les "Très Anciens" Combattants

 

Note d'attention

 

Lors de la réalisation du Tome 3 des "Visages de Saint Léger", j'ai voulu rendre hommage aux anciens combattants de la commune "morts pour la France" et ayant droit de ce fait de figurer sur le monument aux morts. Faute de temps et de place dans le livre, je ne me suis pas intéressé aux jeunes gens de nos communes (Le May comprenant alors Saint Léger des Bois et Bégrolles), appelés dans les armées du Roi ou de l'Empire et disparus loin de leurs foyers des suites de leurs blessures ou de maladies. Le descendant de l'un d'eux, lecteur de notre ouvrage, s'est étonné de ne pas y voir figurer son arrière… grand oncle AUDUSSEAU Louis François, ce qui m'a poussé à reprendre mes recherches. J'ai donc revu entièrement cette partie de l'histoire de la commune : "Très Anciens Combattants" de toutes les époques, ce qui complète le Tome 3.

Ces recherches m'ont permis de retrouver la trace d'une soixantaine de jeunes natifs du May d'après les actes, Bégrolles et Saint Léger des Bois étant inclus bien souvent sous cette appellation. Je pense qu'à la lecture de ce texte modifié et complété, chacun pourra y retrouver les siens.

Yves Meignan - décembre 2014

 

 

 

Un peu d'histoire

 

Sous l'Ancien Régime, le premier soldat de France est le Roi. Tout le monde est armé autour de lui et il assure le commandement des Armées, composées de ses vassaux. Le service militaire n'est pas imposé, mais réservé aux nobles et aux riches. Ceux-ci tiennent à l'honneur de se battre, aidés par des troupes mercenaires (Suisses, Ecossais, Allemands) et de Français volontaires.

Le développement des armes à feu et de l'artillerie a rendu les combats très meurtriers et n'a cessé de faire augmenter le nombre des grands blessés, invalides et inaptes au service actif. Sans aide, ils erraient dans les villes où ils causaient des troubles, condamnés au vol ou à la mendicité pour survivre. Seuls les monastères leur venaient parfois en aide.

En 1670, dans un but humanitaire et d'ordre public, Louis XIV décide la construction d'un hospice qui deviendra l'Hôtel des Invalides. Deuxième grand chantier après Versailles, il sera achevé trois ans plus tard. Prévu pour accueillir 1 500 pensionnaires blessés ou âgés, ils seront 3 000 en 1710.

En 1793, tout change. L'armée se trouve confrontée à un problème de recrutement. La Convention décrète la levée en masse, mettant tous les Français en réquisition permanente pour le service armé, sans limitation de durée. C'est une mesure de guerre à caractère exceptionnel.

La Loi Jourdan instaura en 1798 la conscription par classe d'âge. L'armée de paix est recrutée par voie d'enrôlement volontaire et, en cas d'insuffisance, le tirage au sort désigne ceux qui viendront compléter les effectifs. Les jeunes gens ayant tiré un mauvais numéro peuvent se faire remplacer.

Sous l'Empire, Napoléon a recours à l'appel anticipé des classes, ce qui amène au service des jeunes de 19 ans. La conscription devient impopulaire, et le prix du remplacement augmente.

La Restauration disperse l'armée impériale et abolit la conscription. Cependant, dès 1818, la Loi Gouvion-Saint-Cyr la rétablit sous le nom d'appel sous les drapeaux. Le tirage au sort et le remplacement sont maintenus Cette loi marque aussi la première tentative de mise en place d'une réserve. C'est en 1872 que le remplacement est définitivement supprimé. La nouvelle loi sur le recrutement fixe le principe du service personnel obligatoire pour tous, mais malgré cela les dispenses sont encore nombreuses. La durée du service, 1 ou 5 ans, est déterminée par tirage au sort et une réserve est constituée. C'est en 1905 que le service obligatoire et égal pour tous est ramené à 2 ans.

Comme tous les villages de France, Saint Léger a fourni à l'armée son contingent de conscrits, envoyés sur tous les champs de bataille du monde. Voici la longue liste de ces jeunes disparus, soit au combat, soit dans les hôpitaux, des suites de leurs blessures ou de maladies épidémiques :

 

- ALLAIRE Pierre, né le 14 juillet 1822 au May, fils de Pierre et de Marie Bernier, fusilier au 12e Régiment de Ligne, armée d'Algérie, décédé du choléra le 17 septembre 1849 à l'hôpital du Dey à Alger.

