Jean-Marie CHEMARIN
Antonin DARGAUD
Claude JULLIARD

soldats au 153e Régiment d'Infanterie

 

Jean-Marie CHEMARIN, Antonin DARGAUD, Claude JULLIARD sont trois soldats du 153e Régiment d'Infanterie. Nés tous trois en Mâconnais, d'août 1877 à décembre 1879, ils ont entre 35 et 37 ans au déclenchement de la guerre.

D'abord affectés dans un régiment de réservistes, ils rejoignent dès octobre 1914 les rangs du 153e R.I à la caserne Lamarche de Toul. Le 153° Régiment d'Infanterie fait partie du 77° Bataillon d'Infanterie, avec notamment le 146e Régiment d'Infanterie. Ce bataillon d'infanterie est rattaché à la 39° Division d'Infanterie. (1)

Ces trois soldats participent donc aux mêmes combats ; ils vont tous trois mourir pour la Patrie, fin 1914, sur les rives de l'Yser.

(1) 39e D.I. (général Dantant; chef d'état-major : commandant David) 77e brigade (général Wirbel) : 146e R.I., 153e R.I. 78e brigade (général Gerôme) : 156e R.I., 160e R.I. Cavalerie : 5e hussards (1 escadron). Artillerie : 39e R.A.C. (3 groupes 75) Génie : 10e régiment (compagnie 20/2)

 

 

Bataille des Flandres (bataille de l'Yser et bataille d'Ypres) :

"En réalité, ces deux batailles s'enchevêtrent et n'en font qu'une, qui dura un mois plein : c'est une suite de la bataille des Flandres, que l'on a appelée aussi bataille de Calais, d'après son objectif. Une nouvelle démence en effet occupait l'esprit du kaiser. Il voulait, à n'importe quel prix, prendre Calais afin de pouvoir, de ce port, fondre sur l'Angleterre avec une armée d'invasion. Le 17 octobre, ses innombrables bataillons, lancés par masses épaisses de huit hommes de front sur vingt ou trente rangs de profondeur, commencent à essayer de forcer les passages de l'Yser, entre Dixmude et Nieuport. Il n'y a là que les régiments belges réduits à de faibles effectifs, et 6000 de nos fusiliers marins. Cette poignée d'hommes tient tête à elle seule sept jours de suite aux vagues allemandes. Le 24, elle est renforcée par des contingents français amenés en hâte. Le 26, les écluses de Nieuport sont ouvertes et inondent la plaine, qui est en contrebas de la mer. La lutte continue partout où elle reste possible. Ce n'est que le 10 novembre que les Allemands s'emparent du tas de ruines qui fut Dixmude.

L'attaque d'Ypres, plus forcenée encore que celle de Dixmude, commença le 21 octobre. Ce fut aux Anglais à en soutenir le premier choc. Ils accomplirent leur tâche avec une vaillance inégalable, dans des circonstances parfois désespérées. Là encore, plusieurs de nos divisions intervenues à temps rétablirent le combat. Le 16 novembre, les Allemands renoncèrent. Ypres nous restait, la route de Calais à jamais fermée." (2)

(2) Texte d'un auteur anonyme publié en 1919 par la librairie Hachette, reproduit sur le site http://pcoutant.free.fr/rgg008.htm.

 


 

Jean-Marie CHEMARIN

"Appartient au 60e régiment d'infanterie territoriale. Il est affecté dès le 6 octobre 1914 au 153e régiment d'infanterie. Nous le voyons avec son camarade LAFFAY et beaucoup de compatriotes non loin d'Hébuterne, puis en Belgique. Il s'agit d'empêcher le Boche de passer et de s'emparer de Dunkerque et de Calais. Nos soldats se battent dans la boue, car tout le pays est inondé. CHEMARIN est tué le 12 novembre 1914 en Belgique après avoir fait héroïquement son devoir." (Extrait du discours d'Eugène Perrussot)

