rue d'Anjou, côté pair / rue de la Vendée, côté impair

 

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1932 - Adolphe et Léonie Lefort, 20 rue d'Anjou, dans la cour

Dans la Renault KZ4, modèle 1930, conduite à droite, livrée en châssis cabine, carrosserie artisanale genre boulangère, les petites mains et les têtes sont celles des enfants Pierre, Madeleine, Joseph et Thérèse, enfants de Pierre, au volant, et Marie (née Macé) derrière la voiture.
Par tradition, le 1er fils de la génération s'appelle comme son père. Ainsi, dans la famille Lefort, on retrouve au moins 7 générations de "Pierre", et chacun prend également la suite d'une même profession : boucher et négociant en bestiaux, avec quelques hectares. Seul, au début du siècle dernier, on retrouve un "Adolphe", 2e de la famille, l'aîné Pierre étant prêtre.
Le commerce de bestiaux n'est plus poursuivi par la génération actuelle et, comme toutes les petites boucheries de campagne, celle-ci a disparu dans les années 50.

 

 

vers 1937 - Joséphine Brebion, "Fifine", devant sa voiture, 2 rue d'Anjou

Fifine pose devant sa voiture d'alors, une Peugeot 301, modèle de luxe sorti des années 1936 à 1938.

Au 2 rue d'Anjou, à l'angle de l'allée des Bois, il y avait une petite épicerie depuis 1933. Elle a définitivement fermé ses portes en 1989.
C'était une épicerie "anachronique" au temps des super et hypermarchés.

Joséphine Brebion, née Chupin en 1898 au Claireau, était un "tempérament". Douée d'une carrure et d'une force herculéenne, rien ne lui faisait peur, ni les lourds cageots qu'elle chargeait à Nantes, dans sa grosse camionnette qu'elle conduisait elle-même à une époque où peu de femmes possédaient le permis, ni les journées, longues, très longues à "chiner" pour vendre ses produits. Car Fifine exerçait de nombreux métiers : chez elle, on trouvait fruits, légumes, épicerie, tissus, bonneterie, confection, articles de pêche…
Elle faisait aussi salon de coiffure et, de deux ou trois coups de ciseaux bien appliqués, savait rafraîchir les toisons les plus touffues. Elle cessa ses activités en 1955, et l'affaire fut reprise par son gendre, Fernand Gallard, qui a maintenu l'épicerie jusqu'en 1989.
Elle était l'épouse de Jérémie Brebion, cantonnier municipal, qui avait peu son mot à dire. Leurs "disputes" autour des parties de pêche à l'étang étaient épiques, car Fifine était aussi une grande pêcheuse.

Leur fille unique Thérèse, qui tenait l'épicerie avec elle, se maria tardivement avec Fernand Gallard, venu d'Andrezé. Entre autres choses, il avait assuré le ramassage des colis de chaussures à l'usine Samson avec son camion Berliet de la CFTA (Chemins de Fer et Transport Automobile), filiale de la SNCF.
Au décès de Thérèse en 1972, Fernand reprit l'épicerie jusqu'en 1989. Sa dernière camionnette, une Estafette verte, était surnommée "la grenouille" par l'équipe du cyclisme, à cause de sa couleur et de ses gros yeux.

 

 

 

 

 

 

1930 - devant le café Chotard, actuelle boulangerie, 1 rue de la Vendée

de gauche à droite : Léone Chotard / Marcelline Samson, et dans ses bras Jeanine / Marcel Samson tenant Bernard dans ses bras / devant lui, Marcelle / ? / M. Bonneau, avec sa pipe / Maurice Hy père / ? / Joseph Boisdron / François You / Maurice Hy fils / Gaston Boisdron

Le café et la boulangerie ont toujours fonctionné de pair jusqu'en 1963, date de la fermeture du café. Ensuite, avec le tout début de la seconde expansion de la commune, l'activité de la boulangerie s'est développée : pâtisserie et pains divers, plus le portage du pain ont suffi à occuper boulanger et boulangère.
Quatre générations se sont succédé de 1876 à 1989 : Alexandre Chotard, son fils Alexandre, sa petite-fille Marcelline qui épousera Marcel Samson et Bernard Samson qui sera boulanger jusqu'à sa retraite en 1989.

 

 

1923 - le pain des pauvres - facture au bureau de bienfaisance

Le pain était gratuit pour les personnes sans ressources. Le boulanger le facturait au bureau de bienfaisance de la commune qui, après accord du conseil, lui adressait le règlement de la facture.

