Saint-Léger-aux-Bois (Oise)

11 novembre 2018 - Commémoration du Centenaire de l'Armistice

par Guy Friadt - novembre 2018

 

Une très émouvante commémoration où les enfants des écoles de Saint-Léger-aux-Bois ont porté, à travers tout le village jusqu'au monument aux morts, un drapeau brodé aux noms des soldats de la commune morts pour la France. Beaucoup d'émotion pour cette commémoration du centenaire de l'Armistice de 1918 avec une exposition qui retraçait le parcours des soldats disparus, pour se souvenir et ne jamais oublier.

Tous nos remerciements et félicitations à l'équipe qui a oeuvré depuis janvier 2018 à construire ce projet, soutenu par la municipalité, autour des amis-es Christine, Marie-Line, Nathalie, Angélique, Sabrina, Daniel, Jean-Jacques, Joseph, Christian, ainsi que tous les bénévoles qui nous ont aidés pour la préparation et l'exposition de ces belles journées du Souvenir.

 

Christine la soldate, Marie-Line l'infirmière, et Jean-Jacques le poilu

 

 

 

 

 

 

Les enfants des écoles maternelle et élémentaire de Saint-Léger-aux-Bois se sont pour la commémoration du 11 novembre 2018 parés des uniformes des poilus. Pour rendre un hommage poignant, chacun portait un drapeau tricolore brodé du nom d'un des soldats de Saint-Léger morts pour la France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la fanfare du village de Varesnes, dans l'Aisne, non loin de St-Léger

 

 

 

 

 

 

Les enfants, précédés de la fanfare de Varesnes tout de rouge vêtue, ont traversé le village pour monter jusqu'au monument aux Morts. Ils passent devant la Mairie, sur les traces des cortèges anciens qui, depuis 1922, vont honorer nos chers disparus. A la suite des petits poilus, de nombreux habitants, parmi eux des descendants des hommes sacrifiés lors des combats de 1914 à 1918.

 

 

 

 

 

 

En tête du cortège Christian Havez, Maire de la commune, suivi par les porte-drapeaux des anciens combattants et des sapeurs pompiers, puis Jean-Jacques Béreaux, adjoint au Maire et coordonnateur du défilé, lui aussi en tenu de poilu, accompagné de Christine, conseillère municipale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

à droite Régis et son superbe uniforme reconstitué, venu avec un ami de Pimprez, village voisin, participer à cet hommage

 

 


 

 

 

Lettre d'un poilu à sa femme :

La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain,

avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer."

 

 

 

 

Le 30 mai 1917

Léonie chérie,

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle.

Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer.

Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi.

Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre.

Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront.

Comprendras-tu, Léonie chérie, que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger.

C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner.

Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre.

Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier.

Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène, ton mari qui t'aime tant

 

 

 

 

compléments

le village dans la première Guerre mondiale
 
la guerre au plus près - la passerelle sur l'Oise

 

 

la guerre 14/18
à St Léger
 
la forêt et
la chasse à courre
 la mairie, l'église,
les écoles
   
les rues
et les lieux
la fabrique
de balles à jouer
 

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

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