- AUDUSSEAU Louis François, né le 1er mars 1846 à la Brosse du May, fils de Louis et Renée Babonneau, mobile au 29e Régiment de Marche à Vierzon. Décédé de la variole à l'hôpital de Montluçon où il avait été admis sous une fausse identité après avoir perdu tous ces papiers au cours d'un combat avec les Prussiens à Sarcotte.
Son identité a été reconnue en audience publique à Beaupréau suite au témoignage de :
BABONNEAU Alexis, 37 ans, cultivateur au Pontreau de Saint Léger, son oncle
BABONNEAU Dominique, 42 ans, cultivateur au même lieu, également son oncle
AUDUSSEAU Célestin, cultivateur à la Soulière du May, son frère
AUDUSSEAU Joseph, cultivateur à la Brosse de Saint Léger, également son frère
BABONNEAU Alexis, 25 ans, bourrelier au May, son cousin.

- BANCHEREAU Emile, né à Saint Pierre de Cholet le 8 mai 1850, fils de Pierre Aimé, maçon, demeurant quartier Saint Julien à Cholet, et de Marie Dillé, soldat de 2e classe au 1er Régiment de Marche d'Infanterie de Marine sous le n° 23937, décédé le 22 juillet 1871 à l'hôpital militaire de Versailles (inscrit sur le registre des décès de Saint Léger).

- BANCHEREAU Louis, né le 19 août 1819 au May et Saint Léger des Bois, fils de Louis et de Jeanne Gorbelière, fusilier au 12e Régiment de Ligne, armée d'Algérie. Décédé du choléra à l'hôpital de Ténès le 15 octobre 1850.

- BARON Jean Baptiste, né le 17 septembre 1823 au May et Saint Léger, et y demeurant, fils de Jean et de Geneviève Rose Bompas. Fusilier au 21e Régiment d'Infanterie légère, décédé de la fièvre typhoïde à l'hôpital militaire de Cherbourg le 7 avril 1845.

- BASILE François, de Saint Léger où il est né le 28 mai 1844, fils de Pierre, journalier à St Léger, et de Yacinthe Merlet. Rentrant de captivité, est reçu à la mairie de Nancy le 25 mars 1871. Il reçoit des services de la mairie une feuille de route provisoire d'urgence et la somme de 1 franc 25 pour poursuivre son voyage de retour au pays. Il fait étape le 26 mars 1871 à la mairie de Chalons où il reçoit trois francs et trente centimes pour son voyage.

- BAUDRY Valentin, soldat en Algérie et au Tonkin, dont l'histoire nous a été contée dans un précédent ouvrage des Amis de Léo.

- BIROT Pierre, né au May en 1798, fils de feu Jean et de Marie Mingot. Soldat au 2e Escadron du Train d'Artillerie, décédé le 22 octobre 1822 à l'hospice de Castelsarrasin.

- BLANCHET Jean, né le 17 janvier 1816 au May, fils de Joseph et de Louise Merlet, carabinier au 3e Régiment d'Infanterie légère, décédé de la dysentrie à l'hôpital militaire d'Oran (Algérie) le 3 avril 1846.

- BLIN Jean, 28 ans, né au May le 26 septembre 1810, fils de Jean, laboureur à l'Yvois, et de Renée Chiron. Fusilier de l'Armée d'Afrique au 61e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé de la dysentrie le 25 juillet 1839 à l'hôpital militaire de Philippeville.

- BOISDRON Jacques, chasseur au 2e Régiment de la Garde Nationale active, décédé à l'hôpital maritime de Brest le 29 décembre 1813.

- BOISDRON Mathurin, natif du May et Saint Léger, au service militaire de l'Empire en qualité de voltigeur, est décédé le 9 novembre 1806 à l'hôpital militaire de Cofenza. Acte de décès transmis par la quartier-maître trésorier au 102e Régiment d'Infanterie de ligne à Bologne (Italie).

- BOISDRON René, né au May le 3 juin 1841, demeurant à Saint Léger, fils de René et de Joséphine David. Acte de décès transcrit à Saint Léger suite au jugement du Tribunal de Saumur du 8 Mai 1875. Mobilisé au 1er bataillon de Maine et Loire. Décédé à l'ambulance des Moulins à Saumur le 15 février 1871.

- BOISDRON René, né le 4 août 1815 au May, fils de René et de Françoise Moreau. Fusilier au 2e Régiment de Marine. Apporté mort à l'hôpital maritime de Fort Royal, Ile Martinique le 30 janvier 1838.