"Commune de Saint Léger sous la Bussière…(acte en date du 20 août 1920) Jugement rendu par le Tribunal civil de Mâcon (audience du 11 août 1920) : "…Le tribunal, après en avoir délibéré, ordonne que le présent jugement tiendra lieu d'acte de décès du Sieur Chemarin Jean Marie, soldat au 153e Régiment d'Infanterie, né le vingt quatre août mil huit cent soixante dix sept à Saint Léger sous la Bussière, profession de cultivateur, domicilié à Saint Léger sous la Bussière ; fils de feu Joseph et de Latour Claudine, domiciliée à Saint Léger sous la Bussière ; époux de Bergeron Marie Benoîte, âgée de trente deux ans, cultivatrice domiciliée à Saint Léger sous la Bussière. Mort pour la France le douze novembre mil neuf cent quatorze à Kemmel (Belgique)…"

 


 

Antonin DARGAUD

"Est affecté comme son camarade d'enfance CHEMARIN au 153e régiment d'infanterie. Il prend part à des attaques dans le nord de la France, dans les boues des Flandres. Le voilà à l'est du canal de l'Yser, non loin de la Maison du Passeur, non loin du point où tombera plus tard l'immortel Guynemer (3) ! Son régiment occupe un terrain couvert d'eau. La lutte est dure. Les Boches font des efforts acharnés pour passer, mais leurs efforts se heurtent partout à une résistance invincible. C'est au cours d'un de ces combats meurtriers que DARGAUD Antonin est tué, face à l'ennemi, un mois après son camarade CHEMARIN" (extrait du discours d'Eugène Perrussot)

(3) Au centre de Poelkapelle s'élève le monument à "l'As des As" français, le capitaine Georges Guynemer, l'un des pilotes les plus victorieux de la Première Guerre Mondiale. Entre juin 1915 et septembre 1917, il obtint 53 victoires en combats aériens, les cinq derniers au-dessus du front des Flandres. Guynemer commandait l'escadrille des Cigognes basée à St Pol sur Mer, près de Dunkerque, lorsque le 11 septembre 1917 il fut abattu au-dessus de Poelkapelle par le lieutenant allemand Wisseman. Le corps de l'officier français de la légion d'honneur ne fut jamais retrouvé.

La fiche d'Antonin DARGAUD sur Mémoire des Hommes nous apprend qu'il naît le 12 novembre 1878 à Saint Léger. Un jugement est transcrit le 29 mai 1920 à Pré Saint Gervais, alors dans la Seine :

"Extrait des minutes du Greffe du Tribunal civil de première instance du département de la Seine… d'un jugement rendu le trente avril mil neuf cent vingt… il a été extrait ce qui suit : "Le tribunal dit et déclare que le onze décembre mil neuf cent quatorze est décédé des suites de ses blessures à Saint Julien (Belgique) DARGAUT Antonin, soldat au cent cinquante troisième régiment d'infanterie, né au hameau de Montdidier, commune de Saint Léger sous la Bussière (Saône et Loire), fils légitime de Henry Dargaut et de Jeanne Marie Latour, époux de Catherine Virginie Vallerian. Domicilié en dernier lieu au Pré Saint Gervais (Seine) quarante rue Danton. Ledit Antonin Dargaut Mort pour la France. Dit que le présent jugement tiendra lieu de l'acte de décès du militaire susnommé."

Antonin Dargaud repose au cimetière militaire Saint Charles de Potyze à Ypres. (4)

(4) sur la Route Zonnebeekseweg - cimetière inauguré le 20 octobre 1922, qui rassemble les tombes d'environ 4171 soldats français

 


 

Claude JULLIARD

Son nom n'est pas inscrit sur le Monument aux Morts. Il ne l'est pas non plus sur la plaque souvenir de l'église paroissiale. Par contre, dans les registres de décès de Saint Léger, le neuf avril 1921 est retranscrit le jugement du 5 avril 1921 rendu par le tribunal civil de première instance de Mâcon :

"…Ordonne que le présent jugement tiendra lieu d'acte de décès du Sieur JULLIARD Claude, soldat au cent cinquante troisième régiment d'infanterie ; né le neuf décembre mil huit cent soixante dix neuf à Germolles sur Grosne, profession de charron, domicilié à Saint Léger ; fils à Jean et de Vermorel Jeanne, domiciliée à Chenas ; époux de Mairot Marie Jeanne, âgée de quarante et un ans, femme de chambre domiciliée à Paris. Mort pour la France le onze décembre mil neuf cent quatorze à Saint Julien (Belgique)."