 

Entre la boulangerie et la gare du Petit Anjou a existé une fabrique de poteaux électriques en ciment armé dans les années 1930 à 1940. Certains ouvriers, qui n'étaient pas de St Léger, logeaient au café Landreau, et c'est le Petit Anjou qui acheminait les matériaux.

 


 

 

le Petit Anjou

 

C'était ce petit train départemental, inauguré en 1893, qui allait cahin-caha, au rythme de la vapeur, de Saumur à Nantes, de Beaupréau à Angers, de Candé à Noyant, s'étendant sur 315 km et desservant plus de 60 petites gares, dont St Léger sous Cholet.
Il fallait compter presque une journée pour aller de Cholet à Saumur !
Durant plus de 50 ans, il sillonnera notre campagne à la moyenne, respectable pour l'époque, de 15 km/h. La ligne Cholet-Beaupréau sera mise en service le 4 septembre 1899.

 

 

le train fait halte à la station de St Léger, sur le parcours Cholet-Beaupréau-Montrevault-Nantes

 

La voie unique courait tantôt au bord de la chaussée, tantôt à travers champs, franchissant les routes sans la moindre barrière.
De pittoresques voitures voyageurs offraient un confort sommaire : il n'y avait pas de chauffage, l'éclairage était assuré par des lampes à huile, et les banquettes étaient en bois, mais tout le monde était enchanté du tortillard, qui emmenait la famille au marché ou à la noce, qui livrait aussi les engrais, les animaux, la pierre, le bois et, bien sûr, le vin...
Souvent, il lui arrivait de musarder en route... Certains l'ont-ils poussé dans les côtes ?
A partir de 1924, des automotrices aux allures d'autocar, plus connues sous le nom impropre de "michelines", vinrent apporter un peu de confort et de souplesse au trafic voyageurs : elles ne sifflaient pas, mais faisaient Pin-Pon !
Pour les marchandises, on avait le choix entre les wagons couverts dits "à bestiaux", les plats, et les tombereaux.
Pendant les sombres années des deux guerres, il eut ses heures de gloire. Plus rusé que quiconque, il se fit tour à tour ravitailleur clandestin et complice des maquisards.
Tout semblait pour le mieux, mais l'automobile arrivait... Après la guerre, on reprocha à notre petit train d'être démodé et de n'être plus assez rentable. Ainsi, discrètement, s'en alla le Petit Anjou, un jour de printemps 1948...

 

anecdotes

 

 

l'équipe du Petit Anjou de Bégrolles, vers 1920, à Saint Léger
Ah ! les belles bacchantes !

Louis Delhumeau / Louis Poirier, dont la femme tenait la gare de Saint Léger / ? / M. Moreau
Derrière eux, le lorry de l'équipe et le lot de traverses de rechange.

Les 4 hommes sont occupés à saboter les traverses, c'est à dire creuser l'emplacement où reposera le rail.
Deux coups de scie et Moreau fera sauter le surplus de bois avec son herminette. Louis Poirier prépare les trous pour les tire-fond avec sa tarière, et Louis Delhumeau trempe sa louche à long manche dans le chaudron et la créosote destinée à traiter le bois. Tous sont chaussés de bottes en cuir qu'ils se fabriquaient eux-mêmes et qui, aux dires de certains, se nommaient les "cheminotes".

 

 

les chefs de gare à St Léger

 

 

vers 1942 - Marie-Louise Poirier, dernier chef de gare à St Léger

de gauche à droite : Constant Richard / Marie-Louise Poirier, chef de gare à Saint Léger / femme de Constant Richard / Louis Poirier, cantonnier au Petit Anjou / Louis Richard, petit-fils des quatre

 

 

vers 1934 - la famille Poirier au complet

A noter la brouette de service, sur la gauche

 

 

Louis Poirier / sa fille Denise à 9 ans (née à la gare en 1925) / Marie-Louise le chef de gare / leur autre fille, Marie-Louise, à 16 ans (née en 1918)

 

 

Marie-Louise, dernier chef de gare
Louis Poirier, né en 1885 à Coron
cantonnier sur la ligne du Petit Anjou, dans l'équipe de Bégrolles

 

"Par la fenêtre au-dessus de la porte du bureau, côté rails, nous voyions très loin. Lorsque Angers a été bombardé, l'on voyait comme du feu qui tombait, mais nous ne savions pas où cela pouvait être."

Denise Poirier - juillet 2003

 

 

Il y a toujours aujourd'hui à Saint Léger la gare, derrière le garage Renault, face aux salles de sport. Elle vient d'être achetée par la commune et se trouve être la seule gare du Petit Anjou du Maine et Loire dans le domaine public. Il reste aussi le tracé de la ligne, passage piétonnier devant la mairie, et… la rue du Petit Anjou !

 

 

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