De
cette période de guerre, Maurice BONNART, dit Albert, a
rédigé un carnet de route et il a entretenu une
correspondance importante avec sa femme, ses surs et ses
filles.
Il évoque les "marmitages" allemands (bombardements) en
première ligne, qui font plus d'effet sur la santé
mentale des soldats que de tués. Il évoque "la bonne
blessure" de ses congénères : la blessure grave
(mais non vitale) qui nécessitera le départ du front
vers l'hôpital, à l'arrière. Il raconte
également les longs transports en train, en camion, à
pied, qui vont lui faire parcourir le front d'Est en Ouest, croisant
du regard des paysages familiers, de Saint-Denis et de la forêt
de Compiègne, sans pouvoir prendre le temps d'une visite
à ses parents, à sa famille.
Notes de voyage de
Maurice Bonnart, dit Albert
|
notes au départ de Masevaux
(15 km sud-ouest de Thann, sur la route du ballon d'Alsace, Haut
Rhin) qui a eu lieu dans la nuit vers 11 h en auto :
"Arrivé à Bas Evette (nord-ouest de Belfort, gare de
chemin de fer), le matin à 2 h. Embarqué le 29 mars
après-midi et départ à 4 h. Passé par
Lure, Vesoul, Chaumont, Joinville, Vitry-le-François,
Châlons-sur-Marne, Château-Thierry, Mareuil sur Ourcq,
Verberie, Estrées-Saint-Denis où a eu lieu le
débarquement le 30 mars. Dans la soirée, nous partons
en autos vers Laneuvilleroy où nous restons jusqu'au 5
avril."
"Nous partons de Laneuvilleroy en
autos à 11 h. Passons par Ravenel,
Saint-Just-en-Chaussée, Clermont, Mouy. Là nous devions
y séjourner. Contre-ordre, nous continuons jusqu'à
Auneuil où, en arrivant, nous trouvons le pays occupé.
Ordre de retourner à Mouy où nous sommes de retour
à 4 h du matin le 6. Nous nous installons et y restons
jusqu'au 13 avril (école)."
"Nous partons en autos à
midi. Passons par Noailles, Beauvais, Grandvilliers, Poix et arrivons
à "Molliens-Vidame" (Molliens-Dreuil) près d'Amiens,
à 11 h du soir, remplacer un état-major
anglais."
"Nous partons de Molliens-Vidame
à 10 h et demie au matin. Passons à Oissy, Cavillon,
Picquigny, Vignacourt, Flesselles où nous arrivons à 5
h et demie, à pied (26 km). Couché au
château."
"Nous partons de Flesselles
à pied à 7 h du matin, passons à Naours. Entre
Naours et Valheureux, les autos nous rattrapent et nous montons
dedans. Passons à Valheureux, Beauval, Doullens, Luchuel et
Lucheux où nous arrivons à 11 h. A notre
arrivée, nous avons été manger des ufs. De
la neige presque toute la journée (dans un
château)."
"Nous partons de Lucheux à
10 h et demie à pied : 30 à 32 km. Passons à
Ivergny, Beaudricourt (Pas-de-Calais), Estrée-Warmin,
Houvin-Houvigneul, Moncheaux, Buneville, Saint-Pol et arrivons
à Hernicourt à 8 h du soir. Bien fatigués.
Couchés à 9 h (dans une école)."
"Nous partons de Hernicourt
après avoir opéré notre
déménagement à 11 h et demie en auto, 70 km.
Passons à Wavrans, Monchy-Cayeux, Anvin, Heuchin, Fontaine les
Boulans, Westrehem, Auchy-au-Bois, Estrées-Blanche,
Thérouanne, Herbelles, Pihem, Saint-Omer, Arques, La Crosse,
Bavinchove, Cassel, Ochtezeele,où nous descendons et gagnons
Arnéke à pied, où nous arrivons à 6 h et
demie (maison particulière)."
"Départ d'Arneke en auto
pour Noordpeene à 10 h, où nous arrivons à 10 h
et demie."
"Départ à pied
à 6 h du matin de Noordpeene. Passons à Zuytpeene,
Cassel, et arrivons à Terdeghem à 10 h. Restons
jusqu'au 7 juillet."
Longueuil Annel - carte de Marthe
Bonnart : "Ma chère Georgina, nous irons tous embrasser
notre cher Albert, arriverons samedi 8h45 ; aussi je ne t'en dis pas
plus long
"
Longueuil Annel - carte de Marthe
Bonnart : "Ma chère Georgina, nous sommes arrivés
sans encombre dans de bonnes conditions. Fernande était au
devant de nous à Janville. Marcelle t'écrira demain."
Il est affecté au 170e
d'Infanterie, 2e Compagnie, 4e section, jusqu'au 31 mars 1917. Une
photo le représente debout, avec sur le col 170e R.I.
:
Maurice BONNART, dit Albert,
soldat au 170e RI
Il arrive au front. Le 11 août,
il remonte aux tranchées en 1re ligne (combat de Angres, Pas
de Calais). Sa mère lui écrit de Longueuil : "Nous
allons avoir hâte que tu en sois sorti car on est certainement
plus exposé que celles d'arrière. Enfin,
espérons que tu en sortiras sain et sauf comme les autres
fois, où certes le danger était beaucoup plus
grand."
La soirée du 20 au 21 juin, le
1er bataillon rejoint le Régiment à Sains-en-Goelle
(Pas de Calais). La 4e Cie rentre dans son bataillon. Les deux
officiers du 1er bataillon sont blessés les 11 et 12 juin.
Carte à sa fille Marcelle
à Longueuil Annel : "(...) Tu travailles bien. Continue
pour que tu donnes satisfaction à ceux qui t'aiment bien. Nous
sommes toujours en réserve et attendons notre relève
pour aller prendre un peu de repos. Comme tu dis dans ta lettre, je
m'habitue au canon, on se fait à tout. Pourtant ce n'est pas
la vie rêvée mais il faut prendre patience en attendant
notre retour au foyer familial (
) Reçois de ton papa ses
meilleurs baisers qu'il t'envoie des
tranchées."
A Hersin (Nord, sous Béthune)
où cantonne tout le Régiment, il envoie une carte
à sa "chère petite fille Raymonde" qui est
à Saint-Denis, 7 rue des Garibaldiens.
Il reçoit une carte de son
cousin Louis Cuisy, 102e d'artillerie lourde : "(...) A part
ça, j'espère que ta main va mieux. De mon
côté, tout va bien, nous sommes toujours au repos dans
l'Oise. Espérons bientôt en voir la fin, où nous
pourrons reprendre la petite partie de manille. En attendant ces
beaux jours, mon vieux Albert, je te serre une cordiale
poignée de mains."
"Embarquement en train, à
10h30, du 1er bataillon".
"Départ en auto pour
Esquelbecq (Nord), avec le 174e R.I., où nous restons jusqu'au
9 juillet"
"Départ pour
Poix-de-Picardie (limite dépt. Oise et Somme) en chemin de
fer. Restons une journée"
Carte de Mont-Saint-Eloi
(Pas-de-Calais à l'ouest de Béthune), non datée,
à sa fille Raymonde (carte expédiée le 10
juillet 1915 lors du transport en train via Arras vers
Poix-de-Picardie)
"Départ pour Sommeilles,
Nettancourt (Meuse). Passé à Saint-Denis le 12 juillet
à 19 h. Arrivé à Sommeilles le 13 juillet.
