soldats au 153e
Régiment d'Infanterie
Antonin DARGAUD
Claude JULLIARD
D'abord affectés dans un régiment
de réservistes, ils rejoignent dès octobre 1914 les
rangs du 153e R.I à la caserne Lamarche de Toul. Le 153°
Régiment d'Infanterie fait partie du 77° Bataillon
d'Infanterie, avec notamment le 146e Régiment d'Infanterie. Ce
bataillon d'infanterie est rattaché à la 39°
Division d'Infanterie. (1) Ces trois soldats participent donc aux
mêmes combats ; ils vont tous trois mourir pour la Patrie, fin
1914, sur les rives de l'Yser. (1) 39e D.I. (général
Dantant; chef d'état-major : commandant David) 77e brigade
(général Wirbel) : 146e R.I., 153e R.I. 78e brigade
(général Gerôme) : 156e R.I., 160e R.I. Cavalerie
: 5e hussards (1 escadron). Artillerie : 39e R.A.C. (3 groupes 75)
Génie : 10e régiment (compagnie 20/2) Bataille des Flandres (bataille de l'Yser et
bataille d'Ypres) : "En réalité, ces deux batailles
s'enchevêtrent et n'en font qu'une, qui dura un mois plein :
c'est une suite de la bataille des Flandres, que l'on a
appelée aussi bataille de Calais, d'après son objectif.
Une nouvelle démence en effet occupait l'esprit du kaiser. Il
voulait, à n'importe quel prix, prendre Calais afin de
pouvoir, de ce port, fondre sur l'Angleterre avec une armée
d'invasion. Le 17 octobre, ses innombrables bataillons, lancés
par masses épaisses de huit hommes de front sur vingt ou
trente rangs de profondeur, commencent à essayer de forcer les
passages de l'Yser, entre Dixmude et Nieuport. Il n'y a là que
les régiments belges réduits à de faibles
effectifs, et 6000 de nos fusiliers marins. Cette poignée
d'hommes tient tête à elle seule sept jours de suite aux
vagues allemandes. Le 24, elle est renforcée par des
contingents français amenés en hâte. Le 26, les
écluses de Nieuport sont ouvertes et inondent la plaine, qui
est en contrebas de la mer. La lutte continue partout où elle
reste possible. Ce n'est que le 10 novembre que les Allemands
s'emparent du tas de ruines qui fut Dixmude. L'attaque d'Ypres, plus forcenée encore
que celle de Dixmude, commença le 21 octobre. Ce fut aux
Anglais à en soutenir le premier choc. Ils accomplirent leur
tâche avec une vaillance inégalable, dans des
circonstances parfois désespérées. Là
encore, plusieurs de nos divisions intervenues à temps
rétablirent le combat. Le 16 novembre, les Allemands
renoncèrent. Ypres nous restait, la route de Calais à
jamais fermée." (2) (2) Texte d'un auteur anonyme
publié en 1919 par la librairie Hachette, reproduit sur le
site http://pcoutant.free.fr/rgg008.htm.
