à l'aspect assez imposant.
Les ruisseaux sont bordés d'arbres dont l'ombrage ajoute au charme du paysage. Sur les deux rives s'étendent de verdoyantes prairies.
Sur le flanc des collines le bourg et les hameaux ont été construits.
Le Bourg de St Léger est situé dans un lieu escarpé, comme d'ailleurs beaucoup d'anciens villages.
Si nous examinons le bourg de St Léger du coteau qui se trouve en face (Montdidier), nous avons devant nous le tableau le plus séduisant qui se puisse voir.

 

 

 

La Bourgogne Historique - Le Mâconnais
Château de St-Léger-sous-Labussière

Construit en 1870 sur l'emplacement d'une féculerie, un peu au-dessous du célèbre château de Labussière, par M. J.-C. Plassard, philanthrope bien connu, au milieu d'une vallée magnifique arrosée par la Grosne - aujourd'hui à son fils, M. Joseph Plassard.

 

 

On aperçoit devant soi la vallée à l'endroit le plus large, avec ses prairies et ses troupeaux de bœufs et de vaches de la race charollaise ; son ruisseau d'eau vive et son rideau d'arbres ; puis le Château dit de la Papeterie de construction récente, demeure somptueuse enfouie dans la verdure et dont les toits ardoisés scintillent au soleil ; puis la magnifique église toute blanche, construite sur un mamelon et dont le clocher domine les maisons les plus haut perchées du village ; puis les constructions, aux façades grises, aux tuiles rouges, étagées sur les pentes.

 

 

 

Eglise de St-Léger-sous-Labussière

Vaste et à 3 nefs - reconstruite en 1899 par M. Plassard - De l'ancienne (XVe s.) il reste le clocher avec sa flèche pyramidale de pierre. A l'intérieur, trois statuettes anciennes : Sainte-Reine, Sainte-Philomène et Sainte-Catherine.

 

 

 

 

 

l'église aujourd'hui - © Dominique Thermoz - Source : http://clochers.org/

 

 

Tout autour, les champs aux cultures variées : là la couleur vert foncé des pommes de terre et du trèfle ; de nombreux champs de blé ; le jaune du colza ; quelques friches couvertes de genêts ; de nombreux bosquets de chênes, d'acacias, de châtaigniers, aux endroits abrupts, refuges de la gent ailée.
Ajoutez à ce tableau le va et vient des travailleurs, le chant des oiseaux, le miroitement des eaux limpides de la rivière.

 

Mme Bérard (femme du forgeron) tenant sa fille Germaine

 

Approchons nous du bourg et visitons-le en détail.
Deux chemins peuvent nous y conduire : par l'ancien chemin, l'accès est assez difficile aux voitures, mais une jolie route bien entretenue qui franchit trois ponts en pierre et construite il n'y a que quelques années permet de s'y rendre plus commodément (voir la gravure ci-dessus).
Le Bourg et La Garde, qui forment un seul village, le deuxième lieu dominant le premier, comptent ensemble 111 habitants. Les maisons y sont pour la plupart de construction ancienne ; elles sont en pierres, mais ne sont pas (un certain nombre) crépies à l'extérieur. Un grand nombre de générations se sont succédé dans ces antiques demeures et chacune a ajouté à l'édifice commun : une nouvelle pièce à l'habitation, une écurie, un hangar ; d'où ce dédale de petits chemins, de petites cours, de portes, de jardinets, cet enchevêtrement de maisons d'habitation ou de bâtiments d'exploitation placés sans symétrie sur les pentes.
L'église a été réédifiée récemment, sauf le clocher qui est très ancien. Autour de l'église était, il y a quelques années encore, le cimetière, et les morts semblaient participer à l'animation des vivants. Pieuse coutume aujourd'hui disparue avec les progrès de la civilisation et de l'hygiène. Le cimetière a été transféré à 500 m de là, éloigné des habitations. L'ancien champ de repos est devenu une place publique, et de joyeux bambins s'ébattent sur le sol même où dorment leurs aïeux.

 

 

 

St-Léger-sous-Labussière - la place de l'église

Saint-Léger dépendait de la seigneurie de la Bussière. Le seigneur avait droit de justice haute, moyenne et basse sur les habitants.

 

 

Si nous gravissons la colline au flanc de laquelle s'élève le bourg, nous arrivons, par une route bien entretenue et de construction récente, au hameau de La Bussière, un des points culminants de la Commune (423 m). Cette agglomération compte 90 habitants.
Le hameau de La Bussière possède les ruines du vieux château féodal dont nous avons parlé, et ces vieux vestiges qui dominent la vallée ajoutent encore à la poésie du pays.
Ce hameau est ancien, mais les maisons paraissent, pour la plupart, de reconstruction récente, et les matériaux qui ont servi à leur réédification proviennent de la démolition du manoir féodal dont quelques pans de mur, recouverts de lierre, et un corps de garde, seuls restent debout !
Si de La Bussière, d'où l'on découvre un magnifique panorama, nous examinons le pays, nous apercevons dans le lointain le hameau de La Chanal (58 h) dont les anciennes constructions s'étagent sur une colline ; puis une maison blanche de belle apparence et d'autres maisons encore : c'est Pontcharras situé sur la grande route de Mâcon à Dompierre les Ormes, à proximité des prairies de la vallée de la Grosse (40h). Plus près de nous le village de Montdidier (57 h) dans un joli vallon ; puis sur la grande route déjà citée le hameau le mieux construit de la Commune : La Belouze, dont les maisons ont été édifiées récemment. Là se trouvent les écoles et la Mairie, ainsi qu'un superbe champ de foires.

Ce quartier possède plusieurs magasins, un moulin assez important et dont l'origine est très ancienne, et un atelier de réparation de machines agricoles.
Ce hameau, par suite de sa situation sur une route très fréquentée, paraît devoir acquérir de l'importance. Il compte actuellement 90 habitants.
Nous voyons maintenant à notre gauche, sur les pentes d'un coteau bien exposé au midi, le village de Nogent, à moitié caché dans la verdure, et dont l'aspect des maisons est très semblable à celui des autres hameaux.

A nos pieds le village des Lévriers entièrement en ruines. Là s'élevaient naguère une douzaine de maisons aujourd'hui abandonnées et écroulées. Et dans ce lieu autrefois plein de vie et de mouvement, les chardons et les ronces croissent à l'envi dans les pierres qui jonchent le sol.
Tristes résultats de la dépopulation des campagnes !
A droite, nous revoyons le Bourg et La Garde dont nous avons parlé, non loin du modeste cimetière où dorment les anciens.
Le dernier hameau de la Commune est le Fourneau (11h) dont le nom rappelle une industrie disparue : un four à tuiles aujourd'hui en ruines fonctionnait avant la Révolution.
La Commune comprend encore, dispersées çà et là, construites sur le flanc des coteaux, dans les "Combes ", des maisons isolées : La ferme de La Bussière, de belle apparence ; la Grange Neuve, véritable ferme-modèle dirigée par un agriculteur de talent ; le Piron, le Breuil, Chauve, Bretonnière, Chante-Grillet, Golaine, Combe-Durand, Bois Mouchoir, les Portes, nids de verdure cachés dans les arbres, paisibles abris de cultivateurs laborieux et aisés. Puis l'usine de Pré Marteau.

 

Le climat : Le climat du pays est salubre : l'air y est pur. Les étés n'y sont point torrides comme dans les plaines. Les hivers n'y sont point trop rigoureux par suite de l'altitude peu élevée des cimes. Les collines étagées qui ferment la vallée sur la rive droite de La Grosne tempèrent l'action des vents froids du Nord. Les neiges fondent assez rapidement aux premiers beaux jours ; elles atteignent rarement plus de 0,20 d'épaisseur.

