"Déposé par les camions
automobiles à Ostreville et Marquey (Pas de Calais), le 143e
se rend par étapes jusqu'à Montdidier et Gannes,
où il est embarqué en chemin de fer le 20
février pour débarquer le lendemain à
Epernay et Oiry.
Il reste en réserve jusqu'au 7 mars, date à
laquelle la 64e Brigade attaque en Champagne une position
particulièrement bien organisée, celle du Bois
Sabot.
Cette position, du 9 au 15 mars, va
être arrachée à un ennemi tenace qui dispute le
terrain pied à pied, nous oppose ses meilleures troupes, et
dont nous aurons raison que par le corps à corps.
Le 7 mars, une attaque doit être
dirigée sur le Bois Sabot (1 800 m à l'est de Souain)
et la région boisée plus à l'est, en direction
du Trou Bricet.
Le 15e est chargé de l'attaque initiale, qui doit se
déclencher à 10h après une violente
préparation d'artillerie.
Le 143e est en réserve :
- 3e Bataillon dans les tranchées du
sud-ouest du Bois Carré
- 1er et 2e Bataillons dans les
tranchées de deuxième ligne, au sud du Bois
Carré
- La compagnie de mitrailleuses du
régiment dans les tranchées du 17e Corps
d'Armée, pour flanquer l'attaque.
Objectif d'attaque du 15e : corne sud-ouest du
Bois Sabot, Bataillon de gauche face à l'ouest, Bataillon de
droite face au sud
Le 2e bataillon du 143e, qui est placé en avant d'une batterie
de 75, est violemment canonné et subit quelques pertes.
Dans l'après midi, le 15e réussit à prendre pied
à la lisière sud du Bois Sabot, le 143e n'a pas
à intervenir.
Le 8 mars, le Régiment
relève le 15e.
Le 3e Bataillon s'installe dans la partie conquise du Bois Sabot et
renforce la position.
Le 1er Bataillon, dans les tranchées longeant la route
Souain-Perthes
Le 2e Bataillon à proximité du boyau conduisant aux
premières lignes
Le 9 mars, le 143e reçoit l'ordre
de continuer l'offensive, dans la direction Cote
170-Trou-Bricot.
Le terrain sur lequel va s'engager le combat
est difficile, presque complètement dépouillé
d'arbres, rempli d'excavations, de tranchées à
moitié détruites.
Partout des vestiges de défenses accessoires qui entravent la
marche.
Au sud du Bois Sabot et devant nos tranchées de
premières lignes, un thalweg de 150 mètres de large
offre un précieux champ de tir pour l'adversaire.
Au sud de ces tranchées de premières lignes, terrain
boisé mais déchiqueté par l'explosion des
projectiles et présentant de nombreux boyaux battus
très facilement par l'artillerie ennemie.
Effectifs engagés de part et d'autre
:
143e : 2 bataillons en première ligne (3e et 1er)
Ennemi : d'après les affirmations des prisonniers faits le 8
mars, 3 régiments défendent ce secteur.
Phases des opérations : à 7h, déclenchement de
l'attaque du 143e menée par les 3e et 1er bataillons.
Objectif du 1er bataillon : de l'extrémité sud du Bois
à la partie nord du Talon
Objectif du 3e bataillon : de ce dernier point à la
lisière nord du bois
L'attaque a lieu exactement à 7h, mais
les compagnies ne progressent que lentement, car elles sont,
dès leur départ, très vivement prises à
partie par un feu intense d'artillerie lourde et de
mitrailleuses.
Dès 9h 45, toute progression est impossible.
Les pertes sont énormes ; les renforts envoyés par le
Colonel (1 compagnie à chaque bataillon) ne peuvent arriver
à l'emplacement qui leur a été
assigné.
Seule la section du Lieutenant LOTA, de la 8e Compagnie, parvient
à l'intérieur du Bois Sabot.
Le Colonel donne l'ordre de s'accrocher au terrain et de l'organiser
: chaque bataillon a gagné 100 mètres ; deux violentes
contre-attaques menées avec des effectifs importants par
l'ennemi sont enrayées.
Le 10 mars, à 7h, après
une préparation d'artillerie d'une demi-heure, les 5e et 7e
Compagnies attaquent dans un élan admirable le talon du bois
et les tranchées au nord ; elles sont clouées sur place
par des feux croisés de mitrailleuses.
A 10h 30, précédée par un tir
d'écrasement qui dure à peine 10 minutes, l'attaque
reprend.
Le 2e Bataillon se précipite résolument en avant.
Son attaque, menée avec acharnement, permet aux fractions de
gauche de réaliser des progrès sensibles dans le bois
et aux fractions de droite d'occuper la lisière est du
Talon.
Cette opération de détail a donc été
couronnée de succès. Le résultat cherché
était acquis.
Après la relève, dans la nuit,
par le 15e RI, le Régiment va cantonner à Suippes,
où il arrive vers 10h.
