"e me souviens..."

par Jocelyne, dont les parents tenaient une mercerie près du canal.
Son enfance est peuplée de souvenirs qui lui reviennent peu à peu..

e café Delorme louait des écuries pour les chevaux qui tiraient les péniches de charbon. J'entendais les chevaux remuer. Je me souviens que j'avais peur de ces bruits la nuit.

Le vieux grand-père Bony de la boulangerie qui sciait le bois qui servait à chauffer son four. J'allais réveiller le boulanger dans l'après-midi pour qu'il reprenne son travail.

Pour la fête de Saint Léger, à la Pentecôte, j'aidais "la Tante Bony" à la préparation de brioches rondes qu'elle faisait seulement à cette occasion.

Pour les Rameaux, on allait à la pâtisserie Hyot pour acheter des biscuits en forme de petites couronnes que l'on suspendait à notre branche de buis. Je me souviens que ces biscuits étaient très durs, peut-être pour que nous n'ayons pas la tentation de les manger avant la fin de la messe.

J'entendais hurler les bêtes que l'on abattait dans les boucheries Baracco et Albert. Je me souviens que je me bouchais les oreilles et que j'allais me cacher.

Mes frères allaient chercher une mesure d'asticots chez le boucher pour aller à la pêche. Il nous donnait de la viande avariée pour pêcher les écrevisses dans le canal.

our Pâques et pour la Toussaint, maman m'achetait un chapeau neuf chez madame Ragot, la modiste de Saint Léger. Je me souviens que le chapeau choisi par maman ne me plaisait pas toujours.

Les premières clientes de mes parents étaient les couturières qui venaient tôt le matin pour acheter ce dont elles avaient besoin pour travailler.

J'allais chez le crémier, M. Becker, avec un bol ou un pot à moutarde vide qu'il me remplissait de crème. Je me souviens qu'en revenant je trempais mon doigt dans la crème pour la goûter.

Le dimanche matin, en sortant de la messe, j'allais chez Mme Robert pour acheter des caramels à 1 franc, des rouleaux de réglisse, des boîtes de coco et des roudoudous. Je me souviens que j'avais la langue toute noire, et que je me coupais parfois avec les boîtes de coco en fer.

L'épicier ne vendait des oranges qu'en hiver, surtout au moment de Noël. Je me souviens que Noël avait toujours un goût d'orange.

Pour la fête des mères, Mme Beaudequin nous remplissait une petite bouteille avec de l'eau de Cologne ou de l'eau de lavande. Je me souviens que l'eau de Cologne était dans un petit tonneau en verre avec un petit robinet et que ça sentait bon.

ous allions acheter nos légumes frais chez le jardinier M. Découdras.

J'allais chercher le lait à la ferme avec ma copine Thérèse. Mme Bossu "tirait" la vache devant nous, remplissait nos timbales et on rentrait en faisant tourner nos bidons. Je me souviens que nous les renversions quelquefois.

Pour la rentrée des classes, je faisais la queue devant chez Gourat pour acheter les fournitures scolaires.

Pour mon anniversaire, j'allais à la librairie choisir un livre du "Club des 5".

Pour ma communion, j'ai eu un chapelet en nacre acheté chez le bijoutier M. Villeneuve et un coffret provenant du magasin "Les céramiques de la Dheune".

J'ai choisi un vélo chez monsieur Bouteille pour mon certificat d'études. Je me souviens qu'il était vert. Je me souviens qu'il était beau.

Chez le maréchal-ferrant, il y avait une forte odeur de corne brûlée. Je me souviens que ça sentait mauvais.

Deux fois dans l'année, le rémouleur passait dans les rues pour aiguiser les couteaux, les ciseaux, les rasoirs. Je me souviens qu'on l'appelait "l'aiguisou".

n hiver, la famille Heitzman ramassait la ferraille, les peaux de lapins, rempaillait les chaises et fabriquait des paniers. A la belle saison, ils partaient sur la route dans une roulotte tirée par un cheval. Je me souviens que je pensais qu'ils allaient dans des pays étranges et merveilleux...

 

 

 

 

 

carte écrite en 1901

 

 

1905

1918

 

 

1908

 

 

carte postale oblitérée en 1925

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l'église en 1930

 

 

 

 

 

 

 

 

L'église et son oq

Le samedi 3 décembre 1988, un cortège quelque peu insolite se promena dans les rues de St Léger. Dans une charrette décorée de rubans multicolores se pavanait un bel oiseau en cuivre de 10 kg. A son côté, le vieux coq, descendu de son perchoir, peu resplendissant. Il n'avait pas été épargné par les outrages du temps. Le privilège de dominer le village a quelques inconvénients : tempêtes, chaleur, neige, foudre... Il lui manquait sa queue qu'une institutrice avait retrouvée quelque temps auparavant dans la cour de récréation de l'école des filles.

La balade respectant la tradition de compagnonnage permit à tous d'admirer et même de toucher le rutilant symbole de vigilance prêt à prendre son envol.

Le dimanche 4 décembre, après la messe et la bénédiction, trois alpinistes hissèrent le nouveau coq à 40 m du sol et le fixèrent au sommet du clocher, malgré des conditions météorologiques très défavorables.

Quant au vieux coq, ayant retrouvé sa queue, il fut accroché bien à l'abri à l'intérieur de l'église. Pense-t-il quelquefois à son jeune congénère qui veille maintenant sur le village ?

