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notre lieu de rendez-vous, à Puget-Théniers, avant la montée vers St Léger
la montée vers St Léger
St Léger !
rafraîchissement à la fontaine du village
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Noël est content de sa casquette Léo !
Christophe
Ripoche, vendredi 15 juillet 2016
Je propose qu'on reste quelques instants en silence, en
pensée avec les victimes, leurs familles et toutes
celles et tous ceux qui ont à veiller sur notre
sécurité et notre santé.
Je voulais dire que même si on a peur, on a le devoir
de rester groupés et de défier crânement
la barbarie en répétant inlassablement :
Même pas peur !
Durant la seconde
guerre mondiale, après l'invasion de la zone sud par
la Wehrmacht, Saint-Léger est devenu terre d'asile.
Accessible seulement par la pittoresque petite route que
vous connaissez, l'entrée du village était
gardée par le fameux pont suspendu. Jamais la garnison
allemande, en poste à Puget-Théniers, n'osa le
franchir, de peur de ne plus pouvoir revenir.
Bénéficiant
de sa situation d'enclave, Saint-Léger offrit ainsi
la sécurité, le repos et la nourriture
à des réfugiés politiques, des
chrétiens libanais, de nombreux juifs qui purent se
cacher de la milice de Vichy et des troupes allemandes.
Ce ne fut pas une
mince affaire d'organiser la vie du village qui doubla alors
sa population. Nombreux étaient celles et ceux qui
n'avaient pas de carte d'alimentation officielle. Les
enfants juifs fréquentaient l'école mais
n'étaient pas inscrits sur les registres, en cas de
contrôle. La totalité des
réfugiés a été sauvée. On
pourrait dire plus, puisqu'une petite fille juive a
été conçue à Saint-Léger
à cette période. En 1989, Mme
Zoé David, secrétaire de mairie à
partir de 1942, fut honorée par l'Etat d'Israël
du titre de "Juste parmi les Nations" et le village
salué pour la solidarité et le silence dont
ont fait preuve ses habitants. "Quiconque sauve
une vie sauve l'univers" dit le Talmud, devise qui orne
la Médaille des Justes. Zoé, fille du maire
César David, deviendra par la suite la
première femme du département à
être élue maire, en 1945, et le restera 28
ans. Ensuite, j'ai lu
Fernand. Voici ce que
Fernand Migliore, alors adjoint, écrivit en janvier
1994 dans le bulletin municipal. Etonnamment, c'est pile
poil à cette époque que nous envoyions, avec
mes élèves, un questionnaire aux
différents Saint-Léger, tout ceci allant
déboucher, deux ans plus tard, sur la naissance de
notre association. Fernand, que je
n'ai jamais connu, est décédé à
58 ans, au printemps 2003. Il devait participer au 4e
Rassemblement des Saint-Léger, à
Saint-Léger-les-Mélèzes, dans les
Hautes Alpes voisines, où 22 habitants d'ici, sur les
68 recensés, se sont déplacés.
Ça
commence comme un message biblique, mais ce n'en est pas
un. Dans la longue
histoire de notre village, le XXe siècle marque une
fracture nette entre une petite société
montagnarde pauvre, exclusivement agricole, repliée
sur elle-même, et un XXIe siècle dont on ne
sait pas ce qu'il sera. Lorsqu'on
regarde un peu les noms de famille sur les registres
d'état-civil, ou de paroisse, on constate
aisément que les familles étaient bien
fixées dans leur terroir. On naissait, on
se mariait et on mourait dans sa commune et, jusqu'au
début du siècle, on traînait rarement
ses sabots au-delà des limites du canton. A pied ou
à dos d'âne, par des chemins pierreux, il
fallait un jour pour aller et revenir à
Puget-Théniers ou Entrevaux. Voilà
pourquoi, dans chaque recoin de nos vallées, se sont
développés des villages pauvres mais
farouchement attachés à leur
indépendance et fiers de le proclamer à la
moindre occasion. Le progrès avançait à
pas de fourmi, l'énergie n'était qu'humaine ou
animale, et rien n'avait fondamentalement changé
depuis l'aube des temps. Puis, tout s'est
accéléré. Les sciences et
les techniques ont banalisé la mécanisation,
rendant encore moins concurrentielle l'agriculture de
montagne. Les routes élargies, macadamisées,
à l'usage des automobiles, ont facilité les
déplacements et l'émigration des agriculteurs
vers le chef-lieu de canton, puis les cités
prospères de la Côte. Bientôt,
dans les montagnes privées de forces vives, les vieux
agriculteurs ne furent plus remplacés, alors que
l'économie euphorique de l'époque, maintenant
baptisée "des trente glorieuses", au regard de
l'histoire, ajoutée à un besoin citadin de
retour à la nature, amenait vers les campagnes
dépeuplées, où presque tout
était à vendre, des espèces de
doryphores, plus gentiment appelés "résidents
secondaires". Puis, après une vie de labeur et
quelques sous bien gagnés, les retraités
émigrés revinrent au pays
(
) Le
Saint-Léger que j'ai connu en 1962 et que je
regardais vivre depuis les fenêtres de l'école
avec l'odeur chaude des étables, le passage des
troupeaux et des mules chargées de bois, ce
Saint-Léger, mon pays d'en-haut, portait
déjà en lui les germes du Saint-Léger
d'aujourd'hui et c'est aujourd'hui, compte tenu des
données économiques et humaines actuelles, que
se prépare le Saint-Léger de demain.