 

Le sol : Nous avons vu le relief du sol au commencement de ce chapitre. Les principales hauteurs de la Commune sont : la colline de La Chanal (481 m), celle de La Garde (473 m), celle de Golaine (432 m) et celle de La Bussière (423 m).
L'altitude de la vallée (en amont) à
Pontcharras est de 327 m et (en aval) au Fourneau, vers le pont dit de Mâcon, de 300m 53. Ces deux points sont situés à 2km½ l'un de l'autre, ce qui fait que la pente moyenne de la vallée est de 1 mètre pour 100 mètres.
Le pays, dans ses parties basses, c'est à dire dans les vallées, est bien arrosé par les nombreux petits cours d'eau que nous avons cités. En été, l'irrigation est pratiquée dans certaines prairies de la Commune.
Une personne avisée, M. Plassard Jules, a fait construire en divers points de la Commune (à Pontcharras, à La Grange Neuve, à Bois Dargaud, etc.) des étangs où l'on élève des poissons (alevins) qui serviront ensuite à peupler La Grosne de truites et autres espèces de poissons.
Le sol est fertile dans les vallées qui n'est qu'une immense prairie, de largeur variable, sur toute la longueur de la commune. Sur les coteaux, la terre récompense assez généreusement ceux qui la soignent. Le sol est de nature argilo-silicieuse pour la plus grande partie de la Commune ; par endroits schisteux ; ailleurs il est siliceux (grès). Il est totalement dépourvu de calcaire et pauvre en acide phosphorique.
L'emploi de superphosphates, des scories, des nitrates de soude, de la chaux joint à celui du fumier de la ferme, produit de bons résultats. Il serait à souhaiter que l'usage des engrais complémentaires se répande de plus en plus.
Cependant, grâce à l'exemple donné par quelques cultivateurs éclairés, St Léger comptera bientôt, nous l'espérons, parmi les communes où l'emploi des engrais chimiques est en honneur.

 

Les moyens d'accès : La commune est à proximité de la halte de Pari-Gagné qui reçoit, indépendamment des voyageurs et de leurs bagages, les colis jusqu'à 100 kg.
Cette station est à 2km500 du bourg. La gare de Trambly est à 4 km, celle de Clermain à 7 km.
Ces gares sont toutes situées sur la ligne de Châlon-Roanne. Il y a la halte de Pontcharras sur le tacot.
Une ligne de chemin de fer (de Cluny à Monsols) est en construction. Cette ligne traverse la commune. Une gare s'élèvera bientôt à Pontcharras. St Léger se trouvera donc relié à Lyon (indirectement).
La Commune possède de belles routes bien entretenues qui la mettent en communication avec toute la contrée : par la N 95, elle communique avec Pontanevaux d'un côté et Dompierre les Ormes de l'autre.
Par la N 45, elle communique avec Mâcon d'un côté et Aigueperse de l'autre.
Les chemins vicinaux sont bien entretenus (voir l'énumération plus loin) et par leur prolongement mettent la commune en communication avec toutes les communes avoisinantes, avec tous les hameaux et écarts situés dans les vallées qui aboutissent à St Léger. Nous citerons les principaux bourgs ou villages reliés directement avec St Léger : St Pierre le Vieux, Matour, Trambly, Clermain, Brandon, Germolles, Tramayes, Ouroux (Rhône), Trades, Monsols, etc.
Ces routes et la plupart des chemins vicinaux suivent les vallées, sont d'un parcours facile et mériteraient d'être visitées par les touristes.
Si, partant de Chalon, des excursionnistes s'engageaient dans la vallée de La Grosne, puis se dirigeaient sur Lyon, par Cluny, passaient à St Léger, Trades, Monsols, etc. débouchaient dans la vallée de l'Azergue, ils verraient un magnifique coin de la France qui ne manque pas de pittoresque.
Le mouvement est assez considérable sur ces routes, et on comprendra aisément pourquoi, étant donné l'emplacement de St Léger, il passe journellement sur la commune plus de cent voitures étrangères à la localité. Ces voitures charrient du bois (poteaux télégraphiques, traverses pour chemins de fer, chauffage) venant des forêts de sapins d'Ouroux (Rhône) ; du vin venant du Beaujolais, du charbon de terre, des tuiles, de la chaux, et toutes sortes de marchandises venant de la gare de Clermain ou de Trambly.
Puis passent continuellement quantité de voyageurs allant à la ville ou en revenant ; d'autres vont ou reviennent des foires, conduisant des troupeaux de bœufs, de vaches, de moutons ou de porcs.
A l'intérieur de la commune, les chemins vicinaux sont en bon état d'entretien et mettent en communication les divers hameaux entre eux :
1° chemin vicinal n°3, de la limite de Trades (Rhône) au Fourneau, et passant par Chaux, Le Bourg, Les Lévriers, La Planche, Pré Marteau … et se prolongeant sur Clermain, Cluny.
2° chemin vicinal n°4, de la limite de St Pierre et passant par la Grange Neuve, Le Bourg, La Belouze et Nogent et allant sur Tramayes.
3° chemin vicinal n°5, de la limite de Tramblay, en passant par la Bussière, le Bourg, et du n°95 au sommet du village de Montdidier.
4° chemin vicinal n°6, de la limite de Tramayes, passant par Nogent, jusqu'au pont de Mâcon.
5° chemin vicinal n°7, du Bourg à La Chanalle, par le moulin et l'usine électrique de Pontcharras, et de la Chanalle à la route de Germolles.
Les maisons ou fermes isolées possèdent des chemins ruraux qu'une Administration vigilante s'efforce de réparer partout où le besoin s'en fait sentir.
Le téléphone relie aussi St Léger avec les principaux centres de la contrée et les grandes villes de France. Ce bureau est chargé aussi du service télégraphique (par voie téléphonique de St Léger à Tramayes et vice versa).
Deux facteurs desservent la localité qui possède deux boîtes aux lettres. La 1re distribution se fait à La Belouze, centre de la Commune, résidence des services municipaux, vers 8h1/2. Deux levées ont lieu chaque jour. De plus, un facteur se tient à la disposition des habitants de la Commune, pour toutes les opérations postales, de 11h à midi, dans un local aménagé pour cet usage, à La Belouze (maison Laffay).

 

 

a population

La répartition par âges, par sexes, par état civil et par professions :

Au recensement de 1906, la commune comptait 590 h. en augmentation de 30 h. sur le recensement de 1901. La population se répartit, selon les âges, ainsi qu'il suit :

12 nés de 1905 à 1906

220 nés de 1886 à 1904

156 nés de 1866 à 1885

144 nés de 1846 à 1865

58 nés avant 1845

Total : 590 habitants

Dans ce nombre on compte : 305 personnes du sexe masculin et 252 personnes du sexe féminin.
Si nous voulons savoir combien il y a de personnes mariées, la statistique nous indique qu'il y en a 252 sur 590.
Il y a 14 veuves, 18 veufs et 306 célibataires.

