ahier de doléances et remontrances des habitants
de aint éger les ignes

 

 

"A faut espérer qu' c' jeu-là finira ben tôt"

Le paysan, appuyé sur sa houe, doit porter sur son dos le prélat et le seigneur
(il peine et paye les impôts pour nourrir le clergé et les nobles)
cependant que les oiseaux et les rongeurs dévorent sa récolte.
(le paysan n'a pas le droit de chasse)
D'après une caricature du temps
(in L'Histoire Vivante, de M. et S. Chaulanges, aux éditions Delagrave - 1954)

 

 

Dans chaque paroisse (commune d'aujourd'hui), on se rassemble pour rédiger ses doléances et désigner ses représentants à l'assemblée du bailliage, circonscription qui correspond à peu près à nos cantons.
Au bailliage, on réunit tous les cahiers des paroisses en un cahier de bailliage. On en rédige un pour chaque ordre : Noblesse, Clergé et Tiers-Etat.
Les cahiers sont ensuite envoyés au Roi à Versailles. Ils devaient lui faire connaître les plaintes et les voeux des Français.
Aujourd'hui, ils nous renseignent sur la vie et les espoirs de la population française en 1789.

 

 

SAINT LEGER LES VIGNES

Sénéchaussée de Nantes
Subdélégation de Nantes
Canton actuel de Bouaye
Nombre de feux : 100
Dénombrement de 1790 : 533 habitants
Surface de la paroisse : 649 ha
Densité : 82 hab./ km²

Assemblée annoncée le dimanche 29 mars 1789
Réunie le dimanche 5 avril 1789 au " lieu ordinaire des délibérations " (sacristie ?)
Président : Olivier Broband, bourgeois et propriétaire (" fait les fonctions de président ", rédige le cahier)
14 présents : Thomas Jean Couillaud de La Pierre, Mathieu Batard, Henri Bachelier, Julien Mainguy, Honoré Martin, Philbert Martin, Jacques Leroux, Michel Jahan, Pierre Bachelier, Julien Bouhier, Jean Debec, Fiacre Allaire, Laurent Brelet

Elus : Mathieu Batard et Henri Bachelier

Saint-Léger occupe l'angle nord-ouest du lac de Grand-Lieu. La paroisse est bien desservie par la voie d'eau de l'Achenau, ou selon ses besoins, par la route qui la traverse d'est en ouest. La toponymie des lieux rappelle l'importance locale du vignoble avec les Planchettes, la Vigne de la Lande, le Fief Saint-Mars… Culture exigeante en main-d'œuvre, la vigne explique la forte densité de la population.

La paroisse demeure toutefois modeste et semble se dégager avec difficulté des communautés voisines de Bouaye et de Port-Saint-Père. Aucune personnalité officielle, seigneuriale ou royale ne préside l'assemblée.

Le cahier a suivi le modèle nantais le plus courant. Cependant la charge contre les abbayes commendataires (Saint-Florent de Saumur) est appuyée, en raison, bien entendu, de leurs dîmes qui quittent la paroisse. Quant aux " petits bénéfices ", dont les fondations sont anciennes, l'avis de l'assemblée est de les supprimer, non pas en les aliénant, mais en les rendant aux familles fondatrices, ce qui est une proposition assez originale. Pour le reste, les doléances sont assez banales. Tout au plus relève-t-on une condamnation appuyée contre le retrait féodal (art. 19) et contre celui qui l'exerce, le seigneur-châtelain de Briord, détenteur de la principale seigneurie avec les Huguetières, en la Chevrolière.

Dans l'ensemble, les présents font confiance, et mettent leur espoir dans les réformes projetées et élaborées par les villes de la Province. Défendre les privilèges de celle-ci leur paraît essentiel ; telle est la conclusion qu'ils partagent avec de nombreuses autres communautés.

