Blidah, le 22 septembre 1884

 

Mes chers parents,

 

Vous allez peut-être être étonnés de recevoir une seconde lettre venant d'Algérie, attendu qu'il y a deux jours, je vous disais que je vous écrirais qu'en arrivant à Laghouat.

En partant de Cherchell, on avait mis tout ce qu'on avait dans les ballots. Hier, il arrive un ordre disant qu'il fallait refaire les ballots, et mettre le moins de choses possible. Me trouvant avec plusieurs ceintures, l'idée me vint d'en envoyer une dans ce beau pays que l'on nomme la France !

Triste métier : on a peu de choses, et on en a encore de trop !

Je vous écris, c'est premièrement pour vous le faire savoir, car je ne sais pas si elle ira à domicile ou si elle restera en gare, deuxièmement pour que vous m'en rendiez compte aussitôt que vous l'aurez reçue. Je l'ai expédiée hier. Par conséquent, elle arrivera à Cholet en même temps que la lettre.

Rien de plus à vous dire, sinon ce n'est que nous quittons Blidah demain matin à 1h.

Depuis le 3, personne a couché dans un lit. Quand y coucherons-nous ? On se le demande.

Auriez-vous fait réponse à la 1ère lettre ? Ça ne fait rien. Faites-moi réponse aussitôt que vous aurez reçu la ceinture de tirayour. (1)

Bien le bonjour au pays.
Adieu et au revoir, chers parents.

Votre fils et frère qui vous embrasse.

Baudry Valentin, 1er Tirailleurs, 2e bataillon, 2e compagnie, Blidah, Algérie

A faire suivre

 

(1) tirailleur

 

 

 

 

  Laghouat / la mosquée

 

 

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