Antoine Margerand

soldat au 23e R.I.C

 

Dans les actes de décès de Saint Léger sous la Bussière figurent des soldats "Morts pour la France" n'étant inscrits ni sur le Monument aux Morts ni sur la plaque à l'église.

Exemple, celui d'Antoine MARGERAND, soldat au 23e Régiment d'Infanterie Coloniale, classe 1908, recrutement de Versailles, numéro matricule : 3701, né le 26 décembre 1888 à Saint Léger sous la Bussière, "fils de Jean Baptiste Margerand, décédé, et de Jeanne Marie Augue sa veuve, sans autre renseignement", mort à l'hôpital temporaire de Dijon, 51 rue du Moulin, le 18 octobre 1914 "à six heures et demie du matin".

Cet acte est rédigé le jour même, "à dix heures du matin" à la Mairie de Dijon, "sur la déclaration de André Lamichel, trente neuf ans, infirmier, et Jules Aubert, quarante ans, agent de police, tous deux domiciliés à Dijon".
Il n'est transcrit dans les registres de Saint Léger sous la Bussière qu'un an plus tard par le maire Joseph Plassard.

 

L'historique du 23e RIC raconte :

"Parti de Paris, le 7 août 1914, après la mobilisation générale, le régiment, sous le commandement du colonel NEPLE, marche à l'ennemi.
Son effectif de départ comprend 67 officiers et 3126 hommes de troupe. De Revigny, où le régiment fut transporté par voie ferrée, il se porte dans la direction de Neufchâteau (Belgique), par étapes de 25 à 30 kilomètres.
La frontière belge est franchie à Flagny, à 3h35, le 21 août 1914. Le premier contact avec des éléments de cavalerie ennemie (1er régiment de Uhlans) est pris dans le village de Gérouville que l'ennemi évacue, de même que les villages de Jamoigne-les-Buttes et Rampongel.

D'après les renseignements verbaux recueillis, des détachements ennemis couvrent des transports de troupe dans la région de Neufchâteau, vers le nord-ouest. Le régiment ayant pour mission de couvrir le C.A.C (Corps d'Armée Coloniale) continue sa marche offensive vers Neufchâteau, précédé d'un peloton du 6e Dragons.

Le régiment est arrêté aux abords du village, d'abord par une fusillade peu nourrie, laissant croire à une faible occupation, puis par des feux très meurtriers, arrêtant net toutes les tentatives d'enlèvement de la position. Il devient évident que l'ennemi occupe depuis longtemps cette position, qu'il a repéré les distances de tir et pris toutes ses dispositions pour nous recevoir.
Tous les cheminements utilisables sont pris sous les feux meurtriers de leurs mitrailleuses. Néanmoins, et malgré les lourdes pertes subies à chacune des tentatives d'assaut, la progression se fait jusque sur la première ligne ennemie, mais les éléments qui y arrivent, la plupart sans officiers, sont tellement affaiblis que l'occupation en est très difficile.
Les unités disloquées et mélangées luttent péniblement pour la conservation du terrain conquis. Le colonel NEFLE est blessé mortellement pendant l'action.

 

 

Du 23 août au 5 septembre, le régiment, sous le commandement du lieutenant-colonel MAILLARD, suit le repli de l'armée, il se trouve occuper, le 6 au matin, en formation de combat, la position comprise entre le chemin de Thiéblemont à Ecriennes et le canal de Vitry à Saint-Dizier.

 

 

 

 

Le régiment reçoit là le choc de l'ennemi ; sous l'énergique impulsion du lieutenant- colonel MAILLARD, pas un pouce de terrain n'est cédé. Bien au contraire, le régiment progresse lentement, soumis à un feu violent d'artillerie.

Des mitrailleuses ennemies en position sur une péniche du canal prennent d'enfilade nos tirailleurs et causent de grandes pertes.
Le 1er bataillon, avec lequel marche le lieutenant-colonel et le drapeau déployé, enlève d'assaut les fermes de Tournay occupées très fortement.

 

 

Du 7 au 11 (septembre 1914), le régiment très décimé devient réserve d'armée. Il reprend, le 12 au matin, le contact avec l'ennemi en retraite. La poursuite continue jusqu'au 14, au nord-ouest de Ville-sur-Tourbe.
Le 15, le 23e reçoit la mission d'enlever le bois de Ville, fortement tenu par l'ennemi, de même que toutes les crêtes au nord. Au prix de très fortes pertes, la vallée de la Tourbe, battue très efficacement par l'artillerie adverse, est traversée et le régiment aborde les lisières du bois.
La progression, pied à pied, continue dans le bois, la lutte est acharnée, mais le régiment refoule complètement l'ennemi et s'installe aux lisières nord du bois, essayant même de progresser au-delà des lisières.
Malgré les violents efforts de l'adversaire, toutes les tentatives de celui-ci pour nous chasser de la position sont repoussées.

