5 octobre 1910

un monoplan s'écrase à Boissy Saint Léger

 

 

Le prix Michelin d'aviation

Proposé par les frères Michelin, Edouard (1859-1940) et André (1853-1932), le 6 mars 1908, il allait récompenser d'une somme de 100 000 francs or le premier aviateur réalisant un vol Paris / sommet du Puy de Dôme (1 450 m d’altitude), en faisant le tour de la cathédrale de Clermont-Ferrand, en moins de 6 heures, à bord d'un aéronef avec 2 occupants.

Au moment de la création de prix, le record de durée de vol établi par Henry Farman n'est que de 1 min 28 s, ce qui explique l'accueil railleur de la presse à l'annonce de la création du prix, l'Aurore titrant par exemple : "Paris-Clermont en avion, la bonne blague !"

 

le Puy de Dôme - le laboratoire et le pylône de TDF

 

Léon et Robert Morane

Fils d’un riche industriel, Léon (1885-1918) et Robert (1886-1968) Morane grandissent à Paris dans un famille passionnée de technique. Leur père, fervent de mécanique et de machines hydrauliques, les entraîne dans les expositions universelles de 1889 et 1900 visiter les dernières nouveautés, en particulier les fameux moteurs à explosion. En 1898, le père offre à ses deux fils un tricycle propulsé par un moteur de 1,75 ch. Léon a alors 13 ans, et son frère Robert, tracté en remorque, 12 ans.

 

Robert (à gauche) et Léon Morane en 1910
La passion de la vitesse les anime l’un comme l’autre.

 

Léon Morane en 1910 décroche deux records du monde :
de vitesse avec 106 km/h et d’altitude avec 2 500 m.

 

Léon Morane sur le Blériot XI de ses nombreuses victoires 1910

 

Qui va gagner le prix Michelin ?

C'est le 7 mars 1911 qu'Eugène Renaux et son passager Albert Senoucque remportent le prix, en réalisant le vol en 5 heures 10, ravitaillement compris. À l'époque, une telle distance n'avait jamais été parcourue en avion.
Une stèle est inaugurée en 1923 sur le sommet du Puy de Dôme, à l'endroit où les 2 aviateurs se sont posés.

 

7 mars 1911 - arrivée d'Eugène Renaux au sommet du Puy de Dôme

 

Cette tentative victorieuse faisait suite à 2 tentatives avortées :

 

chute des frères Morane - Boissy Saint Léger

Léon Morane attribue sa chute à la rupture d’un câble de gauchissement de l’aile. Blériot se défend en affirmant qu’un bidon d’essence mal arrimé dans le fuselage a bloqué les commandes.

 

après la chute : les sièges vides

Le feuillage avait été apporté par les premiers témoins pour y étendre les aviateurs blessés.

 

L'aviateur Morane et son frère font une chute terrible

article du Gaulois - 6 octobre 1910

"Hier matin, à neuf heures et demie, l'aviateur Léon Morane prenait à bord Robert Morane, son frère, et s'envolait du champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux pour conquérir le prix Michelin que Weymann, on s'en souvient, manqua de si peu de s'adjuger le 7 septembre dernier. Il s'agissait de franchir en six heures les quatre cents et quelques kilomètres qui séparent le parc de l'Aéro-Club, à Saint-Cloud, de l'observatoire du Puy-de-Dôme. Ainsi que le règlement l'exigeait, Morane alla donc tout d'abord se faire chronométrer au-dessus des coteaux de Saint-Cloud. Il le fut officiellement à 9 h 48' 43" 3/5. Après quoi son merveilleux petit Blériot, moteur Gnôme 100 HP, hélice "Intégrale" Chauvière, fila dans la direction du sud-est.

Tout paraissait devoir marcher à merveille quand à Sucy-Bonneuil, près de la route stratégique, et non loin de Brévannes, l'appareil s'abattit tout à coup dans un champ de topinambours, et, par la vitesse acquise, y creusa un sillon de plusieurs mètres avant de s'y bloquer avec la violence qu'on imagine. Il était dix heures quinze exactement. Des passants accoururent, puis le personnel de l'hospice de Brévannes, mandé en toute hâte. On dégagea les deux hommes qui gisaient sous les débris de leur aéroplane, et tous les soins possibles en pareille occurrence leur furent aussitôt prodigués.

Léon Morane, bien que blessé très grièvement, fut admirable de sang-froid. Vers une heure, les deux frères étaient transportés à l'hospice de Brévannes, où plusieurs médecins les examinèrent. Robert Morane portait à la tête une blessure béante qui avait tout d'abord fait craindre une fracture du crâne. Ce n'était par bonheur qu'une plaie superficielle. Mais il avait au surplus une fracture de la jambe droite et une luxation de la hanche gauche. Quant à Léon Morane, outre une double fracture de la jambe gauche, il souffrait de douleurs internes qui inspiraient aux médecins les plus vives inquiétudes.

On pensa d'abord que l'accident était dû à une rupture de la commande de gauchissement. Il n'en était rien. Après une minutieuse visite de l'appareil, on s'aperçut qu'un bidon d'essence, placé défectueusement, avait immobilisé la commande en question, de même que le gouvernail de profondeur."

 

l'appareil des frères Morane après la chute - agrandissement ici

 

 

article de L'Aurore - jeudi 6 octobre 1910






 

article de L'Aurore - vendredi 7 octobre 1910


 

 

 

 

Sources et liens :

 

 

 

 

https://www.stleger.info