Le
3 octobre 1890, Eugène écrit à l'inspecteur
d'académie :
"
Faisant partie de la classe 1889, je dois être
appelé en novembre prochain à faire une année de
service militaire."
Eugène précise "ayant un
frère sous les drapeaux, et étant moi-même
aîné d'orphelins, je n'ai pas eu à contracter
d'engagement décennal ; mais mon plus grand désir
serait d'être replacé à mon retour de service en
octobre 1891 dans mon poste actuel à Saint Emiland.
Je prie donc Monsieur l'Inspecteur d'Académie de ne
désigner mon remplaçant à Saint Emiland que pour
l'année que je resterai sous les drapeaux..."
Quel est le frère sous les drapeaux ? Ce
ne peut qu'être Claude, 18 ans en 1890. Henri n'a alors que 16
ans
un peu jeune pour être soldat !
Dans un courrier de 1902, il écrit
"mon pauvre frère, sous-officier d'infanterie de Marine,
mort dans les Colonies, loin des siens, à 23
ans."
Claude, né à
Toulon le 22 septembre 1871, est engagé volontaire dans
l'armée, fait les campagnes du Dahomey et du Tonkin, il est
décédé au Tonkin en 1894.
Dans le registre des
décès de Toulon en 1895, on en trouve la transcription
:
"L'an mil huit cent quatre
vingt quinze et le quatorze du mois de mars, à deux heures du
soir, nous Paul Marchelli, adjoint délégué aux
fonctions de l'état-civil, avons transcrit l'acte de
décès dont la teneur suit :
"Extrait mortuaire Troupes de
l'Indo-Chine, 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois.
Nous soussigné, Leblanc Léon, Capitaine au
troisième Régiment de Tirailleurs Tonkinois,
remplissant les fonctions d'officier de l'état-civil,
certifions qu'il résulte du registre destiné à
l'inscription des actes de l'état-civil faits aux
Armées, que le nommé Perrussot Claude, sergent
fourrier au troisième Régiment de Tirailleurs
Tonkinois, troisième bataillon, douzième compagnie ;
né le vingt-deux septembre mil huit cent soixante et onze
à Toulon, du dit département du Var, signalé au
registre matricule sous le numéro D trente trois mille six
cent cinquante trois, fils de feu André et de feue Rancurel
Françoise Philomène, domiciliée à Saint
Jean de Trézy, canton de Couches les Mines, département
de Saône et Loire, non marié ; est
décédé à Vinh-Tuy le huit octobre
à trois heures du soir, d'après la déclaration
à nous faite le huit octobre mil huit cent quatre vingt
quatorze par les trois témoins mâles et majeurs voulus
par la loi, lesquels ont signé au registre avec nous.
A Vinh-Tuy le 8 octobre 1894. Signé L.
Leblanc"
Le reste de la transcription
n'est qu'une suite de procédures pour le contrôle de
l'authenticité des signatures par tous les échelons
hiérarchiques de Léon Leblanc, avec leurs titres "
ronflants " :
- Conseil d'administration du
troisième régiment de tirailleurs tonkinois, à
Bac
- De Ricaudy, "Commissaire aux Revues", à Dep Tan
- Mittre, "Commissaire Chef des Services administratifs Militaires en
Amman et au Tonkin", à Hanoï
- "Résident supérieur au Tonkin et par
délégation le Chef du Cabinet"
acte de naissance de Claude
Perrussot
e
Tonkin, l'Annam et le Laos
|
"Maîtresse
de la Cochinchine et protectrice du
Cambodge, la France a ensuite
étendu sa domination ou son
influence sur l'Annam, le Tonkin, les
plateaux mois et laotiens.
Ces
diverses acquisitions ont toutes
été réalisées
sous la Troisième
République, entre 1880 et 1900.
L'idée de conquérir le
Tonkin apparut dès avant 1870,
à la suite d'une mission
d'exploration que Francis Garnier dirigea
dans l'intérieur du pays ; cette
mission permit en effet d'établir
que la vallée du Fleuve Rouge, au
Tonkin, constituait la meilleure voie
d'accès vers les provinces de la
Chine du Sud. Cependant une
première tentative pour occuper le
Tonkin échoua tragiquement (1873) ;
cet échec entraîna, pendant
dix ans, l'arrêt de toute
opération.
En
Indochine, comme en Afrique du Nord, en
Afrique Noire ou à Madagascar,
l'arrivée des Républicains
aux affaires marqua la reprise des
initiatives. Gambetta et Ferry furent, ici
encore, les deux initiateurs
Un
incident, au cours duquel une petite force
française envoyée au Tonkin,
sous le commandement de Rivière,
fut anéantie, fut suivi de l'envoi
d'un corps expéditionnaire en
Extrême-Orient (1883). Après
une courte guerre, l'empereur d'Annam,
maître du Tonkin, se soumit. L'Annam
et le Tonkin passèrent sous le
protectorat français. La crise ne
fut pas terminée pour autant car la
Chine, qui prétendait à une
suzeraineté sur l'Annam, refusa de
reconnaître le traité. Il
fallut faire aussi la guerre à la
Chine ; celle-ci dut en fin de compte
s'incliner (1885).
La
prise de possession des régions
situées entre le territoire
annamite proprement dit et le cours du
Mékong fut effectuée par des
moyens surtout pacifiques entre 1885 et
1895. Un courageux explorateur,
Maître, fit reconnaître
l'autorité française par les
rudes habitants des plateaux moïs,
tandis qu'un autre explorateur, Pavie,
parcourait, tel Brazza au Congo, les
montagnes et les plateaux du Laos, passant
avec les chefs indigènes de
nombreux traités de
protectorat."
Extrait
de "L'expansion coloniale
française aux XIXe et XXe
siècles" par Albert Malet et Jules
Isaac dans "La naissance du monde moderne"
(1961)
Tirailleurs
Tonkinois - la classe de
français
|
|
|
fiche matricule de Claude
Perrussot
Le rond rouge indique la ville de
Vinh-Tuy, au Tonkin, aujourd'hui au Vietnam, là où
décède
le 8 octobre 1894 le militaire Claude Perrussot, sergent fourrier au
4e Régiment d'Infanterie de Marine.
diplôme de la
médaille du Dahomey décernée à Claude
Perrussot, frère d'Eugène
|
médaille
commémorative
de l'expédition du Dahomey
pour en
savoir plus
|
transcription du 14 mars 1895
à Toulon du décès Claude
Perrussot
https://www.stleger.info