Une section et demie de la 8e Compagnie n'a pas été
relevée par le 15e et conserve son emplacement à la
lisière est du talon du Bois Sabot. Elle n'est pas
ravitaillée ni en vivres ni en munitions.
Elle tient et ne rentre au cantonnement de Suippes que le 11 à
23h.
Le 13 au soir, le 143e relève le
15e sur les emplacements que nous occupions le 10 au soir.
L'attaque doit reprendre le 15, mais un travail préalable
s'impose afin de permettre aux troupes de se placer face à
l'objectif, tout en évitant des mouvements de conversion sous
le feu de l'ennemi.
La journée du 14 est
employée à la création d'une base de
départ : à la pioche comme à la baïonnette,
le fantassin montre les mêmes qualités d'endurance et le
travail est exécuté en sape, sous une avalanche de
grenades, avec une farouche résolution.
Le 15 mars, à 4h 30, l'attaque se
déclenche par surprise et le premier bond est
exécuté si rapidement que les mitrailleuses ennemies
n'ont pas le temps d'ouvrir le feu.
Mais bientôt commence la lutte dans les boyaux, le corps
à corps sauvage ; la baïonnette et le fusil
répondent seuls à la grenade et au pistolet automatique
des Allemands.
On se dispute à coups de poings les affûts de
mitrailleuses.
C'est en combattant pied à pied, en payant chèrement
chaque mètre de terrain, que les hommes de tête arrivent
à la tranchée.
Mais les éléments de gauche ne
peuvent progresser sur le glacis ; des projecteurs se
dévoilent, une contre-attaque se dessine.
Pas de grenades à notre disposition, sauf des pétards
improvisés, simples boîtes de conserves, avec mise
à feu des plus primitives.
Il est impossible de tenir sans risquer d'être
anéanti.
En moins d'une demi-heure, nos pertes se montent à une
centaine de tués et de blessés.
Le mordant et l'entrain des hommes n'en sont pas moins
diminués, et le même jour, à 16h 30, l'attaque
menée par les 3e et 5e Compagnies reprend de plus belle
après une courte préparation d'artillerie.
C'est de nouveau la lutte à coups de baïonnette, à
coups de crosse et d'outils. On ne fait pas de quartier. Il est 18
heures.
Un blockhaus seul offre encore quelque résistance ;
attaqué à la pioche, il est emporté ; plusieurs
occupants essayant de s'enfuir sont abattus. Deux contre-attaques ne
peuvent nous déloger.
Le 16, au petit jour, deux nouvelles
contre-attaques sont encore brisées : ce sont les
dernières réactions de l'infanterie ennemie. Le
résultat cherché est atteint.
Nous étions maîtres d'une position importante,
permettant le développement d'une offensive
ultérieure.
Cette position avait été arrachée à la
Garde Prussienne. Cette lutte farouche avait coûté au
Régiment 9 officiers, 29 sous-officiers, 425 soldats morts
au Champ d'Honneur.
A l'issue de ces combats, le
Général de Division commandant la 60e Division
écrivait au Général commandant la 32e Division :
"Je suis heureux de vous adresser l'expression, non seulement de
toute ma satisfaction, mais de mon admiration pour cette Brigade qui,
depuis 8 jours, lutte sans trêve ni répit avec une
énergie inlassable. Vous avez le droit d'être fier de
commander à de pareilles troupes."
1915 - Le Trapèze - Mesnil
les Hurlus
|
Après un court repos, le Régiment
entre en secteur non loin de Bois Sabot.
Mais une période de stabilisation relative est plus
pénible et à peine moins meurtrière que les
périodes d'offensive.
On est à quelques mètres du Boche, les grenades,
crapouillots, les torpilles démolissent les tranchées
et les rares abris que l'on édifie à grand'peine
pendant que la sournoise lutte de mines bat son plein.
Dans les boyaux pris d'enfilade, derrière le créneau
insuffisamment protégé, nombre de soldats sont
frappés par les balles. On se tue sans se voir.
Le sol est bouleversé et, par les claires nuits
d'été, on croirait contempler un paysage lunaire.
Cette vision est rendue plus sinistre encore par le voisinage des
cadavres, sommairement inhumés, et que les obus
déterrent, projetant en débris sur les vivants la
dépouille des morts.
Le cadre restreint de ce court récit ne
nous permet pas de conter en détail les actes
d'héroïsme quotidiens. Nous en retiendrons surtout le
souvenir de la camaraderie qui unissait entre eux chefs et
soldats.
Que d'hommes se sont fait tuer pour essayer de sauver un camarade
enterré vivant par l'explosion d'une mine !
Combien d'autres ont trouvé la mort en
s'élançant à l'assaut d'un "entonnoir", en
plaçant des défenses accessoires ou même plus
humblement en surveillant le Boche par un étroit
créneau !
Le moral reste parfait et cependant on reste
six jours en ligne et trois jours seulement au repos dans le bois
où le seul abri existant est celui que l'homme se construit
avec des mottes de terre et des branchages.