Passons le 14 juillet sur le quai et, dans la soirée, partons
à Givry en Argonne où nous restons jusqu'au 26
juillet."
"Départ de Givry en Argonne
en camions pour embarquer à Révigny sur Ornain et, par
chemin de fer, gagnons Jarville-la-Malgrange (banlieue est de Nancy,
Meurthe et Moselle). De là, départ en camion, à
Essey les Nancy (nord de Nancy) en traversant Nancy, où nous
restons jusqu'au
24 août."
"Départ en camion pour
Malzéville où nous restons jusqu'au 3 septembre soir.
Allons réembarquer à
Jarville-la-Malgrange."
"Départ de
Jarville-la-Malgrange. Journée du 4 août dans le train.
Débarquons dans la nuit. Arrivons le 5 août à 4 h
du matin à Lizy-sur-Ourq (école des filles) (15 km au
nord-est de Meaux, Seine et Marne)."
"Départ en camions pour
Marigny en Orxoy (château) (à côté de Lucy
le Bocage)"
"Départ en camion pour
Fresnes en Tardenois (château) (8 km au sud de Fère en
Tardenois, Aisne)"
"Départ en camion pour
Dravegny (12 km à l'est de Fère en
Tardenois)"
"Départ à pied pour
la ferme Montaon (ferme monastique de Montaon,
Dravegny)"
Longueuil - carte postale de Marthe
Pestel à son fils Maurice, dit Albert : "C'est donc
aujourd'hui que tu remontes aux tranchées de 1e ligne, que
nous allons avoir hâte que tu en sois sorti car on est
certainement plus exposé que celles
d'arrière. Enfin, espérons que tu en sortiras sain
et sauf comme les autres fois où certes le danger était
beaucoup plus grand. Je t'envoie cette carte qui est une fête
de Compiègne (...) Celui qui est sur le côté avec
son chapeau de paille on dirait Paul Caron. Où est le
temps de ces réjouissements ? On ne pensait pas à
pareille horreur alors ! Enfin, espérons toujours que ce sera
fini pour l'hiver. Si tu n'es pas à l'abri en ce moment, je te
plains car il pleut à seau, quel orage ! D'ailleurs tous les
jours c'est à peu près la même chose. Nous sommes
envahis de mouches, je ne sais pas à quoi cela tient,
peut-être est-ce les soldats à cheval qui nous les
amènent."
Lacroix Saint Ouen : "Mon Albert
chéri - Suis arrivée hier soir ici, j'ai couchée
chez tante Aline samedi. Je me demande si j'aurai quelque chose
de toi en rentrant à Bois St Jean. Je commence à
trouver le temps long. Dans l'espoir que tu es en bonne santé,
je t'envoie pour toutes deux, avec ma tante, tous mes plus doux et
affectueux baisers. Ta Georgina qui pense bien à
toi."

|

Georgina BERNARD -
vers 1903
|
carte à son épouse, ce
dimanche : "Ma grande chérie - Reçu hier
après-midi ta photo. Comme pose, vous êtes très
bien, surtout toi ma grande, que tu es bien, Mignonne a la tête
un peu trop tournée. A regarder de près, la photo
n'est pas bien bonne. Où êtes-vous aller vous faire
tirer ? Je suis heureux de t'avoir en grand. Ce n'est pas la
photo qui m'intéresse, c'est tes grands yeux, ta belle
tête ondulée et ta petite frisette sur le devant qui te
va tout à fait bien, et puis ces lèvres où j'ai
tant cueilli de doux baisers. Tout cela me fait rêver. Je
vois que tu n'as pas maigri et tu te portes bien, c'est le principal.
Tu seras toujours aussi jeune, va mon grand loup chéri, et
suis heureux plus que jamais du choix que j'ai fait de te prendre
comme ma douce compagne de la vie. Encore un dimanche à passer
séparés. Si tu voyais où nous allons
travailler... Quel joli coup d'il sur la vallée de
l'Aisne avant le lever du soleil ! Embrasse Loulou pour moi et
reçois, ma douce chérie, mes plus fous baisers. Ton
grand. Maurice Bonnart"
carte vue du Havre, ce mercredi :
"Ma grande chérie - Reçu ta lettre du 12 avec celle
de la Française, je renvoie à ce jour la feuille avec
les renseignements. Tu aurais pu répondre à ma
place. Ils s'y prennent de bonne heure depuis un an. Tu as eu de
quoi lire d'un seul coup, c'est tout ou rien. Ici, on parle beaucoup
pour le 1er novembre d'un armistice qui précéderait la
fin de cette guerre, car les Boches sont comme nous : ils doivent en
avoir assez avec ce qu'on leur envoie tous les jours comme obus. Pour
le colis, j'avais fait l'adresse à domicile, tu l'as peut
être reçu maintenant. Nous avons repris possession des
abris de 2e ligne ce matin, nous nous sommes levés à 4
heures et nous sommes ici pour vingt jours, 10 en première, 10
en seconde. On ne parle plus guère de permission, il est
vrai que la fuite vaudrait encore mieux, n'est ce pas ton avis, dis,
ma Georgina ? Ils ont sans doute de l'occupation à
Longueuil-Annel, voilà quelques jours que je n'ai rien
reçu, Marcelle doit travailler pour son examen. Dans l'espoir
de te lire ce jour, je te prie d'embrasser Loulou pour moi et toi,
mon grand loup, reçois mes plus doux et tendres baisers. Ton
Chéri. Maurice Bonnart"
carte vue du Havre, ce jeudi : "Ma
grande chérie - Reçu hier soir ta carte du 13 avec
plaisir. Tu me dis que tu as été à la gare, il
n'y avait rien, c'est bien aux arrivages petite vitesse qu'il faut
aller, ce serait dommage que vos cartes soient perdues. Je t'avais
demandé de me retourner la lettre de Melle Guises que je lui
réponde. As-tu reçu des nouvelles de Longueuil
? Moi, je n'en ai toujours pas. Le secteur où nous sommes
se trouve entre Nouvron et Vic-sur-Aisne. Jusqu'alors c'est assez
tranquille nous avons été marmités un peu ce
matin mais ce n'est rien auprès de "Quenevières",
qu'est ce qu'ils s'envoient de ce côté ! Vivement la fin
car tous ici nous en avons assez et n'espérons que la fin. Et
ma tante, est-ce qu'elle revient à Saint-Denis ? C'est
drôle de ne rien avoir de Roger (nota : celui-ci a
été tué au front en mars 1915), j'ai bien
peur qu'il ne soit disparu pour tout à fait, car voilà
bientôt six mois d'écoulés. Dans l'espoir de te
lire, reçois pour Loulou et toi, ma grande mignonne, les plus
doux baisers de ton grand chéri. Maurice
Bonnart"
17
septembre 1915
JMO (Journal de
Marche des Opérations) du 170e RI :
"cantonnement EM et 1er Bataillon à
Montigny Lengrain. Les 1er et 3e Bataillons
bivouaqueront dans la journée du 18 aux
abords de Rochi, d'où ils partiront sur les
lieux de cantonnement prévus : 1er Bataillon
19h itinéraire Vic, La vache Noire.
Relève sans incident."
|
|
"Départ de la ferme Montaon
en camions à 6 h du soir. Passons à Dravegny, Cohan,
Coulonges, Nesles, Fère-en-Tardenois, Coincy, Rocourt,
Latilly, Neuilly Saint Front."
