une bonne lichée...
de langue vaudoise

Les Vaudois ont un langage savoureux.
Claude, internaute vaudois, nous conte l'histoire de la mémorable journée d'un taguenet "bien de chez lui" :

Ce matin-là, mécol, le taguenet, j'avais peu d'acouet, j'étais tout moindre, mais après avoir enfilé mon pantet, je m'emmode.

Ce matin-là, moi-même, le simplet, j'avais peu d'énergie, j'étais tout affaibli, mais après avoir enfilé mon pantalon, je me mets en route.

Je vais d'un pas quelque peu vigousse retrouver ma bouébe pour la cocoler, oui, car je fréquente !
Comme ce n'était pas une mijaurée, tout en lui caressant le cotzon, je lui propose de se préparer à prendre un traclet pour se rendre sur un becquet de par là-haut.

Je vais d'un pas quelque peu énergique retrouver ma blonde pour la dorloter, oui, car je courtise !
Comme ce n'était pas une pimbêche, tout en lui caressant le derrière, je lui propose de se préparer à prendre un remonte-pente pour se rendre sur un sommet de par là-haut.

On avait grebolé toute la nuit, car il avait fait une de ces cramines à te flanquer la grulette.
Le matin, après une puissante roille, une véritable saucée, à la chotte, il ne restait plus que du mouillon.

On avait grelotté toute la nuit, car il avait fait un de ces froids à te flanquer le tremblement.
Le matin, après une puissante pluie, une véritable averse, à l'abri, tout était trempé.

Heureusement que j'avais une panosse pour essuyer la goille, il fallait éviter qu'un taborniau ou une bedoume, dont les quinquets étaient encore tout collés, ne viennent s'encoubler dans ce patrigot et cupesser tout à côté dans le ruclon qui sentait encore le brûlon, souvenir d'un feu qui couvait encore depuis la veille au soir.

Heureusement que j'avais une serpillère pour essuyer la flaque, il fallait éviter qu'un maladroit ou une idiote, dont les oreilles étaient encore tout collées, ne viennent s'empêtrer dans ce désordre et culbuter tout à côté dans la poubelle qui sentait encore le brûlé, souvenir d'un feu qui couvait encore depuis la veille au soir.

Avec ma gationne, nous décidâmes de nous ganguiller au fin coutset d'un mamelon des environs. Ma minçolette était gringe, un peu piorne, elle pétouillait car elle avait la pétoche.
Ayant peur de déguiller, de dérupiter et de s'épecler une piaute, elle s'est mise à quequeiller : "Quelle longue tirée pour la descente !"

Avec ma chérie, nous décidâmes de grimper au sommet d'un mamelon des environs. Ma petite chérie était de mauvaise humeur, se plaignait beaucoup, elle traînait car elle avait peur.
Craignant de tomber, de glisser et de se casser une jambe, elle s'est mise à grogner : "Quelle longue distance pour la descente !"

Aussi, après avoir refermé un clédar (il faut penser aux modzons ruminant dans le pré ! ), nous nous arrêtâmes pour souffler un peu dans le cagnard, une espèce de mayen dont le toit était recouvert de tavillons.
Nous actionnons le pèclet et nous nous cottons dedans.

Aussi, après avoir refermé une porte de clôture (il faut penser aux génisses ruminant dans le pré ! ), nous nous arretâmes pour souffler un peu dans le chalet, une espèce de chalet d’alpage dont le toit était recouvert de bardeaux.
Nous actionnons le loquet et nous nous enfermons à l'intérieur.

Loin de nous l'idée de foutimasser, de miquemaquer, ni même, je le jure, de potringuer. Non ! notre voeu le plus cher était de s'accorder un clopet réparateur.
Quelle pioncée nous avons faite !

Loin de nous l'idée de fouiller, de chercher des histoires, ni même , je le jure, d'aller de gauche et de droite. Non ! notre voeu le plus cher était de s'accorder un petit sommeil réparateur.
Quelle longue sieste nous avons faite !

