e uits public du ourg

 

par Antoine Swenne - bulletin municipal

 

 

On peut apercevoir à l'ouest de l'église (à gauche de l'église quand on lui fait face) un puits ancien qui présente la particularité d'avoir deux systèmes d'extraction de l'eau : un système à rouleau et chaîne et un système à pompe.
On pourrait croire que le système à pompe, plus " sophistiqué ", est postérieur à celui à chaîne.
En fait, c'est le contraire.
 

 

 

 

ntroduction

 

Au 19e siècle, l'eau provenait essentiellement de puits. Ceux-ci étaient creusés et équipés à l'initiative des propriétaires fonciers. Leur nombre était donc variable. Par ailleurs, chaque puits pouvait desservir une ou plusieurs habitations.

Lors de la réunion du conseil municipal du 11 mai 1881, le maire, Bernard Latrille, fait part des plaintes grandissantes des habitants au sujet de l'approvisionnement en eau, et en particulier de ceux qui habitent au Bourg et à La Burthe.

"Le Bourg n'a pas de puits et la fontaine qui fournit l'eau est si éloigné des habitations qu'il en résulte une perte de temps considérable pour les habitants de cette localité, obligés de faire des arrosages fréquents dans leurs jardins pendant la sécheresse. En outre, les besoins de l'école, la propreté, la santé des enfants qui la fréquentent et la surveillance constante dont ils doivent être l'objet nous font un impérieux devoir de remédier à cet état de choses.

Quant au quartier de Laburthe, il est encore plus déshérité au point de vue de l'eau potable. Les propriétaires habitant ce quartier ont construit pour eux seuls des puits particuliers. Mais ceux habitant hors commune, n'étant qu'indirectement intéressés dans cette question, ont reculé devant cette dépense ; en sorte que leurs métayers et fermiers, formant la majeure partie de la population de ce village, en sont réduits à se servir d'eaux malsaines, à l'usage desquelles il faut attribuer, de l'avis même des médecins, la plupart des nombreuses maladies qui sévissent dans cette localité, surtout pendant la saison chaude de l'année."

Il propose au conseil de voter la construction de deux puits publics avec corps de pompe, l'un au Bourg et l'autre à La Burthe et d'ouvrir, au budget additionnel, un crédit destiné à couvrir les dépenses devant en résulter.

 

 

 

e inancement

 

Après consultation de la préfecture de Gironde, la commune est autorisée à ouvrir un crédit de 513 francs.

Le maire s'adresse à un certain Monsieur Dupin pour établir les plans et le devis de ces puits.et ceux-ci reçoivent l'approbation du Conseil Municipal réuni le 16 novembre 1881 et demande au maire de faire les démarches nécessaires pour obtenir les fonds qui manquent à la mise en œuvre du projet. En effet, le coût total estimé est de 1400 francs. L'établissement des plans et devis ainsi que la supervision des travaux est estimée à 70 francs.

Un dossier est donc préparé et envoyé à la sous-préfecture de Bazas le 24 novembre. Deux jours plus tard, le sous-préfet autorise la construction des deux puits, approuve les plans, devis et cahier des charges et décide d'accorder un secours financier pour permettre la réalisation de ces travaux.

Le mois suivant, le maire de Saint Léger de Balson est informé qu'il ne pourra obtenir de subvention que si la commune s'engage à financer la moitié du projet. Il manque donc 222 francs que le conseil municipal vote d'inscrire d'office au budget supplémentaire de 1882.

Le 23 mars 1882, la commission départementale de la Gironde donne un avis favorable à l'accord par l'Etat d'une subvention de 735 francs (soit 50% du projet).

Par ailleurs, au mois de janvier 1882, une inspection de l'école avait eu lieu et le seul reproche de l'inspecteur concernait la disponibilité en eau. En conséquence, au mois de mai de la même année, un secours de 400 francs est accordé par le Ministère de l'Instruction Publique à condition d'en consacrer 60 francs à l'achat d'une armoire bibliothèque (!)

Le Conseil Municipal réuni le 10 septembre donne autorisation au maire Bernard Latrille de traiter de gré à gré afin de faire exécuter les travaux. Deux ouvriers seront engagés : Auguste Joly, maçon à Villandraut ; et Louis Beis, maçon-puisatier demeurant à Bazas.

 

 

e ahier des charges et les ravaux

 

Les deux puits à construire ne sont pas totalement identiques.

Le puits du Bourg sera creusé à quelques mètres de distance, en face de l'immeuble servant de mairie-école et en lisière de l'ancien cimetière qui jouxtait l'église et qui avait été déplacé, une dizaine d'année auparavant. Ce choix d'emplacement peut s'expliquer par le fait que, outre la proximité de l'école et du logement de l'instituteur, le terrain appartenait à la commune. Cependant on se trouvait à la lisière d'un cimetière dont la plupart des corps n'avaient pas été exhumés. Une telle pratique serait impensable de nos jours.