"Départ en camions. Passons
à Chouy, Corcy, Lonpont, Mongobert."
"Départ en camions. Passons
à Valsery, Cuvres, Vic sur Aisne."
carte vue du Havre, ce mardi : "Ma
chère Georgina - Reçu ce jour ta carte du 19 avec
plaisir. Tu ferais bien d'envoyer un mot à Mme Morizot,
qu'elle prenne le colis que je t'ai envoyé. Je t'écris
à Longueil Annel jusque samedi puisque vous ne quittez que le
28 au matin. Le mardi après, j'attendrai ton
adresse. Nous avons fait ce matin une marche manuvre, nous
avons aperçu le château de Pierrefonds et passé
à dix kilomètres de Villers-Cotterêts. Nous
aurons vu de ces pays ! Bien dommage que nous soyons en guerre. Dans
l'attente de te lire, je te prie d'embrasser tous pour moi et
reçois de ton grand chéri les plus doux baisers.
Maurice Bonnart"
"Départ en camions pour les
grottes d'Audignicourt, Aisne"
carte de M. Morizot : "Cher ami
(
) Nous avons vu par communiqué que vous avez fait du
bon travail ces jours ci, mais ça devait chauffer et
j'espère que tu t'en es bien tiré. Tant qu'à
moi, toujours à fabriquer des douilles car vous devez en user
(
)"
carte vue du Havre, ce mardi : "Ma
bien aimée - Reçu ce matin ta carte du
1er. Comment vas-tu faire pour toucher ton allocation, si tu as
passé le jour ? Depuis quatre jours, nous subissons un
bombardement terrible, nous sommes abrutis par les éclatements
des obus de tous calibres et torpilles. Qu'est-ce qu'il y a
comme blessés ! C'est inouï. Très peu de
tués et beaucoup de la bonne blessure, bras ou jambe.
Ça m'étonne pas qu'il y en ait qui deviennent un peu
fous. Je ne t'en mets pas plus long aujourd'hui car à
chaque instant nous recevons des éclats et pierres que lancent
les obus en tombant. Nous sommes obligés de nous terrer dans
des trous où l'on ne peut se remuer. Dans l'espoir de te lire
demain, reçois pour Loulou et toi, ma Georgina chérie,
les plus affectueux et tendres baisers de ton cher Albert. Maurice
Bonnart"
"Départ en camions pour les
grottes de Juvigny, Aisne, jusqu'au 14 matin"
carte de sa fille Marcelle, du Bois
d'Ageux : "Nous avons été heureux d'apprendre que tu
étais ordonnance. Au moins, tu seras moins exposé et tu
seras mieux nourri. Je ne voudrais pas laisser passer ton
anniversaire sans t'envoyer mes meilleurs vux de bonheur et de
santé, que tu nous reviennes bien vite sain et sauf
(...) Nous sommes arrivés au Bois d'Ageux (nota :
chez la grand-mère institutrice) hier soir. Il faisait
nuit. Je me plais très bien ici, il y a de la place pour jouer
dans la cour et dans le jardin. On voit très bien d'ici
la route de Verberie : elle passe devant la maison et celle de
Ruminay passe derrière (...) J'ai hâte d'être
à demain car on recommence l'école à 8 h ½,
il est pas trop tôt : j'en ai assez des
vacances."
mardi : "Ma bien aimée
Georgina - Reçu hier ta lettre du 7 et je vois avec plaisir
que tu es rentrée dans notre petit nid. Ce que tu dois
être contente ! On n'est jamais si bien que chez soi. Nous
sommes arrivés hier à 4 heures ici, à Saint
Etienne au Temple, après avoir fait nos vingt-cinq
kilomètres à pied, et la plupart bien
fatigués. Nous logeons sous la tente, dans les bois. Nous
ne devons rester ici que deux jours, nous allons réembarquer
de nouveau. Pour aller où ? Mystère. On
pourra dire que nous aurons traîné nos guêtres !
Pour l'instant, je n'ai besoin de rien. Dès qu'il me
faudra quelque chose, je te l'écrirai, ma Georgina. Quelle
sale contrée que cette Champagne Pouilleuse ! On y rencontre
des villages qu'à de très grandes distances et il y des
plaines semées de petits pins rabougris. C'est bien
triste, le camp de Châlons ! Dans l'espoir d'avoir de tes
nouvelles, je t'envoie pour Loulou et toi ma douce chérie mes
plus doux baisers. Maurice Bonnart"
"Départ en camions pour
Crépy en Laonnois"
Il est en permission 7 jours pour les
fêtes de fin d'année 1915 à
Saint-Denis.
carte d'Eugénie COLLAS, veuve
BERNARD :
Le Francport (suite à l'évacuation de
Saint-Léger-aux-Bois) : "Ma chère Georgina (BERNARD)
(
) J'ai écrit hier à Albert. Oui, je comprends
qu'il a dû avoir le cafard en rentrant après avoir
goûté aux joies du foyer (
)" veuve
BERNARD
carte de Givry-en-Argonne, à
sa fille Raymonde : "(
) Tâche de bien manger pour que
nous puissions nous promener quand je vais retourner en permission
(
)"
Saint-Denis, carte de sa fille
Raymonde (8 ans) à Maurice, dit Albert : "Mon cher papa,
j'ai été contente en recevant ta carte. Maman m'a dit
que tu retournais aux tranchées. J'espère que tu nous
reviendras bientôt. En attendant, ta petite Raymonde t'embrasse
bien fort."
Historique du 170e R.I. (extrait) :
"Le 170e est appelé à Verdun le 17 février
1916. Dans la nuit du 28 au 29, il se porte dans le secteur de Vaux
devant Damloup."
1er
et 2 mars 1916
JMO (Journal de
Marche des Opérations) du 170e RI :
"Sans modification - Continuation des
travaux. Bombardement extrêmement violent de
nos positions, par des obus de tous calibres, de
7h30 à 18h30. Les Allemands font usage
d'obus lacrymogènes. Vers 16 heures, des
reconnaissances d'infanterie ennemie sont
signalées devant le sous-secteur E. (1er
Bataillon)
A 16h35, l'ennemi s'avance par infiltration
à E. et à l'O., de la croupe de
Hardaumont et le long de la voie ferrée
Vaux-Damloup. Des tirs de barrage sont
demandés à l'artillerie. Les
éléments de 1re ligne prennent sous
leurs feux les Allemands qui défilent le
long de la voie ferrée.
Prise sous les feux d'artillerie, d'infanterie et
de mitrailleuses, l'attaque est
arrêtée ; l'ennemi se replie vers
l'O., laissant de nombreux cadavres sur le terrain,
en particulier des porteurs de mitrailleuses.
A 18h30, calme relatif. Des reconnaissances
surveillent les mouvements de l'ennemi.
A 20 heures, un rassemblement signalé
à l'O., du carrefour des routes Vaux-Dieppe
et Bezonvaux-Damloup, est dispersé par un
tir d'artillerie.
Le 1er Bataillon est prêt à intervenir
offensivement si l'ennemi cherche à se
retrancher à proximité de nos lignes.
Le TC bombardé à la ferme de Bellerue
va s'installer à la ferme du Cabaret.
