résentation de la ommune -

de Saint éger de ourches à Champeau en orvan

par Nicole SIMON

 

 

Dans le parc naturel régional du Morvan, la commune de Champeau-en-Morvan, distante de 5 km de Saulieu, à 500 m du département de la Nièvre, est située en Bourgogne, dans le département de la Côte d'Or, le canton de Saulieu, l'arrondissement de Montbard. Les habitants s'appellent les Champeliens et les Champeliennes.

 

 

 

Sa population, après avoir progressé jusqu'en 1851 avec plus de 1150 habitants, a été en régression jusqu'en 1999 :

 

1841
994
1876
1029
1911
829
1962
416
1793
836
1846
1066
1881
959
1921
702
1968
318
1800
798
1851
1159
1886
969
1926
616
1975
305
1806
832
1856
1063
1891
976
1931
610
1982
276
1821
825
1861
1069
1896
950
1936
580
1990
280
1831
825
1866
1050
1901
888
1946
536
1999
237
1836
871
1872
1071
1906
866
1954
430
2007
251

 

Son terrain est marécageux. C'est un pays rude, c'est le Morvan (du celte mar = noir et vand =montagne) ; des étangs et des lacs qui marquent profondément le paysage tout en variété et qui vit sous le double signe de l'eau et du bois. La commune dispose de 3470 hectares, dont 102 d'étangs.

istoire peu ordinaire que celle de cette commune dont le "chef-lieu", ainsi que le nomme l'abbé Baudiau, était St Léger de Fourches. Un "chef-lieu" composé de cinq ou six habitations groupées autour de l'église et du château, situé dans une vallée humide, qui en rend le séjour insalubre. Peut-être le doit-on au fait que, depuis le début du XIXe siècle, les eaux ont été domestiquées. L'abbé Baudiau signale six étangs qui, à son époque, étaient asséchés, ce qui devait se traduire par un épanchement quelque peu anarchique des eaux qu'ils étaient à l'origine chargés de contenir.

 

Moulin-Morin - pont de pierre sur le Cousin

 

a commune tient son nom pour la première partie de son saint patron Léger, évêque d'Autun, pour la seconde du hameau de Fourches qui prit le nom de l'endroit où les évêques d'Autun avaient fait placer les "fourches patibulaires" c'est-à-dire les potences, pour la punition des criminels. C'était le signe le plus incontestable de la haute et totale justice. Ces instruments de supplice se dressaient aux limites extrêmes du domaine seigneurial sur un lieu de passage si possible élevé, pour être vu de loin, ceci à titre dissuasif. Leur implantation servit par la suite à fixer les limites des villages.

Selon Edmond Jantet, le gibet seigneurial ne devait pas être une simple potence, mais une construction importante composée de plusieurs piliers en bon bois de chêne. Il s'agissait d'un des fondements de la puissance féodale, de l'instrument qui retenait le peuple dans la crainte et le respect et empêchait la révolte qu'une trop grande inégalité des conditions et de trop nombreux actes d'injustice et d'arbitraire auraient pu inspirer.
La justice se décomptait en piliers. On reconnaissait le rang hiérarchique du seigneur par le nombre de piliers qui soutenaient la potence et pouvait aller de un à cinq. De combien de piliers disposait l'évêque d'Autun ?

Ces prélats étaient : les comte de Saulieu, barons de Lucenay, d'Issy l'Evêque, de Touillon et seigneur de St Léger et d'autres lieux, d'où relèvent nombre de fiefs pour lesquels les ducs, mêmes de Bourgogne, avant la réunion du duché à la couronne, prêtaient foi et hommage. Ils prenaient également le titre de présidents nés et perpétuels des Etats de Bourgogne. Ils avaient également le droit de faire battre monnaie.

 

 

e noir Morvan, échappée granitique du Massif Central, est une région dont on ignore l'origine mais qui était connue dès les premiers siècles. Clovis, au début du VIe, enclave dans l'empire des Francs le Morvennus Pagus. On voit dans l'histoire d'Auxerre que St Amateur traversa le Morvan en allant à Autun et qu'il s'arrêta à Gubilium, qui était certainement Gouloux, annexe de St Brisson. Le moine Héric, au IXe siècle, biographe de St Germain d'Auxerre, dépeint cette région comme "sauvage, montueuse et couverte de forêts". Fortunat l'appelle le pays des ours.

