René Félix

l'appel du chemin

 

 

Parti du Puy-en-Velay, René Félix a mis 56 jours pour atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle.
Un voyage aussi spirituel. - Photo : Mado Begnis

 

Il ne devait faire qu'une étape vers Saint-Jacques-de-Compostelle. René Félix est finalement allé au bout du chemin. Et de lui-même.

Cinquante-six jours "hors du temps". Depuis le début des années 2000, alors qu'il côtoyait un collègue de travail en quête de spiritualité qui avait "fait" Saint-Jacques-de-Compostelle, le désir de faire l'expérience de ce "camino" trottait dans la tête de René Félix. Maintes fois repoussé par les obligations et les aléas de la vie, il y avait presque renoncé. Désormais à la retraite, un périple de 10 jours à vélo durant l'été avec Lydie, son épouse, fait resurgir ce projet et mûrir une décision prudente et réfléchie : il fera ce chemin par étapes.

Très vite le doute s'installe  

Le crédential (passeport du pèlerin) en poche, il quitte Le Puy-en-Velay le 30 août 2020 dernier. Très vite mûrit l'idée de ne pas s'arrêter et d'aller jusqu'à Santiago. Très vite aussi, quelques étapes plus loin, le doute s'installe. Le "mal du chemin" que connaissent bien des pèlerins s'invite et freine son élan. Ampoules, pieds enflés, douleurs stoppent l'enthousiasme et l'obligent même à consulter un médecin. Il marque le pas, puis tout rentre dans l'ordre et au bout de quelques semaines, il a conscience d'être isolé dans une sorte de bulle.

 Seul !

Bien sûr, il y a du monde sur le chemin mais il n'en reste pas moins que l'on est seul. Marcher seul dans un premier temps est d'ailleurs pour René un besoin. "Je n'avais pas envie de partager. J'avais peur qu'on me vole mon chemin" confie-t-il. Le beau temps, l'immensité et la beauté des paysages qui vous tirent parfois des larmes d'émotion vous plongent dans de longs temps de méditation. Avec beaucoup d'humilité, on se retrouve face à lui-même : retour sur soi, sur sa vie, sur sa foi. Se rendre compte qu'il y a des choses futiles. Surgissent parfois des souvenirs d'enfance comme ces pèlerinages qu'il faisait en famille, à pied, depuis son village natal jusqu'au sanctuaire de La Salette.

 Jusqu'au bout

C'est décidé, il ira à Santiago et poursuit l'aventure après un bout de chemin avec Lydie venue le rejoindre dans le Lot pour un week-end. La route ne sera sans doute pas un long fleuve tranquille.

Il y a déjà, dès la frontière espagnole franchie, l'épreuve de la langue qui accentue la solitude, une certaine appréhension face à l'état sanitaire (le Covid est partout), la promiscuité dans les auberges, le froid de novembre même si on se fait à l'inconfort. Mais il y a aussi ce chemin qu'il découvre, son histoire, de nouveau paysages, les rencontres... Et cette sorte de rite qui s'installe avec un groupe avec lequel il partage, chaque soir à l'étape, après avoir marché chacun de son côté dans la journée.

Puis, enfin, le grand moment d'émotion de l'arrivée à Santiago. Ce Graal vers lequel il a tendu pendant 56 jours, émotion tempérée par l'impossibilité d'entrer par la grande porte dans la cathédrale en travaux. Passant, un peu déçu, par une porte latérale, il n'en a pas moins atteint son but. Ce ne sera pas la fin du voyage. Le mot "fin", il l'écrira un peu plus loin le 28 octobre à Fristerra devant la borne du kilomètre "0", face à l'océan, au bout du bout !

Rentré chez lui à Saint-Lager-Bressac, René a repris la vie quotidienne avec, au fond de lui cet appel du chemin qu'il ressent toujours, avec l'envie de repartir "pour rendre cette bienveillance" qu'il a reçue. Accompagner quelqu'un dans un contexte plus collectif, peut-être humanitaire. L'idée fera sans doute, elle aussi, son chemin.

 

 

L'Hebdo de l'Ardèche du 24 janvier 2021

 


 

 

 

Pas après pas, sur le chemin
de Saint-Jacques-de-Compostelle

 

 

Équipé d'un sac à dos léger, d'une bonne paire de chaussures et d'une sacrée volonté, René FELIX, la petite soixantaine, Saint-Lagérois depuis 1995 est parti sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

L'idée est née 20 ans plus tôt. La persévérance d'un collègue de travail non sportif et bon vivant, en recherche de spiritualité, qui vient d'effectuer cette traversée à pied. Les années passent, d'autres projets sont réalisés et l'idée germe jusqu'à cet été 2020 où le déclic a lieu. Spontanément, il achète les guides, regarde la carte et part presque sans préparation, à part sa bonne condition physique.