En exécution de l'ordre du 20e CA en date du
1er mars, le 170e RI est relevé du
secteur de Vaux dans la nuit du 2 au 3
par le 409e RI. Les premiers
éléments du 409e RI arrivent vers
minuit. Relève sans incident. Les
unités relevées gagnent la caserne
CHEVERT. Le Régiment stationne à la
caserne CHEVERT jusqu'à 17 heures. A 15
heures, il reçoit l'ordre de se porter en
réserve de la 153e DI dans le ravin de
Souville.
PC du Colonel aux baraquements.
T.R. : au bois du Chêne GOSSIN (S.O. de
Dugny)
Dans la nuit du 2 au 3 mars, le 3e Bataillon et la
CMR1, relevés par des unités du 409e
RI, sont mis à la disposition du Lt.
colonel, cdt. le 174e RI et se portent à
proximité de Fleury devant Douaumont. Le 3e
Bataillon (cap. ELIOT) et le MR1 (cap. GASSIER)
doivent effectuer, de concert avec un bataillon du
174e à 17h45, l'attaque du village de
Douaumont.
Objectif du 3e Bataillon : lisière N.E. du
village. Point de départ : les
tranchées N. de la ferme de Thiaumont
A 18h, les Bataillons d'attaque progressent sous un
tir de barrage d'artillerie et un feu de
mitrailleuses, s'emparent du village et atteignent
leur objectif.
A 18h30, le 3e Bataillon, la CMR1, occupent la
lisière N.E. du village, en liaison,
à droite avec le 73e RI, à gauche
avec le 174e RI. Pendant la nuit, travaux
d'organisation."
|
|

Historique du 170e R.I. (extrait) :
"Le 3 mars 1916, le 170e reçoit l'ordre d'attaquer le
village de Douaumont. A 17h45, il part des tranchées Nord de
la ferme Thiaumont. Malgré un feu nourri de mitrailleuses et
un violent tir de barrage d'artillerie, il occupe à 18h30 son
objectif, la lisière N-E du village."
3
mars 1916
JMO (Journal de
Marche des Opérations) du 174e RI :
"Quittent à 14 heures le bois du Chapitre
où ils étaient rassemblés
depuis 8 heures du matin environ. Ces unités
se rendent à la ferme de Thiaumont par un
itinéraire qui a été reconnu
au préalable par les commandants de
Bataillon et les commandants de Compagnie. L'ordre
de marche étant le suivant : 1er et 3e
Bataillons du 174e et 3e bataillon du 170e RI.
Le Général commandant la 3e Brigade
ajoute comme renseignement verbal qu'il y a lieu de
s'attendre à une résistance vers la
gauche du village, tandis que la droite est
soutenue par un fortin situé au S.O. du fort
de Douaumont occupé par les
nôtres.
Exécution
Le 1er bataillon du régiment, sous le
commandement du Chef de Bataillon MAROTTE, est
rendu comme il est prescrit à 17 h 45 dans
le ravin de la ferme de Thiaumont et part
résolument pour l'attaque. Le 3e Bataillon,
sous le commandement du Chef de Bataillon GILHMAM,
le remplace sans délai dans le ravin de
Thiaumont. Le 3e Bataillon se présente peu
après, sous le commandement du Capitaine
ELIOT, avec mission d'attaquer la partie E. du
village tandis que le Bataillon MAROTTE attaquera
la partie O. L'artillerie exécute les tirs
qui lui ont été prescrits sur le
village de Douaumont, et allonge son tir à
18 h 10.
Le 1er Bataillon du 174e pénètre
alors dans le village, fouille les maisons en
ruines, tue les occupants et s'établit
à la lisière nord. Toutefois
l'église n'est pas encore prise, elle tient
avec des mitrailleuses cachées dans ses
ruines. Le commandant MAROTTE est grièvement
blessé. Le Capitaine DE MATHAN prend le
commandement du Bataillon ; il est 20 h 10.
A 21 h 30, le capitaine ELIOT, commandant le 3e
Bataillon du 170e, fait savoir au Lt. Colonel que
son Bataillon occupe la lisière nord du
village de Douaumont partie O. et qu'il est en
liaison avec le 78e d'infanterie qui occupe les
maisons S.E. Toutefois le Capitaine ELIOT ajoute
que l'effectif qui tient la lisière N. du
village est très faible, qu'il y a quelques
trous dans les combattants et qu'une ou deux
Compagnies de renfort seraient nécessaires
pour assurer d'une manière efficace la garde
de la partie E. Le Lt. Colonel DUBOIS met à
sa disposition la 9e Compagnie du 174e, sous le
commandement du sous-lieutenant GRÜN. Ce
dernier rend compte peu après que sa Cie est
en position dans le village et que tout marche
bien."
|
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carte postale adressée par un
ami à Georgina : "(
) car vous savez, en ce moment
l'on se fait plutôt des idées noires (
) Je suis
dans la même contrée que votre mari et on ne rigole
pas."
4
mars 1916
JMO (Journal de
Marche des Opérations) du 170e RI : "A
6h30, l'ennemi opérant de front et de flanc
attaque le village de Douaumont. La liaison avec le
73e RI ne peut plus être
assurée. Les Allemands parviennent
à pénétrer dans les maisons
S.E. du village. La lutte se poursuit pied à
pied. Le Capitaine ELIOT demande des renforts au
Colonel commandant le 174e RI. La liaison à
gauche n'est plus assurée. L'artillerie
ennemie exécute entre le village et la ferme
de Thiaumont un violent tir de barrage. Vers 10 h,
les Allemands reprennent le village.
A 11 h, les 1er et 2e
Bataillons, CMB1, CMB2, quittent leurs
emplacements pour se porter dans le ravin S.O. du
village de Fleury devant Douaumont, à la
disposition du général DUPLESSIS,
commandant la 3e Brigade d'Infanterie.
A 15h30, ces éléments se portent dans
la direction de la ferme de Thiaumont, en vue
d'exécuter à 17h45 l'attaque du
village de Douaumont. A la sortie de Fleury,
les Bataillons sont pris sous un violent tir de
barrage et progressent lentement.
Les premières factions arrivent
à 19 h au chemin d'accès à la
batterie annexe de la ferme de Thiaumont (batterie
27 - 28) où se trouve le PC du Colonel. Ce
chemin est occupé par des
éléments de 7 régiments (33e,
110e, 73e, 143e, 156e, 201e, 174e). Le passage des
unités du 170e et leur rassemblement y est
très difficile. Les dernières
factions ne sont en place qu'à 20 h.
Pendant le rassemblement, des reconnaissances
poussées vers le village ne peuvent
progresser, la liaison existe à droite avec
le 9e Zouaves. La lisière S. du village est
battue de front et de flanc par des mitrailleuses
ennemies, l'attaque du Régiment ne peut
progresser et est suspendue (21 h).
A 23 h30, le Colonel cdt. le 170e reçoit un
ordre d'opération de la 3e Brigade pour la
journée du 5 mars, prescrivant une nouvelle
attaque de Douaumont le 5 mars au matin, en
coopération avec les Cies de
Zouaves."
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4
mars 1916
JMO (Journal de
Marche des Opérations) du 174e RI :
"Les 2 bataillons du 170e RI qui
étaient depuis 24 heures en repos à
la caserne CHEVERT sont retardés dans leur
marche vers Thiaumont par des tirs de barrages
effectués à hauteur de Fleury
où ils subissent des pertes en hommes et en
officiers. Ces unités
n'étant pas arrivées à la
hauteur de Thiaumont à 17h45, heure
désignée pour l'attaque (nota :
sur le village de Douaumont), celle-ci est
remise à une heure plus tardive par le
commandement."