 

 


 

Historique du 146e RI

A défaut de l'historique du 153e RI, grâce à celui du 146e, qui a participé aux mêmes combats, nous pouvons mieux appréhender les épreuves vécues par ces trois Poilus :

"Le Kemmel : Embarquement, trajet, débarquement à Steenwerke remplissent la journée du 3 novembre. Du wagon, on saute dans les autos anglaises et le mouvement continue jusqu'à Elverdinghe, où s'écoulent les journées des 4 et 5 novembre.
Le 6, on part vers 2 heures, par des chemins devenus de véritables bourbiers. Il faut aider les Anglais à rétablir leur situation. Au point du jour, le régiment est rassemblé dans un vallon entre le Kemmel et le Cabaret du Pompier…nos bataillons, malgré de lourdes pertes, n'avancent que faiblement; mais, le 7 , l'attaque est reprise et la progression est plus accentuée ; nous parvenons à proximité de Messines. Le régiment a pleinement rempli sa mission. La ligne est complètement et solidement rétablie.
…/…

Dans les Flandres : Le régiment passe en Belgique l'hiver 1914-1915, occupant tour à tour dans la région dYpres divers secteurs, dans lesquels l'accalmie est inconnue. Il faut lutter en outre contre les forces les plus irrésistibles et les plus hostiles de la nature. L'hiver, ce terrible ennemi, déchaîne ses éléments, et cette nouvelle lutte provoque chez nos soldats des efforts surhumains et des prodiges d'endurance et d'opiniâtreté.
Une relève par les Anglais était prévue pour le 15 novembre, mais nos braves alliés ne sont pas prêts…tandis que la bataille la bataille pour Calais continue à faire rage autour dYpres ; nos soldats cinglés par le froid, fouettés par la pluie, luttant contre la boue qui décuple la fatigue, arrivent à Elverdinghe rempli de troupes, où il est presque impossible de se loger.
Et c'est ensuite la vie de secteur qui continue sur cette terre de désolation, où il semble qu'on vit dans un cataclysme permanent de la nature. Le froid raidit les membres, l'eau envahit tout, les tranchées s'éboulent, la boue règne partout. On dirait un immense naufrage.
Et dans cette grande détresse, la confiance et l'espoir restent hors d'atteinte ; admirable spectacle de la souveraineté des forces morales et de la volonté sur la matière et les forces physiques.
…Le régiment occupe diverses parties du front, tantôt en première ligne, tantôt en réserve de secteur ou d'armée… Le froid commence à attaquer les effectifs ; les premiers pieds gelés apparaissent. Le bombardement d'Ypres continue ; le 22 novembre, les halles et la cathédrale sont en flammes.
… Il vient plus au sud dans le secteur de Fortuin, le 6 décembre, relevant des unités du 114e et du 125e. Le changement n'est pas avantageux. De l'eau, toujours de l'eau! On passe le temps à vider les tranchées ; les évacuations pour oedème augmentent.
Nouveau secteur… après un court stationnement à Elverdinghe. C'est celui de Saint Julien qui paraît un peu moins inhospitalier au début, mais c'est une illusion vite dissipée. La pluie ne tarde pas à le rendre affreux et l'ennemi s'y montre plus actif. Nos soldats supportent les averses d'eau et d'obus avec le même stoïcisme. On recherche tous les moyens d'améliorer leur condition. Mais que faire contre les éléments implacables ?"

Sur les batailles des Flandres, voir : http://www.chtimiste.com/batailles1418/course%20a%20la%20mer%20flandre.htm

 

 

 

 

 

 

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