Dans
la Renault KZ4, modèle 1930, conduite à droite,
livrée en châssis cabine, carrosserie artisanale genre
boulangère, les petites mains et les têtes sont celles
des enfants Pierre, Madeleine, Joseph et Thérèse,
enfants de Pierre, au volant, et Marie (née Macé)
derrière la voiture.
Par tradition, le 1er fils de la génération s'appelle
comme son père. Ainsi, dans la famille Lefort, on retrouve au
moins 7 générations de "Pierre", et chacun prend
également la suite d'une même profession : boucher et
négociant en bestiaux, avec quelques hectares. Seul, au
début du siècle dernier, on retrouve un "Adolphe", 2e
de la famille, l'aîné Pierre étant
prêtre.
Le commerce de bestiaux n'est plus poursuivi par la
génération actuelle et, comme toutes les petites
boucheries de campagne, celle-ci a disparu dans les années
50.
vers 1937 - Joséphine
Brebion, "Fifine", devant sa voiture, 2 rue
d'Anjou
|
Fifine pose devant sa voiture d'alors,
une Peugeot 301, modèle de luxe sorti des années 1936
à 1938.
Au 2 rue d'Anjou, à l'angle de
l'allée des Bois, il y avait une petite épicerie depuis
1933. Elle a définitivement fermé ses portes en
1989.
C'était une épicerie "anachronique" au temps des super
et hypermarchés.
Joséphine Brebion, née Chupin
en 1898 au Claireau, était un "tempérament".
Douée d'une carrure et d'une force herculéenne, rien ne
lui faisait peur, ni les lourds cageots qu'elle chargeait à
Nantes, dans sa grosse camionnette qu'elle conduisait elle-même
à une époque où peu de femmes possédaient
le permis, ni les journées, longues, très longues
à "chiner" pour vendre ses produits. Car Fifine
exerçait de nombreux métiers : chez elle, on trouvait
fruits, légumes, épicerie, tissus, bonneterie,
confection, articles de pêche
Elle faisait aussi salon de coiffure et, de deux ou trois coups de
ciseaux bien appliqués, savait rafraîchir les toisons
les plus touffues. Elle cessa ses activités en 1955, et
l'affaire fut reprise par son gendre, Fernand Gallard, qui a maintenu
l'épicerie jusqu'en 1989.
Elle était l'épouse de Jérémie Brebion,
cantonnier municipal, qui avait peu son mot à dire. Leurs
"disputes" autour des parties de pêche à l'étang
étaient épiques, car Fifine était aussi une
grande pêcheuse.
Leur fille unique Thérèse, qui
tenait l'épicerie avec elle, se maria tardivement avec Fernand
Gallard, venu d'Andrezé. Entre autres choses, il avait
assuré le ramassage des colis de chaussures à l'usine
Samson avec son camion Berliet de la CFTA (Chemins de Fer et
Transport Automobile), filiale de la SNCF.
Au décès de Thérèse en 1972, Fernand
reprit l'épicerie jusqu'en 1989. Sa dernière
camionnette, une Estafette verte, était surnommée "la
grenouille" par l'équipe du cyclisme, à cause de sa
couleur et de ses gros yeux.


1930 - devant le café
Chotard, actuelle boulangerie, 1 rue de la
Vendée
|
de gauche à droite : Léone
Chotard / Marcelline Samson, et dans ses bras Jeanine / Marcel Samson
tenant Bernard dans ses bras / devant lui, Marcelle / ? / M. Bonneau,
avec sa pipe / Maurice Hy père / ? / Joseph Boisdron /
François You / Maurice Hy fils / Gaston Boisdron
Le café et la boulangerie ont
toujours fonctionné de pair jusqu'en 1963, date de la
fermeture du café. Ensuite, avec le tout début de la
seconde expansion de la commune, l'activité de la boulangerie
s'est développée : pâtisserie et pains divers,
plus le portage du pain ont suffi à occuper boulanger et
boulangère.
Quatre générations se sont succédé de
1876 à 1989 : Alexandre Chotard, son fils Alexandre, sa
petite-fille Marcelline qui épousera Marcel Samson et Bernard
Samson qui sera boulanger jusqu'à sa retraite en
1989.
1923 - le pain des pauvres -
facture au bureau de bienfaisance
|
Le pain était gratuit pour les
personnes sans ressources. Le boulanger le facturait au bureau de
bienfaisance de la commune qui, après accord du conseil, lui
adressait le règlement de la facture.
Entre la boulangerie et la gare du Petit
Anjou a existé une fabrique de poteaux électriques en
ciment armé dans les années 1930 à 1940.
Certains ouvriers, qui n'étaient pas de St Léger,
logeaient au café Landreau, et c'est le Petit Anjou qui
acheminait les matériaux.
C'était
ce petit train départemental, inauguré en 1893, qui
allait cahin-caha, au rythme de la vapeur, de Saumur à Nantes,
de Beaupréau à Angers, de Candé à Noyant,
s'étendant sur 315 km et desservant plus de 60 petites gares,
dont St Léger sous Cholet.
Il fallait compter presque une journée pour aller de Cholet
à Saumur !