Tout regaillardis, nous retournâmes au village... Mais quelles sont ces bramées, ces siclées ? D'où ce baccanal pouvait-il provenir ?
Il venait de la pinte à l'entrée de laquelle se trouvait un gâpion venu mettre un peu d'ordre dans cette chotte.

Tout ragaillardis, nous retournâmes au village... Mais quels sont ces cris, ces hurlements ? D'où ce vacarme pouvait-il provenir ?
Il venait du bistrot à l'entrée duquel se trouvait un gendarme venu mettre un peu d'ordre dans cet établissement.

Lors d'une rioule durant laquelle certains clients avaient trop sacrifié à Bacchus, pintoillé et abusé de la topette, deux toyotzes, de vraies chenoilles, s'étaient lancé des fions puis donné des agnafes. Nous avions rarement vu pareille astiquée! Ces deux cradzets s'étaient trifougnés à tel point que les deux gniolus avaient le pif tout maillé, tout de bizingue. Nous en étions tout remués.

Lors d'une fête durant laquelle certains clients avaient trop sacrifié à Bacchus, trop bu et abusé de la bouteille, deux idiots, de vraies canailles, s'étaient lancé des injures puis donné des coups. Nous avions rarement vu pareille bagarre ! Ces deux minables s'étaient empoignés à tel point que les deux gaillards avaient le nez tout tordu, tout de travers. Nous en étions tout remués.

Vous comprendrez qu'après avoir constaté les dégats de cette passe de lutte, ma minçolette et moi, nous avions besoin de nous requinquer.
Juchés sur des trabedzets quelque peu branlants, nous appelâmes la fille de l'aubergiste, pouète comme un épouvantail à moineaux et raide comme la justice de Berne
(cette justice, à l’époque de l’occupation bernoise du pays de Vaud, était réputée pour sa grande fermeté ; l’expression est restée).
Son apparition a déclenché chez nous une de ces détraques, une déguillée à se rouler de rire par terre.

Vous comprendrez qu'après avoir constaté les dégats de cette passe de lutte, ma petite chérie et moi, nous avions besoin de nous réconforter.
Juchés sur des tabourets quelque peu branlants, nous appelâmes la fille de l'aubergiste, laide comme un épouvantail à moineaux et toute raide.
Son apparition a déclenché chez nous un de ces fous rires...

Cette grande berclure, une vraie pedze, paraît-il, selon les gens du village, a servi aux deux affamés que nous étions tout ce qu'il fallait pour nous rapicoler.
Nous avons rupé sans nous faire prier du gâteau au nion, du taillé aux greubons, et des rebibes de l'Etivaz.
Le solide a été puissamment arrosé d'un breuvage qui n'était pas, je vous l'assure, un penadzet : il a fallu plusieurs fois raffoncer !

Cette grande bringue, un vrai pot de colle, paraît-il, selon les gens du village, a servi aux deux affamés que nous étions tout ce qu'il fallait pour nous restaurer.
Nous avons mangé sans nous faire prier du gâteau au "nion"
(résidu de la pressée des noix), du gâteau (sorte de feuilleté salé taillé en long sur des grandes plaques, plus ou moins l’équivalent de la beursaude bourguignonne) aux lardons, et des rebibes (copeaux de vieux fromage d’alpage à pâte dure) de l'Etivaz (où l’on trouve un excellent fromage de montagne, style gruyère).
Le solide a été puissamment arrosé d'un breuvage qui n'était pas, je vous l'assure, une piquette : il a fallu plusieurs fois remplir les verres !

 

les expressions suisses,
c'est bonnard !

La Suisse est constituée de 26 cantons, dont les habitants parlent, selon les régions, quatre langues officielles : l'allemand, l'italien, le romanche et le français... Un français émaillé de savoureuses expressions bien de chez eux

Le suisse romand est parlé en Romandie, c'est-à-dire dans les cantons francophones du pays, en particulier ceux de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg et Valais, les autres parlant allemand.

