l'istoire de St Léger de alson

 

 

L'occupation du sol de la paroisse de St Léger remonte à une très haute antiquité. Il sera possible d'en donner une idée en présentant les divers jalons que nous ont laissés toutes les périodes de l'histoire.

 

'atelier de potier

 

Le plus précieux d'entre eux : l'atelier de potier, qui s'est révélé d'une richesse inattendue. Les milliers de tessons retrouvés ont été inventoriés et datés par le Musée de Saint-Germain-en-Laye et sont actuellement présentés au Musée de Villandraut. Les plus anciens, de l'époque néolithique, portent parfois des empreintes faisant penser à des graffiti.

 

l'église de St Léger de Balson

 

L'époque gallo-romaine est bien représentée, puis le Haut Moyen Age et enfin le Moyen Age qui correspond à la fin de l'activité de l'atelier. La découverte sur un même chantier de fouilles de cet ensemble d'objets mobiliers prouve son fonctionnement continu et, par là même, une occupation permanente du sol du territoire environnant.

Non loin de cet atelier a été découverte une pierre présentant des dessins d'un trait large, en creux, servant de linteau de cheminée, mais dont les dimensions (long. 200 cm, larg. 40 cm) et le motif de décoration laissent prévoir qu'il pourrait s'agir d'une pierre tombale.

Dernier jalon : le château de Castelnau de Sernès, nommé ensuite Cernès

 

arrivée au château de Castelnau de Cernès
pont sur les écluses du moulin
les bambous, à droite, en couvrent les vestiges

 

 

L'vangélisation

 

L'évangélisation de la communauté s'est faite, soit à l'époque mérovingienne si l'on accepte comme indice la présence d'une antique dévotion à saint Mommolin, soit à l'époque carolingienne si l'on préfère mettre en avant le vocable de Saint Léger qui est patron de la paroisse et titulaire de l'autel principal, mais pour lequel il n'y a jamais eu de dévotion particulière.

L'église de St Léger était le siège de plusieurs dévotions qui lui ont acquis une notoriété certaine.

La première, qui est maintenant éteinte, se faisait en l'honneur de saint Mommolin. Une chapelle en pleine campagne lui était dédiée. Elevée par Arnaud de Labadie et entretenue à ses frais, elle tomba en ruines après sa mort. Aussi, en 1612, les fabriciens de St Léger décidèrent-ils de demander à Mgr de Sourdis de prononcer la désaffection du bâtiment en tant qu'édifice religieux et de procéder à l'installation du culte dans une chapelle de l'église paroissiale, ce qui fut fait.

La seconde dévotion était celle que l'on rendait et que l'on rend encore aujourd'hui à saint Clair le premier dimanche de juin de chaque année

 

 

La évotion à saint lair

 

Au milieu du XIXe siècle, "le rassemblement des dévots atteignait 4000 personnes".

 

 

L'original de la statue fut dérobé il y a quelques années.
Derrière l'autel, une porte était ménagée pour permettre aux fidèles
de circuler en procession autour de celui-ci en ayant la tête baissée.
La porte est très basse. Etait-ce pour obliger les pèlerins
à baisser la tête ou parce qu'ils étaient petits à cette époque ?

 

 

Un texte de 1608 environ donne une idée de l'importance qu'avait prise cette manifestation :

"Nous soussignés, Doyen et Chanoines de Villandraut, certifions à tous ceux qu'il appartiendra, que toutes les années, au premier jour de juin, se fait une grande assemblée et convocation de peuple à une dévotion qui se fait à l'honneur de saint Juin et saint Clair, en la paroisse de St Léger, où s'y rendent de toutes parts plusieurs personnes venant du pays d'Entre Deux Mers, du comté de Benauges, pays de Médoc et autres circonvoisines ; s'y rencontrent bien souvent plus de trois mille personnes…"

Quelle était l'atmosphère de cette journée de pèlerinage ?
C'est une petite ville qui se formait.

Des centaines d'attelages s'ajoutaient à l'entassement humain, et cette cohue extérieure ne devait guère prédisposer à la spiritualité.

Pourtant, dès 5h du matin, on priait devant l'autel de St Clair. On en faisait le tour en récitant le chapelet et, chaque fois, on se frottait les yeux à sa garniture.

D'autres fidèles y faisaient marcher les enfants retardés ou infirmes. Puis on entendait la messe. Enfin, on terminait ses dévotions en se rendant en procession à la fontaine de St Clair à quelque distance de l'église, près de la Hure.

Il était de tradition de s'y laver les yeux, ce qui n'est pas sans rappeler quelque antique culte des eaux à cet endroit...

 

 

la fontaine de saint Clair, "miraculeuse" pour le traitement des yeux
Au débit régulier, son eau pure et fraîche est très prisée.

