Je pars pour le Tonkin, ou plutôt pour la Chine.
Je suis en ce moment à une étape de Laghouat. J'en ai été à 8 kilomètres lorsque l'on a trouvé le bataillon qui descendait à Blidah. Le capitaine commandant le détachement a appris la nouvelle hier, mais comme mon sac était à Laghouat, il m'a dit : "Vous ne partirez peut-être pas."
Qu'est-ce qui arrivait à ce moment-là ? On m'apportait mon sac et lorsque l'on a trouvé le bataillon, on me dit : "Vous allez faire demi-tour, votre sac est ici !"
Je savais plus où j'en étais. Mais que voulez-vous ? Il le faut.
Tout le bataillon part : à ma compagnie, il reste 12 hommes. Le 4e bataillon part aussi.
Vous me direz si Zacharie part. Si il part, je le verrai à Blidah.
J'ai encore pas reçu de vos nouvelles. Je vous écrirai en arrivant à Blidah. On pense doubler les étapes.
J'ai encore un peu d'argent, mais comme je pars, je pense que vous voudrez bien m'en envoyer pour partir.
Je suis toujours en bonne santé (quoique bien fatigué). Je ne vous parle pas de tout ce que j'ai vu, le temps me manque.
Je suis votre fils et frère qui vous embrasse.
Baudry Valentin, 1er régiment de
tirailleurs, 2e bataillon, 2e compagnie
Partant pour le Tonkin
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