 

La population, par professions, est répartie de la façon suivante :

 

Cultivateurs et personnes vivant de la culture

448

Brossiers et leur famille

27

Aubergistes id

16

Charpentier id

14

Rentiers id

10

Domestiques attachés à la personne

9

Maçons et leur famille

9

Meuniers id

8

Boulangers id

7

Menuisiers et leur famille

6

Charrons id

6

Instituteurs et institutrices id

6

Mécaniciens et leur famille

4

Forgerons id

4

Sabotiers id

3

Epiciers id

3

Professions diverses  

10

Total

590 h

 

La répartition par hameaux est la suivante :

Le Bourg et La Garde

111 h

La Bussière

82 h

La Belouze

81 h

Montdidier

57 h

La Chanalle

58 h

Nogent

51 h

Pontcharras

40 h

La Planche

17 h

Les Portes

16 h

Chaux

13 h

Le Fourneau

11 h

Chante Grillé

7 h

Bois Mouchoir

7 h

En Golaine

7 h

Combe Durand

7 h

Le Breuil

5 h

Piron

5 h

Les Lévriers

4 h

Bretonnière

4 h

Grenouillère

3 h

Montagne Dargaud

2 h

Grange Neuve

2 h

Total

590 h

 

Nous ne finirons pas ce chapitre sans dresser le tableau de la mortalité, par âges, pendant ces 10 dernières années :

de 0 à 1 a

de 1 à 10 a

10 à 20 a

20 à 50 a

au-dessus de 50 a

Total

Décès en 1899

6

1

2

6

15

en 1900

4

1

3

7

15

en 1901

6

2

5

6

19

en 1902

5

1

1

2

3

12

en 1903

6

2

6

14

en 1904

1

1

1

6

9

en 1905

6

1

2

10

19

Décès en 1906

5

6

11

en 1907

2

1

1

11

15

en 1908

3

1

8

12

Totaux

39

5

5

23

69

141

Par le tableau ci-dessus, on voit que la mortalité est très grande chez les jeunes enfants (44 décès d'enfants sur 139 naissances, soit 32%).
Cela provient, en grande partie, du mode d'élevage qui a lieu au biberon. Beaucoup de mères ne comprennent pas encore combien l'élevage au sein est préférable et combien, dans ce dernier mode d'alimentation, la survie est bien plus grande que dans l'élevage au biberon.
Que chaque Française se mette à l'œuvre pour conserver à la France les millions de bras dont elle a besoin, et d'arrêter ainsi les funestes effets de la dépopulation.
 

 

 

L'migration et l'immigration

Courants d'émigration. Leurs causes. Mobilité de la propriété. Les émigrants reviennent-ils ?

Nous avons vu dans la 1re partie que le courant d'émigration et celui d'immigration étaient plutôt stagnants et produits par la même cause : le départ et l'arrivée des fermiers dans la Commune.
Chaque année, en effet, quelques baux sont renouvelés et il n'est pas rare, aux époques habituelles, 11 novembre, de voir arriver quelques nouveaux fermiers venant remplacer les vides causés par quelques départs. Mais ce mouvement est actuellement très restreint, et la Commune de St Léger voit sa population se maintenir à peu près au même point depuis 1876, alors que tant d'autres communes rurales voient leur effectif diminuer sensiblement à chaque période quinquennale.
Il y a rarement des ventes de terres dans la Commune, et plus rarement encore de ventes forcées. Quand une vente a lieu, la mise à prix est généralement assez élevée par cela même qu'il existe dans la Commune un riche agriculteur qui saisit toutes les occasions d'agrandir son domaine.
Nous attribuons également à cette personne l'état prospère de la commune et le maintien du chiffre de sa population. Quelques émigrants qui avaient été séduits par les charmes de la ville reviennent au pays natal. Nous en connaissons une demi-douzaine seulement dans ce cas, car, nous le répétons, le courant est restreint.
Et c'est dans ce petit groupe que l'on rencontre les anti-militaristes, les communistes, et surtout les recrues pour le bureau de bienfaisance.
 

 

 

 

 

 

La ivision de la propriété

La superficie totale de la Commune est de 864 Ha. Dans cette surface, les petites propriétés de 1 à 6 Ha sont au nombre de 95. Ces petites propriétés sont exploitées directement par le propriétaire et sa famille.
Les domaines de 6 à 40 Ha sont au nombre de 43. Ils sont mis en valeur par les propriétaires eux-mêmes ou par des fermiers.
Dans ces 43 domaines, on compte 15 fermes exploitées par un fermier. Les autres sont exploitées par le possesseur.
Il n'y a pas de métayer dans la Commune.

La Commune ne renferme qu'un seul domaine d'une superficie supérieure à 40 Ha. C'est la Grange Neuve qui couvre, y compris les forêts, plus de 100 Ha (sur la Commune de St Léger et sur St Pierre et Trambly).
Ce magnifique domaine est exploité par un régisseur qui a fait ses études dans une école d'agriculture. La Grange Neuve est une vraie ferme-modèle. Les terres qui en dépendent sont de véritables champs d'expérience où l'on emploie, avec le fumier de ferme et le purin, les engrais chimiques. Les bâtiments d'exploitation, les écuries, pourvues de tout le confort désirable, sont des merveilles de ce genre. La ferme possède tous les instruments aratoires perfectionnés tels que : moissonneuses, rateleuses, semoir, défonceuse, etc.
Elle est éclairée à l'électricité dont le courant est fourni par une usine appartenant au même propriétaire - située à 3 kilomètres de là. Tous les instruments tels que hache-paille, coupe-racines, et la pompe à eau et à purin, les écrémeuses, etc. sont mus par l'électricité.
Citons d'ailleurs le compte rendu d'une visite faite à cette ferme par le jury du concours de Tramayes (1908) :
"… si, au point de vue installations, nous conseillons de prendre modèle sur la ferme de La Grange Neuve, au point de vue exploitation, on doit s'inspirer de l'excellent exemple donné par MM Charvet. Ce sont, en effet, des agriculteurs de tout premier ordre. La ferme qu'ils exploitent est d'une contenance de 45 Ha dont 25 Ha en prairies naturelles de création récente pour une bonne part, 7 h1/2 de vignes, et le surplus en terres labourables. La machinerie agricole y est au grand complet… Les terres sont copieusement fumées à l'engrais de ferme qu'on produit en abondance, complété par l'adjonction d'engrais chimiques : nitrates, superphosphates, scories, potasse, judicieusement employés. Aussi les résultats répondent pleinement aux efforts accomplis : nous avons vu des céréales, des blés entre autres, de toute beauté, des champs de pommes de terre donnant les plus belles espérances tandis qu'à côté les chétives récoltes des voisins étaient des témoins parlants de ce qu'on peut attendre d'un travail soutenu, raisonné, énergique. Nous sommes heureux de donner à M. Charvet père un rappel de médaille d'or et à M. Charvet fils la médaille d'or."
La crème obtenue à La Grange Neuve est apportée à La Basse Cour, une annexe du château de La Papeterie. Là se trouve une laiterie modèle. Rien de plus coquet que ces chalets, rien de plus proprement tenu que les écuries, la basse-cour et la laiterie où se fait le beurre. Tout marche à l'électricité, tout est parfait dans la fabrication du beurre.