Tiré de "L'Almanach 2013 de Saint Léger sur Dheune" édité par "Les Amis de Saint Léger"

 

 

 

 

la mairie, l'église et l'école - oblitération de 1908

 

 

 

 

la mairie et l'église

 

 

 

 

la mairie et l'église

 

 

 

 

 

 

l'église, la mairie et l'école

 

 

15 janvier 1971: installation du hauffage central à la mairie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la rue du Pont

 

 

 

 

  
la rue du Pont en 1935

 

 

 
la rue du Pont, au premier plan - après le carrefour, la rue du Lieutenant Chauveau
au carrefour à droite, la rue du Reulet - au carrefour à gauche, la rue du 8 mai 1945

 

 

Pont et Grande Rue

 

 

 

  

 

 

 

 

 

la rue du Lieutenant Chauveau en 1977

 

 

le quartier du centre - la rue du Lieutenant Chauveau

 

 

la pastille rouge indique l'ancien Hôtel des Voyageurs

 

 

l'Hôtel des Voyageurs, situé juste après le pont du canal
au coin de la rue de la Gare et de la route de St Bérain
à remarquer l'écriteau à droite, à demi caché par un volet : "Ici on loge à pied et à cheval"
on acceptait tous les types de voyageurs, dont les voitures hippomobiles

 

 

 

 

 

 

Les déménagements - la aint artin

Jusque dans les années 1950, les déménagements se faisaient le jour du 11 novembre. Les gens déménageaient souvent, car presque tous étaient locataires et pour quelques francs de moins ou autres petits avantages, ils changeaient souvent de logement.

En ville, cela se faisait sans bruit, tandis qu'à la campagne, c'était une journée folklorique. Tout devait se faire dans la journée. Souvent le logement que l'on quittait était repris par un autre locataire, alors il fallait faire vite.

Tôt le matin, le travail commençait. Sur un char tiré par un cheval, il fallait mettre d'abord la cuisinière à charbon avec les tuyaux, la table, le buffet, les chaises, le matériel pour cuisiner, les assiettes, verres, et couverts, sans oublier du bois et du charbon. Suivaient les chambres, armoires, commodes, lits-sommiers, matelas et les cartons remplis de literie.

Il ne fallait pas perdre de temps. Sitôt le char plein, c'était le départ pour la nouvelle demeure. Parfois, sur la route, deux convois se croisaient et l'on pouvait entendre les quolibets qu'ils échangeaient : "Alors, t'les emmènes, tes puces" ? Et l'autre de répondre : "Non ! j'les change de place !"ou bien : "T'as pas oublié le pucier ?"

Il y avait aussi les chiens que l'on attachait après le char. En ce qui concerne les chats, il fallait les mettre dans le noir dans un panier ou une caisse, car on prétendait que s'ils voyaient le chemin, ils reviendraient à leur ancienne demeure.

Nous, les enfants, à notre grande joie, on nous trouvait une place entre les meubles sur le char. Pour nous, c'était un jour de rigolade.

En arrivant au nouveau domicile, il fallait en premier monter la cuisinière et, s'il y avait de la suie dans le tuyau, c'était une partie de barbouillage.
Les femmes allumaient le feu et commençaient à faire le repas de midi. Pendant ce temps, les hommes s'activaient à remonter les armoires et les lits avec le sommier et les matelas.
Vers midi, ce premier et plus gros travail devait être terminé.

Après un frugal repas suivi d'un café et de la "goutte", les hommes repartaient pour un deuxième chargement : le charbon, les pommes de terre, les outils et tout ce qui avait été accumulé au grenier et dans la cave, sans oublier les cages à lapins avec leurs locataires : poules, canards, etc.
Ce dernier voyage commençait à "peser lourd dans les bottes" comme ils disaient. On finissait de ranger tant bien que mal le contenu du dernier char. Les femmes avaient préparé la soupe et à table tout le monde prenait un peu de repos, car la journée avait été dure, mais égayée par quelques "lichettes" de vin.

Une nuit réparatrice, et la vie reprenait son cours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la route de Chalon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la place et la route de Chalon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la rue de Chalon - 1914

 

 

 

 

 

 

es accoucheuses

A St Léger, dans la famille Drain qui habitait la vieille route de Chalon (avenue de Lustin), 3 générations de sages-femmes se succédèrent. A cette époque, dans les années 1910, les mères transmettaient leur savoir-faire à leurs belles-filles les brus, mais pas à leurs filles.
La dernière de la famille, Marie-Louise, qui est morte en 1934, a fait son dernier accouchement en 1925.

Voici une anecdote : Marie-Louise fut appelée pour l'accouchement d'une bohémienne dans le moulin d'Aluze. En ces années, on ne parlait pas d'autos pour se déplacer. A pied, elle se rendit sur les lieux et fit l'accouchement, mais elle se rendit compte qu'il n'y avait que très peu de linge pour emmailloter le nouveau-né.
Sur le chemin du retour, ce dénuement lui revenait sans cesse à l'esprit. En arrivant chez elle, elle trouva quelques linges, les rassembla vite et retourna au moulin où cette fois elle langea correctement l'enfant qui, sans cela, allait à une mort certaine.
Un très bel acte de conscience professionnelle et un très grand coeur.

 

 

quartier de la vieille route de Chalon

 

 

 

 

la vieille route de Chalon

 

 

 

 

 

 

 

 

 la nouvelle route de Chalon

 

 

1913

 

 

1905 - vue du Vernay, et non pas du Vernet - la légende est erronée
photo prise du talus qui deviendra plus tard la route neuve pour se rendre à Chalon-sur-Saône
là coule un cours d'eau, le Vernay, et poussent les vernes (les aulnes)
 

 

 

cadastre de 1827 - voyez le port, le Vernay, le Reulet

 

 

"Etre ou ne pas être de Saint Léger"
les moulins, les plâtrières, la mine, les tuileries
le canal, la Dheune, la gare, la viticulture
Ils sont venus à Saint Léger, les guerres, les écoles
les associations

 

 

 

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