Blidah, le 4 mars 1885
J'ai parti le lundi par le train d'une heure,
j'ai couché à Tours, j'ai été voir
François Boisdron, et le mercredi soir à 11h40 ,
j'arrivais à Marseille. J'ai passé à Lyon,
l'Isère, la Drôme, et une grande partie de la Vaucluse
m'a semblé mesquine. J'ai été voir la ville
d'Avignon. Je ne vous raconte pas tout ce que j'ai vu, attendu que ce
serait trop long… Arrivé à Marseille, j'ai
été coucher à la caserne des incurables. Le
lendemain jeudi, j'ai été au fort Saint-Jean. On a eu
la permission de sortir, ce que l'on a fait jeudi et vendredi.
A Marseille, j'ai trouvé tous ceux qui
étaient partis avec moi. Aubineau, qui est du
côté de Cerisay, y était. On s'est embarqué le samedi soir
à 5h. Nous étions 48 militaires et plus de 200
passagers civils. La mer était mauvaise, aussi à 6h
il y avait la moitié du monde de malade. Le mal de mer m'a
pris vers 6h et demie, il y avait des fois qu'il y avait plus de 30cm
d'eau sur le pont. Il y avait des femmes qui criaient : "Ah ! je vais
mourir !" C'en faisait un tapage ! Il y avait 18 mulets, des chiens, des lapins,
des poules, tout était malade. Le dimanche matin, la mer s'est calmée,
et pour arriver, nous avons eu bonne mer. On a débarqué
lundi matin à 7h , on a couché à Alger et enfin,
ce matin à 11h, on arrivait à Blidah. Il fait plus chaud qu'en France. J'ai
trouvé beaucoup de changement. Zacharie est toujours à Aumale.
Pour mon indemnité de route, j'ai
touché 19 francs 15. Vous me direz ce qu'il y a de nouveau depuis
que je suis parti. Votre fils et frère qui vous aime et
vous embrasse. Baudry Valentin, 1er régiment de
tirailleurs algériens, Blidah, Algérie retour
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Je vous écrirai d'ici quelques jours pour vous dire si je
reste à Blidah. Si il y a rien de changé, je pense
partir pour Laghouat du 16 au 18 mars.