- BONDU Jean Baptiste, né le 25 avril 1831 au May, fils de Jean et de Modeste Merlet, fusilier au 75e Régiment de Ligne. Décédé de la fièvre typhoïde à l'hôpital civil d'Avignon le 23 octobre 1853.

- BOURREAU Eugène, né le 16 novembre 1819 au May, fils de Joseph et de Françoise Davie. Sergent au 19e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé de congélation et fièvre à l'hôpital militaire au Fort Queyras, commune de Château Ville Vieille du Fort Queyras, le 3 février 1845.

- BREAU Jean, né le 12 avril 1832 à Saint Léger, de Jean et Marie Neau. Soldat à la 2e Cie du 1er Bataillon mobilisé de Maine et Loire, entré à l'hôpital civil d'Angers le 23 février 1871, où il est décédé le 1er mars 1871 des suites de la variole.

- BRILLOUET Jacques, né le 30 avril 1793 au May, fils de François, laboureur, et de Renée David. Grenadier au 108e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé de maladie à l'hôpital militaire de Dunkerque le 20 mars 1815.

- BRILLOUET Michel, 28 ans, né au May. Chasseur à cheval au 22e Régiment. Décédé le 1er janvier 1814 à l'hôpital civil d'Arcis sur Aube.

- BRILLOUET Pierre, natif de la Métairie des Jarmonières au May, âgé de 22 ans. Fusilier au 131e Régiment. Décédé à l'hôpital de Vère le 21 mars 1814.

- BRUNEAU Mathurin, 22 ans, né au May. Chasseur au 26e Régiment d'Infanterie légère à Metz. Décédé le 12 octobre 1809.

- BRUNELIERE René Victor, né à Saint Léger le 16 février 1848, fils de Julien Pierre, journalier au Landreau, et de Victoire Cailleau. Soldat au 98e Régiment de Ligne. Décédé à 22 ans le 16 décembre 1870 à l'hospice civil de Briey (Meurthe et Moselle) des suites des blessures reçues sur le champ de bataille.
inscrit sur le monument aux morts de Saint Léger en 2013

 

Copie. Extrait des registres des actes de l'état civil de la ville de Briey

"L'an 1870, le 16 décembre à trois heures du soir, par-devant nous Jean Charles Rollin, remplissant les fonctions d'officier de l'état civil de la ville de Briey, chef-lieu du premier arrondissement de la Moselle, ont comparu Albert Magrot, charpentier, âgé de 44 ans, et Jean Auguste Stile, commis greffier âgé de 29 ans, domiciliés tous les deux audit Briey, et voisins de la personne décédée, lesquels nous ont déclaré que Victor Brunelière, célibataire, soldat au 98e Régiment d'Infanterie française, âgé de 22 ans, domicilié à Saint Léger, département de Maine et Loire, né audit Saint Léger le 16 février 1848, fils de Pierre Brunelière et de Victoire Caillot son épouse, sans autres renseignements, est décédé à Briey aujourd'hui à 9 heures du matin, à l'hospice civil, où il avait été déposé par suite de blessures reçues sur la champ de bataille. Après nous être assuré de ce décès nous avons aussitôt dressé le présent acte que les comparants ont signé avec nous.

Briey, le 15 février 1873
pour copie conforme, à Romans le 16 juillet 1873

Les membres du conseil d'administration du 98e Régiment de Ligne"

 

- CHALLET Joseph, natif de Saint Léger, fusilier au 14e Régiment de Ligne. Décédé de la fièvre à l'hôpital de la Régence, commune de Marienverdeo, le 4 août 1807.

- CHARBONNIER Louis, né au May, fils de Louis et de Jeanne Chouteau. Fusilier au 2e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé des fièvres à l'hôpital militaire de San Gervire, commune de Badalona, le 15 octobre 1823.

- CHENE Jacques, né le 18 avril 1787 à Andrezé, fils de Jacques et de Renée Chupin. Conscrit de l'an 1807, fusilier au 47e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé des fièvres à l'hôpital de Lorient le 6 décembre 1810. A servi avec honneur et probité depuis septembre 1808 jusqu'à son décès.

- CHERBONNIER Jean Baptiste, né le 21 avril 1815 au May, fils de François Alexandre et de Angélique Vigneron. Chasseur au 15e Régiment d'Infanterie légère. Décédé de colite hémorragique à l'hôpital de Mostaganem (Algérie) le 10 novembre 1840.

