l'if emarquable de La Lande

 

23 avril 2013 - Damien écrit :

"La Lande St Léger marque de son côté ouest la frontière entre Eure et Calvados.

 

 

(...) Pour avoir le privilège de voir ce Taxus, il faut d’abord contourner l’église du village puis marcher un peu dans le vieux cimetière communal. Là, à quelques mètres devant vous, s’étale cet if imposant, avec son tronc court et puissant, et ses branches dressées vers les cieux. Plus on s’en approche, et plus l’on se sent petit à côté de ce respectable ancien… De plus près, je constate de nombreux moignons parsemant le fût et, en voyant également de jeunes branches s’élancer de ce dernier, j’étais tenté d’y voir un ancien têtard. Mais il n’en est rien, de lourdes charpentières se dessinent dans son houppier et attestent de son âge avancé. Son aspect trapu peut se traduire par la perte de ses rameaux les plus exposés autrefois, ce qui aurait stimulé son buissonnement et la création de nouvelles branches. C’est un if à la fois superbe et étonnant. Sa présence en ce lieu "écrase" tout le reste, et sa silhouette domine entièrement le cimetière.

 

 

D’avance je sais que la mesure sera prometteuse, et je commence à prendre les mensurations de notre géant. Les mètres défilent les uns après les autres, bientôt je vois passer le chiffre "7" sur le ruban puis 50 derniers centimètres qui nous font un total de… 7 mètres 50 de circonférence à 1 mètre 30 ! Les branches maîtresses, sans doutes brisées pour certaines, et qui se cachent au centre de la frondaison, sont impressionnantes. Les jeunes rameaux pleins de vie prennent peu à peu la relève, assurant sa pérennité pour bien des décennies encore. Cet arbre est véritablement de toute beauté, et règne en maître incontesté sur ce discret cimetière de campagne.C’est à ce jour le plus gros if non listé qu’il m’ait été donné de rencontrer : ce fier représentant de son espèce restera dans ma mémoire pour cette surprise… de taille ! Côté santé, il m’a tout l’air d’être parfaitement sain et vigoureux. Le tronc ne présente ni cavité visible ni signe de pourrissement, ni de sections de bois mort. Une excellente perspective pour cet if multiséculaire donc !"

 


 

20 mai 2013 - Yannick écrit :

"Je suis passé rendre visite à cet if, et là grosse déception : il a été sévèrement taillé sur son pourtour. Dire que cela est catastrophique pour l’arbre serait exagéré, d’autant que ce n’est pas la première taille. Toutefois, on pourrait espérer un peu plus de respect pour un ancêtre comme celui-ci !"

 

 

Source et lien : http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress

 


 

14 juillet 2025 - Stéphane écrit :

"Retrouvée dans le registre des archives du trésor de La Lande [voir ici ] l'année de la plantation de l'if du cimetière : 1633 !
On y lit en effet, en 1633 : "Pour un if cherché à Martainville" suivi de "Pour avoir cherché et replanté ledit if 20 sols", ce qui donnerait près de 400 ans d'âge pour cet if vénérable.

Entre 1620 et 1638, sous Louis XIII, une épidémie de peste sévit dans toute la France, notamment en Normandie. Ce fut l'une des dernières épidémies importantes recensée en France.
Pendant des siècles, les savants du monde occidental ont cru dur comme fer que c'étaient les odeurs nauséabondes dans l'air ambiant qui causaient et transmettaient les maladies. Ainsi, ils étaient convaincus que la peste noire, le choléra et la malaria, par exemple, se propageaient dans du "mauvais air". C'était la théorie des "miasmes" - un terme venant du grec ancien et signifiant "pollution" - sur laquelle on se basait depuis l'Antiquité pour expliquer la propagation des épidémies.
C'est d'ailleurs pour se protéger de ce mauvais air que les médecins traitant les malades de la peste au XVIIe siècle portaient un masque avec un long bec dans lequel ils inséraient des herbes aromatiques.

 

 

L'if est "l'arbre de la mort", celui qui purifie l'air des miasmes fréquents dans les périodes anciennes où les morts étaient enterrés un peu n'importe comment. Les cercueils ne seront obligatoires qu'à partir du XVIIIe siècle.
Voilà pour l'histoire des ifs dans les cimetières."

 

 

 

 

 

 

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