de bien jolies cartes postales

 

Marcelline, quittant Montigné sur Moine avec ses 3 filles en bas âge, va devenir "Madame Veuve Jaud" à Saint Léger sous Cholet, où lui a été concédé un commerce de tabac.
Son nom apparaît au bas de 14 cartes postales. La première d'entre elles, sur laquelle on s'arrêtera, est clairement datée de juin 1916.
Est-ce pour autant que la petite famille est déjà à Saint Léger à cette époque ?
Le nom est marqué, pas celui du photographe ni la date de prise de vue. Toutes les oblitérations retrouvées l'ont été entre 1918 et 1937.

 

 

 

le bureau de tabac

Lu sur http://www.histoire-en-questions.fr

"Madame Victoire est veuve de guerre, c'est pourquoi elle a obtenu du gouvernement la tenue du bureau de tabac de la place de l'Église. Sa boutique est souvent ouverte tard. Quand je rentre de l'école, j'aime bien regarder sa vitrine : les paquets de tabac gris, tout carrés, les boîtes d'allumettes, les petits blocs de papiers à cigarettes, les pots et les blagues à tabac, les briquets à essence et à amadou... Une chose me fascine : ce sont les petites boîtes rondes de pierres à briquet. Chaque pierre est isolée dans une petite case avec un couvercle percé d'une fente que tu fais tourner...
Madame Victoire fabriquait des "roulées", des "cousues" comme on disait à l'époque, c'est-à-dire des cigarettes toutes prêtes. Beaucoup de fumeurs roulaient eux-mêmes leurs cigarettes. Acheter des paquets de cigarettes était un luxe ; aussi Madame Victoire s'était-elle fait une petite clientèle d'habitués qui lui achetaient des "cousues" par 10. Pour ce faire, elle utilisait une précieuse machine qui tenait dans une boîte recouverte de bois précieux.
Dans le plateau de son comptoir se trouvait une niche fermée par un couvercle dans laquelle elle mettait le tabac vendu au détail. Madame Victoire vendait aussi des petits blocs de papier à rouler, des allumettes, des briquets, des pipes et des petites boîtes rondes de tabac à priser. J'avais essayé une fois avec l'oncle Georges qui avait mis une petite pincée dans le creux de mon pouce. Je m'en souviens encore."

 

 

reconstruction du clocher - janvier 1916

 

Cette carte, éditée comme toutes les autres de cette page par "Vve Jaud", a été oblitérée en 1922 et est datée à tort "janvier 1916" .

Le dimanche 31 octobre 1915, pendant les Vêpres, la foudre tombe sur le clocher de l'église de Saint Léger sous Cholet, mais personne ne s'en aperçoit. Ce n'est que vers 5 heures que l'alerte est donnée.
"Les pompiers de Cholet sont venus à pied avec leurs pompes à incendie montées sur deux roues comme une charrette à bras. Ils ont branché les tuyaux d'aspiration sur les puits des alentours. Tout le monde puisait mais les puits ont été vidés. On ne pouvait arroser que ce qui tombait, le clocher brûlait…
Il n'y avait pas d'hommes, c'était la guerre, les femmes arrosaient…
Il sera impossible d'éteindre le feu. Tout brûlera depuis le haut du clocher jusqu'en bas, au rez de chaussée. Les trois cloches et l'horloge tomberont et seront brisées.
Le clocher fut reconstruit mais, en 1922, une nouvelle fois l'orage tomba sur le clocher, sans mettre le feu. Le clocher et les murs étaient lézardés. La commune fit poser par la suite un paratonnerre."

Sur la carte postale, toute l'ampleur des dégâts et les premiers travaux de charpente.
De part et d'autre de la chaussée où se trouve le facteur, on remarque les décorations de la Fête-Dieu qui permettent de dater la carte, non pas de janvier 1916, comme mentionné, mais de juin 1916.
"On mettait des piquets de bois peints en rouge sur lesquels on enfilait une sorte de gaze pour y fixer des bouchons de papier, pour faire des fleurs ! Sur le trottoir opposé, on mettait des branches de houx qui venaient des Bois-Lavau."

Ci-dessous l'article du Petit Courrier, ancêtre du Courrier de l'Ouest, en date du lundi 1er novembre 1915. Où l'on voit que l'on a fait appel au 77e régiment d'infanterie...


