"Frère
de SARRAZIN
Etienne, appartient au 127e
régiment d'infanterie et il a son frère à
venger. Il se bat bravement. Il est tué, face à
l'ennemi, au cours d'une attaque près du bois Maurepas, le 3
septembre 1916, laissant le souvenir d'un brave enfant et d'un
vaillant soldat. Inclinons-nous devant les vieux parents de SARRAZIN
Etienne et de SARRAZIN Claude, morts pour la Patrie."
Claude Sarrazin est né le 29 juin 1894
à Dompierre les Ormes ; frère cadet d'Etienne
(né le 4 octobre 1892). Au début de la guerre, ils
habitent avec leurs parents, Benoît Sarrazin et Marie
Antoinette Junion, à Saint Léger sous la
Bussière.
Incorporé au 21e Bataillon de Chasseurs
à Pied, Etienne meurt le 24 août 1914 à
Badonvillers. Claude est de la classe 1914, celle qui a juste 20 ans
à la déclaration de guerre. Incorporé au 127e
Régiment d'Infanterie à Valenciennes, il participe
à de nombreux combats :
"L'an mil neuf cent seize, le vingt deux du
mois de septembre, à huit heures du matin, étant au
Bois des Célestins, près de Chipilly (Somme) ;
Acte de décès de Claude Sarrazin, soldat au 127e
Régiment d'Infanterie, 3e Compagnie, Matricule au
recrutement de Mâcon : mil cent quatre vingt onze ; né
le vingt neuf juin mil huit cent quatre vingt quatorze à
Dompierre-les-Ormes
/
Domicilié en dernier lieu à Saint Léger sous la
Bussière (Saône et Loire)
Mort pour la France au Ravin situé à 800
mètres Est de Maurepas, à 50 mètres du
même bois (Somme) le trois septembre mil neuf cent seize,
à treize heures du soir ; tué par balle au cours d'une
attaque ;
Célibataire, fils de Benoît et de Junion Marie
Antoinette, domiciliés à Saint Léger sous la
Bussière
/
Conformément à l'article 77 du Code civil, nous nous
sommes transportés auprès de la personne
décédée et assuré de la
réalité du décès. Inhumé sur
place au lieu même où il a été
tué. Dressé par moi Léon Louis Robert, Sous
Lieutenant officier de l'état civil ; sur la
déclaration de Louis Lévêque, caporal au 127e
Régiment d'Infanterie et de Joseph Vanlerberghe, soldat au
même régiment, témoins qui ont signé avec
moi
/
"
(Acte transcrit à St Léger le 6 janvier 1917 par Jean
Vivier, adjoint au maire)
Grâce à l'historique du 127e RI,
nous avons le récit des dernières semaines au front de
Claude Sarrazin et les circonstances de son décès au
combat.
la Somme du 10 août au 28
septembre 1916
"Les 9 et 10 Août, mouvement par
étapes jusqu'à Namps-au-Val (Ouest d'Amiens).
Enlevé en camions le 10 Août, le Régiment
débarque à Chipilly (Somme), occupe jusqu'au 20
Août le Camp des Célestins.
Le 20 août 1916, le Régiment prend des positions de fin
de combat dans le secteur d'Hardecourt.
Combats du Nord de Maurepas
Le 26 août, la 1re Brigade (d'Infanterie)
relève la 2e qui s'est emparée de Maurepas et de ses
abords, avec mission de continuer sa progression dans la direction de
Combles ; le 127e Régiment d'Infanterie au Nord, le 43e
Régiment d'Infanterie au Sud.
Le Régiment est en liaison avec l'Armée britannique
qui, un peu en retrait, n'a pas encore attaqué les
tranchées allemandes qui continuent dans la position vers le
Nord de Maurepas enlevée par la 2e Brigade.
Attaque du 3 Septembre 1916
Le 3 Septembre, ordre est donné au 127e
Régiment d'Infanterie d'attaquer la lisière Est du Bois
Louage et du Bois Savernake précédés à
l'Ouest par la Tranchée Savernake.
A neuf heures, l'attaque anglaise se déclenche sur la Ferme
Falfemont et le Bois de Leuze. Elle échoue. L'attaque
française est fixée pour midi, mais l'échec de
l'Armée britannique rend la situation de la gauche très
délicate.
Le 127e Régiment d'Infanterie, pour atteindre ses objectifs,
doit se faire prêter le flanc aux défenseurs du Ravin de
Combles.