Le 16 septembre, le régiment très éprouvé reçoit l'ordre de progresser : chacune des tentatives se trouve arrêtée net par le tir très précis et excessivement efficace de l'artillerie adverse. A la nuit, le régiment peut progresser légèrement vers nord-ouest.
Le 17 et le 18, la situation n'est pas modifié ; plusieurs tentatives sont faites, mais toutes sont arrêtées par un tir toujours très précis de l'artillerie ennemie.
Le 18 au soir, ordre est donné de s'établir sur la position, un bataillon occupant le bois de Ville, les deux autres aux lisières nord du bois d'Hauzy.
Jusqu'au 28 septembre, la position est organisée défensivement. Les 28 et 29, l'ennemi tente, après de violents bombardements, de nous chasser de nos positions ; toutes ses tentatives sont repoussées."

 


 

C'est pendant ces combats qu'Antoine Margerand est blessé ou tombe gravement malade. Sur le site Mémoire des Hommes, il n'y a qu'une fiche au nom d'Antoine Margerand, soldat né en Saône et Loire :

 

 

La date de naissance indiquée est bien celle de "notre" Antoine. Le secret médical évoqué correspond parfaitement à la présence d'Antoine Margerand "à l'hôpital temporaire de Dijon", rue des Moulins (1), hôpital de l'arrière où sont soignés les soldats blessés et malades évacués du front.

(1) La rue des Moulins est devenue la rue Charles-Dumont en 1922. Elle aboutit au sud de l'église Saint Pierre et s'appelait jadis rue du Temple, à cause de la commanderie des religieux de St Jean de Jérusalem qui s'y étaient établis.
Elle avait pris ce nom parce qu'elle menait au moulin de St Etienne qui existait là depuis le IXe siècle et au moulin Bernard. On trouvait dans cette rue, à l'époque d'E.Fyot, la propriété du Castel. Maintenant se trouve à cet emplacement le lycée du Castel qui aurait pu accueillir l'hôpital temporaire.
Renseignement aimablement fourni par Jacques Pillien d'après l'ouvrage d'Eugène Fyot.

 

établissement situé Bd Voltaire à Dijon
Il a accueilli une école privée et après la guerre de 1914 (à partir de 1922 ?) le grand séminaire de Dijon.
Il accueille aujourd'hui, en 2011, les services du diocèse catholique et une maison de retraite pour prêtres âgés.

 

Où est localisé cet hôpital temporaire de Dijon pendant la guerre 1914-1918 ?

Le lycée Carnot, au 16 Boulevard Thiers, abrite alors l'hôpital temporaire N° 71. Un autre porte le N° 77. Un autre existe aussi Boulevard Voltaire... Il y a plusieurs hôpitaux militaires recensés à Dijon. Lequel est-ce ?
La sépulture d'Antoine Margerand ne se trouve pas au cimetière des Péjoces, seul cimetière de Dijon. (2)

(2) Serge LAETHIER a recherché pour moi dans le recensement informatisé qui vise les identités de toutes les personnes inhumées à Dijon. On peut même être renseigné s'il y a eu levée et transfert du corps vers une autre commune. Ce n'est pas la cas pour Antoine Margerand.

 

 

Du nouveau !

Ci-dessous un message des Archives municipales de Dijon donnant la localisation de l'hôpital temporaire au N° 51 de la rue des Moulins, là où est mort Antoine Margerand :

Monsieur,

En 1914, le 51 de la rue des Moulins correspond à l'adresse de l'Ecole Normale d'Instituteurs qui fut hôpital temporaire pendant le première guerre mondiale. Cette rue s'appelle maintenant la rue Charles Dumont.

Bonne réception.
Cordialement
Margaret Jacquette

 

 

En consultant la base MémorialGenWeb, on relève, parmi les 1931 noms de soldats inscrits sur le monument aux morts de Versailles, celui de Margerand A. C'est bien le nôtre.

Au moment de l'érection des monuments aux morts, l'un des critères de choix pour l'inscription des noms était le lieu de résidence du Poilu.
Antoine Margerand est recruté à Versailles et doit y résider avant guerre.

Mort à vingt-six ans à peine des suites de maladie contractée au combat, sa ville décide de l'inscrire dans la longue liste de ses enfants Morts pour la France.
Peut-être repose-t-il en paix au cimetière de Versailles ?

 

Du nouveau là encore !

Ci-dessous un message des Archives Communales de Versailles :

Monsieur,

(...) Je vous informe qu'après demande auprès du service Etat civil-Cimetières de la Ville, aucun des carrés militaires des cimetières de Versailles n'abrite la sépulture d'Antoine Margerand.

Une recherche dans nos collections vient confirmer cette information. Le fichier des inscrits sur les monuments aux morts conserve une fiche au nom d'Antoine Margerand sur laquelle il est indiqué que le 30 novembre 1915 un colis d'effets civils a été remis à son épouse mais sans mention de rapatriement ou d'inhumation de corps.

Regrettant de ne pouvoir répondre favorablement à votre demande, je vous prie de croire, Monsieur, en l'assurance de ma considération distinguée.

Corinne Hubert

 

 le Monument aux Morts de Versailles

 

 

 

 

 

https://www.stleger.info