Blidah, le 11 avril 1885

 

Chers parents,

 

Je vous écris deux mots pour vous faire savoir que je m'embarque ce soir.
De Blidah à Alger, on nous emmène en chemin de fer.

Nous partons 400. Il y a huit jours, il en est parti autant. Aussi il reste à peu près personne : les ordonnances restent parce que les officiers ne partent pas. Zacharie est à Blidah.

Nous avons eu un triste temps pour faire la route de Laghouat, toujours de l'eau !
Hier, nous sommes venus de Médéah à Blidah. On est partis à 1h du matin et on est arrivés à 3h du soir, esquintés.

 

 

Je crois que nous nous embarquons sur l'Amazone ou sur le Vingh-Long (1).
Maintenant, où nous allons, nous ? Je n'en sais rien. Je vous écrirai de Port-Saïd ou de Singapour.

J'ai reçu les 2 lettres que vous m'avez envoyées, hier. J'ai touché le mandat ce matin.

J'oubliais de vous dire qu'en Algérie, il reste presque plus de troupes. Il en part encore 10 000 mais on en fait venir de France.

Rien de plus pour le moment. Je suis en bonne santé et je désire que la présente vous trouve de même.
Votre fils et frère qui vous aime et vous embrasse.

Baudry Valentin, 1er régiment de tirailleurs, 2e bataillon, 2e compagnie
Parti pour le Tonkin.

 

(1) le Vinh-Lonh, bateau utilisé pour le transport des troupes. Il existe une ville de ce nom en Cochinchine sur les bords du Mékong.

 

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