Le 30 août, jour de départ ! A raison d'environ 25 km par jour, René doit pouvoir rallier le Puy-en-Velay (43) à Cahors (46) en 2 semaines, son objectif premier.

 

 

Chaque aventure se définit par son lot d'imprévus et au bout d'une semaine de marche, une grosse tendinite au pied vient contrarier la cadence de René. Ralentir, réduire ses distances journalières, ça passe encore ; mais arrêter ce périple sûrement pas ! René continue et fait fi de sa douleur.
La marche est contemplative, méditative, addictive.

Arrivé à Cahors, René ne peut se résoudre à arrêter. Son épouse, Lydie, venue comme prévu le chercher, repart seule. Lui poursuit son aventure. René prend plaisir à marcher, à marcher seul, par tous les temps. Déconnecté des informations, il est "dans sa bulle, dans son cocon méditatif" comme il dit. Il oublie les kilomètres et avance, pas après pas. Happé par la beauté des paysages, le mot clef de son périple est la bienveillance :
Bienveillance à l'égard de ce que lui offre la Nature ;
Bienveillance à l'égard de l'histoire de Saint-Jacques et plus généralement à l'égard de la souffrance des hommes au fil des ans ;
Bienveillance à l'égard des hommes et des femmes rencontrés sur le chemin et dans les gîtes ;
Bienveillance envers soi.

 

 

Si cette marche constitue un défi sportif incontestable, cette aventure est avant tout une quête spirituelle, un retour à l'essentiel, aux besoins primaires. Pour décrire ses rencontres, nombreuses et marquantes, René raconte comment le fait d'être tous guidés par un même objectif, a rendu les rapports très conviviaux, et a atténué toutes les différences ; parce qu'importe le rang social, la vie ou les motivations premières… ce ne sont que de simples marcheurs, des pèlerins en quête de simplicité et d'authenticité.
L'important n'est pas ce qu'ils ont laissé derrière eux, ni même ce qu'ils sont venus chercher. L'essentiel pour tous, est de ne pas (ou plus) avoir peur de se trouver, de se retrouver. Cette traversée oblige à prendre du temps pour soi et à la fin, permet au moins de savoir ce que l'on ne veut plus.

D'ailleurs René a repoussé cette fin : arrivé à Saint-Jacques-de-Compostelle le 25 octobre 2020, au pied de la cathédrale, Compostela en poche (certificat de pèlerinage) et 1 525 km dans les baskets, René poursuit son chemin jusqu'à Cap Finisterre, au bout du bout, 90 km plus loin, là où la route s'efface devant l'immensité de l'Atlantique.

Au final, après 58 jours de marche, René retrouve Saint-Lager-Bressac et les siens. Ayant pris le train puis le bus jusqu'à Le Pouzin, il nous apprend qu'il est rentré à pied, par la voie douce de la Payre, pour une reconnexion en douceur.

 

 

Bulletin municipal 2020

 


 

 

 

La coquille Saint-Jacques
sur les chemins de Compostelle

 

 

Au début des pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle, les marcheurs ramassaient des coquilles qu'ils trouvaient sur les plages de Galice et les portaient fièrement à leur retour comme preuve de leur périple et comme souvenir.

Depuis l'Antiquité, les coquillages étaient portés pour se protéger de la sorcellerie, du mauvais sort et des maladies. Pour ces raisons symboliques, la coquille s'est imposée comme attribut de l'apôtre saint Jacques, dont elle a pris le nom. Les pèlerins l'accrochaient à leur sac, leur chapeau, leur cape ou encore leur bourdon. La coquille est devenue le symbole des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle leur permettait de se distinguer des autres voyageurs, de boire dans les fontaines et demander l'aumône aux habitants.

Aujourd'hui la coquille Saint-Jacques est toujours l'attribut du pèlerin moderne. Les jacquets du XXIe siècle partent souvent avec un coquillage décoré ou personnalisé. Elle fait partie de la panoplie du marcheur et décore fièrement les sacs.

La coquille Saint-Jacques est naturellement devenue le symbole général du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle avec le logo européen représentant l'emblème de la coquille en jaune sur fond bleu. Les marcheurs en route vers Compostelle rencontreront des coquilles de toutes formes, toutes matières et toutes couleurs sur les panneaux, en décoration ou encore sur leur crédencial.

Source : https://www.via-compostela.com/fr

 

 

Bulletin municipal décembre 2020 

 

  

 

 

 

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