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Albert BONNART est blessé
au Nord-Est de Verdun à Douaumont le 4 mars 1916.
Evacué et hospitalisé le 8 mars 1916 à Crest
près de Valence (Drôme) pour blessure : éclat
d'obus, plaie à la face supérieure de la cuisse droite.
"Blessure de guerre : perforation de la région du tiers
inférieur de la cuisse droite par éclats d'obus,
cicatrisation, raideur fonctionnelle".
Extraits du carnet de Lucien
Gissinger, 174e R.I. - semaine du 27 février au 5
mars
Lucien
Gissinger était au même endroit qu'Albert en
mars 1916. Son récit éclaire encore un
peu plus la situation là-bas !
Mobilisé
dès la fin de l'année 1914, Lucien Gissinger
est envoyé sur le front en juin 1915. Il a à
peine 21 ans quand il commence à rédiger son
journal de guerre. Affecté au 174e Régiment
d'Infanterie, il monte en ligne dans les premiers jours de
mars 1916, pour tenter de reprendre aux Allemands le village
de Douaumont. Blessé au cours de cette attaque, il
sera évacué et soigné à
Grenoble. Une fois guéri, il sera affecté
à une autre unité avec laquelle il combattra
jusqu'à l'Armistice.
"On attend le
ravitaillement pour partir. Déception. Pour apaiser
les estomacs affamés, chaque homme reçoit un
petit morceau de viande et un quart de café. En 48
heures, nous n'avons perçu que deux demi-repas. Nous
allons nous placer dans un bois en avant de nos batteries de
75. À 20h, corvée de pelles jusqu'à
Eix, petit village tout proche des premières lignes
puis nous regagnons nos emplacements. Ces secteurs se
situent au Nord-Est de Verdun, à 12 km d'Etain entre
les forts de Tavannes et de Moulainville. Au réveil,
nous voyons passer près de nous 13 prisonniers
allemands, une patrouille entière, capturée
par un groupe de reconnaissance français. Dans
l'après-midi, l'ennemi s'est aperçu que nous
occupions le bois et nous envoie d'abord quelques obus de 77
qui n'occasionnent aucun dégât ; mais
aussitôt après, arrive un 150 qui tombe sur
l'abri des agents de liaison. Des râles sortent du
gourbi. Il y a trois morts, dont le caporal Bolze de la 15e
escouade et 8 blessés dont un très
grièvement : le sergent Andreux qui a un poignet
presque sectionné. Dans la nuit, corvée de
grenades."
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"À 4h, transport
de rouleaux de fil de fer barbelé pour une redoute ;
au retour nous changeons notre bivouac de place par crainte
d'un nouveau bombardement. Le ravitaillement est presque
nul, les hommes souffrent de la faim et du manque de sommeil
; beaucoup chiquent du tabac pour tromper leur faim. J'en ai
fait l'essai, mais cela n'a réussi qu'à me
donner des nausées.
Je ramasse un morceau de viande gelé au pied d'un
chêne un jour où le ravitaillement avait
dû être excédentaire et le mange de bon
cur. Je remplace, à la 15e escouade, le caporal
Bolze tué le 28."
"La nuit a
été assez tranquille, malgré cela on ne
dort guère car il ne fait pas chaud coucher à
la belle étoile, aucun abri ne nous protège
des intempéries. Le ravitaillement est toujours
insuffisant : au lieu d'une demi-boule de pain par homme, il
faut faire 11 parts dans une boule entière. Enfin, ce
soir, nous percevons le ravitaillement complet, cela change
totalement l'humeur des hommes, d'autant plus qu'il est
distribué un litre de rhum pour 8
hommes."
Verdun - les troupes en
gare
"À 4h,
relève par le 38e régiment d'infanterie. Nous
allons occuper les casernes Chevert à Verdun.
Après la soupe de 10h, les casernes sont
évacuées en prévision de bombardement ;
nous y revenons pour y passer la nuit."
|


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"Alerte à 3h.
Départ immédiat jusqu'aux batteries de 75. On
craint une attaque allemande et nous sommes en
réserve en cas de besoin. Après une heure
d'attente, on change de place ; nous allons occuper un bois
plus à droite (La Caillette). Ce bois est
terriblement mutilé par les obus allemands, des
arbres plusieurs fois centenaires sont sectionnés par
le milieu, d'autres ont leurs branches hachées par
les éclats de mitraille. Nous rencontrons une
trentaine de cadavres de chevaux, des caissons
éventrés, des corps humains. Au bord du
chemin, une jambe seule, puis deux camions
déchiquetés. Partout le sol est
labouré, défoncé par des entonnoirs
immenses, et par-dessus cela une odeur indéfinissable
de gaz asphyxiants et de pourriture. La Champagne, pourtant
bien terrible en octobre dernier, n'était rien
à côté de ceci. À peine
installés dans le bois, nous sommes prévenus
que le soir même nous attaquerons le village de
Douaumont (notre 1er bataillon avec le 3e du 70).
1916 - Douaumont - fort
et village
Des hommes brûlent
des lettres, d'autres en écrivent. Un aumônier
confesse ceux qui le désirent. Á 15h, un peu
de ravitaillement nous arrive, sous forme de confitures : 10
kilos pour deux sections ; malheureusement nous n'avons pas
le temps de les consommer en totalité car il faut
partir et laisser le reste à l'abandon dans le bois.
Des obus tombent de-ci de-là, pas de boyau pour
s'abriter. Cordival de Chalindrer est blessé : un
schrapnel lui a transpercé un pied. Nous progressons
ainsi sous bois jusqu'à la redoute de Thiaumont, qui,
spectacle affreux, est pleine de cadavres de soldats
français. Dix minutes de pause et nous repartons.
Notre artillerie pilonne le village de Douaumont.
170e
RI
|
les Hirondelles
de la Mort
|
170e RI -
insigne de bras
|
Enfin, nous arrivons
auprès de la ferme de Thiaumont en flammes, c'est de
là que doit partir l'attaque. Les unités se
reforment et on attend l'heure H. Baïonnette au canon,
nous partons au pas gymnastique. Il y a 300 mètres
à parcourir en terrain découvert avant
d'arriver aux tranchées boches. Leurs mitrailleuses
crachent, les balles sifflent, les obus éclatent
derrière nous en tir de barrage. De temps en temps,
un des nôtres tombe en gémissant. Le caporal
Charras est tué d'une balle dans la tête. Le
coiffeur de la compagnie, Pelat, a le doigt emporté
par une balle. Le but approche, mais nous sommes à
bout de souffle, quelques hommes ont abandonné leurs
sacs. Quelques secondes à plat ventre permettent de
reprendre haleine. La mitrailleuse allemande s'est tue, elle
a du être reportée un peu en arrière. On
repart. Les Boches de la première ligne jettent leurs
armes, lèvent les bras en criant : "Kameraden". Sans
pitié, les nôtres les fusillent à bout
portant car nous avons reçu l'ordre de ne pas faire
de prisonnier. D'après des renseignements fournis par
des Allemands capturés dans le nord, notre division
volante a été baptisée par eux "les
hirondelles de la mort". Nous continuons d'avancer, et
entrons prudemment dans les ruines, l'ennemi a fui. Devant
moi, un Allemand sans arme sort d'une cave, je lui fais
signe de partir vers nos arrières. La progression
ralentit, l'avance devient difficile. Enfin, nous sommes
stoppés dans un élément de
tranchée situé à 40 mètres de
l'église que nous n'avons pu prendre. À tout
instant, dans la nuit, un hurlement retentit, aussitôt
une vive fusillade se déclenche pour
s'éteindre quelques minutes plus tard. Mon voisin de
gauche, en tirant, envoie une balle dans un tas de grenades
posées devant nous sur le parapet, et que
l'obscurité nous avait empêché de voir.