Le vocabulaire romand comporte des mots très spécifiques à la région. Par exemple, qu'est-ce qu'un foehn ? C'est un sèche-cheveux ! Quand on va dormir, on dit qu'on va au nô-nô, et avoir le va-va, c'est ne pas tenir en place. C'est bonnard (sympa), non ?

Un vrai régal, ces expressions ! Mais, comprenez-vous cette petite conversation ?

Le natel sonne :
"Adieu, c'est Antoine. Je peux venir demain ?
- Bien sûr, passe me voir sans autre.
- Bien, je prendrai le bogue, la voiture est sur plots.
- Fais attention aux virolets, la route est dangereuse. Ne va pas t'astiquer.
- Arrive que plante... Si le Jean Rosset est de la partie, je profiterai du jardin.
- D'accord, mais je vais faire la poutze d'abord, sinon tu vas encore monter les tours.
- Fais seulement, je promets de ne pas mettre le cheni, ni de pédzer chez toi jusqu'à minuit ! Et pas question d'être sur Soleure avant de repartir !
- OK ! Si tu y penses, rapporte-moi un fourre à natel, le mien n'en peut plus, je vais le foutre loin.
- D'accord, j'arriverai contre les trois heures. Je te donne un bec. À la prévoyance."

Le téléphone portable sonne :
"Bonjour, c'est Antoine. Je peux venir demain ?
- Bien sûr, passe me voir quand tu veux.
- Bien, je prendrai le scooter, la voiture est sur cales.
- Fais attention aux virages, la route est dangereuse. Ne va pas te blesser.
- Advienne que pourra ... Si le soleil est de la partie, je profiterai du jardin.
- D'accord, mais je vais faire le ménage d'abord, sinon tu vas encore t'énerver.
- Je t'en prie, je promets de ne pas mettre le désordre, ni de rester collé chez toi jusqu'à minuit ! Et pas question d'être pompette avant de repartir !
- OK ! Si tu y penses, rapporte-moi une housse de téléphone portable, le mien n'en peut plus, je vais le jeter à la poubelle.
- D'accord, j'arriverai à trois heures. Je te fais une bise. À la revoyure."

On en redemande !
Voici un petit lexique d'expressions choisies parmi les plus originales avec leur traduction en français de France :

ce film est monstre bien

ce film est très bien

voilà un problème juste impossible à résoudre

voilà un problème carrément impossible à résoudre

au supermarché, on ne donne plus de cornet

au supermarché, on ne donne plus de sac en plastique

septante, huitante, nonante

soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix

je vais passer la panosse

je vais passer la serpillière

tu dois t'appondre à la tâche

tu dois te mettre au travail

inutile de se monter le bobechon

inutile de se monter la tête

coter une porte

fermer une porte à clé

chambre à bain, à manger

salle de bains, à manger

les enfants attendent le père Chalande

les enfants attendent le Père Noël

au feu ! vite, une borne hydrante !

au feu ! vite, une pompe !

il pleut : mettez-vous à la chotte !

il pleut : abritez-vous I

c'était une cuite fédérale

c'était une cuite mémorable

la maison est en cupesse

la maison est sens dessus dessous

pour acheter de l'emmental, allons chez le maitre fruitier

pour acheter de l'emmental, allons chez le fromager

le principal, c'est de se mailler

le principal, c'est de bien rire

ils ont mené le diable toute la nuit

ils ont fait du tapage toute la nuit

ce jardin est propre comme un oignon

ce jardin est très propre

s'il m'ennuie, je l'envoie aux pives

s'il m'ennuie, je l'envoie promener

pour son mariage, il est repoutzé

pour son mariage, il est tiré à quatre épingles

tiré de "Curiosités de la langue française", par Claire Leroy et Jean-Michel Maman, aux Editions ESI - octobre 2010

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