- CHEVALIER Paul, né au May le 3 octobre 1847, fils de Jean, tailleur d'habits à St Léger, et de Jeanne Dupont. Brigadier au 1er Régiment du Train d'Artillerie. Fait prisonnier de guerre lors de la capitulation de Metz le 29 octobre 1870 et disparu en captivité. Acte de disparition établi le 1er octobre 1875.
inscrit sur le monument aux morts de Saint Léger en 2013

- CHIRON Pierre, 26 ans, né au May en 1788. Soldat au 9e Bataillon du Train d'Artillerie. Décédé de maladie à l'hôpital de Tours le 19 mars 1814.

- * CLÉMOT Pierre, 23 ans, né au May vers 1786. Soldat sortant du 69e Régiment de Ligne et condamné aux travaux publics. Décédé des suites de maladie de poitrine à l'hospice d'Avesne le 2 septembre 1809.

- * COÊFFARD Jacques, 25 ans, né au May. Condamné aux travaux publics. Décédé des fièvres à l'hôpital militaire de Colmar le 17 septembre 1811.

- COIFFARD Michel, 25 ans, né au May en 1798, fils de Joseph et de Jeanne Delaunay. Fusilier à la 68e Cohorte de la Garde Nationale. Décédé de la fièvre scarlatine à l'hôpital militaire de Bruges le 15 janvier 1813.

- COUSSEAU René Eugène, né le 19 novembre 1827 à La Séguinière, fils de Mathurin et de Marie Retailleau. Lancier de 2e classe au 8e Régiment. Décédé à l'hôpital de Colmar le 30 mars 1849.

- DAVID François, 37 ans, né à Saint Léger et y demeurant, célibataire, fils de feu François David et de Jeanne Delahaye. Garde mobilisé de Maine et Loire, 2e Compagnie du Train auxiliaire. Décédé rue de la Gendarmerie à Cholet le 1er février 1871.

- DAVID Joseph, né au May. Soldat au 131e Régiment d'Infanterie de Ligne. Décédé des suites de ses blessures à l'hôpital de Mayence le 22 décembre 1813.

- DAVID Moïse Paul, né le 24 janvier 1834 au May, fils de feu Thomas et de Renée Guimbreteau. Fusilier au 23e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé d'anasarque et ténia à l'hôpital civil de Cholet le 18 mars 1859.

- DELAUNAY Joseph Louis, né au May le 4 septembre 1804, fils de Joseph et de Louise Papin. Grenadier au 45e Régiment de Ligne. Décédé à Basse Terre le 20 octobre 1853.

- DENIS Pierre Désiré, né le 24 février 1832 au May, fils de Pierre et de Geneviève Humeau. Dragon au 8e Régiment. Décédé à l'hospice civil de Melun le 7 février 1855.

- DILLÉ Jean, 23 ans, né au Mai en 1786, fils de Jean et de Perrine Hilaire. Fusilier au 86e Régiment d'Infanterie de Ligne. Décédé à l'hospice civil de Saint Malo le 21 juin 1809.

- DOUAISY Joseph, né au May et Bégrolles. Fusilier au 14e Régiment de Ligne. Décédé de la fièvre à l'hôpital royal temporaire de Pampelune (Espagne) le 1er novembre 1808.

- FERNEY Jean Baptiste, 31 ans, né au May vers 1776, fils de François et de Marie Lambert. Tambour au 2e Régiment d'Infanterie légère. Décédé le 30 Thermidor an 12, rue des Carmes à Caen.

- FEUNIER Jean, né au May. Fusilier au 96e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé à l'hôpital du Roi à Burgos en Vieille Castille le 15 mai 1810.

- FORT Jean, né en 1847 au May, fils de Jean et de Françoise Delauné. Soldat mobilisé du Maine et Loire à la 2e Légion Mobile. Décédé le 21 décembre 1871 à l'ambulance Saint Etienne, rue de Grammont, à Tours.

- GAILLOT Louis, né le 14 juillet 1839 au May, fils de Pierre Gaillot et de Jeanne Marchand. Fusilier au 20e Régiment de Ligne de l'Armée d'Afrique. Décédé de la fièvre typhoïde à l'hôpital de Milah (Algérie) le 13 septembre 1864.

- GAUTTIERE Pierre, 22 ans, né à Bégrolles du May en 1800, fils de Julien et de Geneviève Brillouet. Fusilier au 24e Régiment de Ligne où il remplaçait Jean Milliasseau, jeune soldat de Cholet de la classe 1821. Décédé des fièvres à l'hôpital militaire de Toulouse le 17 décembre 1822.