Violente explosion, le camarade reçoit un
éclat dans la figure, je suis indemne. En fouillant
dans ma poche de capote pour prendre des cartouches, je
m'aperçois qu'au cours de l'attaque, une balle
allemande a traversé ma poche et sectionné
complètement une cartouche. Une grenade se trouvait
également dans cette même poche. Si elle avait
été frappée par cette balle,
c'était ma fin. À la lueur des fusées,
on distingue devant nous un groupe rampant. Au moment de
tirer, nous apercevons les brassards à croix rouge,
ce sont des brancardiers allemands."
"Le jour va
paraître. Nous sommes à peu près
certains que les Boches vont contre-attaquer pour essayer de
reprendre la partie de village que nous occupons. De 5h
à 8h, leurs mitrailleuses crachent sans répit,
des ombres passent en courant. Devant moi dans un boyau
à demi découvert, je vois passer une
demi-douzaine de Boches venant prendre position, j'en
fusille trois. Á côté de moi, notre chef
de section, l'adjudant Cottin, me signale les mouvements
qu'il aperçoit et m'encourage quand je fais mouche.
Enfin, à 8h, l'attaque se déclenche à
notre droite sur le front de la 1re compagnie (Capitaine de
Nathan) ; celle-ci cède et recule, nous sommes
à découvert et pris de flanc. Si nous ne
voulons pas être capturés ou massacrés,
il faut suivre le mouvement. On abandonne les sacs, ne
conservant que fusils et munitions. Á ce moment, nous
ne sommes guère plus qu'une vingtaine pour
défendre les dernières maisons, le reste du
bataillon s'étant replié jusqu'à la
sortie du village. Plus de liaison, plus de cohésion,
chaque homme est livré à lui-même et est
seul juge de ses actes.
Embusqué à l'angle d'une maison servant de
poste de secours, je vois à une dizaine de
mètres de moi une mitrailleuse allemande
installée à découvert. Le servant
à genoux, un lieutenant debout à
côté de lui et quelques hommes autour. Belle
cible ! Je mets successivement hors de combat l'officier, le
servant et un homme, mais bien vite repéré je
vide les lieux rapidement et rejoins deux camarades
derrière un pan de mur où nous nous
embusquons. Nous ne sommes plus que trois à ce
moment, tout le monde est replié. Je réussis
encore à fusiller à courte distance deux
Boches du même coup de fusil, le second étant
couvert exactement par son prédécesseur. Cette
fois, il faut rejoindre ce qu'il reste du bataillon. Nous,
nous trouvons sur une crête dont un versant est
balayé par une mitrailleuse tirant des
premières lignes allemandes ; et l'autre par une
mitrailleuse qui nous arrose depuis le fort de Douaumont
(aux mains des Boches).
Je reçois une
balle dans le genou gauche, la douleur est si vive que je
suis obligé de me coucher. Un instant après,
la douleur s'étant un peu apaisée, je me
relève et peux encore un peu marcher pour rejoindre
mes camarades. Á ce moment, une balle m'atteint
à la fesse gauche. Cette fois-ci, c'est suffisant, je
me jette dans un trou d'obus et quitte fusil et
équipement dans l'attente de ce qui va m'arriver :
prisonnier peut-être si l'ennemi continue d'avancer,
sinon attendre que la nuit permette aux brancardiers de
pouvoir relever les blessés.
9h. Les Boches n'avancent plus. Je constate que ma bande
molletière a été coupée par une
balle à hauteur de la cheville gauche sans autre
dommage. La neige tombe, je perds mon sang et commence
à grelotter. Il faut coûte que coûte
quitter ces lieux pour aller me faire panser à
l'arrière, mais il n'y a ni tranchée ni boyau
et il faut se déplacer à découvert. Les
mitrailleuses balaient le terrain sans arrêt. Devant
moi, un blessé passe en rampant, il est tué
d'une balle. Cela ne m'incite guère à sortir
de mon trou. Enfin, à la garde de Dieu, je tente ma
chance. Un camarade blessé au bras nous crie tout
joyeux : "Ça y est les copains, on va aller voir les
petites infirmières !". Il avait à peine fini
cette phrase qu'une balle lui traverse la tête.
Profitant d'une légère accalmie, je m'avance
lentement à plat ventre jusqu'à un petit pli
de terrain. Aucune balle ne siffle. Je continue ma
progression, m'arrêtant de temps en temps pour reposer
ma jambe qui me fait beaucoup souffrir. De temps à
autre, une balle ricoche dans la terre non loin de moi. Sur
mon chemin, les cadavres s'échelonnent, des
blessés râlent ; l'un d'eux, atteint d'un
éclat d'obus à la tête, a une horrible
blessure mettant le cerveau à nu. Après avoir
parcouru environ 500 mètres sur le ventre, dans la
boue, m'aidant de mes mains et du genou valide, j'arrive au
fond d'un vallon (ravin de la Couleuvre).
Á une centaine de mètres, il y a un bois ;
là, c'est la délivrance. Je ne serai plus
à la vue de l'ennemi et pourrai me déplacer
plus aisément. J'arrive au bois, prends un
bâton pour me servir de canne et pars à la
recherche du poste de secours. Chemin faisant, je rencontre
mon ami Girardot qui m'accompagne un moment puis retourne
à sa compagnie. J'arrive à un poste de
secours, malheureusement pour moi, c'est celui du 153e et,
comme j'appartiens au 174e, on ne veut pas me soigner. Les
infirmiers m'indiquent l'emplacement de notre poste de
secours. Deux fois, je m'égare en chemin. Un obus de
fort calibre tombe tout près de moi dans un entonnoir
rempli d'eau, je suis copieusement arrosé. Enfin,
à midi, j'arrive et suis pansé, non sans
douleur car les deux aide-majors qui me soignent (jeunes
gens dont les études ont dû être
interrompues par la mobilisation) ramonent mes plaies avec
des bandes de pansement imbibées de teinture d'iode.
Je mords le brancard pour ne pas crier. Je passe une partie
de la nuit dans un abri souterrain au fort de
Souville."
"Vers 3h du matin, je
suis emporté sur un brancard jusqu'à Fleury
sur Aire où une auto m'emmène à
l'ambulance de la 153e division. Second pansement encore
douloureux puis vaccination anti-tétanique. Des autos
anglaises me conduisent dans un camp de triage
constitué par de vastes tentes. Á 8h,
départ, toujours en auto pour l'ambulance de Chaumont
sur Aire."
Dillen, caporal au 35e R.I.,
rapporte une ruse des Allemands, dont sa compagnie fut
victime : "Ma compagnie, à laquelle
s'étaient joints des hommes de plusieurs
unités, et notamment des zouaves, est restée
isolée pendant trois jours vers le haut de la
Côte de Talou. Le 27 février, vers 1 heure de
l'après-midi, nous voyons venir vers nous, de
Samogneux, des zouaves avec une mitrailleuse. Ils sont par
petits groupes et sautent de trou en trou. Arrivés
assez près de nous, ils se mettent à nous
mitrailler. Ce sont des Allemands déguisés en
zouaves !"