Durant plus de 50 ans, il sillonnera notre campagne à la
moyenne, respectable pour l'époque, de 15 km/h. La ligne
Cholet-Beaupréau sera mise en service le 4 septembre
1899.
le train fait halte à
la station de St Léger, sur le parcours
Cholet-Beaupréau-Montrevault-Nantes
|
La voie unique courait tantôt au bord
de la chaussée, tantôt à travers champs,
franchissant les routes sans la moindre barrière.
De pittoresques voitures voyageurs offraient un confort sommaire : il
n'y avait pas de chauffage, l'éclairage était
assuré par des lampes à huile, et les banquettes
étaient en bois, mais tout le monde était
enchanté du tortillard, qui emmenait la famille au
marché ou à la noce, qui livrait aussi les engrais, les
animaux, la pierre, le bois et, bien sûr, le vin...
Souvent, il lui arrivait de musarder en route... Certains l'ont-ils
poussé dans les côtes ?
A partir de 1924, des automotrices aux allures d'autocar, plus
connues sous le nom impropre de "michelines", vinrent apporter un peu
de confort et de souplesse au trafic voyageurs : elles ne sifflaient
pas, mais faisaient Pin-Pon !
Pour les marchandises, on avait le choix entre les wagons couverts
dits "à bestiaux", les plats, et les tombereaux.
Pendant les sombres années des deux guerres, il eut ses heures
de gloire. Plus rusé que quiconque, il se fit tour à
tour ravitailleur clandestin et complice des maquisards.
Tout semblait pour le mieux, mais l'automobile arrivait...
Après la guerre, on reprocha à notre petit train
d'être démodé et de n'être plus assez
rentable. Ainsi, discrètement, s'en alla le Petit Anjou, un
jour de printemps 1948...
- 18 mars 1906 : M. Marvi, cycliste, se
retrouve nez à nez avec le train au passage à niveau
de St Léger qui se trouvait route de Beaupréau
devant l'actuelle mairie. Heurté par la locomotive, il est
projeté en arrière et a juste le poignet
foulé. (source : Le Patriote de l'Ouest du 22 mars
1906)
- 26 juillet 1933 : le train met le feu
à une haie près de la route de St Léger puis
au Bois Lavau : 2 ha brûlés
- 12 avril 1938 : le train met le feu aux
bois de M Cesbron-Lavau, puis au Bois Lavau de St
Léger
l'équipe du Petit Anjou
de Bégrolles, vers 1920, à Saint
Léger
Ah ! les belles bacchantes !
|
Louis Delhumeau / Louis Poirier,
dont la femme tenait la gare de Saint Léger / ?
/ M. Moreau
Derrière eux, le lorry de l'équipe et le lot de
traverses de rechange.
Les 4 hommes sont occupés à
saboter les traverses, c'est à dire creuser l'emplacement
où reposera le rail.
Deux coups de scie et Moreau fera sauter le surplus de bois avec son
herminette. Louis Poirier prépare les trous pour les
tire-fond avec sa tarière, et Louis Delhumeau trempe sa louche
à long manche dans le chaudron et la créosote
destinée à traiter le bois. Tous sont chaussés
de bottes en cuir qu'ils se fabriquaient eux-mêmes et qui, aux
dires de certains, se nommaient les "cheminotes".
les chefs de gare à St
Léger
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- 1901 à 1904 : Angélique
Micheneau
- 1904 à 1906 : Mme
Nolin
- 1906 à 1907 : Marie Delhumeau
- 1907 à 1909 : Mme Nolin
- 1909 à 1920 : Mme Béclard
- 1920 à 1921 : Mme
Defois
- 1921 à 1948 : Marie-Louise
Poirier
vers 1942 - Marie-Louise
Poirier, dernier chef de gare à St
Léger
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de gauche à droite : Constant
Richard / Marie-Louise Poirier, chef de gare à Saint
Léger / femme de Constant Richard / Louis Poirier,
cantonnier au Petit Anjou / Louis Richard, petit-fils des
quatre
vers 1934 - la famille Poirier
au complet
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A noter la brouette de service, sur la
gauche

Louis Poirier / sa fille Denise à
9 ans (née à la gare en 1925) / Marie-Louise le chef de
gare / leur autre fille, Marie-Louise, à 16 ans (née en
1918)
Marie-Louise, dernier chef de
gare
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Louis Poirier, né en
1885 à Coron
cantonnier sur la ligne du Petit Anjou, dans l'équipe
de Bégrolles
|
"Par la fenêtre au-dessus de la porte
du bureau, côté rails, nous voyions très loin.
Lorsque Angers a été bombardé, l'on voyait comme
du feu qui tombait, mais nous ne savions pas où cela pouvait
être."
Denise Poirier - juillet
2003
Il y a toujours aujourd'hui à Saint
Léger la gare, derrière le garage Renault, face aux
salles de sport. Elle vient d'être achetée par la
commune et se trouve être la seule gare du Petit Anjou du Maine
et Loire dans le domaine public. Il reste aussi le tracé de la
ligne, passage piétonnier devant la mairie, et
la rue du
Petit Anjou !
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