- GIRARD François, 21 ans, né le 16 octobre 1787 au May, fils de feu Pierre et de Marie Gallard. Chasseur au 10e Régiment de Chasseurs à cheval, jeune conscrit de la classe 1807 arrivé au corps le 19 février 1807. Décédé des suites de fièvres à l'hôpital militaire de Liège, département de l'Ourte.

- GIRARD François, 23 ans, né au May. Fusilier au 60e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé le 10 juin 1814 à l'hôpital civil et militaire de Narbonne.

- GIRARD Jean, né au May. Chasseur au 26e Régiment d'Infanterie légère. Décédé des fièvres à l'hôpital des armées à Paris, le 22 novembre 1809.

- GODINEAU René-Joseph, né le 14 mars 1846 au May, fils de René Sébastien, 35 ans, closier à Saint Léger, et de Jeanne Brunelière. En 1867, il est exempté du service militaire par le tirage au sort * mais, en 1870, il souscrit un engagement volontaire pour la durée de la guerre au Train des équipages. Libéré en 1871, la soif de l'aventure le trouve à Toulon où il s'embarque en 1874 comme émigrant libre ** sur la Sybille vers Nouméa en Nouvelle-Calédonie.

 

la Sybille en 1869

 

La Sibylle est une vieille frégate à voiles, en service de 1847 à 1884, affectée au transport des déportés de la Commune. Elle quitte Brest le 1er février 1874 avec 188 déportés provenant du fort de Quélern, à destination de Nouméa. Au large du Portugal, une voie d'eau se déclare et le commandant décide d'abandonner sa route initiale et franchit le détroit de Gibraltar pour faire escale à Arzew (Algérie). Ne pouvant réparer sur place, la Sibylle rejoint Toulon le 22 février 1874. C'est peut-être à l'issue de ces réparations que la Sibylle est repartie de Toulon vers Nouméa avec à son bord notre aventurier saint-légeois.
En 1875, il s'embarque pour l'Australie où il exerce divers métiers, dont celui de chercheur d'or, pendant 19 ans. Déçu de ne pas avoir fait fortune, le souvenir du pays le travaillant et sans nouvelles, il revient à Nouméa. Là, il vivra de son travail de charron, mais son cœur est revenu à St Léger, il pense à sa famille (ses parents et sa sœur Augustine) qu'il aime malgré l'absence de nouvelles…
Peut-être aurait-il pu s'embarquer pour la Canada s'il avait eu connaissance de la proposition du gouvernement canadien parue dans l'Intérêt Choletais du 19 avril 1874. Pour peupler cette ancienne possession française, le Canada demande des ouvriers de tous les corps de métiers et des agriculteurs auxquels il offre de grands avantages : don gratuit de 50 ha de bonnes terres et passage maritime une fois par semaine.

* Le sort n'était pas toujours favorable et, lorsque le jeune conscrit devait partir aux armées pour plusieurs années, il avait la possibilité, si ses moyens le lui permettaient, d'acheter un remplaçant. Ce procédé, qui était légal, était proposé par petites annonces. Ainsi M. Bouju, cafetier, 25 rue St Pierre à Cholet, propose dans l'Intérêt Choletais du 6 octobre 1872 aux pères et mères de famille qui voudraient faire remplacer leurs fils qu'il a des hommes de remplacement à leur disposition.

** Il est dit émigrant libre, car tous ne l'étaient pas. La Nouvelle-Calédonie a été à cette époque utilisée comme terre d'exil et de bagne pour les personnes arrêtées lors de la Commune. Ces détenus, dont les plus connus sont Louise Michel et Henri Rochefort, journaliste, embarquèrent le 10 août 1873 au nombre de 80 sur la frégate La Virginie à St Martin de Ré.

- GOURDON Jean, 24 ans, né vers 1816 au May et Saint Léger , fils de Jean et Jeanne Denis. Fusilier au 21e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé des fièvres le 10 octobre 1840 à l'hôpital maritime de Brest.

- GRIMAULT Alexis, né le 30 décembre 1819 au May, fils de Alexis et de Marie Vivion. Chasseur à l'armée d'Afrique au 3e Régiment d'Infanterie légère. Décédé de méningite cérébro-spinale à l'hôpital militaire Mustapha le 13 mars 1847.

- GRIMAUD Pierre, né le 28 juin 1815 au May, fils de Alexis et de Marie Vivion. Fusilier au 20e Régiment de Ligne. Décédé à l'hôpital de Sétif le 18 septembre 1853.

- HUMEAU Jean René, né le 25 décembre 1813 à Cholet, fils de Jean et Marie Ménard. Fusilier au 3e Régiment de Ligne. Décédé de gastro-entérite le 13 octobre 1836 à l'hôpital de Saint Omer.