On commence à reparler d'offensive : nombre de
régiments viennent construire des boyaux, des emplacements de
batteries et enfin relever le 143e, le 25 août.
Mais le régiment ne s'éloigne pas beaucoup de ce champ
de bataille qui porte le nom funèbre de Mesnil les Hurlus et
où il laisse dans la craie champenoise 3 officiers, 19
sous-officiers et 297 caporaux et soldats.
Il va se préparer à la grande
attaque de Champagne dans la région de Valmy, où le
monument dressé à la mémoire des Volontaires de
KELLERMANN et de DUMOURIEZ rappelle aux soldats de 1915 que, de
même qu'en 1792, il y a des Prussiens en France qu'il faut
ramener au-delà du Rhin.
Le 24 septembre, à Valmy, le
Régiment rassemblé écoute la lecture de l'ordre
du Généralissime annonçant la bataille qui va se
déclencher le 25 septembre.
Déjà la préparation d'artillerie était
commencée et son intensité faisait bien augurer du
succès.
1915 - La Main de Massiges et le
Mont Têtu
|
Le 25 septembre, sous le commandement du
Lieutenant Colonel HENRY, au grondement de la formidable
préparation d'artillerie promise, le Régiment
silencieux, grave, résolu, s'engage dans les boyaux
d'adduction et débouche à 9h30 sur les pentes sud du
promontoire (cote 180) après une marche d'approche qui fut un
modèle d'ordre et de discipline.
L'attaque, déclenchée depuis un
quart d'heure à peine, bat son plein. Les prisonniers affluent
vers l'arrière. Les blessés français, avidement
interrogés par nos soldats, apportent de l'avant des
impressions de victoire et les bataillons du 143e vibrent à
ces récits, attendant l'heure de donner à leur
tour.
Cependant le 20e CA qui attaque en direction de
Rouvroy a approché les lisières de Maisons de Champagne
; le 1er CA Colonial qui attaque droit sur la Main de Massiges en a
atteint les premiers contreforts.
Des résistances ennemies et la nécessité de les
manoeuvrer ont amené entre ces deux corps une large et
dangereuse brèche.
C'est alors que la 64e Brigade reçoit à 16h l'ordre
d'attaquer le Mont Têtu (cote 198), de fermer le vide entre les
deux Corps d'Armée primitivement en liaison et de ressouder
les deux attaques.
Dans la nuit du 25 au 26, le
Régiment quittant le promontoire, se rend par le village de
Massiges à ses emplacements de départ (pentes nord et
nord-est du promontoire), dans les tranchées françaises
qui avaient servi de base de départ au 1er CAC.
Il y passe le reste de la nuit et une partie de la matinée
sous un bombardement assez intense.
Le 26 septembre, le 15e, dès 6h
30, s'efforce de gagner le Mont Têtu. Il prend pied à
mi-pente des hauteurs dominant le ravin de l'Etang.
Son avance est pénible ; le feu de mousqueterie et de
mitrailleuses est intense.
A 11h, le 143e reçoit l'ordre d'attaquer à son tour. Il
a comme objectifs le boyau de Molkte d'abord, le Mont Têtu
ensuite.
L'idée d'ensemble de la manoeuvre est de prendre à
revers par les pentes ouest ce Mont Têtu qu'on ne peut faire
tomber de front.
La traversée du ravin du ruisseau de
l'Etang s'effectue sous le feu intense de l'artillerie et des
mitrailleuses ennemies.
Il y a dans nos lignes ni une hésitation ni un flottement
malgré des pertes déjà sensibles.
Le 3e Bataillon suivi par le 2e atteint
rapidement le pied des pentes de la Main de Massiges, contourne la
croupe du Bois Valet, s'engage dans le ravin compris entre le Bois de
l'Arc et le Bois de la Faux.
Le passage du Bois de l'Arc au Bois de la Faux effectué par la
10e Compagnie sous le feu terrible des mitrailleuses de la
tranchée Molkte est superbe de rapidité et de
précision.
Désormais la position ennemie est condamnée.
La 10e Compagnie progressant par le Bois de la
Faux, les 11e et 12e par le Bois de l'Arc avec une rapidité
foudroyante tombent à la baïonnette dans la
tranchée ennemie à 15h 30.
L'ennemi surpris, désemparé se rend à la 10e et
à la 11e Compagnies.
Plusieurs mitrailleuses, plus de 50 prisonniers valides tombent entre
nos mains.
La tranchée ennemie est encombrée de cadavres et de
blessés, et un Hauptmann blessé, couché à
terre nous avoue que "devant nous, il n'y a plus rien, plus de
réserves" ; il sentait passer le frisson de la
défaite.
Le Boche est disloqué,
débordé, et une de nos patrouilles surprend dans un
poste de secours un médecin allemand faisant des pansements
comme si les Français étaient loin encore, le
ramène avec ses infirmiers et ses blessés.
La ligne de défense du Mont Têtu
est brisée.