 

la fontaine de saint Clair

 

 

Venaient ensuite les préoccupations économiques. On saisissait en effet l'occasion d'un tel rassemblement de personnes pour réaliser des transactions, conclure des marchés ou des contrats de métayage, pour acheter.

Au XVIIe siècle, la fabrique tirait déjà des revenus d'une "ormée" qu'elle "louait pour y placer les marchands". Le pèlerinage de St Clair peut se rattacher à cette série de pèlerinages-foires, dont il existait un autre exemple à St Jean de Bourricos, près d'Escource dans les Landes.

Et le soir, concluait mélancoliquement le curé de St Léger, "on se livrait aux folles joies du monde. Pauvre peuple !..."

Ce n'est pas seulement pour égrener des détails pittoresques que nous nous sommes attardés à évoquer les cérémonies dont l'église était le théâtre. C'est pour faire comprendre comment ce monument a pu avoir une ampleur architecturale que ne justifiaient ni la population clairsemée de la paroisse, ni, semble-t-il, la fonction de chapelle du château de Castelnau de Sernès.

 

extrait de "L'église de St Léger de Balson" (F.L. 4 juin 1972) et de la plaquette distribuée par la mairie de St Léger de Balson "Une longue marche à travers les siècles"

de nombreuses autres photos sur le site http://www.vallee-du-ciron.com/
aux pages de St Léger de Balson

 

 

 

mars 2009 - la fontaine saint Clair
la fameuse fontaine miraculeuse qui rendait la vue aux non-voyants
Il y a toujours des personnes qui viennent chercher de l’eau pour la boisson.
photos prises par Danièle Marlier

 

 

 

 

 

 

 

la fontaines des cagots, très proche de l’autre fontaine
on ne mélangeait point les torchons avec les serviettes, donc 2 fontaines !

 

 

Les cagots font partie d'une peuplade pyrénéenne d'origine inconnue, rejetée par la population, à l’instar de la caste des intouchables indiens. On les trouve des deux côtés des Pyrénées et dans le sud de la Gascogne, désignés sous diverses appellations (...)

(...) Leur provenance est mystérieuse, mais dans la plupart des hypothèses, ils correspondraient à une peuplade vaincue, de religion différente, donc hérétiques (barbares venus de l'est, wisigoths, arabes, ariens, cathares...) Ils apparaissent au X°s sous l’appellation de chrestiaas, ce qui laisse supposer qu’ils s’étaient convertis au catholicisme et faisaient même preuve de zèle dans le domaine de la pratique religieuse, d’où leurs surnoms qui laissaient entendre qu’ils étaient hypocrites. C'est sous cette dénomination qu'ils sont enregistrés dans le recensement de 1385 initié par Gaston Fébus.

Repoussés à l’extérieur des villages, en lisière de forêts, ils furent assimilés à des lépreux qui devaient les côtoyer, ainsi que tous les parias successifs. Selon une croyance tenace, on pouvait les reconnaître à certains traits physiques, comme leurs pieds palmés ou l’absence de lobes à leurs oreilles. Ils ne devaient pas se déplacer les pieds nus, de peur qu'ils ne transmettent de maladie, ni laisser pousser trop leurs cheveux.

On leur prêtait des pouvoirs paranormaux, contradictoirement aussi bien négatifs que positifs (guérisseurs). C'est ainsi qu'on disait que parfois les fruits pouvaient se dessécher en un instant à leur seul contact. L’irrationnel ayant ses raisons que la raison ignore, ils faisaient parfois office de médecin et de sage-femme. Toute fonction publique leur était par contre interdite, ainsi que toute possession foncière.

Ils avaient bien entendu leur propre fontaine dont le nom s'est perpétué dans quantité d'endroits : la houn dous cagots, la hounda de la cagote... Ils se spécialisèrent dans le domaine du bois, du fait de leurs hébergements situés en bordures de forêts et surtout du fait que le bois était censé ne pas communiquer de maladie (peste, lèpre..) Ainsi leur tendait-on les marchandises, ainsi que les osties à l’église, au bout d’une longue palette de bois (...)

(...) Autre signe d'ostracisme, ils avaient leur petite entrée latérale particulière dans les églises, leurs places dans un renfoncement obscur, leur propre bénitier, et leur cimetière particulier (qu'ils partageront plus tard avec les huguenots). On les obligeait à se signaler quand ils arrivaient dans le village par des bruits de crécelles, et à porter un signe dénonçant leur état : une patte d’oie rouge. Leur rejet dura plusieurs siècles et, malgré la publication d'édits en leur faveur, il fallut attendre la Révolution pour enregistrer une rupture définitive avec cet honteux passé. Pourtant, au début du siècle dernier, les gens savaient encore qui en était...

Source et liens :

 

 

 

 

 

 

 

https://www.stleger.info