Elle fut habitée tout d'abord par le chasseur vivant de son gibier. Celui-ci émigra avec les gros animaux qu'il chassait quand vint la période froide et alla s'abriter dans les grottes. Ses successeurs commencèrent la culture et l'élevage. La vie sociale se constitua et des enceintes néolithiques apparurent. Peut-être faut-il attribuer à cette époque les monuments mégalithiques offrant un caractère précis. Ces lieux étaient sacrés aux yeux des Gaulois dont les druides venaient célébrer leurs solennités auprès des pierres. Sans doute y invoquaient-ils Cernunnos, dieu de la fécondité terrienne. Ces dolmens ou tables de sacrifice auraient rougi du sang des victimes offertes en offrandes à Teutatès, à Taran ou Bellenus, et autres divinités gauloises.
Malgré la destruction qu'en firent les chrétiens dans la ferveur religieuse des premiers siècles, le Morvan possède encore un certain nombre de ces monuments antéceltiques. Ces monuments, les plus anciens du pays, étaient appelés récemment encore monuments celtiques ou druidiques. D'après une opinion généralement admise aujourd'hui, ils auraient été élevés par des tribus antérieures aux celtes.

 

 

Quel peuple dressa et consolida à force de bras le "Dolmen des Garennes" et le "Menhir de la Pierre des Anges", ces gigantesques pierres informes, à proximité des sources, à l'ombre des forêts qui couvraient alors presque tout le sol actuel ?

 

dolmen des Garennes

menhir de la Pierre des Anges

 

aint Léger de Fourches, cette ancienne paroisse dont on trouve la trace depuis plus de 1000 ans, très mal protégée à cause de sa grande étendue, a été plusieurs fois dévastée et, par malchance, la maladie a joint ses attaques à celles des pillards.

L'occupation humaine y est fort ancienne car elle est attestée par la découverte de vestiges celtiques et gallo-romains retrouvés lors de fouilles notamment à proximité du "Dolmen des Garennes". Des fossés de défense gaulois sont encore visibles dans le bois. Vestiges également à Fourches où on remarquait un amoncellement de blocs de rochers que l'on disait être les débris d'un monument celtique. A peu de distance ont été découverts des débris romains tels que tuiles à rebords, briques, médailles… ainsi qu'à Montabon et Matafroy, dans les montagnes, où l'on a trouvé vers 1840 des tombeaux en grès.
Une route romaine allait de St Léger à Alligny, et un corps de garde se trouvait dans un des prés de la famille Roulot de la ferme "des Chênes", ex-pré du Château. Des fouilles ont été faites au XIXe siècle et ont permis de trouver quelques monnaies romaines. Ce petit camp était alimenté par la "Fontaine Gubin". Les anciennes canalisations ont été rompues lors de la construction du "tacot". Il y a une vingtaine d'année, un nouveau captage a été réalisé et permet aux promeneurs de boire une eau parfaitement pure, tant du point de vue chimique que bactériologique. Un autre chemin allait de Saulieu à Brassy, par St Brisson. Après Saulieu, il gagnait Montabon et se dirigeait sur St Brisson.

St Léger, siège de la paroisse et de la commune, a été absorbé par un de ses hameaux : Champeau.
Une vieille rivalité existait entre ledit "chef-lieu" de St Léger de Fourches et un de ses hameaux, Champeau, qui faisait envisager en février 1909 la création de deux communes. Etant donné l'état d'animosité qui existait entre les habitants et conseillers des deux communautés, on demanda à l'administration préfectorale de prendre des mesures d'apaisement.

 

St Léger de Fourches - vue générale

 

u cours de la séance du conseil municipal du 21 février 1909, le maire invite le conseil à délibérer sur la question du transfèrement du "chef-lieu" de la commune de St Léger à Champeau. Il expose :

  • Qu'il est inadmissible que dans une commune de 900 habitants, les 4/5 au moins des administrés soient obligés de converger vers un point extrême de la limite du territoire pour leurs affaires à la mairie,
  • Que vu le petit nombre d'habitants des hameaux attenant au bourg de St Léger, il y a toutes présomptions pour que jamais le maire n'appartienne à ces hameaux,
  • Qu'il y a 4 kilomètres de Champeau à St Léger et que le maire, qui sera toujours donné par la section de Champeau, n'est absolument pas placé pour répondre des archives et en assurer la bonne conservation. La célérité du travail de mairie et sa bonne exécution en souffrent forcément,
  • Qu'au point de vue de la population scolaire, il y a plus de 100 élèves à Champeau et une quarantaine seulement à St Léger,
  • Que jadis il était acceptable que la mairie fût au hameau de St Léger : des écarts très importants (Fétigny, les Hâtes, La Serrée, Island, soit 500 habitants au moins) ont été distraits de St Léger pour être annexés aux communes voisines, d'où il résulte qu'après ce retrait le chef lieu de St Léger est resté pendu à l'extrémité de son territoire,
  • Que tout a été dit de St Léger et de Champeau lorsqu'en 1891 pareille question fut agitée. Aucun fait nouveau n'est venu changer la situation, sauf le passage à St Léger d'une voie de tramway. La compagnie de ce tramway convaincue qu'une gare n'y ferait aucun trafic a toujours refusé d'en établir une.