 

 

 

 

 

Biens communaux : La commune de St Léger sous la Bussière n'est propriétaire que de quelques terrains de peu d'étendue, à proximité des rivières. Ils servent au passage des bêtes que l'on conduit à l'abreuvoir. la surface totale de ces terrains est inférieure à ½ hectare…
Elle possède près de 15 kilomètres de chemins bien entretenus et pourvus de sept ponts en pierres, dont l'un, le pont Goyon, a coûté plus de 20000 F. Tous ou presque tous ont été construits par les soins de M. Plassard Jules.
Elle est pourvue aussi d'un champ de foires dont l'aménagement a coûté plus de 10000 F au même donateur.
Elle est dotée d'une superbe mairie confortablement meublée, de belles écoles, le tout créé toujours par l'homme de bien que nous avons nommé.
Aussi, le Conseil Municipal a-t-il autorisé par décret de M. le Président de la République en date du 4 septembre 1909, à donner la dénomination "d'Ecole Jules Plassard" au groupe scolaire.
Au reste, voici le document en question qui a sa place toute marquée dans ce modeste opuscule, comme preuve de reconnaissance personnelle envers le bienfaiteur de St Léger :
"Décret
Le Président de la République Française, sur le rapport du Ministre de l'Instruction Publique et des " Beaux Arts,
Vu l'ordonnance du 10 juillet 1816,
Vu les délibérations du Conseil Municipal de St Léger sous la Bussière (Saône et Loire) des 28 juin et 1er août 1909,
Vu l'avis du Préfet de Saône et Loire,
Décrète,
Art. I. Le groupe scolaire de St Léger sous la Bussière (Saône et Loire) prendra la dénomination "d'Ecole Jules Plassard".
Art. 2. Sont approuvées les délibérations des 28 juin et 1er août 1909, par lesquelles le Conseil municipal a décidé de faire apposer une plaque commémorative au nom de M. Jules Plassard, ancien maire et bienfaiteur de la Commune, récemment décédé.
Art. 3. Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux Arts est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à Rambouillet, le 4 septembre 1909
Signé : Fallières
Par le Président de la République,
Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux Arts,
Signé : G. Doumergue.
"
La commune possède en outre un presbytère, l'église, puis des lavoirs, 15 kilomètres de chemins ruraux et des passerelles en fer et en bois en bon état.

 

Coutumes successorales : Nous avons parlé des coutumes successorales dans la 1re partie. Pour préciser, nous citerons l'exemple suivant : un domaine de 5 Ha appartient à deux héritiers : le frère et la sœur. Le frère aîné conserve la propriété, mais il doit 5000 F. à sa sœur.
Ce domaine comprend : 1 Ha ½ de prés, 40a de pâtures, et 4 Ha de terres labourables dans des terrains ordinaires.
On voit par là que le frère aîné prend souvent une charge assez lourde dont il s'affranchira au prix d'un dur labeur et de grandes privations.
 

 

 

Les odes d'exploitation

Les renseignements fournis au chapitre : "divisions de la propriété" contiennent des détails précis sur les divers modes d'exploitation en usage dans la commune. Pour nous éviter des redites, nous n'y reviendrons pas.

 

 

ultures

Les principales cultures dans la Commune sont :

Le blé qui occupe en moyenne

180 à 200 Ha

Les pommes de terre

125 Ha

Le seigle

8 Ha

L'avoine

6 Ha

Le maïs

2 Ha

Les navets fourragers (en culture dérobée)

30 à 50 Ha

Les betteraves

2 Ha

Le chanvre

1 Ha

Les prairies artificielles (trèfles, vesces, luzerne)

50 à 80 Ha

Le sarrazin

60 Ha

Les prairies naturelles occupent

250 Ha

Les prairies d'embouche

75 Ha

Les pâturages et les pacages

10 Ha

Les forêts

environ 30 Ha

A titre de renseignement : les habitants possèdent des forêts sur la commune de St Pierre. 

L'assolement est biennal : 1° Plantes sarclées - 2° Céréales.
Mais assez souvent il est triennal : 1° Céréales - 2° Fourrages - 3° Pommes de terre ou autres plantes sarclées.
La jachère n'est pas pratiquée. Il n'existe plus de terres en friches, sauf quelques surfaces (6 Ha) où le rocher est à nu. Peut-être pourrait-on essayer de planter dans ces terrains quelques essences forestières demandant peu de terrain.
Dans les nombreuses prairies de la commune, on élève 380 vaches laitières, 120 veaux ou génisses de plus d'un an, 40 de moins d'un an, 40 bœufs et 4 taureaux.
La race chevaline compte 4 animaux au-dessous de 3 ans, et 30 au-dessus de cet âge.
La race ovine compte 270 brebis, moutons et agnelles et 2 béliers.
La race porcine compte, à l'heure actuelle, 190 animaux à l'engrais, de plus de 6 mois ; 60 porcs de moins de 6 mois, 1 verrat et 5 truies.
La race caprine compte un effectif de 83 animaux.
Les ruches sont au nombre de 120.
Dans chaque exploitation on élève quantité de poules, canards, oies, dindons, pintades, lapins, etc., qu'il est difficile d'évaluer, mais dont le nombre n'est pas inférieur à 3000.
Les écuries ou étables destinées aux derniers animaux de la ferme sont généralement bien installées.
La race bovine, étant la source de bénéfices appréciables, fait l'objet de soins particuliers.
On remarquera que la race ovine est en diminution sur le recensement de 1866 : cela tient à la suppression des jachères où l'on faisait parquer les moutons.
 

 

 St Léger sous la Bussière - Elevage de poules - Propriété de Malglaive

 

 

Instruction gricole

Enseignement agricole : L'enseignement agricole est donné dans les écoles d'une façon suffisante.
L'institutrice s'efforce de donner à ses élèves l'amour des champs, d'en faire des ménagères, des femmes d'ordre et de goût, capables de diriger une maison, de faire plus tard de bonnes mères de famille. Aux cours donnés aux élèves de 6 à 13 ans, viennent s'ajouter ceux donnés aux adultes.
Nous ne pouvons mieux faire que de citer un rapport sur l'enseignement ménager donné à l'école des filles de St Léger (Bulletin de la Société d'Agriculture de Mâcon, N° 10 de 1908) :
"L'institutrice de St Léger soumettait à l'appréciation du Jury
1° Trois albums de couture-tricot-dentelles et modèles divers présentant une sorte de synthèse saisissante de la méthode de travail manuel suivie par cette maîtresse dans son école ;
2° Une collection très complète d'ouvrages de toutes sortes, confectionnés par ses élèves : chemises, pantalons, jupons, tabliers, bas, chaussons, mouchoirs, élégant kimono, fichus, cache-nez, brassières, taies d'oreillers, etc., constituaient la partie directement pratique de cette très intéressante exposition ; porte-aiguilles, pelotes, dessous de lampe, porte-journaux, dessus d'édredon, coulants de serviette, etc., en représentaient plus particulièrement la partie artistique et d'agrément, sans oubli cependant du côté utilitaire qu'une institutrice rurale ne saurait perdre de vue dans son enseignement ;
3° Des cahiers de recettes variées pour les jeunes filles du cours d'adultes (préparations culinaires, pâtisseries, recettes diverses) qu'aucune femme de ménage n'a le droit d'ignorer à l'heure actuelle.
Le Jury ne saurait trop louer l'essai d'éducation ménagère tenté par Mme S. Perrussot et pour marquer tout à la fois son approbation et donner un caractère concret à son vif désir de voir se propager largement l'enseignement en question, il est heureux d'attribuer une Médaille d'argent grand module à cette institutrice intelligente et dévouée.
"
A l'école des garçons l'enseignement agricole est en honneur.
Citons aussi un rapport sur le travail de ce maître (Bulletin N°10 de 1908 de la Société d'agriculture de Mâcon) :
"L'instituteur (Eugène Perrussot) avait envoyé :
1° des cahiers renfermant - le tout bien gradué et accompagné d'un clair répertoire - des dictées, des rédactions, des problèmes relatifs à l'agriculture ;
2° une collection de cahiers de roulement depuis 1904 ;
3° tout un ensemble de documents très intéressants sur :
a - L'assurance mutualité contre la mortalité du bétail organisé par ce maître dans sa commune : conférences du dimanche, visites à domicile, M. Perrussot n'a rien négligé pour conduire son œuvre à bien, et il y a réussi. La société compte présentement 42 assurés. Le capital-bétail s'élève à 64000 F et, toutes allocations payées, il reste en caisse près de 1000 F. Ces chiffres se passent de commentaires.
b - La Mutualité scolaire (préparation à la mutualité agricole) qui englobe la presque totalité des enfants d'âge scolaire de St Léger.
c - Le syndicat agricole et la Société Mutuelle-Incendie fondés par M. Plassard, mais dont l'instituteur est la vraie cheville ouvrière, en remplissant bénévolement et avec vigilance les fonctions de secrétaire.
d - La destruction d'animaux nuisibles (pies, geais, hannetons, etc.) par les soins des enfants sous la direction du maître.
Ajoutons que M. Perrussot sait réellement inspirer à ses élèves l'amour des champs et que deux d'entre eux sont entrés récemment à l'Ecole d'agriculture de Fontaines (en qualité de boursiers).
Le Jury, heureux de souligner le zèle infatigable de cet instituteur qui, en dehors de ses fonctions professionnelles, a su grouper autour de lui un faisceau de 120 mutualistes au moins, a été unanimement d'avis de lui décerner une Médaille d'argent, regrettant de n'avoir pas mieux à lui offrir.
"

