BORDEAUX-PARIS
LES 23, 24 ET 25 JUIN 2006

 

Réaliser un Bordeaux-Paris en vélo, c'est une aventure, une épreuve d'endurance !

par Maurice Thomas, l'un des participants

 

"Quel cycliste ou quel cyclotouriste n'a pas rêvé un jour de faire un Bordeaux-Paris ? Cette épreuve mythique et historique, qui attire tous les deux ans entre 1800 et 2000 participants, est organisée par le T.C. Guyenne de Bordeaux.

A Saint Léger Cyclisme, cette épreuve était l'un des objectifs de 6 cyclo (sportifs) ou cyclo (touristes) pour cette année 2006. Pour certains d'entre nous, il s'agissait de la 2e ou 3e participation, mais pour d'autres, c'était la découverte de cette épreuve.

La décision de réaliser cette épreuve a été prise en début d'année 2006 par les 6 participants : Eric Geincheleau, Serge Launay, Claude Malicot, Patrick Morille, Jacques Rousseau et Maurice Thomas. C'est une nécessité de se fixer cet objectif tôt dans la saison, car il faut s'organiser et se préparer en conséquence. La préparation consiste à allonger les distances, donc les heures de selle, progressivement, dans l'avancement de la saison. Il faut être au mieux de sa forme à la date du Bordeaux-Paris. Le choix de cette préparation spécifique a été décidé ensemble : Cholet Pays de Loire (190 km), La Saint Sylvanaise (160 km), un circuit club de 320 km, les 24 heures d'Angers (460 km), tout cela espacé de trois semaines et entrecoupé des sorties dominicales en club, ou de sorties individuelles.

Lors de l'inscription, nous avions choisi la catégorie des moins de 36 heures, c'est-à-dire départ à 6 heures le samedi matin de Bordeaux, et arrivée avant 18 heures à Paris pour être homologué. Il y avait environ 1000 participants inscrits dans cette catégorie. Le reste était réparti entre la catégorie des moins de 28 heures (il faut être compétiteur) et la catégorie des moins de 48 heures (pour les adeptes du cyclotourisme). Pour la partie intendance, assistance, nous avions trouvé deux sympathiques accompagnateurs (cyclistes eux aussi) avec Maurice Grolleau et Dominique Pégé. Ils avaient un rôle important pour la réussite du projet, car il ne faut rien négliger. Il faut être présent à tout moment, savoir remonter le moral des troupes dans les moments difficiles, être aussi en forme car il faut tenir aussi deux jours sans dormir, prendre des photos ou filmer pour les souvenirs… Deux réunions nous avaient permis de prévoir au mieux, ou d'en oublier le moins possible.

 

au départ de Saint Léger sous Cholet le vendredi 23 juin 2006 à 14h30
Patrick Morille - Maurice Grolleau* - Claude Malicot - Eric Geincheleau - Jacques Rousseau - Serge Launay - Dominique Pégé* - Maurice Thomas

* Maurice Grolleau et Dominique Pégé étaient les assistants techniques de notre aventure : conduite du véhicule, organisation de la restauration, dépannage mécanique...

 

Le vendredi 23 juin, à 14h30, voilà donc le véhicule de location chargé (mini bus 9 places), et nous étions enfin prêts pour l'aventure. Direction Bordeaux pour un trajet de 3h30 avec une pause pour se dégourdir les jambes. Nous sommes arrivés au Centre de la Promotion Sociale de Cénon (commune de la banlieue de Bordeaux) où nous avions réservé les chambres et le dîner. Après une prise de possession de nos chambres, direction la salle de restaurant pour un dîner copieux et chargé de féculents et de sucres lents. Nous étions environ 150 à 180 cyclos à nous préparer pour le lendemain. Ce vendredi soir était aussi un peu spécial, puisque l'équipe de France de football jouait contre le Sénégal, un match de 1e phase de qualification pour la coupe du monde 2006. Bien sûr, les petits sportifs que nous sommes ont encouragé devant la télévision l'équipe nationale. Bilan : victoire de la France 2 à 0, et l'extinction des feux vers 23 heures.

Samedi matin 24 juin 2006 : Réveil difficile à 4 heures (maxi 5 heures de sommeil). Angoisse du départ dans deux heures. Il faut faire vite, se préparer car nous avons tous rendez-vous à côté de notre véhicule à 4h15, pour prendre la direction de la ligne de départ, située à Bègles, banlieue est de Bordeaux. Nous arrivons à Bègles à 4h45 où il y a déjà une certaine effervescence autour du stade de sport. Certains ont passé la nuit sous tente, d'autres en camping-car, et les autres comme nous affluent de part et d'autres de Bordeaux. Nous avons trois quarts d'heure pour aller chercher les dossards, préparer le matériel, nos affaires personnelles et absorber un petit déjeuner. Pour la préparation du vélo et de ses équipements personnels, chacun d'entre nous a en général son petit rituel. Vérification de la pression des pneus, pose des 2 plaques de cadre avec son numéro d'inscription, remplissage des bidons avec da la boisson énergisante, vérification de la lumière avant et arrière par des officiels, accessoires personnels et alimentation. Il est maintenant l'heure de s'infiltrer dans le groupe de départ, car déjà plusieurs centaines de cyclistes attendent.