A La Burthe, la commune ne possédait pas de biens fonciers et dû acquérir une parcelle qui appartenait à deux propriétaires, MM. Gardelle et Latrille. Cette parcelle était située à proximité de l'endroit où se trouve actuellement le réservoir pour la lutte contre les incendies de forêt.

Il est prévu de creuser jusqu'à 10 m de profondeur au Bourg et 7 m à La Burthe.

Les murs de celui du Bourg sera en pierre de taille tendre de Preignac ou de Barsac et recouverts de pierres de taille d'une des carrières du Ciron (?)
Celui de La Burthe sera en buses de béton de la maison Boulis de Bordeaux. Le revêtement sera identique à celui du Bourg. Les pompes seront en cuivre, de 1 m de longueur et de 10 cm de diamètre.

Les travaux sont effectués en 1883 et la réception définitive a lieu le 2 novembre 1884, soit un peu plus de trois ans après la première décision du conseil municipal.

 

 

 

e onflit

 

Rien dans les archives n'indique qu'il y ait eu des problèmes avec ces deux puits pendant de nombreuses années. Cependant, il semblerait que les frais d'entretien et de réparation deviennent de plus en plus élevés et au mois de mai 1927, le maire M. Castets (élu depuis le mois de mai en remplacement de Mr Goupillot, démissionnaire) fait adopter un arrêté municipal stipulant que "à l'avenir les réparations à faire aux puits et pompes communaux seront à charge des usagers qui en acquitteront seuls les dépenses, sans avoir recours à la caisse municipale".

Cette décision est motivée par le fait que les usagers avaient pris l'habitude de faire procéder aux réparations chaque fois que celles-ci étaient nécessaires mais sans consulter la mairie au préalable, qui était priée de régler les notes.

On peut imaginer que cette décision n'a pas du plaire à tout le monde et qu'elle fut suivie de nombreux échanges verbaux entre la mairie et les administrés concernés. Cependant, en 1929, ce conflit va prendre une tournure plus "officielle".

Au mois de mai 1929, la pompe du puits du bourg tombe à nouveau en panne et les habitants-usagers refusent de participer aux frais de réparation. A leur plainte selon laquelle ils sont désormais privés d'eau, la mairie répond que dans l'agglomération il existe 5 puits ou pompes, ainsi qu'une fontaine, et que cela suffisait aux 14 ménages concernés.

Cependant, au mois de septembre, le préfet de Gironde fait parvenir un courrier au sous-préfet de Langon dans lequel il indique que "Mon attention est appelée sur le mauvais état d'un puits public situé sur la place de St Léger de Balson et appartenant à la commune. La municipalité se refuserait à faire effectuer les réparations nécessaires pour la remise en état de ce puits qui sert non seulement à l'alimentation des habitants mais encore rend de grands services en cas d'incendie. J'ai l'honneur de vous prier de me renseigner exactement sur cette affaire et, si le puits en question appartient à la commune, m'indiquer pour quelles raisons la municipalité se refuse à faire procéder à des travaux qui lui incombent."

Le sous-préfet demande une copie de la plainte formulée par le ou les habitants de St Léger mais le préfet lui répond qu'il a "été informé par un note personnelle" et que le sous-préfet est tenu à suivre cette affaire. Il est manifeste qu'un habitant du Bourg avait ses entrées à la préfecture de Bordeaux.

Dans un but d'apaisement, et à la suggestion du sous-préfet de Langon, le maire réunit le conseil municipal le 17 novembre et invite les habitants à venir assister en nombre à cette réunion. Il propose la participation de la commune aux frais de remise en état du puits ainsi qu'un accord entre la commune et les usagers pour la suite de l'utilisation du puits.

Cette proposition est soumise au public présent pour discussion. A l'issue de celle-ci, les propositions sont rejetées.

Dès lors, le conseil municipal décide que la pompe restera en place sans réparation et qu'un tour avec manivelle et chaîne sera installé pour permettre à chacun de puiser l'eau nécessaire.

Quelques jours plus tard, le sous-préfet de Langon en informe la préfecture en indiquant que "M. le maire, considérant que la commune ne devait qu'une chose au public : les moyens de puiser l'eau nécessaire, a résolu assez spirituellement la question irritante des réparations en substituant à la pompe un tour avec manivelle et chaîne."

En décembre, le préfet de Gironde marque son accord à cette solution.

Voilà pourquoi, depuis lors, le puits communal près de l'église possède deux systèmes d'extraction de l'eau.

 

 

les élections de 1925

 

Merci de fermer l'grandissement sinon.

 

 

 

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