Louis Brayelle, caporal
au 110e R.I., est témoin de l'attaque menée
par le 174e R.I. dans les ruines du village de Douaumont, le
3 mars : " (...) Douaumont flambait ; un combat
acharné se livrait à quelques centaines de
mètres de nous. Obus, grenades, coups de fusil et de
mitrailleuses nous assourdissaient; des ombres s'agitaient
dans la nuit, éclairées par la lueur des
explosions ; des blessés passaient, des commandements
retentissaient, des sections de réserve
s'avançaient pour entrer dans la fournaise.
C'était un spectacle atroce, mais combien
émouvant !"
|
Albert écrit de Crest à
sa petite Raymonde (4, avenue Jean Jaurès à Paris) :
"Reçois nos bons et doux baisers; J'espère que tu ne
t'ennuies pas de l'absence de ta maman."
Il semble que Georgina soit allé au chevet de son époux
blessé, en soin à Crest.
Marthe Bonnart :
"Mes chères filles, merci de vos vux et souhaitons
qu'ils se réalisent, surtout celui qui me tient le plus au
cur ! Si on savait le jour de votre arrivée, on irait
à la gare. Nous aussi entrons en vacances le 1er août.
S'il continue à faire si chaud, vous serez bien ici, mes
chéries, mais vous n'aurez pas froid pour votre voyage
à Saint-Léger : il est vrai que vous pourrez
arrêter à Thourotte et partir le matin de bonne heure,
il fait moins chaud. Si tu penses me rapporter un litre ou
2... S'il en faut prendre 2 de cognac ou rhum, je te les payerai
cette fois, ça ferait plaisir à grand-père.
Yvonne et Odette m'ont apporté ce matin 2 jolis bouquets.
Elles sont vraiment gentilles ! N'oublie pas ton arithmétique.
Votre mère dévouée. J'espère une petite
lettre de mon grand chéri aujourd'hui. J'en ai
reçu le 24 du 20, il ne disait pas qu'il était
remonté à Verdun. Il le connaîtra
!"
De son lit, à Crest, il
écrit à sa fille Raymonde sa "chère
mignonne", et encore le 7 juin 1916.
"Mon cher Albert, je te remercie
de la carte que tu nous as envoyée, d'abord que tu vas mieux
et ensuite que tu rentres à Saint-Denis, ce qui est le mieux
de tout. Ce sera la fin de cet affreux cauchemar et pour tes
pareils également un gros chagrin de moins. Il faut bien
espérer qu'il n'y aura pas de complications à redouter,
et c'est dans cet espoir que nous t'envoyons un prompt
rétablissement et t'embrassons tous deux, ainsi que
grand-mère, de tout cur. Thourotte vient de
recevoir ce soir encore une dizaine d'obus au chantier vers la gare.
Tu viendras nous voir quand tu reprendras ton service à
l'usine. Ta tante dévouée. Aline BONNART née
PESTEL"
"Mes chers enfants. A l'heure
où vous recevrez cette carte, peut-être notre cher
Albert sera-t-il à Saint-Denis. Faites bien tout votre
possible pour venir à Bois d'Ageux. Marcelle est toujours
à Lacroix jusque dimanche. Papa demande que vous lui
rapportiez 2 douzaines de papier à cigarettes, il n'en trouve
pas à Verberie. Marthe BONNART"
"D'abord, merci de tes
souhaits. Nous fêterons la Ste Marthe ensemble et surtout
ton retour ! Il n'est plus possible d'obtenir un laisser-passer pour
venir, tandis que pour repartir on t'en donnerait sans
difficulté. Adresse-toi au commissaire de
Saint-Denis. Tu l'auras pour quelques jours peut-être,
mais cela n'a pas d'importance puisqu'on t'en donnera un pour le
retour, mais sans pièce d'identité : ni le Maire, ni
Mme TANGUY n'en veulent délivrer. Donc à lundi, on ne
peut vous le refuser et bons baisers. Si vous avez du sucre à
volonté, apportez-m'en, je vous le payerai. Ici c'est la
guerre pour l'avoir. Marthe BONNART"
Du 26 août au 21 novembre 1916,
il est mis en traitement au centre de physiothérapie d'Enghien
pour arthrite musculaire cuisse droite.
Lacroix-Saint-Ouen - carte
d'Eugénie COLLAS, veuve BERNARD, à Georgina BERNARD sa
nièce : "Chère Georgina, Réponse à ta
lettre qui vient de revenir du Francport. Voilà la chose
: Marie est malade d'une forte grippe, donc notre voyage est
ajourné. Je suis rentrée en bonne
santé. Malgré tout, j'ai aussi un bon rhume. Hier,
reçu lettre de papa qui m'a encore fait verser bien des
larmes. Le voilà aussi bien malade, le médecin lui
conseille d'aller à l'hôpital, mais certainement il ne
voudra pas dire comme lui, il faut le sonder (...)"
Le commandant du dépôt
du 170e R.I. à Epinal certifie que Maurice Fulbert Arthur
BONNART a droit au port du ruban, avec étoile
émaillée rouge, constituant l'insigne spécial
pour les blessés de guerre, au cours de la Campagne actuelle
contre l'Allemagne et ses alliés.
Lacroix-Saint-Ouen - carte
d'Eugénie COLLAS, veuve BERNARD, à Georgina BERNARD, sa
nièce : "Albert est retourné à son
dépôt, peut-être va-t-il obtenir un congé
de prolongation ? Au sujet de mon pauvre Roger, rien de nouveau
à t'apprendre. Toujours la même question : où
peut-il être ? Voilà le froid qui diminue
vraiment. Ce n'est pas le rêve pour toi d'aller au
charbon. C'est cette maudite guerre qui en est la cause. Nous
avons du bois à volonté ; seulement le prix est cher
comme dans tout."
Roger BERNARD, son fils, est disparu en mars 1915 dans la
Marne.
Le commandant du dépôt
du 170e R.I. à Epinal certifie que Maurice Fulbert Arthur
BONNART a droit au port du ruban, avec étoile
émaillée rouge, constituant l'insigne spécial
pour les blessés de guerre, au cours de la campagne actuelle
contre l'Allemagne et ses alliés.
Il est affecté en renfort au
143e d'Infanterie.
1917 - Maurice BONNART, dit
Albert, soldat en pause familiale
Le Bois d'Ageux : "Ma chère
Georgina, A l'heure où tu recevras ma carte, tu feras
probablement les préparatifs de départ. Si tu veux
apporter ce que tu as de linge sale, tu le lessiverais ici où
la place et le chauffage manquent moins qu'à Saint-Denis.
Albert, cher enfant, doit être tout à la joie de son
départ, si comme il le pense il part le 29. Si tu avais
quelques cartes de mon école de Saint-Léger, tu me
ferais plaisir de m'en apporter une ou deux vues, toutes les
nôtres étant perdues. N'oubliez pas mes lunettes. Marthe
BONNART"
De Noroy-sur-Ourcq : "Nous ne
partons pas et restons ici jusqu'à nouvel
ordre."
carte militaire, Maurice BONNART 143e
R.I., 10e compagnie, 2e section, au Bois d'Ageux : "Ma
chère Marcelle, J'ai reçu votre lettre contenant de la
sténo de Mimi et la carte de Raymonde à qui je
répondrai quand nous serons en pays reconquis. Je pense
que lorsque tu recevras cette carte, votre maman sera parmi
vous. Pour le cas où elle serait repartie, renvoyez-lui
la lettre que je lui ai écrite ce matin à Saint-Denis.