- HUMEAU Louis, 25 ans, né au May vers 1790, décédé à Angers le 25 novembre 1815.

- HUTEAU François, né à St Florent. Fusilier au 102e Régiment d'Infanterie de ligne, décédé des suites de ses blessures à l'hôpital Renussey, à Vienne, le 21 juillet 1809.

- HY Désiré, né le 20 décembre 1815 au May, fils de Jean et Jeanne Grangé. Fusilier au 40e Régiment de Ligne. Décédé de colite hémorragique le 16 octobre 1840 à l'hôpital d'Oran (Algérie).

- HY Michel, né en 1786 au May, fils de Jean et Michelle Bonnamy. Soldat de l'empire français au 104e Régiment d'Infanterie de ligne, entré comme conscrit le 22 décembre 1806. A été tué d'un coup de feu à la bataille de Sucile le 16 avril 1809.

- HY Jean Michel, 21 ans, né au May vers 1857, fils de Jean Louis Hy et de Anastasie Guimbreteau, célibataire, demeurant à St Léger. Soldat au 19e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé aux hôpitaux maritimes de Brest le 11 juin 1878.

- LAMPRIERE Jean, 23 ans, né à Bégrolles, fusilier au 96e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé de phtisie pulmonaire à l'hôpital des Philippines, commune de Valladolie, le 3 août 1810.

- LAMPRIERE François, né au May. Grenadier au 17e Régiment de Ligne de la grande armée, division de Hanovre. Décédé de fièvre ataxique à l'hôpital militaire de Hamely le 9 octobre 1807.

- LEFORT Jean, né le 10 décembre 1847, fils de Jean, laboureur à la Grande Noue, et de Marie Chupin, présent sous les drapeaux au 29e Régiment de Mobiles entre juillet 1870 et février 1871, sollicite la médaille de cette campagne.

- MAILLET Pierre, 27 ans, né au May en 1823, fils de François et de Victoire Cholet. Matelot de seconde classe. Décédé à bord de la frégate "La Minerve" à Toulon le 10 février 1850.

- MARY René, né le 18 mars 1827 au May, fils de René et de Renée Brin. Fusilier au 23e Régiment de Ligne. Décédé des fièvres le 9 mars 1840 à l'hôpital militaire d'Aix (Bouches du Rhône).

- MERLET Jean, soldat au 25e de ligne, se voit remettre la médaille de Sainte-Hélène pour sa participation aux campagnes du 1er Empire, de 1792 à 1815. Le diplôme porte cette légende : "Napoléon 1er à ses compagnons de gloire, sa dernière pensée" Sainte-Hélène le 5 mai 1821. N° du diplôme à la Chancellerie : 109847.

 

Diplôme de la médaille de Sainte-Hélène du soldat Jean Merlet

 

 

 La médaille de Sainte-Hélène, instituée par Napoléon III le 12 août 1857, a été attribuée à tous les militaires français et étrangers des armées de terre et de mer ayant servi du 22 septembre 1792 au 15 mai 1815. En 1865, 55 000 anciens soldats étaient titulaires de cette décoration, 43 000 bénéficiaient d'un secours annuel de 250 francs. Le dernier médaillé est mort le 9 juin 1898 à 105 ans. 

- MERLET Jean, né le 20 avril 1793 au May, fils de Pierre, laboureur aux Guignardières, et de Renée Métayer, et demeurant à St Léger sous Cholet, est décoré de la Légion d'Honneur avec pension, le 15 août 1869. N° du diplôme à la Chancellerie : 17271.

- MERLET Pierre, 22 ans, né au May vers 1787, chasseur au 26e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé le 23 août 1809 à Metz.

- METEDIER François, 43 ans, né au May et Saint Léger des Bois en 1818, fils de feu François et de feu Jeanne Boissinot. Jardinier civil européen. Décédé de cachexie paludéenne et engorgement des viscères à l'hôpital militaire de Constantine le 26 mars 1861.

- MORINIERE Joseph, né le 14 mai 1807 à la Jubaudière, fils de Joseph et de Marie Marlet. Fusilier au 20e Régiment d'Infanterie de Marine. Décédé le 17 juillet 1833 à l'hôpital de Pointe à Pitre et des Abîmes.

- PARDIE Louis, né le 24 mars 1808 au May, fils de Marin et de Marie Baineteau. Canonnier de 2e classe au 11e Régiment d'Artillerie, entré à l'hôpital militaire de Paris Picpus le 15 juin 1833, y est décédé le 25 juin suivant des suites de phtisie pulmonaire.