Six heures précises ; c'est parti. Le jour se lève, le ciel semble peu nuageux, et le temps que le peloton s'élance, nous voilà partis pour une aventure de 640 km. Arrivée prévue à Paris le dimanche entre 12 heures et 15 heures en fonction des imprévus possibles. Sur cette épreuve, il y a 6 contrôles officiels, où chacun doit faire pointer sa feuille de route. C'est une obligation pour faire homologuer son résultat à l'arrivée. Le premier objectif est de rallier le contrôle n°1, distant de 145 km et situé à Ruelle (16), en trouvant un groupe qui roule à notre vitesse, sans trop nous disperser et faciliter nos assistants en cas de besoin rapide, un dépannage par exemple. Au bout d'une petite heure de route, un groupe d'environ 120/130 cyclistes se forme. On se cale au milieu, et on suit la cadence en restant très prudent. Les chutes en groupe sont fréquentes, et un abandon serait la fin de cette belle aventure. Juste un arrêt pipi dans la matinée, par 2 ou 3, car le groupe continue de rouler, et après s'être soulagé il faut revenir sur celui-ci, au prix d'un effort important entre toutes les voitures qui suivent et qui sont dans l'impossibilité de doubler. Les cyclistes respectent le code de la route, mais prennent quand même la moitié de la route. La discussion dans le groupe n'est pas interdite, bien au contraire : c'est l'occasion de faire connaissance et d'échanger ses bonnes aventures des années précédentes, ou de parler de son club. On rencontre aussi des gars du coin, vite reconnaissables par les couleurs du maillot : Le Puy St Bonnet, Beaupréau, Angers... Premier contrôle, Maurice et Dominique nous attendent, il fait beau, déjà chaud, il est 11h15 et c'est le déjeuner apprécié. Salades à base de pâtes, pâtes de fruit... Le samedi se passe sans soucis, on rencontre des groupes de plus en plus petits, car au fil de la journée, chacun trouve son allure. L'équipe de St Léger Cyclisme a aussi trouvé la sienne, en faisant des arrêts ravitaillement toutes les trois heures environ. Le temps est orageux, et parfois la route est encore mouillée par une nuée qui est passée avant nous. Sur notre route nous rencontrons régulièrement, en traversant les villes et villages, des gens qui nous encouragent, nous félicitent. Cela fait chaud au cœur et redonne de la force. C'est aussi le moment de découvrir des paysages, des petits villages, et les différentes architectures qui font le secret de leur beauté.

 

Maurice Thomas - Serge Launay - Patrick Morille - Claude Malicot - Jacques Rousseau

 

Quinze à vingt minutes à chaque contrôle sont nécessaires, pour pointer et se ravitailler en alimentation et en boisson. Une fringale ou une déshydratation sont souvent une catastrophe pour un cycliste. Nous pointons notre carnet de route à chaque contrôle : n°2 Isle Jourdain (86) km 233 ; n°3 Martizay (36) km 311. Là c'est le dîner préparé par nos 2 cuisiniers. Un changement de vêtements s'impose, il est 20h30 et c'est reparti jusqu'avant la nuit. Vers 22 heures, nous retrouvons notre véhicule avec Maurice et Dominique. C'est le moment de s'équiper en vêtements pour la nuit, et aussi de mettre les lumières sur le vélo, et s'équiper d'un baudrier réfléchissant. La nuit, il faut voir, mais surtout être vu.

Rouler la nuit, c'est très particulier, car si on distingue très bien la route devant soi avec nos lumières halogènes performantes, on n'en distingue pas le profil au loin. Quand on grimpe une côte, on ne sait pas sur quelle distance il faudra produire l'effort. On rencontre aussi des fêtards du samedi soir, avec lesquels il y a quelques échanges amicaux. On rencontre aussi des cyclistes couchés sur le bas côté près d'une voiture d'assistance, pour un moment de récupération ; une, deux, trois heures en fonction des besoins de chacun. A St Léger Cyclisme, on a choisit de ne pas faire de pause sommeil et de rouler toute la nuit. Nous passons les contrôles : n°4 Noyers (41) km 372 ; n°5 Salbris (41) km 434, avec un ravitaillement plus copieux pour se refaire une santé. Tous les moyens sont bons pour agrémenter la nuit, discussions entre nous, avec ceux que l'on rencontrent en roulant, petites histoires… Car il ne faut pas s'endormir !

