Cherchell, le 27 mars 1884

 

Mes chers parents,

 

Ce n'est pas sans raison que vous direz que j'ai été bien long à rendre réponse à votre lettre que j'ai reçue le 10.

Si je ne vous ai pas écrit plus tôt, c'est parce qu'il était question qu'on allait quitter Cherchell et aller à Orléansville. Aujourd'hui, sachant à quoi m'en tenir, je m'empresse de vous faire savoir de mes nouvelles qu'il vous ennuiera de recevoir.

Je viens d'apprendre avec plaisir que l'on restait à Cherchell jusqu'au mois de septembre. Depuis la dernière lettre que je vous ai écrit, j'ai trouvé deux places : une que mon instruction me permettait pas, et l'autre que je n'ai pas voulu accepter. La 1ère, c'était pour être secrétaire archiviste à la place de Cherchell ; la 2e, c'était pour être planton à la place également.

En ce moment, je suis détaché à l'instruction des territoriaux qui sont arrivés lundi. Je ne fais pas de service à la compagnie, et vous pouvez croire que nous en buvons, de ce petit rouget de Cherchell.
Ils ont beaucoup d'exercice : le matin de 5h et demie à 8h et demie, et le soir de 1h à 4h.

J'ai bien reçu les 20 francs, ainsi que les journaux que vous m'avez envoyés. Je vous en remercie beaucoup. Je vois que vous m'avez pas encore tout oublié.

Vous me donnerez des nouvelles du conseil de révision.
Bien des compliments à ceux qui demanderont de mes nouvelles.

Je suis toujours en bonne santé et je désire que ma lettre vous trouve de même.

Votre fils qui vous aime tous et ne vous oublie pas.

Baudry Valentin, 1er régiment de Tirailleurs, 2e bataillon, 2e compagnie, Cherchell

 

 

 

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