Si grand-mère se sert toujours de l'encre violette,
envoyez-moi un peu de poudre dans une lettre, très peu pour en
faire une toute petite bouteille. Je suis toujours en bonne
santé et espère que vous êtes de
même. Dans l'attente de vous lire, embrasse tous pour moi
et toi, ma grande chérie, reçois les bons et affectueux
baisers de ton papa qui pense à vous."
carte militaire, Maurice BONNART
à Marcelle : "Ma grande chérie, j'ai reçu ta
carte du 7 avant-hier et t'en remercie. Ici le temps nous semble
si long dans nos trous que les lettres et cartes sont toujours pour
nous un réconfort de savoir qu'on est pas tout à fait
retranché du reste du monde civilisé (...) Nous verrons
peut-être cousine Florence si nous allons à
Saint-Léger le mois prochain. Ce que j'ai hâte de
vous revoir tous, et toi, ma grande fille chérie, grandis
encore (...)"
Bois d'Ageux : "Mon fils bien
aimé, tes gentilles lettres de dimanche et mardi nous ont fait
bien plaisir. Nous souhaiterions que tu restasses là
longtemps. Tu as la chance d'avoir des nouvelles de ta tante, je n'ai
rien eu d'elle depuis sa permission. J'ignore si mes ruines sont
revenues de Saint-Léger, comme je n'ai pas de nouvelles de
personne de là. Vraiment, que prétend la mère
d'Eugénie pour leur faire faire mauvais ménage ? A quoi
aboutira-t-elle, à une désunion ? Elle serait bien
avancée, avec 2 enfants. Et puis, quelle vie
gâchée ! S'il a le tort de trop dépenser, c'est
fort probablement ce motif qui a amené ses trop vives
remontrances. Elle ne doit pas toujours être bonne non plus,
cette femme-là. Eugénie aurait bien mieux fait de
rester chez elle avec ses deux enfants et d'y chercher une
occupation. Elle qui n'est pas sotte se serait tirée
d'affaires. Après tout, qu'ils se débrouillent.
J'ai supposé que tu écrirais à ton père :
aujourd'hui 65e anniversaire. Que nous voilà vieux et besoin
fait ville trotter. En ce moment, à part ma classe et ma
leçon, je ne fais pas grand chose d'autre. Le jardin se
repose. Marthe BONNART"
1917 - Maurice BONNART, 143e, en
convalescence
Eugénie COLLAS veuve BERNARD,
la mère des 2 frères disparus, écrit de
Saint-Léger-aux-Bois : "Mon cher Albert, C'est par un temps
bien froid que je t'écris. Nous te remercions de ta carte
pour l'anniversaire, nous pensons tous les jours à toi. Nous
pensons combien il a froid, nous avons de la neige. Voilà
déjà la petite classe quelle s'en va, il y a n'a 500 de
parti aujourd'hui, bien heureux que nous avons un bon feu comme
ça il ne fait pas chaud à lever, enfin il y a que
ça à faire en ce moment. Nous avons pas encore
touché notre allocation. Je ne sais pas si nous la toucherons,
ça fait 2 mois. Ton père, ta mère et moi, je te
dis de prendre courage. Nous t'embrassons tous
déjà." E BERNARD
Saint-Denis : "Mon cher Albert,
Rien encore, je pensais pourtant bien avoir quelque chose
aujourd'hui. Ce matin, je croyais que tu allais arriver, aussi
j'ai été désappointée. Où
es-tu ?? Reçu un mot d'Amélie hier, elle devait venir
mais a travaillé, je viens de lui répondre et lui donne
de tes nouvelles. J'ai piqué à la machine toute
l'après-midi, je crois que je dormirai bien. Hier j'ai
été à l'hôpital, nous étions
revenus à 4 h. Et toi, mon grand, es-tu encore au D.D.
? Je me le demande. Dans l'espoir de te lire ce soir, je
t'envoie pour toutes trois mes plus doux baisers. Ta G. (Georgina)
qui pense à toi et t'embrasse."
Saint-Denis : "Mon cher Albert,
Rien eu ce matin. Peut-être ce soir. Je pensais que tu
serais arrivé aujourd'hui, mais voilà 4 heures et comme
tu devais arriver dans la matinée...Encore quelques jours de
patience. Il y avait du brouillard ce matin, pas très chaud,
le soleil à midi était bon. Tu sais, c'est la ration
c'est fois pour Marcelle. Espérant que tu es en bonne
santé, nous t'envoyons toutes trois nos meilleurs et
affectueux baisers. Ta G. qui t'embrasse bien fort et t'attend avec
impatience."
carte de Maurice BONNART à son
épouse, ce dimanche : "Ma grande chérie, C'est avec
plaisir que j'ai reçu la carte-lettre du 10 où j'y vois
que tu te plais à ton nouveau métier. Ecoute bien
les conseils que Nini te donnera et à tes loisirs ne reste pas
à rien faire, exerce-toi à faire de la ronde et
perfectionner ton écriture pour que, dès qu'il y aura
une place de libre, tu puisses la remplir au gré de tes chefs.
Nous avons voyagé à la hâte hier en auto par
temps gris et une poussière est quelques
chose. Aujourd'hui, il fait temps comme au mois de novembre
tellement il fait froid. C'est bien malheureux pour ceux qui se
battent. Espérant que ma carte te trouvera en bonne
santé et dans l'attente de vous lire, embrasse maman et
Chouchou pour moi et toi, ma grande chérie, je t'embrasse de
tout cur. M B."
"(...) Emile pourra dire qu'il a
souffert, encore une opération. Donne-lui les cigarettes
que je lui ai envoyées aussitôt arrivées. Au
plaisir de te lire demain peut-être. Embrasse bien nos
chéries pour moi et toi, mon amour de Ginette, reçois
les plus doux baisers de ton grand trésor, à toi mon
cur avec mes chères pensées. Maurice
Bonnart"
carte de Maurice BONNART à sa
fille Marcelle : "Je reçois en arrivant ici ta carte et te
remercie de tes bons souhaits en te priant d'accepter les miens en
retour. Il faut bien espérer qu'elle sera meilleure pour
nous tous que celle qui vient de finir et que bientôt j'aurai
la joie d'être près de vous définitivement, enfin
(...) M.B."
Maurice BONNART est
libéré le 21 février 1919 au dépôt
démobilisateur de Saint-Denis. Il est renvoyé dans ses
foyers, titulaire de 2 carnets de pécule (arrêté
le 21 février 1919) et dont le montant s'élève
à la somme de 145 francs. (fait à
Saint-Denis)
de
Saint-Léger-aux-Bois
à La
Chanvrière
(1789-1799)
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Saint-Léger-aux-Bois
dans la Première
Guerre
mondiale
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nos
soldats de la Grande
Guerre "Morts pour la
France"
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Saint-Léger-aux-Bois
à travers ses
monuments et ses
rues
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La
Seconde Guerre mondiale
et l'Occupation à
Saint-Léger
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Merci
de fermer l'agrandissement sinon.
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