 

Champs d'expérience : Indépendamment des terres de la Grange Neuve, il a été créé, à la suite d'une conférence faite à St Léger par M. le Professeur d'agriculture de Mâcon, 5 champs d'expérience - emploi de nitrate de soude - en 1909. Mais, en raison de la sécheresse, les résultats n'ont pas été assez probants. Peut-être sera-t-on plus heureux en 1910.
Au battage, on a trouvé une différence de 100 kg de blé de plus à l'Ha pour les blés nitratés, ce qui est insuffisant pour servir de démonstration (les frais égalant la plus value).
L'instituteur a créé une bibliothèque comptant 300 volumes dont la plupart sont des ouvrages agricoles : 600 prêts ont été enregistrés en 1908.
 

 

 

Industries urales

Alliance des travaux agricoles et industriels. Petite industrie. Industries accessoires.

La commune possède un moulin à meules (3 paires) situé à La Belouze, appartenant à M. Laffay Antoine, mais exploité par M. Descombes Jean-Marie.
Ce moulin peut moudre par jour 2000 kilogrammes de blé et suffit aux besoins de la commune et de celles limitrophes.

 

 

 

St-Léger-sous-Labussière - le moulin, alimenté par les eaux de la Grosne
Cette rivière prend sa source dans les montagnes d'Avenas et de Monsols
et après un parcours de 90 km se jette dans la Saône à Marnay.

 

 

 

Au moulin est annexée une petite scierie mécanique pour débiter le bois qui servira au charronnage dans les fermes, à la construction des palissades, des planchers, etc.
Nous avons dit qu'une usine électrique pour l'éclairage de la ferme de la Grange Neuve, de la Basse-Cour, etc. pour mouvoir divers instruments agricoles, était installée à Pontcharras.
La chute d'eau donne une force de 30 chevaux suffisante pour l'éclairage de 300 lampes.

 

les usines

 

A La Belouze existe un atelier de réparation de machines agricoles. Cet atelier occupe 3 ouvriers. Il est dirigé par M. Descombes fils, qui a eu l'excellente idée de fonder cette usine dans la commune.
La laiterie-modèle dont nous avons parlé fait partie du domaine de M. Plassard.
A Pré Marteau (vers La Planche) existe une fabrique de brosses qui occupe une douzaine d'ouvriers. Les machines à détailler le bois, à percer, etc., sont mues par la force de l'eau.
Les matières premières proviennent du dehors : crins animaux ou végétaux, bois, etc. L'usine appartient à MM. Péhu et Cie.

 

 

 

la brosserie

 

une curiosité : "Promenade à la brosserie"
tiré du Manuel général de l'instruction primaire 1881


 

 

Un menuisier établi à La Belouze occupe deux ouvriers.
Un charpentier installé au même lieu a 2 ou 3 ouvriers à son service. Un autre charpentier réside à La Bussière.
Dans la commune on trouve encore 2 forgerons (l'un à La Belouze, l'autre au bourg), 1 charron (au bourg) et 1 cordonnier (au bourg).
Deux boulangers sont établis, l'un à La Belouze et l'autre au bourg.
 

 

 

alaires et main d'œuvre

La main d'œuvre agricole est plutôt rare. La plupart des journaliers qui résident dans la commune sont employés à la Grange Neuve. Cette exploitation occupe à elle seule 16 employés, journaliers ou manœuvres.
A la Grange Neuve, les ouvriers attachés à la maison, tous mariés : régisseur, jardinier, basse-courier, vigneron, domestiques agricoles, ont un salaire qui varie, pour le ménage - car la femme a aussi sa besogne - de 1800 F pour le régisseur à 1200 F pour les autres. Ils sont logés et jouissent d'avantages très appréciables.
"La maison" leur constitue, à la longue, des rentes qui les mettent sur leurs vieux jours dans une certaine aisance. A la mort de leur maître, survenu dernièrement, ils ont tous hérité de capitaux variant de 40000 à 3000 F, selon leur emploi et leurs années de services.
Les manœuvres ou auxiliaires sont payés selon la saison : ils ont 2 F par jour en hiver et 2F50 en été. Ils sont à l'abri du chômage. Leur salaire varie entre 6 à 700 F par an et même davantage.
 

Les autres ouvriers agricoles de la commune gagnent 1F50 par jour en hiver et la nourriture, et 2F à 2F50 en été - 3F pour les grands travaux de la fenaison et de la moisson, et la nourriture en plus, mais ils sont exposés au chômage, en hiver surtout.
Les domestiques à l'année gagnent de 3 à 400F par an, selon l'âge. ils ont la nourriture et l'entretien du linge en plus.
Les petits bergers, outre la nourriture, reçoivent de 80 à 150F selon l'âge, pour la période d'avril à novembre.
Malheureusement, pour ces derniers emplois, on occupe des enfants d'âge scolaire qui se trouvent privés d'instruction.
Cette manière de procéder est préjudiciable aux intérêts agricoles de la France, car c'est ainsi que s'entretiennent l'ignorance et la routine.
Pour suppléer à la rareté de la main d'œuvre au moment des grands travaux, beaucoup de fermes sont munies de machines agricoles telles que faucheuses, faneuses, rateleuses, semoir, défonceuse, moissonneuses, (tonnes d'arrosage), etc.
De cette façon, les travaux sont faits à temps voulu, dans le minimum de temps voulu, avec un personnel restreint par la force des choses.
Dans les diverses usines de la commune le salaire est variable :

 

 

onditions du personnel

Pour les diverses classes de la population agricole : habitation, vêtement, nourriture.