Nos efforts, nos
illusions, nos réussites, nos échecs, nos
amitiés, nos désaccords, nos erreurs,
déboucheront sur l'avenir que nous aurons su
préparer à notre village. Nous ne sommes
pas nombreux, dispersés dans l'espace, dans nos
professions, accaparés par d'autres
intérêts, souvent absents, et
Saint-Léger n'est pour beaucoup d'entre nous qu'une
étape facultative où l'on s'arrête
encore avec plaisir mais sans ressentir le besoin de s'y
investir. Peut-on dans ces
conditions encore longtemps vivre en commun, prendre
collectivement les décisions qui déterminent
la vie de notre village ? Ce sera
difficile, mais je dis "oui" si chacun d'entre nous prend
conscience qu'il est indispensable, irremplaçable.
Pour l'avenir,
c'est surtout le désintérêt et le manque
de conviction des jeunes générations que je
redoute. Aucune loi, qu'elle vienne de Paris ou de
Bruxelles, ne viendra à bout d'une commune qui veut
continuer à vivre. Ces mots, que je
relis en urgence quand les forces, parfois, m'abandonnent,
me ramènent inévitablement à l'ami
Edouard David, fait du même bois. Neveu de Zoé
que j'évoquais tout à l'heure, maire à
son tour de 1983 à 2014, présent dès
1996 au 1er Rassemblement des Saint-Léger, à
Saint-Léger-sous-Cholet, adorable et tonitruante
grande gueule qui fit les beaux jours de nos
assemblées générales, il fut l'un des
premiers à intégrer notre réseau
d'amitié. Il fallait bien,
à l'image de ses administrés auxquels chaque
année il offrait ses vux sous la forme d'un
poème, il fallait bien que notre jeune association
bouge et vive ! Edouard, ancien
maire de St Léger, et Christian, maire de St
Léger près Troyes Du coup, jeunot moi
aussi et conquis, je m'étais secrètement
juré de tout mettre en uvre pour qu'un jour -
c'était dans longtemps à l'époque - les
Saint-Léger puissent se retrouver dans ce
délicieux havre de paix posé au bout du bout
du monde, après cette étonnante mais
terminable route en lacets. Ce minuscule Saint-Léger
se mérite, vous l'avez vu, mais nous y sommes, et il
vit aujourd'hui une jolie page de son histoire ! Merci aux
organisateurs de ces trois jours de retrouvailles d'avoir
bien voulu accepter qu'on leur force un tantinet la main.
Dans quelques
heures, en assemblée générale, nous
évoquerons les 20 ans de notre asso et nos
perspectives d'avenir. Au moment où, suite aux
diminutions des dotations de l'état, on taille
sévèrement dans les budgets communaux et
drastiquement dans l'attribution des subventions, notre
association - qui n'a rien d'autre à offrir que de
l'amitié, simple supplément d'âme -
souffre des replis sur soi. Au moment où il n'est
plus vraiment dans l'air très morose du temps de se
préoccuper de l'autre, qu'il soit chrétien
libanais, juif, musulman, femme, homosexuel ou migrant,
notre asso peut sans trop de soucis apparaître
ringarde et inutile. Il nous faut dès lors
méditer encore les mots de Fernand : Pour
l'avenir, c'est surtout le désintérêt et
le manque de conviction des jeunes générations
que je redoute. Aucune loi, qu'elle vienne de Paris ou de
Bruxelles, ne viendra à bout d'une " association de
communes " qui veut continuer à
vivre. Restons
groupés, juste forts de notre nom commun, et misons
tout sur notre jeunesse, qui est - reconnaissons-le -
l'avenir. Excellent week-end à toutes et à
tous, et vive notre amitié ! Christophe
Ripoche, le 4 juillet 2016 |
le mot d'accueil de Josiane, grande ordonnatrice de la fête, avec son mari Claude - Alain Robert à ses côtés
le pistou !
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