- PAPIN Jean François, 20 ans, né à Bégrolles, fils de feu François et de feue Jeanne Garreau. Conscrit au 102e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé à Tortone, département de Gênes, dans la maison d'Hôtel dite de la Croix Blanche, le 11 novembre 1806.

- PINEAU François, né le 11 floréal an 9 (1er mai 1801), fils de François, tisserand à Bégrolles, et de + Anne Chacun. Fusilier au 4e Régiment d'Infanterie de la Garde Royale. Décédé à l'hôpital de la Garde Royale à Paris le 9 octobre 1823.

- PINEAU Jacques, né le 11 février 1807 au May, fils de Jacques, journalier à Bellefontaine, et Marie Chupin, fusilier au 64e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé à l'hôpital de Cholet le 18 octobre 1832.

- POIRIER Jean, 24 ans, né au May. Fusilier au 38e Régiment d'Infanterie de ligne. Entré à l'hôpital militaire de Paris le 4 mai 1824, où il est décédé des fièvres le 9 juillet 1824.

- POUPLAIN François-Onézime, né le 28 août 1852 à Saint Léger, fils de François, tuilier au Bas Saint Léger, et de Marie Hériau. Soldat de 1e classe au 101e Régiment de Ligne, il quitte le service le 5 octobre 1877 à Paris. Il reçoit avant son départ un certificat de bonne conduite pour les deux dernières années passées sous les drapeaux.

- * RAGNEAU René, né au May en 1791, fils de Jean et de Anne Hervé. Déserteur condamné aux travaux publics, détenu aux ateliers du canal d'Arles. Décédé à l'hospice d'humanité à Arles le 23 août 1813.

- RAGUENEAU Jean-Baptiste, né le 12 janvier 1842 au May, fils de René et de Marie Durand, jeune soldat de la réserve, en subsistance au 1er Régiment de Carabiniers. Décédé de la fièvre typhoïde de 19 décembre 1863 à l'hôpital de Tours.

- RAGUENEAU Louis, né le 22 février 1809 au May, fils de Louis et de Mathurine Chouteau. Fusilier au 65e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé de pneumonie à l'hôpital civil d'Esdin le 8 avril 1831.

- ROBICHON Charles, 19 ans, né au May en 1803, fils de Charles, clôsier et de + Marie Barbot. Fusilier enrôlé volontaire au 24e Régiment de Ligne. Décédé des fièvres à l'hôpital de Saint Gaudens le 16 février 1823.

- ROBINEAU Jean, né à Andrezé. Au service militaire de l'Empire Français, fusilier au 104e de Ligne. Décédé de la fièvre à l'hôpital militaire de Naples le 27 décembre 1808.

- ROUSSELOT Augustin René, né au May le 24 août 1842, fils de Augustin René Rousselot et de Adélaïde Gibouin. Soldat au 4e Régiment de Cuirassiers en garnison à Abbeville au quartier Saint Gilles. Est décédé à l'hôpital des malades de cette ville le 2 septembre 1864.

- SIMON Joseph, né le 16 août 1791 au May, fils de Joseph et de Gabrielle Robichon. Voltigeur au 24e Régiment de Ligne. Décédé le 8 juillet 1837 à l'hôpital d'Oran (Algérie) de gastro-entéro-colite.

- TERRIEN François, époux de Marie Clémot, demeurant au May. Soldat au 150e Régiment de Ligne, blessé le 23 août 1813 à Colberg en Prusse et décédé à l'hôpital de cette ville le 27 août. Faits attestés le 22 décembre 1827 en audience du Tribunal de Beaupréau par René Rousselot, 37 ans, boulanger à Beaupréau, et Mathurin Mingot, 41 ans, métayer à Bégrolles, tous les deux militaires avec François Terrien en 1813, à la demande de la veuve demeurant au May.

- TERRIEN Louis, né le 28 décembre 1805 au May, fils de Jean et de Marie Guillot. Grenadier au 48e Régiment d'Infanterie de ligne. Décédé le 17 mars 1829 de la rougeole à l'hôpital de Langon.

- THARREAU Louis, de la classe 1873, né le 5 juin 1841 à Saint Léger, fils de Mathurin Tharreau, cultivateur aux Audouins, et de Jeanne Durand. Soldat au 90e Régiment de ligne, il décède le 30 octobre 1870 en combattant contre les Prussiens pour la défense de la ville de Dijon. De la classe 1873, il est signalé disparu le 11 janvier 1874. Son jeune frère Célestin pourrait de ce fait être dispensé de service militaire.
inscrit sur le monument aux morts de Saint Léger en 2013

- VERGER Pierre, 22 ans, né au May le 8 février 1793, fils de Jean et de Jeanne Hy. Fusilier au 108e Régiment d'Infanterie de Ligne. Décédé à l'hôpital de Hambourg le 9 novembre 1813.