Et pourtant, la station, on le verra,avait été inaugurée en 1903 !

  • Qu'en consultant le dossier de 1891, on constate aisément que le seul parti pris, aidé de complaisances, a guidé les décisions. Tout le monde sait que la cause de St Léger était soutenue par des influences occultes et qu'on a dénaturé la vérité,
  • Que le Conseil d'Etat, auprès duquel la Section de Champeau n'a pas été représentée lors de la discussion de son cas, n'a rien jugé. Il a, suivant tout son droit, émis un avis : il s'est borné à dire que le dépôt des archives à Champeau n'était pas régulier. Rien de plus. Ceci n'a jamais voulu dire que la situation ne devait pas être légalisée.

Il faut reconnaître cependant que Champeau méritait un peu le sort qui lui est échu : les habitants n'ont pas compris le rôle du commissaire enquêteur et, pendant que tout St Léger défilait protester [79 signatures}, les électeurs de Champeau [198 abstentions], confiants dans leur bon droit et la représentation de leurs huit conseillers, n'ont pas bougé, à part 29 signataires, plutôt favorables qu'équivoques et d'ailleurs terrorisés par la perspective de la nécessité de "construction d'une église de 150 000 francs" qui aurait, suivant certains dires, amené la vente des pâtis communaux ; on chercherait en vain sur le cahier d'enquête, un seul nom de conseiller municipal ou d'un promoteur de la demande du maintien des archives à Champeau.

  • Que la religion des pouvoirs, auxquels l'affaire a été soumise, a donc été mal éclairée et induite en erreur. On a bien voulu assimiler à une complète indifférence toutes les abstentions. Il n'en était assurément rien puisque les abstentionnistes se croyaient suffisamment représentés par leurs conseillers et que, d'autre part, ils ne voyaient le cahier d'enquête qu'ouvert aux seuls protestataires pour St Léger.
    Une révision s'impose donc. Que le hameau de St Léger revendique le droit d'antiquité pour l'emplacement de son église et son presbytère, soit ! Mais Champeau désire voir cesser l'iniquité qui oblige la commune à conserver une mairie très mal placée, sous le principal et unique prétexte qu'elle se trouve et qu'elle a toujours été près de l'église.

Conclusions : Pour tous ces motifs, le conseil municipal demande instamment à Monsieur le Préfet, armé de l'art.3 de la loi du 5 avril 1884, de bien vouloir faire ouvrir une révision d'enquête à l'effet de transférer le chef-lieu de St Léger à Champeau. Ce sera justice.

Les conseillers, représentants de la Section de Champeau, ne voient pas l'utilité des commissions syndicales, qui, dans la circonstance, font double emploi, puisque la Section de St Léger est régulièrement représentée par ses conseillers. Ils reconnaissent que l'avis de ces commissions tirées de la Section de St Léger sera forcément hostile au projet de transfert et donnent acte à l'administration supérieure de pouvoir considérer cet avis comme défavorable. Ils prient Monsieur le Préfet de désigner au plus tôt un commissaire enquêteur.

e 16 mars 1909, au cours de la réunion du conseil municipal, le citoyen Descloix Jean, conseiller municipal, expose au conseil qu'il serait tenu de ramener au centre de la commune, à Champeau, les archives qui ne sont plus à leur place ni en sécurité à St Léger. Le Conseil Municipal :

  • Considérant que c'est grâce à un abus de tradition que les archives sont encore à St Léger,
  • Considérant que si l'un des 4 conseillers de St Léger a un peu plus de 2 km à parcourir pour venir à la mairie, les 3 autres n'ont que quelques centaines de mètres à faire,
  • Considérant que le plus favorisé de la Section de Champeau en est situé à 4 km et les autres à 5 et 6,
  • Considérant que les archives ne sont pas en sécurité à St Léger et se trouvent trop éloignées du maire qui ne peut les garantir d'un sabotage possible,

Pour ces raisons,
Demande à Monsieur le Préfet de bien vouloir autoriser le transfert provisoire de la mairie et des archives à Champeau dans le local qu'elles ont occupé pendant 14 ans.

L'intervention musclée de membres des familles Puech et Cordin entre autres, de Champeau, familles influentes et anticléricales militantes, déménagea en force les archives municipales ainsi que les "papiers" et tampons de la mairie de St Léger à Champeau, qui deviendra à son tour le "chef-lieu". Le déménagement se fit au moyen de charrettes tirées par des bœufs. Au dire des anciens, des papiers se dispersèrent au gré du vent.