Laissant une fraction au nettoyage de la tranchée conquise, le
3e Bataillon, sans perdre un instant, pousse à la crête,
son dernier objectif.
Le 2e bataillon rentre à son tour en ligne à la droite
du 3e. Le sommet du Mont Têtu est rapidement atteint et
dépassé par les éléments de droite du 2e
Bataillon auquel se lie le bataillon de gauche du 15e.
Le Mont Têtu est à nous.
Le Régiment perdait dans ce combat 7 officiers, 231 hommes
blessés, 49 tués.
La nuit est employée à
l'organisation du terrain conquis et aux préparatifs d'attaque
pour le lendemain.
Des patrouilles poussées en avant pour reconnaître les
positions de l'ennemi signalent une grande activité chez les
Boches.
On entend distinctement des trains et convois amenant des troupes
fraîches et des munitions dans la plaine de Rouvroy. De
l'artillerie arrive avec un grand bruit de ferraille.
L'ennemi, d'abord surpris par notre attaque impétueuse,
profite du répit de la nuit pour se reformer, renforcer ses
lignes, augmenter sa résistance.
La journée du lendemain promet d'être dure.
Le 27 au matin, le Régiment
reçoit l'ordre de continuer l'attaque en direction
générale de la Ferme Chausson.
Les 3 bataillons sont en ligne et doivent participer à
l'opération. Le 3e Bataillon doit lier son mouvement avec le
20e CA qui, à gauche, attaque l'ouvrage de la Défaite
avec pour objectif le Bois Marteau.
Le 2e Bataillon, au centre, a comme objectif l'intervalle compris
entre le Bois Marteau et la Ferme Chausson.
Le 1er bataillon doit s'emparer de la ferme même et lier son
mouvement avec le 1er CAC qui attaque à droite le Bois de la
Chenille.
L'artillerie fait une courte mais violente
préparation.
Le 143e, pour faire face à ses nouveaux
objectifs, doit exécuter un changement de front vers le nord
en pivotant sur sa gauche autour du Mont Têtu.
Mais à 14h, heure fixée pour le départ en avant,
le Corps Colonial très en retrait ne peut avancer par suite de
la présence de mitrailleuses ennemies installées dans
le " Creux de l'Oreille " qui battent le col situé entre la
"Verrue" et le Mont Têtu.
La droite du 1er Bataillon se trouve de ce fait très
refusée.
Le bataillon occupe les deux côtés
d'un angle droit dont la pointe est tournée vers l'ennemi.
Les ordres sont modifiés en conséquence par la 64e
Brigade qui limite l'attaque aux lisières nord du Bois entre
le Bois Marteau et le Bois Chausson, liée à droite
à celle de la Division Coloniale qui commence à 14h et
à gauche avec celle du 20e CA qui aura lieu à
16h.
Les 2e et 3e Bataillons attaquent.
Par suite de la situation du 1er bataillon, la ferme Chausson est
délaissée pour le moment.
A 16h, les 2 bataillons dans un élan magnifique se
précipitent en avant, la baïonnette haute. Mais le
terrain est détrempé et glissant, la marche lente et
pénible. Le glacis complètement découvert est
balayé par les mitrailleuses.
La situation en flèche des bataillons livre les flancs
à des tirs d'écharpe très meurtriers.Toute la
manoeuvre se déroule sous un feu infernal.
Le 2e bataillon et la droite du 3e,
décimés, sont obligés de s'arrêter,
après avoir gagné cependant quelques centaines de
mètres, engageant avec l'ennemi une fusillade
énergique.
La gauche du 3e Bataillon et plus particulièrement la 9e
Compagnie, plus heureuse, s'avance profondément.
Cette compagnie, dans une offensive
endiablée, franchit deux éléments successifs de
tranchées et prend pied dans un troisième, vers le
boyau d'Ukelwurst, mettant en fuite des troupes fraîches
arrivées de la veille, bien supérieures en nombre, et
qui abandonnent leurs armes et leurs sacs.
Repoussant ensuite trois tentatives ennemies pour reprendre le
terrain perdu, elle s'organise sur place, où, à la
tombée de la nuit, elle est relevée par une compagnie
du 15e RI.
La journée a été chaude.
On sent un ennemi ressaisi et décidé à offrir
une résistance acharnée, résistance qui ira tous
les jours en s'intensifiant.
Nos pertes étaient sévères
: 8 officiers blessés, 66 sous officiers ou soldats
tués, 216 blessés.
Au 2e Bataillon, 3 commandants de bataillon était
successivement tombés.
Le Régiment reste sur les emplacements
conquis si chèrement et il s'organise pendant la nuit.
L'artillerie ennemie presque silencieuse durant cette journée,
réagit violemment au cours de la soirée et de la nuit
par des rafales à gros obus fusants.
L'attaque doit reprendre le lendemain à 9 heures, menée
par les 2e et 1er Bataillons, le 3e passant en réserve au bois
des "Kamarades".