Quelques logements de propriétaires sont spacieux, bien aménagés, meublés convenablement. L'habitation a souvent 3 ou 4 pièces et même davantage.
Dans chaque quartier, on rencontre des demeures de bonne apparence, propres, où la ménagère sait faire régner le bon ordre et la bien être.
Par contre, il existe d'autres logements plus exigus ne comprenant que deux pièces - quelquefois une seule - mal aérés, mal éclairés. Ce sont les anciennes demeures où le grand père a vécu et où le petit-fils loge tant bien que mal. Nous le répétons, peu à peu ces vieilles constructions sont remplacées par d'autres, plus confortables. La Belouze ne possède que des logements à trois ou quatre pièces, bien aérés et éclairés, où le souci de l'hygiène n'a pas été négligé.
Les fermes, en ce qui concerne le logement du fermier et de sa famille, comprennent généralement une vaste pièce qui sert de cuisine et de salle à manger, et plusieurs chambres à coucher.
Les maisons des ouvriers agricoles employés à La Grange Neuve, sont confortables, bien construites, bien tenues, et n'ont rien à envier aux maisons des propriétaires de la commune.
Les autres maisons des ouvriers ou journaliers agricoles sont plus modestes. Elles ne se composent souvent que d'une ou de deux pièces dont l'une sert de cuisine et l'autre de chambre à coucher. Généralement, chacun - sauf les fermiers - est propriétaire de sa demeure.
Les vêtements, la nourriture, sont les mêmes pour tout le monde.
Il n'y a pas de nuance qui différencie l'habit du propriétaire de celui de l'ouvrier ou du domestique, et nous avons fait connaître en quoi consistaient l'habillement et la nourriture.

Nous n'avons rien à ajouter à ce chapitre, sauf la particularité suivante :
On a l'habitude de "veiller" dans les écuries, en hiver. Pendant les longues soirées de la mauvaise saison, on se réunit, toute la famille et les voisins, à l'écurie.
Pendant que les hommes font des paniers, ou rempaillent les chaises, sont occupés à de menus travaux, les femmes tricotent ou raccommodent. Quelquefois on lit le journal et on commente les nouvelles.
Cette coutume a surtout pour but d'économiser le combustible, mais elle est anti-hygiénique et doit disparaître de nos usages. De même, on doit éviter de faire coucher les domestiques, les enfants, à l'écurie, car l'air vicié qu'on y respire est préjudiciable à leur santé.
 

 

 

ésultats économiques

Prix de revient et de vente des denrées agricoles. Impôts. Etat de prospérité ou de crise. 

Nous avons vu à la page 36 que les impôts allaient être allégés en 1911. Une personne généreuse, M. Jules Plassard, décédée en juin 1909, a légué à la commune une somme d'environ 25000F pour payer un emprunt fait au crédit foncier pour construction scolaire.
De plus, une somme de 800F est versée annuellement par un généreux souscripteur - M. Plassard fils, qui a succédé à son père pour les bonnes œuvres - à la Caisse du Receveur municipal pour alléger les charges des contribuables.
La commune est donc dans une excellente situation financière, grâce à un bienfaiteur.
Une propriété de 9 Ha paye environ 50F d'impôts (y compris la cote personnelle-mobilière, les portes et les fenêtres, etc.) et en 1911 cette somme sera diminuée et ramenée à 40F environ.
Le budget primitif de 1909 prévoit en recettes la somme de 5171F25 et, en dépenses, celle de 4694F93.
Le budget supplémentaire du même exercice prévoit en recettes, la somme de 2588F71 ; en dépenses 2542F30.
Dans ces dépenses, les travaux de grosses réparations - en dehors des prestations - sur les chemins, ponts, au cimetière, etc. - absorbent une somme de 2000F environ.
En un mot, la situation financière de la commune de St Léger est sans contre-dit la meilleure du canton.

La culture et l'élevage sont dans un état prospère. Bien qu'il soit difficile d'évaluer le prix de revient des denrées agricoles qui est la résultante d'une multitude de données excessivement variables, nous allons essayer d'en donner un aperçu d'après quelques exemples (pris chez quelques propriétaires).

Prix de revient

Prix de vente

Avoine

Champ d'une surface de 12 ares valant 300F

Semence : 30 kg à 18F les 100 kg

= 5F40

150 kg avoine à 18F pour cent

= 27F

Labour : le journalier et le cheval

= 5F

300 kg paille à 6F

= 18F

Fumure : 1000 kg de fumier

= 10F

25 kilogrammes de nitrate

= 7F

Moisson, battage

= 5F

Total

32F40

Total

45F

 

Bénéfice : 45F - 32F40 = 12F60
Si l'on tient compte de la valeur du champs (intérêt à 3% = 9F), on voit que le bénéfice total et net serait de 12F60 - 9 = 3F60 sur 150 kg d'avoine et sur 300 kg de paille pour une surface de 12 ares.
Par hectare, le bénéfice net serait de (3F60 x 100) :12 = 30F.
Mais il s'agit d'un exemple pris cette année où la sécheresse a été grande. D'autre part, dans l'avoine, on a semé un trèfle dont les 2 coupes représenteront un bénéfice à peu près net en 1910.

 

Passons à un autre exemple :

Prix de revient

Prix de vente

Foin

Prix de 1 Ha de prés = 3000F

Récolte en foin

15000 kg à 80F les 10000 kg

= 120F

Dépenses : impôts

= 5F

3 journées à 10F (y compris le cheval)

= 30F

2° coupe 3000 kg à 70F

= 21F

Total

35F

Total

141F

Bénéfice brut 141F - 35F = 106F
Si, de ce bénéfice, on déduit la valeur de l'intérêt de l'argent représentant la prix du pré (3%) le bénéfice net est de 106F - 90F = 16F.
Mais à ce bénéfice, il faut encore compter celui produit par le pacage des animaux pendant l'arrière saison, etc.

 

Prenons un autre exemple pour le blé (surface 25 ares) :

Récolté

Location du champ

= 32F50

Labourage

= 20F

400 kg blé à 22F50

= 90

Semence : 30 kg à 4F le d. d.

= 7F50

Paille : 100 kg à 40

= 40

Fumier : 7500 kg (y compris charroi)

60F

Moisson, battage

5F

Total

125F

Total

130F

Le bénéfice net apparaît donc à 130 - 125 = 5F soit 5F x 4 = 20F par hectare.
Mais l'année prochaine, ce champ sera en trèfles et le bénéfice sera plus considérable.

 

Pour les pommes de terre, voici approximativement les prix de revient et ceux de vente :

Champ de 25 ares

Récolte :

 Location

32F50

3600 kg de pommes de terre à 3F50 les 100 kg

Labour : 5 x 2

10F

ou 3F50 x 36 = 126 F

Semence

8F

1re façon 3F x 3 jours

9F

2e façon 3F x 2,5

7F

Arrachage 3F x 2,5

7F

Transport à la cave

5F

Fumier

75F

Total

153F50

Il semble donc que la perte est de : 153F50 - 126 = 27F50.
Mais il ne faut pas oublier que l'année 1909 est déficitaire. D'autre part, le fumier évalué à 75F sert surtout pour le blé dont le champ vient d'être ensemencé. Si on défalquait cette valeur du fumier, on voit que le bénéfice serait de 75F - 27F50 = 47F50, soit pour un hectare de 47F50 x 4 = 170F.
(On voit d'ailleurs que pour le calcul des prix du blé, nous avons compté la valeur du fumier.)

 

Passons maintenant à la partie bétail :

 
Porc

Achat d'un porcelet

30F

Vente

170F

Pommes de terre 16 sacs à 3,50

56F

Son, recoupes, etc. 8 sacs à 8F

64F

Total

150 F

Bénéfice : 170 - 150 = 20F
Sur un lot de 10 porcs, un fermier gagne 200F. Mais, en réalité, il gagne davantage, car les pommes de terre et le son lui reviennent à des prix moins élevés que ceux du commerce que nous avons pris dans l'établissement du tableau ci-dessus.
Au bénéfice de 200F, il faut ajouter la valeur de l'engrais produit par les animaux.