- VIGNERON Henry, né le 17 octobre 1831 au May, fils de Louis et de Guyonne Bidet. Grenadier au 1er Régiment de la Garde Impériale de l'armée d'Orient. Décédé du choléra le 6 août 1855 à l'hôpital de Sabastopol, ambulance de la Garde Impériale.

 

* Les soldats RAGNEAU René, COËFFARD Jacques et CLÉMOT Pierre, décédés aux armées, ont été condamnés aux Travaux Publics. Il s'agit d'une peine correctionnelle de l'ancien code de justice militaire. Les condamnés, des militaires traduits devant le conseil de guerre le plus souvent pour avoir déserté, étaient incorporés dans des formations d'épreuves dites sections spéciales. Cette peine, peu connue, fut infligée aux insurgés de la Commune ; une façon de se procurer de la main d'œuvre à bon marché, comme pour René RAGNEAU, détenu aux ateliers du canal d'Arles en 1813. Avec les fièvres et les conditions de travail qui devaient leur être appliquées, combien en sont morts ? Triste époque.

 

De toutes ces guerres, menées surtout contre la Prusse, la population de Saint Léger du May est régulièrement informée par la presse autorisée, distribuée par porteur. René Godefroy, cordonnier à Saint Léger, se voit accorder par le Préfet le permis de colportage l'autorisant à vendre et à distribuer le "Journal de l'Ouest". Les Saint Légeois ne restent pas insensibles aux souffrances des combattants. Une souscription est organisée en faveur des soldats blessés dans la guerre de Prusse (1870) et 40 donateurs collecteront la somme de 22 francs 50. Il en sera de même en 1921 : dans le cadre des mesures de solidarité nationale envers les villages du Nord ruinés par la guerre, la commune de Saint Léger sous Cholet vote un secours de 75 francs en faveur du village de Quiévy (Nord).
Elle est également étroitement impliquée dans ces évènements de guerre : tous les fusils de chasse sont réquisitionnés, les habitants sont informés que des dépêches sont susceptibles d'être lancées par les pilotes de ballons dirigeables partis de Paris assiégé. Ces dépêches, destinées au gouvernement de Tours, doivent être déposées sans délai à la mairie ou à la gendarmerie.
De nombreux ballons furent ainsi lancés au gré des vents, pour des directions impossibles à prévoir. Les débris de l'un d'eux, contenant des ossements humains, seront découverts en 1876 sur les côtes d'Islande.
Les jeunes gens sont incorporés dans les armées impériales opposées aux Prussiens. Le Conseil Municipal met sur pied le 21 août 1870 la Garde Nationale sédentaire et recense 115 hommes de la commune, âgés de 21 ans au moins.
Le 11 septembre 1870, l'effectif mobilisé sera arrêté à 27 hommes. Le vote réalisé dans cette troupe désignera, selon le nombre de voix obtenu : 1 capitaine
(André GODINEAU) 1 lieutenant (Louis PICHAUD) 2 sous-lieutenants (BOSSARD et René LANDREAU) 1 sergent-major (Auguste GADRAS) 1 sergent-fourrier (Louis FROUIN) 6 sergents (LOIZEAU, Auguste BOMPAS, Jean HY, Pierre ROUSSELOT, HERREBERT, Jean BIROT) 13 caporaux (Pierre PAPIN, Jean CHEVALLIER, CREUZE, Michel LOYER, René LOGER, Jean DENIS, Jean UZUREAU, LEFORT, BOUCHET, Charles BOUTRÉ, Joseph BARREAU, fabricant, PERDRIAU et Jacques BONDU) et 2 tambours (Isaac ONILLON et ROBICHON). L'exercice obligatoire se fera le dimanche de deux à quatre heures, toute absence non justifiée sera punie d'une amende de 25 centimes.
Pour financer la dépense liée à l'armement, l'équipement, l'habillement et la solde de cette troupe, plus de 115 contribuables de la commune seront soumis à "une contribution spéciale" qui rapportera 1962 francs 70.

 

 

ici une page spéciale sur les soldats saint-légeois "Vendéens"

ici une page sur la population saint-légeoise durant la Révolution

 

 

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