 

 

le clocher

 

 

la route de Cholet

droit devant, la route de Beaupréau - 3 cartes postales à suivre probablement prises le même jour

 

 

le bureau des postes

le bureau des Postes (à droite, en blanc), certes, mais aussi le débit de tabac (ouvert) de Marcelline

 

 

la route de Beaupréau

jour d'affluence, sans doute un dimanche, jour de messe - Est-ce Marcelline, à droite ?

 

 

la route du May

 

 

la mairie - à l'époque - route du May, actuel Centre Social Intercommunal

 

 

le domaine du Landreau, qui deviendra beaucoup plus tard - en 1988 - la mairie

 

 

l'étang au clair de lune

 

 

le château du Pontreau

 

 

le calvaire, route du May

 

 

l'église - l'extérieur

 

 

l'église - l'intérieur

 

 

 

(petite) histoire de la carte postale

Au début du XXe siècle, le succès de la carte postale est tel que c'est par dizaines de milliers que l'on peut dénombrer les éditeurs de cartes postales. Certains grands éditeurs comme Bergeret (AB& C°) à Nancy, Lévy et fils (LL) à Paris, Neurdein (ND) à Paris, Royer à Nancy, Tesson à Limoges (MTIL), Collas à Cognac (CCCC), Le Deley (ELD) Paris, Artaud (Gaby) à Nantes sont d'envergure nationale ou internationale et produisent quotidiennement des dizaines, voire des centaines de milliers de cartes postales.

C'est en juin 1898 que Bergeret installe à Nancy son premier atelier de phototypie.
- en 1900 : 65 ouvriers y travaillent sur 17 presses qui produisent 25 millions de cartes postales.
- en 1901 : 30 millions de cartes
- en 1905 : Bergeret fusionne avec Humblot et Helminger. Les Imprimeries Réunies produisent alors 90 millions de cartes annuellement.
- en 1909 : la production annuelle nancéienne atteint 100 millions, soit presque le quart de la production nationale ! Les Imprimeries Réunies imprimaient à elles seules 500 000 cartes postales par jour.
- de 1900 à 1930 : la production des seules imprimeries de Nancy atteint 3 milliards de cartes.

Les grands éditeurs bretons
Des éditeurs bretons vont se spécialiser dans la production de cartes postales :
- Armand Waron et fils, Saint-Brieuc, depuis 1898. Production en 1899 : 16 000, en 1900 : 190 000 et en 1901: 475 000 cartes
- Emile Hamonic et fils, Saint-Brieuc, de 1897 à 1951. Cité comme un des 6 premiers éditeurs français en 1904. 10 000 n° de cartes postales estimés. Production globale estimée entre 50 et 100 millions de cartes
- Joseph-Marie Villard père et fils, Quimper, depuis 1898, plus de 7000 n° de cartes connus
- Gabriel Artaud et fils, Nantes, et Artaud-Nozais, éditent de nombreuses cartes humoristiques et vues de toute la France avec prédilection pour la Bretagne.

Les éditeurs locaux
A cette époque, tout épicier, buraliste ou mercier de village édite également des cartes postales. Les gros imprimeurs les flattent en faisant figurer la mention "éditeur" sur les cartes qu'on leur demande d'imprimer.

Une rapide étude menée à partir des cartes postales représentant Baud entre 1900 et 1920 montre que l'on trouve des cartes provenant :
- d'éditeurs nationaux : E.L.D, Neurdein...
- d'éditeurs régionaux : Hamonic, Villard, Waron, Artaud, Artaud et Nozais, Laussedat, Laurent-Nel...
- d'éditeurs départementaux : Laurent de Port-Louis, Le Merle de Vannes, Gueranne, Le Cunff et la Veuve Marchal de Pontivy...
- d'éditeurs locaux : Le Gal, Michel Res. (tabac), Le Pesquer (bijoutier), Guillemette Prévoteau, Veuve Grojo, Pasquier... tous installés à Baud.
Ce sont donc ces petits éditeurs locaux qui, réagissant vite lors d'un événement (fête, accident…), sortent rapidement une carte postale, dont le faible tirage et la rareté du sujet en feront, quelques années plus tard, une carte d'un grand intérêt et par conséquent de grande valeur marchande (...)

http://www.cartolis.org

 

 

  

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