A l'heure, les vagues surgissent de la tranchée de
départ. A droite, le 2e Bataillon, en liaison avec le 43e
Régiment d'Infanterie, s'empare d'abord d'un boyau
organisé où les mitrailleuses lui causent des pertes
cruelles. Elles sont enlevées, malgré la défense
acharnée des Allemands de la Garde, du Régiment
Elizabeth, qui, à cause de la chaleur et pour mieux lancer
leurs grenades, combattaient en bras de chemises.
Quatre cents de ces soldats sont pris. Arrivés de la veille,
ils devaient attaquer eux-mêmes quelques heures plus tard et
étaient pourvus d'un approvisionnement complet comprenant,
entre autre choses, de nombreuses bouteilles d'eau minérale,
qui réjouirent nos hommes altérés.
La tranchée Savernake est ainsi
franchie. Les premières lignes pénètrent d'un
seul élan dans le Bois Louage, bordent la lisière Ouest
et l'organisent défensivement, pendant que des pointes hardies
de mitrailleuses couvrent le front et menacent les abords de Combles
/
A gauche, le 1er Bataillon, malgré le
tir des mitrailleuses qui bordent le ravin, conserve son élan,
franchit la tranchée Savernake puis, l'abandonnant aux
nettoyeurs qui y font des prisonniers, aborde le Bois Savernake
où l' ennemi y a placé ses réserves.
Une lutte corps à corps s'engage dans le bois mais, affaiblie
par les pertes subies au cours de la progression et très
inférieure en nombre, la droite du Bataillon reste en liaison
avec le 2e Bataillon dans le Bois Louage, alors que la gauche doit se
replier jusqu'à la tranchée Savernake, qu'elle
défend obstinément.
Le 3e Bataillon, qui a pris la place des deux
premiers dans la tranchée de départ à gauche,
contient les occupants du Bois de Maurepas, avec l'aide du 75, dont
le tir, constaté dans la nuit, avait tué sur place
presque tous les occupants, destinés à bondir sur nous
en contre-attaquant notre flanc gauche. A droite, ce Bataillon assure
la liaison avec la première ligne, qui a avancé de 1200
mètres.
Le 4 Septembre, de nombreuses contre-attaques
allemandes menées par des troupes fraîches sont
nettement repoussées par nos feux et les positions conquises
sont intégralement maintenues. Le 5 Septembre, l'Armée
britannique enlève la Ferme Falfemont.
Les Allemands, menacés dans leurs communications,
évacuent le Bois de Maurepas, poursuivis par le 3e Bataillon,
qui vient s'aligner sur la tranchée Savernake avec le 1er
Bataillon. Les objectifs assignés étaient
complètement atteints.
Pour réaliser ainsi les désirs du
Commandant, Officiers et troupe ont montré une énergie
magnifique supportant sans fléchir un seul instant le mauvais
temps qui avait rempli d'eau les tranchées et retardé
l'attaque de huit jours, pendant lesquels un bombardement terrible
à l'arrière rendait le ravitaillement si difficile que
les occupants de la tranchée de départ étaient
dans l'extraordinaire situation d'avoir les pieds dans l'eau et de
n'avoir pas à boire en 24 heures un quart de cette fameuse eau
que les petits ânes acheminaient de l'arrière
/
C'est pour tous ces efforts, tous ces actes
d'héroïsme réunis et leurs résultats, que
le 127e Régiment d'Infanterie mérite la citation
suivante, à l'Ordre de l'Armée :
"Sous l'impulsion énergique et personnelle de son Chef, le
Général Rauscher, la 1re Brigade d'Infanterie,
comprenant le 127e d'Infanterie, sous le commandement du
Lieutenant-Colonel Pravaz, après avoir soutenu, pendant douze
jours, un bombardement incessant sur un terrain presque sans abri, a,
le 3 Septembre 1916, mené avec un entrain et une
énergie admirables, une attaque qui a enfoncé les
lignes allemandes sur 2 kilomètres de profondeur; s'est
maintenue sur les positions conquises malgré les violentes
réactions de l'adversaire ; a infligé à l'ennemi
des pertes cruelles, fait de nombreux prisonniers et enlevé un
grand nombre de mitrailleuses."
Dans la nuit du 5 au 6, le 127e Régiment
d'Infanterie, retiré de ses emplacements de combat, est
ramené en autos-camions au Camp des
Célestins
"
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