Le mouvement doit être lié à celui du Corps
Colonial, dès que celui-ci sera arrivé à hauteur
du Mont Têtu et dessinera son attaque sur le Bois de la
Chenille.
Le 143e doit prendre pied dans le bois au sud
de la ferme Chausson, l'objectif à atteindre.
Le 2e Bataillon réussit à marquer une progression vers
l'objectif assigné dès le début de l'attaque,
mais toute avance ultérieure lui est interdite par suite de la
présence de mitrailleuses ennemies, placées les unes
vers le sapin nord-est du Mont Têtu, les autres sur les
Ouvrages de la Défaite.
Ces mitrailleuses prenant d'enfilade toutes nos fractions qui
cherchaient à déboucher, rendent la progression
impossible.
Une préparation d'artillerie
dirigée sur les mitrailleuses signalées ne peut les
détruire et une nouvelle tentative d'avance vers la Ferme est
engagée.
Cette journée a coûté au Régiment 2
officiers et 37 hommes tués, 46 blessés.
L'ennemi paraît être en force et
solidement installé, aidé par une puissante
artillerie.
Le soir, un message de la Division ordonne aux différents
éléments de la Division une mission défensive
et, en conséquence, l'organisation immédiate du terrain
enlevé aux Allemands.
Jusqu'au 5 octobre, les bataillons du
143e, tantôt en ligne, tantôt en réserve,
travaillant à l'aménagement et à la
défense du secteur, profitent de ce court répit pour se
reformer.
Un dernier effort va être demandé
le 6 octobre au régiment.
Il prend dans la nuit du 5 au 6 ses dispositifs d'assaut dans les
tranchées du Mont Têtu : 1er et 2e bataillons et une
compagnie du 3e sur trois vagues successives.
Les trois autres compagnies du 3e Bataillon forment la 4e vague.
Les objectifs sont la ferme Chausson et les ouvrages
déjà puissants qui la défendent.
A 5h 50, les deux premières vagues sortent d'un seul bloc.
Malheureusement, la pente du terrain, assez accusée, interdit
à l'artillerie de campagne d'effectuer des tirs efficaces. Le
tir est toujours trop long.
L'ennemi placé à contre-pente
n'est ni atteint, ni aveuglé par notre préparation.
Seul un canon de 58 aurait pu bouleverser un élément de
parallèle.
Les deux premières vagues, reçues par un feu terrible,
doivent se coucher sous les balles ; des hommes sont frappés
en franchissant le parapet.
Néanmoins une fraction réussit à progresser,
franchissant la première ligne ennemie, au point où le
58 l'a bouleversée.
Elle peut atteindre d'un bond
irrésistible les lisières sud du bois de Chausson.
Mais là, prise de dos et d'écharpe par les tirs des
mitrailleuses ennemies, puis contre-attaquée de front par des
réserves écrasantes en nombre, elle est clouée
sur place ; elle tient jusqu'au corps à corps.
Seuls quelques blessés et quelques hommes indemnes regagnent
nos lignes de départ, à la faveur de la nuit.
Les vagues suivantes dans l'impossibilité de donner l'assaut
à leur tour s'organisent immédiatement dans leurs
parallèles, mettant en batterie leurs mitrailleuses. Il est
temps.
A 8h, l'ennemi massant ses troupes à
l'abri des pentes de la ferme Chausson et des bois passe à la
contre-attaque en formations massives.
Reçues par 3 pièces de la compagnie de mitrailleuses,
mitraillées avec une précision remarquable, sous un tir
de mousqueterie intense et bien ajusté, les colonnes ennemies,
tourbillonnant, se disloquant, disparaissent dans leurs boyaux et
parallèles de départ, laissant de nombreux cadavres sur
le terrain.
Renouvelée vers 15h, une nouvelle
contre-attaque est bloquée par nos tirs. L'ennemi ne
réagit plus. Le Régiment perd ce jour-là 2
officiers et 36 hommes tués, 129 blessés, 150
disparus.
Ces 150 disparus sont des braves que leur élan a
emporté aux lisières du Bois de la Chenille à
travers les lignes ennemies.
Telles furent les glorieuses journées de Massiges et du Mont
Têtu.
Le Général GROSSETI, commandant
le 16e CA tint à exprimer toute sa satisfaction aux quelques
officiers qui restaient à la suite des combats.
Il les réunit et leur dit : "Je suis très heureux de
vous faire part des éloges qui m'ont été faits
au sujet de votre Régiment. Je regrette de vous trouver aussi
peu nombreux, mais cela prouve que chacun a fait son devoir et que
les Chefs ont donné l'exemple.
J'espère que vous aurez une belle récompense, une
citation à l'ordre de l'Armée, que d'ailleurs vous avez
manquée de peu au Bois Sabot."
Après un court repos, le Régiment
passe quatre jours en ligne dans le secteur de Tahure et le 30,
après la relève par le 80e et le 342e, il se trouve en
réserve non loin de Perthes, au Bois du Paon et au Bois
4.
