L'inauguration de la statue de Vauban en 1905 

 

Dans la contrée Vauban, alors qu'Avallon, depuis le 26 octobre 1873, et Bazoches, depuis le 28 août 1900, avaient rendu hommage au Maréchal de Vauban en lui érigeant une statue, il fallut attendre 1905 en son village natal.

 

Avallon - la statue et la promenade Vauban

 

 Avallon - la place Vauban

 

Ce 10 septembre 1905, à 11 heures, Bienvenu Martin, président du groupe radical-socialiste, ministre de l'Instruction Publique des Cultes et des Beaux-Arts, dévoile enfin, place du Montoir à St Léger Vauban, l'œuvre d'Anatole Guillot.
La Philarmonique d'Avallon joue la Marseillaise.
Les braillards font silence.
Leur charivari cesse grâce à l'intervention des gendarmes à cheval.

 

 
Bienvenu Martin  

 

Ensuite, le cortège officiel s'arrête à la poste pour inaugurer le téléphone et regagne la mairie où un banquet de plus de 200 couverts est servi.

De leur côté, les bruyants opposants déjeunent chez le citoyen Doyen, s'enflamment de discours, et, en début d'après-midi, au nom du peuple, prennent possession de la statue de Vauban.

 

arrivée et réception du ministre à la mairie de St Léger Vauban
avant l'inauguration de la statue du Maréchal Vauban, le 10 septembre 1905
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St Léger Vauban - inauguration de la statue du Maréchal Vauban, le 10 septembre 1905

 

En cette mémorable journée, Vauban fut donc doublement honoré, officiellement et populairement.
Mais au moins deux personnalités, et non des moindres, furent brocardées : le ministre Bienvenu Martin et le député d'Avallon, Etienne Flandin.

 

 
Etienne Flandin 

 

La revue L'Yonne du 14 septembre 1905 rend compte d'une contre-manifestation organisée par les amis d'Albert Gallot.
Ce dernier a subi trois échecs depuis 1900 :

Le premier aux élections législatives de 1902 et à celle, partielle, de juillet 1905 à Auxerre.
Le 27 avril 1902, Etienne Flandin l'emporte sur Albert Gallot.
Le 11 ami 1902, Bienvenu Martin élimine Philippe, gendre et neveu d'Albert Gallot, qui est à nouveau battu par Félix Milleau à la partielle d'Auxerre du 13 août 1905.
Bienvenu Martin élu sénateur devant être remplacé, lui succède donc Félix Milleau, soutenu par Le Bourguignon, dont Bienvenu Martin est l'un des fondateurs.

Le deuxième au plan de la presse politique départementale.
Le Bourguignon, devenu en 1900 premier journal du département, ne porte plus seulement ombrage à L'Yonne d'Albert Gallot, quotidien depuis 1888.
Il a permis aux députés radicaux du département de marquer leur indépendance par rapport à Gallot et, maintenant, de le contester sur son propre terrain, celui du radicalisme.
Et ce, avec succès, par l'élection du radical Félix Milleau.

Le troisième sur le texte de loi séparation Eglise-Etat.
Ce projet de loi, déposé par Bienvenu Martin, est voté le 3 juillet 1905 par la Chambre des députés et par tous les députés du département (341 voix pour, 223 voix contre) et est adopté par le Sénat le 6 décembre 1905 (179 voix pour, 103 voix contre).

 

la statue du Maréchal Vauban, dans son pays natal, inaugurée le 10 septembre 1905

 

L'Yonne et Albert Gallot critiquent ce qu'ils considèrent comme une caricature de séparation. Ils estiment, ce qui n'est pas le cas, que les biens de l'Eglise doivent revenir entièrement à l'Etat.

L'Yonne relève que "Flandin lui même ayant voté la loi (…), c'est là un signe de l'excessive modération du texte (…)"
D'où la colère vertement exprimée, les clameurs injurieuses à l'encontre de ministre de l'Instruction Publique et du député d'Avallon lors de l'inauguration de la statue à St Léger : "A bas Flandin ! A bas Martin ! A bas l'ours ! A bas la calotte ! Vive la Sociale ! A bas l'Armée !"

Camille Lebossé

 

Ouest Eclair - mardi 12 septembre 1905

La Lanterne - vendredi 22 septembre 1905

 

 

 

 

 

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