 

Moutons

Achat d'une brebis 50F

50F

Rapport : 2 agneaux

70F

Nourriture : 24 ares de prés à 1F60

40F

Laine

9F

Paille pour litière

5F

Vente de la brebis

50F

Valeur du fumier

5F

Total

95F

Total

134F

Bénéfice : 134 - 95 = 39F.
Mais nous avons pris l'exemple d'une brebis qui a mis bas deux agneaux, ce qui n'est pas toujours le cas. De plus, cette année 1909 est remarquable par la cherté du bétail.

 

Vaches

Produit

Valeur de l'animal 400F

400F

Valeur

400F

1 veau

100F

Pour sa nourriture, il faut 1 Ha de prairies, soit une dépense de foin de

150F

1200 litres de lait à 0F15

180F

Intérêt des 400F à 5%

20F

Plus value du fumier sur la paille

20F

Autres frais (betteraves, impôts, domestique)

50F

Total

620F

Total

700F

Bénéfice : 700 - 620 = 80F.
Quelquefois, la vache donne 2 veaux, ce qui augmente le bénéfice. D'autre part, ce bénéfice est variable, selon la quantité de lait fournie par l'animal. De plus, nous n'avons pas voulu donner une trop grande plus value au fumier obtenu.

 

Valeur actuelle de la propriété : 

Les terres labourables valent de 1000F à 2000F l'hectare.
Les prés valent de 2000F à 2500F et 3000F l'hectare.
Cette valeur est même dépassée à La Belouze où les prairies atteignent 5000F l'hectare.
Les vignes sont évalués à 3000F l'hectare.
Ces prix sont moyens. Ils sont plus ou moins élevés selon la contrée de la commune et selon la commodité des communications.
Tous les chiffres ci-dessus (prix de revient et de vente des denrées et produits agricoles, valeur des terres) ne sont pas arbitraires.
Ce sont des prix calculés d'après les données exactes que nous nous sommes procurés chez les cultivateurs eux-mêmes. La valeur des terres nous a été fournie par des actes authentique.
Nous n'avons pas calculé le prix de revient de l'unité de chaque produit, mais, d'après les détails donnés, ce calcul peut se faire facilement.
 

Il découle des renseignements ci-dessus que la situation économique est excellente ; que la vente des produits de la ferme procure un bénéfice sensible au cultivateur, et que l'élevage du bétail est très rémunérateur.
Nous ajouterons ceci : quand les cultivateurs auront compris l'intérêt qu'il y aurait pour eux à faire usage des engrais chimiques (superphosphates à l'automne, scories, puis, au printemps, du nitrate de soude, etc.) les bénéfices seront plus importants.
Qu'ils fassent des expériences en petit et, si elles sont concluantes - et elles le sont presque toujours - qu'ils n'hésitent pas à donner à leurs terrains l'acide phosphorique qui leur manque, la chaux dont ils ont besoin. En un mot, que les cultivateurs suivent les avis que leur a donnés Mr. le Professeur départemental d'agriculture dans une conférence faite au commencement de cette année.
 

 

 

yndicats agricoles

En 1908, a été fondé dans la commune, sur l'initiative de M. Plassard fils, maire et conseiller d'arrondissement, un syndicat agricole qui groupe 37 membres.
Cette association a pour objet l'achat d'engrais, de graines, d'instruments et objets agricoles. La cotisation est de 1F par membre.
Le syndicat est affilié (coût 5F par an) à la Coopérative agricole du Sud-Est, dont le siège est, 17, Rue Centrale, à Lyon.
Dans la campagne qui vient de s'écouler, il a été acheté par l'intermédiaire du Syndicat pour 1121F90 de marchandises. C'est peu, dira-t-on ; mais il ne faut pas se montrer trop exigeant pour un début. Nous sommes à une période d'essai : les cultivateurs ont voulu essayer les engrais chimiques. Ils agissent d'abord avec prudence. Nous espérons que la campagne qui va s'ouvrir donnera des résultats encore plus appréciables.
 

Toujours sur l'initiative de M. Plassard, une société d'assurances agricoles contre l'incendie fonctionne dans la commune depuis le 1er janvier 1909.
La Société qui ne fait que débuter compte 14 assurés qui ont contracté des assurances pour une valeur de 160000F et 60 membres expectants qui assureront, au fur et à mesure de l'extinction de leurs anciennes polices, pour plus d'un million de francs de risques agricoles.
On prévoit 12 à 15 nouvelles polices pour 1910.
La Société est réassurée au Sud-Est. Elle a obtenu une subvention de l'Etat (500F) et est pourvue d'une pompe à incendie qui a été mise à sa disposition par le fondateur de la mutuelle-incendie.
 

Une mutuelle-bétail existe à St Léger depuis 1906.
Cette société groupe à l'heure actuelle 42 membres. Elle assure 160 animaux de race bovine. La cotisation est de 1% de la valeur assurée. Les pertes sont payées les ¾ de l'estimation.
Depuis sa fondation, la Société a payé 12 sinistres pour une somme de 1500F et elle possède en caisse 1200F de réserves.
Elle n'est pas réassurée à une Caisse régionale.
 

Il est question de créer une Caisse de Crédit Agricole dans la commune - et de construire un local - nous tenons ces renseignements de M. Plassard fils - qui servirait de lieu de réunion aux diverses sociétés agricoles de la commune. Espérons - et avec M. Plassard, espérer n'est pas un vain mot - que ces deux projets se réaliseront bientôt. 

 

 

révoyance

L'épargne est une qualité dominante du cultivateur de la région - à un degré moindre chez l'ouvrier des usines .
Nombreux sont les possesseurs d'un livret de Caisse d'épargne.
Pour nous borner, nous citerons l'exemple d'un enfant de l'hospice, domestique chez un cultivateur de la commune. Ce pupille, grâce aux conseils et à l'exemple donnés par son patron, a 1000F placés à la Caisse d'épargne. Il a 23 ans. Il revient du service militaire. Il s'est marié ce mois avec une jeune fille ayant un capital de 1000F. Ils vont aller tenir une ferme dans les environs. Souhaitons à ces braves gens la réussite complète…

En 1909, M. Plassard a créé dans la commune une Société de Retraites et de Maladie agricoles.
Cette société compte déjà 28 membres qui ont versé 310F à la Caisse de retraites et 68F à la Caisse maladie (1re année de création : 1er semestre versé).

Il a été demandé au Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale l'autorisation de fondre en une seule la mutuelle scolaire créée en 1903 et qui groupe 50 membres, et la mutuelle des adultes ci-dessus désignée. Cette approbation est imminente, et St Léger comptera une Mutuelle-Retraite-Maladie de 78 membres mutualistes agricoles. 