Le 30 octobre, vers 9h 30, tous les
emplacements des différentes unités du Régiment
subissent un bombardement extrêmement violent par obus de gros
calibre et plus particulièrement par obus à gaz
asphyxiants lacrymogènes.
Vers 12h, le Colonel reçoit l'ordre de se tenir prêt
à toute éventualité.
Dans l'après midi, le Colonel suivi de
la CHR se transporte à la Carrière où viennent
le rejoindre un moment après les 1re et 12e Compagnies.
Le 3e Bataillon (4e, 9e, 10e et 11e Compagnies), à l'exception
d'un peloton détaché comme soutien à la CM 64,
reçoit mission de s'établir à la droite du 342e
en recherchant à sa droite la liaison avec les
éléments qui pourraient subsister du 80e RI qui vient
d'être submergé par l'attaque allemande.
Lorsque le Commandant du Régiment arrive sur les lieux, il
constate que cette liaison n'a pu être établie et fait
prolonger à droite le 3e Bataillon par la compagnie disponible
du 1er.
Le 31 octobre, au lever du jour, on
s'aperçoit que l'ennemi s'est retranché pendant la nuit
sur la crête du mouvement de terrain situé à
l'est du village de Tahure.
La 1re Compagnie subit une attaque qui est repoussée ; seuls
quelques éléments des tranchées de droite sont
pris par les Allemands.
Les Poilus de la 2e, dans un élan sublime et spontané,
se lancent en avant à la contre-attaque ; quelques-uns
atteignent la tranchée allemande, mais y tombent en
héros.
Le 2e Bataillon vient s'établir à
droite du 1er, sur le mouvement de terrain au nord du village de
Tahure ; il chasse les premières fractions ennemies qui
avaient pénétré dans le village et
établit la liaison avec le 238e RI à sa droite.
Les éléments de gauche prennent sous leur feu des
renforts ennemis qui cherchent à s'infiltrer par le ravin
149.
Vers 15h, une contre-attaque allemande se produit sur le front
occupé par le Régiment ; elle est complètement
enrayée.
Aussi l'attaque déclenchée à 16h par le 96e
permet non seulement de prendre la tranchée ennemie, mais
encore de la dépasser : cette dernière est d'ailleurs
occupée immédiatement par les 1er et 2e Bataillons du
143e.
Dans la soirée du 31, le Commandant du
3e Bataillon détache 2 de ses compagnies à la gauche du
96e afin d'établir la liaison avec le 342e.
Le 143e avait perdu dans cette affaire 80 tués et un grand
nombre de blessés (dont 3 officiers) mais, malgré
ses effectifs réduits, il avait contribué à
l'échec complet d'une tentative ennemie organisée avec
des moyens formidables et menée par 17 bataillons.
Après quelques cours passages en
secteurs effectués isolément par les bataillons, le
Régiment stationne, pendant le mois de novembre
à Saint Rémy sur Bussy, puis le 29 il s'embarque
à Saint Hilaire du Temple, pour aller prendre, dans la
région d'Epernay, un repos bien gagné.
Il reçoit des renforts, les instruit au Camp de Romigny, puis
va prendre le secteur de Soissons (Saint Vaast).
Ici la vie est facile ; les pertes sont légères et les
installations confortables.
Deux points seulement, le saillant Saint Paul et la Distillerie sont
dangereux à garder et subissent de fréquents et
intenses bombardements.
Les nuits sont marquées par des actions fréquentes de
patrouilles, quelques coups de main sont tentés. Le
Régiment met à profit cette tranquillité
relative pour travailler et s'instruire.
Entre temps, le 12 février, il
repousse une petite attaque locale sur la Distillerie en infligeant
à l'ennemi des pertes sérieuses.
Cette situation coupée de repos, de marche et de
déplacements divers dure jusqu'au 12 juillet, date
à laquelle le Régiment s'embarque pour participer
à son tour à la Bataille de Verdun.
Débarqué le 13 juillet à Givry en
Argonne, il dispose d'un mois pour se préparer au
combat.
Le 12 août, en exécution
d'un ordre de la 32e Division, il est enlevé à 12h en
auto et débarque à Moulin Brûlé (1 500 m
au nord de Nixeville).
Utilisant un chemin défilé à travers le Bois de
la Ville, le Régiment se rend à Verdun où il
cantonne.
A la nuit, le Colonel, les Chefs de Bataillons et les Commandants de
Compagnies conduits par des guides vont reconnaître le
sous-secteur de la Haie Renard (Bois de Vaux-Chapitre) occupé
par le 65e RI.
La mission qui incombe au Régiment est
une mission glorieuse ; le Général MANGIN
réunissant le 12 dans son PC le Colonel, les Chefs de
Bataillons et Commandants de Compagnies du 143e la définit
ainsi : "Vous allez tenir, sans faiblir, un des points les plus
délicats de tout le front, et je ne doute pas en outre, que
vous réussissiez l'attaque que je vous demanderai
d'exécuter."