Au lever du jour, le dimanche matin, nous avons fait un petit arrêt pour enlever nos lumières, et reprendre d'autres vêtements. Et là, surprise, nous avons eu une invitée qui n'était pas prévue : la pluie. En plus de la fatigue accumulée, cette pluie que nous pensions passagère n'a pas été bienvenue et nous a un peu rabaissé le moral. Il faut se remonter le moral en se disant que cette pluie n'est que passagère, et que le soleil reviendra bien à un moment ou un autre. Encore 150 km !!

Le début de la matinée se passe avec une progression normale. La pluie qui tombait par intermittence tombe maintenant en continu. Nous sommes bien trempés, malgré les vêtements de protection. Rouler en groupe dans ces circonstances n'est pas aisé, car l'eau projetée par la roue arrière du vélo qui nous précède arrose directement le visage du suivant. Voilà le contrôle n°6 situé dans un bar à Autruy sur Juine (45) km 540. Après concertation, on décide de ne pas se changer, cela ne servira à rien étant donné la pluie qui tombe sans cesse. D'ailleurs sur la rue principale, en pente, l'eau ruisselle abondamment. Un grand café, un pain au chocolat, remplir ses poches pour la fin du parcours, et c'est reparti. Il nous reste environ une centaine de kilomètres à parcourir avant d'arriver sur la ligne d'arrivée.

 

pause bière - et eau ! - sur une place d'église, pendant l'heure de la messe

 

La fin du parcours est difficile, car elle est très vallonnée, et nous avons hâte d'arriver à Paris. Ces bosses dans la banlieue nous paraissent interminables, et même les descentes sont dangereuses. Avec la pluie, les freins ne répondent pas correctement. Dommage car, avec ce temps de chien, nous n'apprécions pas normalement les paysages. Sur les cinq derniers kilomètres, les carrefours principaux sont sécurisés par des bénévoles, la tête sous le parapluie, et qui nous encouragent en nous communiquant la distance restante. On n'ose même pas les croire : 2 km, 1 km, 500 mètres, et voilà on aperçoit la ligne d'arrivée. Nous la franchissons tous ensemble pour le plaisir. Quel bonheur !! nous sommes dimanche midi, il est 12h30. On se félicite : 633 km au compteur.

 

arrivée à Paris le dimanche midi 25 juin à 12h30
Maurice Thomas - Jacques Rousseau - Serge Launay - Patrick Morille - Claude Malicot

 

C'est ensuite la récupération du diplôme, imprimé dès notre arrivée grâce à l'informatique et au code barre situé sur notre plaque de cadre. Maurice et Dominique, nos assistants, sont là pour faire la photo souvenir dans l'état où nous sommes. Il ne nous reste plus un centimètre carré de sec.

Il faut vite récupérer nos vêtements de ville, pour aller à la douche récupératrice. On s'imagine déjà sous l'eau chaude en train de se refaire une santé. Eh bien non ! les vestiaires de la salle de sport sont sales, le sol est couvert d'eau et de terre, suite au passage de ceux qui ont réalisé un meilleur temps que nous. Eh surprise, il n'y a plus d'eau chaude. La douche sera donc froide. Déçus ? oui. Mais il paraît que c'est excellent pour la circulation du sang… Pour nous réconforter, il nous reste le repas servi ensuite sous des petits chapiteaux qui nous protègent de cette pluie qui n'en finit pas de tomber. Nous apprécions enfin un repas complet avec une bonne bière en se remémorant déjà les bons et les moins bons moments.

 

 

Il est 14 heures, et c'est le départ de Paris en mini bus, vers Saint Léger sous Cholet. A partir de ce moment, c'est dans une confiance totale en nos deux chauffeurs que nous nous abandonnons dans un sommeil plus au moins profond. Dans notre inconscience, on pédale encore. C'est le début de la récupération après ces 633 km parcourus et une nuit complète sur le vélo.

Arrivés à St Léger, on a l'impression d'aller mieux, d'avoir récupéré, mais nos têtes prouvent encore le contraire.

Comme toujours lors de grandes sorties comme celles-ci, nous retrouvons nos épouses qui sont au foyer du club Saint Léger Cyclisme et qui ont préparé le dîner. Photos tous ensemble, apéro, souvenirs, et c'est en appréciant ce bon dîner que nous partageons les derniers moments de celle belle aventure sportive et humaine, contents d'avoir réussi notre objectif."

 

photo de famille(s), dans la cour de la mairie, au retour à St Léger

 

apéritif au local du club avant le dîner - le début du réconfort

 

avant l'effort / après l'effort

  

  

 

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