 

 

ssistance

La commune est rattachée pour l'assistance médicale à l'hôpital de Cluny. Le prix de la journée à cet hôpital est de 1F90 pour les indigents. La dépense pour les hospitalisés indigents est couverte savoir : 75% par le département et l'Etat, et 25% par la commune.
Le conseil municipal vote pour l'assistance médicale 3 centimes additionnels produisant environ 114F. La dépense totale oscille entre 300 à 400F par an.
Le nombre d'indigents admis à l'Assistance médicale est, pour 1909, de 18 personnes des deux sexes.
Dans ce nombre sont compris 9 vieillards ou incurables qui, en vertu de la loi du 14 juillet 1905, reçoivent une allocation mensuelle dont le maximum est fixé à 20F. Le budget communal prévoit 4 centimes pour cet objet, soit 150F environ représentant 15% de la dépense totale. L'Etat et le département concourent dans cette dépense pour 850F. Le montant total des allocations arrive à 1000F par an.
Des secours sont donnés, en hiver, à quelques malheureux. Une personne charitable contribue pour une large part au soulagement de la misère, et nous pourrions citer l'exemple d'une femme, restée veuve, sans ressources, avec 8 enfants en bas âge, ayant reçu plus de 1200 francs de secours.
Un lit pour les pauvres de St Léger a été fondé à Cluny par Mme Ve Duthion, née Ruet, qui a laissé 10000F dans ce but.
Un nouveau legs de 10000F a été fait par M. Plassard Jules, pour être versé au bureau de bienfaisance dans les six mois après son décès.
En outre, le bureau de bienfaisance possède environ 5800F en capital, convertis en rentes 3%.
Les pauvres de St Léger ne risquent donc pas de rester sans secours, grâce aux idées philanthropiques des personnes généreuses que nous venons de nommer.
 

Un nouvel hôpital vient de s'ouvrir à Tramayes (septembre 1909). Une somme de 20000F vient d'être donnée à cet hôpital par la famille Plassard, pour les malades du canton.
St Léger disposera donc, de ce fait, de nouvelles ressources pour ses malades.
 

 

 

 

carte postale adressée de Tramayes par Pauline le 8 avril 1907
[légende erronée - ce château est celui de M. Plassard, c'est-à-dire celui de la Papeterie]

 

 

tat moral et social de la ommune

Habitudes morales. Rapports entre les propriétaires et les ouvriers ou tenanciers. Bien être ou malaise. 

Dans les chapitres précédents, nous avons assez fait connaître les rapports qui existent entre le propriétaire de la Grange Neuve et les ouvriers agricoles.
Aussi, voit-on des domestiques passant leur vie entière chez leur maître ; car où aller pour être mieux, pour être traité humainement, et pour mener une vie aussi calme et paisible ?
Nous pourrions citer tel employé ou ouvrier agricole ayant 40 années de services dans la même maison. Ceux qui ont 20 années de services ne manquent pas.
Les journaliers qui n'ont pas d'occupation dans cette exploitation n'ont pas toujours la même stabilité. Cependant, nous connaissons parmi eux d'anciens domestiques comptant de nombreuses années de services chez le même maître.
Dans quelques fermes, la même famille y demeure depuis plusieurs générations, par exemple à la ferme du Bourg et à la ferme du Breuil.
Donc le travail, l'amour du sol natal, l'économie, la sobriété, la prévoyance, la stabilité, sont les grandes qualités du paysan de la contrée.

Malgré la diminution constatée dans le chiffre de la population (796 habitants en 1851, 590 en 1906), la commune est, à l'heure actuelle, en état de prospérité. D'ailleurs, le fait est évident, la diminution de la natalité correspond à plus de bien-être, à une situation meilleure. Les familles les plus aisées sont généralement celles où il y a le moins d'enfants.

Au point de vue de l'intérêt général, peut-être serait-il nécessaire qu'en France le nombre des naissances soit plus élevé. Mais notre avis est que, si on parvenait à enrayer dans notre pays l'alcoolisme, à combattre efficacement la tuberculose, ces deux terribles fléaux, si des leçons de puériculture étaient donnés aux futures mères de famille - car il meurt trop de jeunes enfants par l'ignorance de la mère -, si on arrêtait l'émigration des campagnes vers les villes, l'honorable M. Piot aurait sa cause gagnée.
Or, à St Léger, l'alcoolisme, la tuberculose, n'existent pas. L'émigration n'a pas encore causé de ravages dans la commune.
Le chiffre de la mortalité infantile est disproportionné avec celui des naissances. Il faut que nos mères de famille écoutent les conseils autorisés de M. Durand, docteur en médecine qui a l'intention de faire dans la commune, dans les 1ers jours de décembre, une conférence sur leurs devoirs en tant que mères.
Ce ne sera pas de trop !

La race est robuste. Au conseil de révision, le nombre des jeunes gens réformés ne dépasse pas 1 sur 10, ainsi que l'atteste le tableau suivant puisé à la source même :

Classe 1898

9 conscrits dont 1 réformé

Classe 1899

2 -- - 1 réf.

-- 1900

5 -- - 0 --

-- 1901

8 -- - 0 --

-- 1902

7 -- - 0 --

-- 1903

3 -- - 0 --

-- 1904

7 -- - 2 --

-- 1905

7 -- - 1 --

-- 1906

4 -- - 1 --

-- 1907

5 -- - 0 --

-- 1908

4 -- - 0 --

En un mot, la santé et l'aisance règnent à St Léger, aussi sommes-nous pleins d'espoir dans l'avenir de la commune qui sera toujours une commune rurale, essentiellement agricole, mais dont le chiffre de la population pourra augmenter si on le veut bien.

On pourrait croire que nous exagérons à dessein la situation morale ou matérielle de la commune ; que nous cachons les défauts pour ne mettre en relief que les qualités.
Or, voici un document que nous extrayons du Bulletin de la Société d'agriculture de Mâcon (N°9 de 1908) :
"Qui a vu St Léger sous la Bussière et les hameaux de Pontcharras et de La Belouze surtout, il y a quarante ans, et les reverrait aujourd'hui, aurait peine à les reconnaître. Les habitations pour une bonne part de construction récente, sont propres, élégantes même ; les chemins sillonnant la commune qui, jadis, étaient étroits, encaissés, ravinés par les eaux pluviales, à rampes inaccessibles, ont été remplacés par de larges artères bien tracées, bien entretenues ; le champ de foires de La Belouze qui, au temps passé, était d'un accès presque impossible et parsemé de profondes dépressions du sol, dangereuses pour le bétail, a été nivelé ; un parapet surmonté d'une rampe le limite du côté de la route, et un bureau téléphonique, installé tout à côté, fait ses offres de service à qui veut y avoir recours. On se demande quelle fée a pu, en un si court espace de temps, accomplir cette transformation ?
Cette fée n'a rien de commun avec l'être fantastique de la fable ; elle est comme nous tous d'espèce essentiellement humaine, et s'offre à nos regards sous les traits de M. Plassard…
"
Adressons à ce cher disparu notre souvenir ému.
Puissent beaucoup de communes rencontrer des bienfaiteurs comme celui-là !
 

 

 

onclusions

Pour que cet état de prospérité et de bien être se maintienne, pour que nos enfants goûtent aussi le bonheur champêtre, que faut-il faire ? La réponse est facile :
Que nos chers concitoyens conservent toujours l'amour du sol natal ; qu'ils continuent à aimer cette terre, ces bois, ces prés, ces champs, si beaux à contempler ; qu'ils conservent pieusement en leur cœur le culte du Drapeau, symbole de la Patrie ; qu'ils se gardent du mirage décevant de la ville ; qu'ils méprisent toujours les théories écœurantes de l'anti-patriotisme et du communisme, fruits du découragement et de l'alcoolisme, ces tristes produits de la ville ; qu'ils élèvent leurs enfants comme ils ont été élevés, c'est à dire dans l'amour de ce qui fait battre leurs cœurs ; et enfin, se rappelant toujours cette maxime : tant vaut l'homme, tant vaut la terre, qu'ils travaillent, qu'ils améliorent sans cesse ce sol qui n'est jamais ingrat ; et ainsi ils assureront à leur descendance un avenir fécond et heureux.

 

 

1e partie de la monographie

Introduction historique
I - Histoire générale de la commune
II - Histoire démographique
III - Histoire économique
IV - Histoire sociale

 

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