Dans la nuit du 13 au 14, le 143e entre
dans la bataille encadré par le 140e RI à droite et le
4e Zouaves à gauche : il a 2 bataillons en ligne (2e et 3e )
et le 1er bataillon en réserve.
La situation du Régiment est particulièrement
délicate.
Il occupe au sud du Ravin des Fontaines, face à l'est, une
face du saillant très prononcé et très
étroit que nos premières lignes forment dans cette
vallée encaissée.
La position jalonnée de trous d'obus est
accrochée à la croupe de la Haie Renard, et l'ennemi le
domine en tenant le sommet de la croupe, l'Ouvrage triangulaire et la
tranchée de la Haie Renard.
Au nord du Ravin des Fontaines, l'ennemi auquel fait face le 4e
Zouaves sur l'autre flanc du saillant, a des vues d'écharpe et
de dos sur les positions du 143e et les tient sous le feu de ses
mitrailleuses.
L'artillerie ennemie particulièrement
puissante, disposant de nombreux observatoires dont les champs
visuels se recoupent, interdit tout mouvement sur les pentes de la
Haie Renard : les communications sont impossibles de jour entre les
bataillons en ligne et le PC du Colonel, aux Carrières du
Ravin des Fontaines.
D'ailleurs l'ennemi violemment attaqué
du côté de Fleury semble redouter une action offensive
sur la croupe de la Haie Renard et ses tirs d'artillerie ne cessent
d'augmenter d'intensité pendant les journées des 14,
15, 16 et 17 août.
Dès que l'artillerie française
entre en action, l'ennemi déclenche de puissants tirs de
préparation par obus de gros calibres qui infligent des pertes
sévères : 10 officiers et 386 hommes sont mis hors
combat du 14 au 17 août.
La valeur offensive du régiment n'en est
cependant pas diminuée ; profitant de la passivité de
l'infanterie ennemie, les groupes de combat des 2e et 3e Bataillons
progressent chaque nuit de trous d'obus en trous d'obus pour
s'approcher de la crête et préparer ainsi l'attaque
annoncée pour le 18.
Dans la nuit du 17 au 18 août, les
compagnies de première ligne, dont les effectifs sont
très réduits, sont reformées et le dispositif
d'attaque est réalisé.
Le 18 août, le Régiment a
pour mission de s'emparer de terrain conquis par les Allemands le 17
août au sud du Bois de Fumin.
Ses objectifs sont :
1) la tranchée allemande de la Haie Renard
2) le boyau Sundgau
3) la tranchée Viala.
Son action doit être appuyée à droite par la 5e
Compagnie du 8e Tirailleurs, placée sous les ordres du Colonel
commandant le 143e et qui doit attaquer l'Ouvrage Triangulaire.
Le 143e attaquera avec ses deux bataillons de tête (2e et 3e),
le dernier bataillon serrant dès l'attaque dans la
tranchée de départ.
Dans chaque bataillon, 4 vagues sont formées.
La préparation d'artillerie est
doublée quelques minutes avant le départ par une
violente concentration de tous les engins d'infanterie, sur les
tranchées les plus rapprochées.
A 15h, alors que nos mitrailleuses tirent encore et que les obus VB
éclatent, les vagues d'assaut entraînées par les
quelques officiers qui restent bondissent de trous d'obus en trous
d'obus dans un terrain bouleversé.
Les premières vagues ne rencontrent pas de résistance
et progressent rapidement devant un ennemi qui paraît se
dérober ; mais au moment où la 4e vague va
déboucher, une concentration puissante d'artillerie de gros
calibre s'abat sur nos premières lignes et les anciennes
lignes ennemies ; la 4e vague et le 1er Bataillon sont cloués
sur place.
A droite, la 7e Compagnie du 143e et la 5e
Compagnie du 8e Tirailleurs s'emparent de l'Ouvrage Triangulaire et
s'efforcent de nettoyer le boyau de l'Etang.
Au centre, les autres compagnies du 2e Bataillon ne peuvent atteindre
la tranchée de la Haie Renard qui, placée à
contre pente, a peu souffert de notre préparation
d'artillerie.
La 5e Compagnie (gauche du bataillon) est fauchée par les
mitrailleuses situées au nord de l'Ouvrage Triangulaire.
A gauche, les éléments du 3e Bataillon atteignent la
tranchée de la Haie Renard où s'engage une série
de combats individuels.
Mais l'ennemi qui a dû céder du
terrain monte rapidement une contre-attaque ; vers 16h 30, des
groupes descendent du Bois Fumin, d'autres débouchent par le
ravin des Fontaines.
Violemment contre-attaqués, puis sous le feu des mitrailleuses
qui tirent dans la direction de Retequebois, les
éléments les plus avancés du 143e RI, qui ont
progressé de 800 m environ dans la position allemande, sont
obligés de se replier pied à pied devant l'ennemi qui
ne peut cependant pas réoccuper son ancienne ligne.