Jean-Marie CHEMARIN "Appartient au 60e régiment d'infanterie
territoriale. Il est affecté dès le 6 octobre 1914 au
153e régiment d'infanterie. Nous le voyons avec son camarade
LAFFAY et beaucoup de compatriotes non loin d'Hébuterne, puis
en Belgique. Il s'agit d'empêcher le Boche de passer et de
s'emparer de Dunkerque et de Calais. Nos soldats se battent dans la
boue, car tout le pays est inondé. CHEMARIN est tué le
12 novembre 1914 en Belgique après avoir fait
héroïquement son devoir." (Extrait du discours
d'Eugène Perrussot) "Commune de Saint Léger sous la
Bussière
(acte en date du 20 août 1920) Jugement
rendu par le Tribunal civil de Mâcon (audience du 11 août
1920) : "
Le tribunal, après en avoir
délibéré, ordonne que le présent jugement
tiendra lieu d'acte de décès du Sieur Chemarin Jean
Marie, soldat au 153e Régiment d'Infanterie, né le
vingt quatre août mil huit cent soixante dix sept à
Saint Léger sous la Bussière, profession de
cultivateur, domicilié à Saint Léger sous la
Bussière ; fils de feu Joseph et de Latour Claudine,
domiciliée à Saint Léger sous la Bussière
; époux de Bergeron Marie Benoîte, âgée de
trente deux ans, cultivatrice domiciliée à Saint
Léger sous la Bussière. Mort pour la France le douze
novembre mil neuf cent quatorze à Kemmel
(Belgique)
"
Antonin DARGAUD "Est affecté comme son camarade
d'enfance CHEMARIN au 153e régiment d'infanterie. Il prend
part à des attaques dans le nord de la France, dans les boues
des Flandres. Le voilà à l'est du canal de l'Yser, non
loin de la Maison du Passeur, non loin du point où tombera
plus tard l'immortel Guynemer (3) ! Son régiment occupe
un terrain couvert d'eau. La lutte est dure. Les Boches font des
efforts acharnés pour passer, mais leurs efforts se heurtent
partout à une résistance invincible. C'est au cours
d'un de ces combats meurtriers que DARGAUD Antonin est tué,
face à l'ennemi, un mois après son camarade CHEMARIN"
(extrait du discours d'Eugène Perrussot) (3) Au centre de Poelkapelle
s'élève le monument à "l'As des As"
français, le capitaine Georges Guynemer, l'un des pilotes les
plus victorieux de la Première Guerre Mondiale. Entre juin
1915 et septembre 1917, il obtint 53 victoires en combats
aériens, les cinq derniers au-dessus du front des Flandres.
Guynemer commandait l'escadrille des Cigognes basée à
St Pol sur Mer, près de Dunkerque, lorsque le 11 septembre
1917 il fut abattu au-dessus de Poelkapelle par le lieutenant
allemand Wisseman. Le corps de l'officier français de la
légion d'honneur ne fut jamais retrouvé. La fiche d'Antonin DARGAUD sur Mémoire
des Hommes nous apprend qu'il naît le 12 novembre 1878 à
Saint Léger. Un jugement est transcrit le 29 mai 1920 à
Pré Saint Gervais, alors dans la Seine : "Extrait des minutes du Greffe du Tribunal
civil de première instance du département de la
Seine
d'un jugement rendu le trente avril mil neuf cent
vingt
il a été extrait ce qui suit : "Le tribunal
dit et déclare que le onze décembre mil neuf cent
quatorze est décédé des suites de ses blessures
à Saint Julien (Belgique) DARGAUT Antonin, soldat au cent
cinquante troisième régiment d'infanterie, né au
hameau de Montdidier, commune de Saint Léger sous la
Bussière (Saône et Loire), fils légitime de Henry
Dargaut et de Jeanne Marie Latour, époux de Catherine Virginie
Vallerian. Domicilié en dernier lieu au Pré Saint
Gervais (Seine) quarante rue Danton. Ledit Antonin Dargaut Mort pour
la France. Dit que le présent jugement tiendra lieu de l'acte
de décès du militaire susnommé." Antonin Dargaud repose au cimetière
militaire Saint Charles de Potyze à Ypres.
(4) (4) sur la Route Zonnebeekseweg -
cimetière inauguré le 20 octobre 1922, qui rassemble
les tombes d'environ 4171 soldats français
Claude JULLIARD Son nom n'est pas inscrit sur le Monument aux
Morts. Il ne l'est pas non plus sur la plaque souvenir de
l'église paroissiale. Par contre, dans les registres de
décès de Saint Léger, le neuf avril 1921 est
retranscrit le jugement du 5 avril 1921 rendu par le tribunal civil
de première instance de Mâcon : "
Ordonne que le présent jugement
tiendra lieu d'acte de décès du Sieur JULLIARD Claude,
soldat au cent cinquante troisième régiment
d'infanterie ; né le neuf décembre mil huit cent
soixante dix neuf à Germolles sur Grosne, profession de
charron, domicilié à Saint Léger ; fils à
Jean et de Vermorel Jeanne, domiciliée à Chenas ;
époux de Mairot Marie Jeanne, âgée de quarante et
un ans, femme de chambre domiciliée à Paris. Mort pour
la France le onze décembre mil neuf cent quatorze à
Saint Julien (Belgique)."