Ph. Bossis
Cahiers des Plaintes et Doléances de Loire-Atlantique (1789)
Tome 3 - Conseil Général - 1989

 

 

 

 

 

la place et l'église

 

 

 

 

 

 

 

ahier de doléances et remontrances des délibérants propriétaires et habitants de Saint-Léger, au dessus de vingt cinq ans, évêché de Nantes en Bretagne, distant de la dite ville d'environ quatre lieues, composée de cent feux, auquel il a été procédé de la manière qui suit :

 

(Art. 1) Demander à conserver le droit de citoyen et être admis à l'avenir à nous faire représenter à toute Assemblée Nationale ; que, dans ces assemblées, nos représentants soient au moins en nombre égal à celui des ordres privilégiés et que leurs voix y seront comptées par tête.

 

(Art. 2) Demander que nos représentants ne puissent être ni nobles, ni anoblis, ni ecclésiastiques, mais toujours de notre ordre ; qu'ils ne puissent même être choisis parmi les officiers, gens des seigneurs et ecclésiastiques : ils seraient trop intéressés à suivre des impulsions étrangères.

 

 

à droite, P. Guileaud, débitant de tabac et épicerie

 

 

photo prise très certainement le même jour que la précédente - oblitération de 1923

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Art. 3) Que dans toutes nos assemblées, nul ne puisse nous présider qu'autant que la réunion des suffrages l'aura fait élire.

 

(Art. 4) Que notre liberté soit aussi sacrée que celle de tous autres citoyens : que tous enrôlements forcés soient supprimés, sauf à les remplacer par des enrôlements à prix d'argent qui seront supportés par les trois ordres.

 

(Art. 5) Que toute loi qui nous exclurait de parvenir à tous emplois civils et militaires soit supprimée, de même que toute loi qui distingue à raison de naissance les peines pour les crimes de même nature.

 

(Art. 6) Que nos propriétés ne soient pas moins respectées que celles des autres citoyens ; que tous les impôts soient supportés à l'avenir d'une manière égale et par chacun, en proportion de sa fortune, sans distinction d'ordre ; qu'il n 'y ait qu'un seul rôle pour tous et qu'on supprime tous impôts particuliers, sauf à les remplacer par des impositions générales si le besoin de l'Etat l'exige.

 

(Art. 7) Que les lois qui rendent les corvées et servitudes féodales imprescriptibles et infranchissables soient remplacées par une loi qui permette à chaque vassal de les franchir sur le pied de leur valeur fixée par notre Coutume et que le franc-alleu soit de droit public ; c'est le moyen de nous attacher à nos propriétés et de nous sauver des suites ruineuses de la fiscalité des seigneurs.

 

(Art. 8) Que la justice ne puisse être rendue qu'au nom de Votre Majesté ; que nous ne puissions être traduits que dans des tribunaux ordinaires établis par elle, et auxquels seront admis tous les citoyens à raison de leurs talents et sans distinction de naissance, sans qu'il puisse exister des tribunaux d'attribution et que dans notre paroisse, il soit établi un juge de paix, un notaire et un greffier.

 

 

 

 

 

 

(Art. 9) Que nous soyons autorisés à choisir entre nous, chaque année, douze prud'hommes ou jurés qui chaque dimanche s'assembleront à l'issue de la grande messe, pour entendre les plaintes et demandes pour dommage de bête, injure et autres cas semblables, vérifier les faits et prononcer sans frais telle condamnation qu'ils jugeront convenable, laquelle sera exécutée sans appel jusqu'à la concurrence de trente livres et par provision, à la charge d'appel pour les plus fortes condamnations.

 

(Art. 10) Demander la suppression des dîmes et la dotation des curés à deux mille quatre cent livres, sur les abbayes commendataires dont on demandera la réunion au profit de la Province, et que le surplus des fonds sera donné à chaque paroisse pour le soulagement des malheureux ; que les curés feront à l'avenir tout ce qui regarde leur ministère sans exiger aucune rétribution*.
* Il s'agit du casuel.