La négation de la religion et l'iconoclasme d'alors leur firent démolir à la masse toutes les croix et calvaires en pierre de la commune, dont certains étaient forts anciens. Pour St Léger, seule la croix se trouvant à proximité du château de St Léger a été épargnée, M. de Gouvenain s'engageant à la faire démonter à ses frais. La proposition fut acceptée mais à la condition que le Christ tourne ensuite le dos au village, ce qui fut fait. Elle se trouve aujourd'hui dans le parc du château. Les anciens du village ont entendu dire que 4 paires de bœufs avaient été nécessaires pour monter le calvaire dans le parc et que, huit jours plus tard, deux de ces malheureuses bêtes étaient mortes mystérieusement. Pour Champeau, la croix se trouvant à la pointe de la maison Cordin, en face de l'ancienne école de filles, est restée en place. Pourquoi ?

 

croix de mission de 1860 sauvée de la destruction

 

uelques années plus tard, certaines croix et calvaires détruits seront remplacés par des croix en bois ou en fer. Cette vague anticléricale conforta la décision du Conseil d'Etat pour la ratification du changement de nom et de lieu du siège de la commune.
Le décret promulgué le 13 février 1911, signé A. Fallières, dit :
"Le Président de la République Française,
Vu les délibérations du conseil municipal de St Léger de Fourches en date du 21 février et 15 juin 1909,
la délibération du Conseil d'Arrondissement de Semur en date du 4 août 1910,
la délibération du Conseil Général en date du 27 août 1910,
l'avis de la Commission Syndicale en date du 1er octobre 1909,
la lettre du Ministre des Travaux Publics, des Postes et Télégraphes,
l'avis du Préfet et les autres pièces de l'affaire,
la loi du 5 avril 1884, articles 2 et 3,
la Section de l'intérieur, des Cultes, de l'Instruction Publique et des Beaux Arts, du Conseil d'Etat entendues,
Décrète :
Art 1er : Le chef-lieu de la commune de St Léger de Fourches, canton de Saulieu, arrondissement de Semur, département de la Côte d'Or, est transféré au hameau de Champeau.
Art 2 : La même commune portera à l'avenir le nom de Champeau.
Art 3 : Le Ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent décret
".
La notification, signée par le secrétaire général de la Préfecture pour le Préfet, est adressée à la mairie de Champeau le 21 février 1911 et reçue le 23. La commune était divisée en "Sections" avec ses délégués et conseillers municipaux élus au prorata du nombre d'habitants.

n 1975, la population est consultée et la commune réunifiée. M. Alexis Cordin en était le maire. Ce qui est maintenant "le bourg" tient son nom de l'endroit ou l'on "menait les vaches aux champs", du verbe "champoyer". C'est un nom fort répandu et très ancien. On compte une dizaine de communes en France et sans doute beaucoup plus de hameaux ou de lieux-dits. C'est pourquoi le nom a été modifié par un décret publié au journal officiel le 13 août 1992 pour renforcer son identité en "Champeau-en-Morvan", ceci afin d'éviter la confusion avec les autres Champeau.

 

 

Cette vaste commune, située à l'extrémité de l'arrière vallée du Crousevaux, affluent de l'Arroux, noyée dans la verdure, se dévoile comme une mosaïque de plans d'eau, aux belles forêts profondes, ponctuées de prairies où paissent les vaches charolaises.

 

une belle charolaise, à Lavault

 

Ces "pâtures" sont séparées par des haies vives, où pousse le houx et embaume le chèvrefeuille, ou des "murées" de pierres sèches.

 

 

'est une commune à l'habitat très dispersé puisque l'on ne compte pas moins de 29 hameaux et écarts. Son altitude varie entre 494 et 683 m. Le point culminant se situe au signal de Montabon et place la commune dans le bas Morvan.
La métairie des Bois Gauchat et la Croix de la Serrée séparent la Bourgogne du Nivernais ainsi que la paroisse de St Léger de celle de St Brisson.
Le village se trouve sur la ligne de partage des eaux : l'un de ses ruisseaux (le Ternin) termine sa course dans le bassin de la Loire, un autre (le Cousin) dans celui de la Seine.
Sa flore naturelle est très riche et exceptionnelle. De nombreuses variétés protégées et des espèces très rares en Côte d'Or et même en France y poussent, notamment plusieurs espèces d'orchidées.
Au dessus d'Eschamps, une fontaine (intermittente) coulait et tarissait par intervalles réguliers. Existe-t-elle encore ? Où coule-t-elle ? Un peu plus loin, au nord, des ammonites de belles dimensions furent trouvées.
Une source d'eau chaude se trouvait au-dessus de la ferme de la "Coulonnerie". Coule-t-elle encore ?

 

 

1
présentation de la commune
2
agriculture, commerces, industries - les monuments
3
de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle
4
hydrographie - les moulins et les foulons
5
les familles et leurs métiers, avant la Révolution
6
hameaux et lieux-dits - les fiefs de la paroisse

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

  

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