Une seconde contre-attaque appuyée par
un violent bombardement est lancée par l'ennemi vers 18h 30 ;
ses unités regroupées dans la tranchée Viala
attaquent en force la gauche du 3e bataillon mais sont
arrêtés par nos grenadiers et par le feu de 2 sections
de mitrailleuses ; un violent barrage de notre artillerie interdit
à l'ennemi toute tentative nouvelle.
Le 143e reste maître en définitive
de la plus grande partie du terrain si chèrement conquis dans
l'après-midi.
L'effort déjà fourni par le 143e n'est cependant pas
achevé ; malgré la faiblesse de ses effectifs et sa
situation matérielle des plus précaires, le
Régiment doit garder à tout prix pendant 4 jours encore
le secteur qui lui est confié ; les 3 bataillons
extrêmement réduits ne forment plus que 3 compagnies,
les 3 compagnies de mitrailleuses n'en forment qu'une.
Du 18 au 22 août, le 143e repousse
toutes les tentatives de l'ennemi et maintient intactes ses positions
; chaque nuit même des reconnaissances sont
exécutées pour situer exactement l'ennemi et renseigner
notre artillerie.
Dans la nuit du 22 au 23 enfin, le
Régiment à bout de force est relevé.
Pendant ces huit jours de combats incessants, il a perdu 24
officiers et 940 hommes tués ou blessés.
Mais ce sacrifice n'a pas été
vain : le 143e RI a affirmé une fois de plus les solides
qualités qui lui avaient valu précédemment les
succès de Rozelieures, du Bois Sabot et du Mont
Têtu.
Embarqué en auto à Moulin Brûlé, le
Régiment va cantonner à Charmontois-l'Abbé.
Il y prend son repos jusqu'au 2 septembre. Durant ce laps de
temps, il reconstitue ses unités, grâce aux renforts
qu'il reçoit.
1916 - L'Argonne - Cote 304 -
Avocourt
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Le 14 septembre, après
étape intermédiaire aux Islettes, le Régiment va
relever dans le sous-secteur Marchand le 407e RI et défendre
les positions bien connues de la Fille Morte et des Courtes
Chausses.
Une nouvelle période va s'ouvrir ; le
Régiment va reprendre la guerre de tranchées dans
laquelle il montrera qu'il a conservé intacte son
expérience de la guerre des mines, qui a pris dans ce secteur
une extension formidable.
De gigantesques entonnoirs sont créés pour des
fourneaux de mines contenant jusqu'à 30 000 kg
d'explosifs.
Mais, quoique pénible, ce secteur n'est pas celui qui convient
à une troupe exercée et active.
"Ils
n'étaient pas des néophytes du front, les
hommes qui, après l'attaque imprévue du 21
février, venaient à Verdun.
Ils avaient connu toutes les misères, couru tous les
dangers. Ils ne connaissaient plus la peur. Ils allaient
indifférents, stoïques, inconscients, comme dans
un rêve... Ils étaient accoutumés. Ils
étaient les survivants des meurtriers combats de
l'Argonne et de l'offensive manquée de
Champagne.
Mais quand, à un détour
de la route encaissée, dans la nuit profonde, ils
purent voir plus loin que le talus, plus loin que la
forêt, le spectacle indescriptible qui s'offrit les
fit arrêter d'horreur. Ils étaient au centre
d'une circonférence de feu, ininterrompue,
circonférence d'astres éphémères
où l'or se mêlait aux émeraudes et aux
rubis, comme un collier précieux qui les eût
enserrés.
Droit devant eux, c'était le Mort-Homme et la cote
304 ; à droite, les Hauts-de-Meuse ; à gauche,
Avocourt et son réduit imprenable ; en
arrière, les avancées de la
Woëvre.
calvaire d'Esnes, cote 304 -
Mort-Homme - Bois de Cumières
Inoubliable coup dil
qu'une plume ne saurait rendre : il faudrait la palette
riche d'un Goya ou d'un Vélasquez. C'est devant de
tels tableaux que l'homme constate la vanité de son
effort, l'impuissance de sa rage, le vide de son cerveau, le
néant des sociétés,
l'imbécillité des nations, le mensonge de la
science, la vérité éternelle de l'art,
la beauté des songes, la sagesse des poèmes
d'amour..."
Source : "Le Mort Homme en
1916", raconté par André Joubert
http://chtimiste.com/batailles1418/combats/morthommet.htm
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Aussi, dès le 26 janvier, le 143e
se retrouve au Camp des Clairs Chênes près de
Rampont.
Il a comme mission de prendre des tranchées perdues sur la
Cote 304 à la suite d'une violente attaque
allemande.
Le 27, il va relever par un froid
terrible le 80e RI qui occupe le quartier Broquart, la
tranchée Vinatié et la tranchée Delhomme. La
température est de - 25°. Le vin et la bière
gèlent dans les récipients..."
https://www.stleger.info