 

(Art. 11) Demander la suppression des fuies, garennes et droit de chasse, attendu le dommage que le cultivateur en reçoit, et que néanmoins il soit permis aux habitants de chaque paroisse de s'assembler pour tuer les animaux qui détruisent nos bestiaux.

 

 

St Léger les Vignes - la route de Nantes

 

 

 

 

(Art. 12) Que les seigneurs qui perçoivent les successions de bâtards et abandonnés soient sujets de pourvoir à leurs nourriture et entretien.

 

(Art. 13) Que tous les biens des petits bénéfices soient rendus aux familles fondatrices.

 

(Art. 14) Demander que les droits de contrôle soient diminués et réduits à leur première institution et qu'il soit envoyé dans chaque paroisse de l'arrondissement du bureau un tableau général des dits droits.

 

(Art. 15) Demander la suppression des moutaux, fours banaux et droit de quintaine etc.

 

(Art. 16) Demander la revendication des domaines de la Couronne, à condition d'en semer un tiers en pâtureaux*, et qu'il plaise à Sa Majesté de les arrenter aux habitants des paroisses limitrophes.
* prés temporaires sur terres labourables

 

(Art. 17) Demander que l'exportation des blés hors du Royaume soit défendue ; ou de les cacher, pour les rendre plus rares, et par ce monopole ruiner le peuple.

 

 

 

 

 

 

 

 

St Léger les Vignes - la route de Port St Père (et de Pornic !)

 

 

 

 

 

 

Port St Père - arrivée par la route de St Léger les Vignes

 

 

 

 

 

(Art. 18) Demander la suppression de toutes les pensions, tables*, baptêmes et enterrements, et généralement la réformation des abus de l'emploi, qu'on fait aux Etats de la Province, de l'argent qu'ils perçoivent et la suppression des charges qui anoblissent à prix d'argent.
*gratifications

 

(Art. 19) Que les seigneurs ne pourront plus retirer* les biens vendus dans leurs mouvances.
* retrait féodal

 

(Art. 20) Qu'il soit permis de franchir les fondations faites à l'Eglise et qu'elles retourneront pour le soulagement des malheureux des paroisses où ils existent.

 

 

 

 

 

double bêtise dans la légende (c'est assez rare !) - il faut lire :

St Léger les Vignes - le Port de Prévard

"Autrefois, près du pont de Port Saint Père se trouvait le Port de Prévard. Les chalands apportaient des matériaux de construction et repartaient chargés de blé et de vin."

 

 

 

 

St Léger les Vignes - le château de la Pierre

 

 

 

 

 

 

 

 

Et, finalement, ceux qui seront députés pour la ville de Nantes, auront une attention particulière à déclarer que nous adhérons aux arrêtés et demandes que la généralité du Tiers Etat a fait et fera pour le soulagement de notre ordre et que nous demandons que les privilèges de la Province soient respectés.

Fait et arrêté en la sacristie de Saint-Léger le cinq avril mille sept cent quatre vingt neuf

Broband, M. Batard, Honoré Martin, Henri Bachelier, Couillaud de la Pierre, J. Brelet, Michel Jahan, Julien Bouyer, André Fiacre, Laurent Brelet, F. Mainguy, André Richardau, J. Brelet, Jacques Leroux

 

     

 

 

Pour lire les doléances des habitants de St Léger du Bois (71)

celles des habitants de St Léger sous Beuvray (71)

celles des habitants de St Léger des Bois (49)

celles des habitants de St Léger de Blanzac (16)

 

 

Ici, des vues aériennes de St Léger les Vignes

Là, de récents et magnifiques levers / couchers de soleil photographiés par Fabrice

Là, de magnifiques clichés de St Léger les Vignes pris par Fabrice en 2008

D'autres photos récentes et des poèmes à la gloire du village

 

 erci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

 

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