Historique du 146e RI A défaut de l'historique du 153e RI,
grâce à celui du 146e, qui a participé aux
mêmes combats, nous pouvons mieux appréhender les
épreuves vécues par ces trois Poilus : "Le Kemmel : Embarquement, trajet,
débarquement à Steenwerke remplissent la journée
du 3 novembre. Du wagon, on saute dans les autos anglaises et le
mouvement continue jusqu'à Elverdinghe, où
s'écoulent les journées des 4 et 5 novembre. Dans les Flandres : Le régiment
passe en Belgique l'hiver 1914-1915, occupant tour à tour dans
la région dYpres divers secteurs, dans lesquels l'accalmie est
inconnue. Il faut lutter en outre contre les forces les plus
irrésistibles et les plus hostiles de la nature. L'hiver, ce
terrible ennemi, déchaîne ses éléments, et
cette nouvelle lutte provoque chez nos soldats des efforts surhumains
et des prodiges d'endurance et d'opiniâtreté. Sur les batailles des Flandres, voir :
http://www.chtimiste.com/batailles1418/course%20a%20la%20mer%20flandre.htm
Le 6, on part vers 2 heures, par des chemins devenus de
véritables bourbiers. Il faut aider les Anglais à
rétablir leur situation. Au point du jour, le régiment
est rassemblé dans un vallon entre le Kemmel et le Cabaret du
Pompier
nos bataillons, malgré de lourdes pertes,
n'avancent que faiblement; mais, le 7 , l'attaque est reprise et la
progression est plus accentuée ; nous parvenons à
proximité de Messines. Le régiment a pleinement rempli
sa mission. La ligne est complètement et solidement
rétablie.
/
Une relève par les Anglais était prévue pour le
15 novembre, mais nos braves alliés ne sont pas
prêts
tandis que la bataille la bataille pour Calais
continue à faire rage autour dYpres ; nos soldats
cinglés par le froid, fouettés par la pluie, luttant
contre la boue qui décuple la fatigue, arrivent à
Elverdinghe rempli de troupes, où il est presque impossible de
se loger.
Et c'est ensuite la vie de secteur qui continue sur cette terre de
désolation, où il semble qu'on vit dans un cataclysme
permanent de la nature. Le froid raidit les membres, l'eau envahit
tout, les tranchées s'éboulent, la boue règne
partout. On dirait un immense naufrage.
Et dans cette grande détresse, la confiance et l'espoir
restent hors d'atteinte ; admirable spectacle de la
souveraineté des forces morales et de la volonté sur la
matière et les forces physiques.
Le régiment occupe diverses parties du front,
tantôt en première ligne, tantôt en réserve
de secteur ou d'armée
Le froid commence à
attaquer les effectifs ; les premiers pieds gelés
apparaissent. Le bombardement d'Ypres continue ; le 22 novembre, les
halles et la cathédrale sont en flammes.
Il vient plus au sud dans le secteur de Fortuin, le 6
décembre, relevant des unités du 114e et du 125e. Le
changement n'est pas avantageux. De l'eau, toujours de l'eau! On
passe le temps à vider les tranchées ; les
évacuations pour oedème augmentent.
Nouveau secteur
après un court stationnement à
Elverdinghe. C'est celui de Saint Julien qui paraît un peu
moins inhospitalier au début, mais c'est une illusion vite
dissipée. La pluie ne tarde pas à le rendre affreux et
l'ennemi s'y montre plus actif. Nos soldats supportent les averses
d'eau et d'obus avec le même stoïcisme. On recherche tous
les moyens d'améliorer leur condition. Mais que faire contre
les éléments implacables ?"