eubles et objets, outils, bétail et provisions

chez une cultivatrice mâconnaise en 1812

 par Michel Guironnet
tiré de 3 E 6582 Archives de Saône et Loire

 

 

 

Mariage de Jean-Pierre VALENTIN (1812)

 

Maison commune de Saint Point "Du vingt trois novembre mil huit cent douze, heure de huit du matin, acte de mariage de Jean Pierre VALANTIN, âgé de vingt six ans, né à Propière, département du Rosne, le onze du mois de septembre an mil sept cent quatre vingt six, profession de propriétaire demeurant à Saint Léger sous la Bussière…fils majeur de Claude VALANTIN…et de Claudine CORGIET d'une part,

et de Jeanne Marie FOUILLOUX, âgée de seize ans, née à Saint Point…le cinquième jour du mois de brumaire an six de la République française (26 octobre 1797) demeurant à Saint Point…fille mineure de défunt Jean FOUILLOUX…et de Marie DUFFOUD ci présente d'autre part,

…Lesdits époux, d'après le consentement de Claude VALANTIN, père de l'époux et Marie DUFFOUST mère de l'épouse tous deux cy présent…"

Sont témoins : Antoine CHANTIN, 60 ans, laboureur de Saint Point, Claude CHANTIN, 32 ans, tisseur de Saint Point, Antoine CHANTIN, 25 ans, cultivateur de Saint Point, Jean BERTOUD, 41 ans, cultivateur de Saint Léger.

DESCHIZEAUX, le maire de Saint Point, termine l'acte en écrivant : " je l'ai signé avec ledit Antoine CHANTIN, et nont les époux et épouze ni les autres parties et témoins, qui ont tous déclarés ne le savoir. Les dittes Antoine CHANTIN, autre Antoine CHANTIN et Claude CHANTIN son cousins de lépouse, et ledit Jean BERTAUD voisin et ami de lépoux….Jean Pierre VALANTIN époux a aussi signé."

Effectivement, sous la signature de CHANTIN, on reconnaît celle, ferme et bien tracée, de Jean-Pierre, mais aussi celle plus malhabile de son père Claude !

Installé à côté de son père et de son frère Jean-Benoît au hameau de La Garde à Saint Léger, Jean-Pierre commence avec Jeanne-Marie une vie commune de 28 ans.

 

Chez une cultivatrice mâconnaise en 1812

 

Cet inventaire, chez une paysanne mâconnaise en 1812, est une donation faite par la mère de la mariée Jeanne-Marie FOUILLOUX à l’occasion de son mariage avec Jean-Pierre VALENTIN.

"Par devant Claude BRUYS, notaire impérial résidant à Tramayes, département de Saône et Loire, soussigné ;
Furent présents :
Marie DUFOUR, veuve de Jean Baptiste FOUILLOUX, à son décès propriétaire demeurant à Saint Point, où elle réside, autorisée par Léger BERTHOUD son fiancé, propriétaire demeurant au même lieu d'une part et Claude FOUILLOUX cultivateur demeurant au même lieu & autre ;
Jeanne Marie FOUILLOUX demeurant au même lieu, procédant de l'autorité de Jean Pierre VALANTIN son futur, ouvrier en maçonnerie, demeurant à Saint Léger (sous la Bussière) d'autre part.

Lesquelles parties pour parvenir à la donation mobilière que ladite DUFOUR entend faire à ses enfants, et pour la régularité d'icelle ; ont requis le notaire soussigné de procéder à l'inventaire ou état estimatif de leur mobilier auquel il a été procédé ainsi qu'il suit :
(la plupart des termes utilisés nécessitent des explications / elles sont tirées du "Dictionnaire du monde rural" de Marcel Lachiver)

1/ une cramalière (crémaillère), une pelle et une fourchette à feu, estimés trois francs

3F

2/ une poële, deux mariles ?, un fer à gaufre, un sceau (il faut lire : seau), estimés douze francs

12F

3/ une patière (maie, pétrin servant aussi de table à manger), deux mauvais meubles ou cabinets, estimés cinquante francs

50F


pétrin

boisseau

4/ deux têts (taies d'oreiller) huit draps, huit nappes, estimés quarante francs

40F

5/ six écuelles, six assiettes, six cuillers, six fourchettes, six verres et une bouteille, estimés six francs

6F

6/ une charrue, un char attelé, une mauvaise commessure (avant-train du char utilisé pour le charroi des bois), estimés vingt francs

20F

7/ deux pioches, deux sarcloirs (instrument de jardinier, sorte de houe à main), deux fourches, une pelle, un grapier (ou grapine : pioche à deux dents pour le labour de la vigne), un prouet en fer (on dit aussi proulière : chaîne ou petit timon de 2,50 à 3 m de longueur qu'on accroche au timon pour l'allonger quand on veut atteler plus d'une paire de bœufs), estimés huit francs

8F

8/ deux bœufs, deux nourrains (jeunes porcelets) et six poules, estimés deux cents francs

200F

9/ une feuillette de vin (mesure de capacité pour le vin d'environ 105 litres à Mâcon), un cousseau ? (paille hachée que l'on donne l'hiver aux bovins quand le foin manque) et (une) feuillette défourée ? (défourrer le grain, c'est faire sortir les grains de leur épi à coups de fléau. D'où la paille qu'il reste après l'opération, hachée pour le bétail ?), estimés vingt francs

20F

10/ deux asnées de froment (l'ânée est la charge d'un âne, l'ânée de grains composée de six bichets, valait 205 kg environ à Mâcon) ou vingt-huit décalitres doubles (à noter que le notaire avait écrit "quatorze décalitres" chiffre raturé et corrigé par un renvoi au bas de l'acte en "vingt-huit"…du simple au double / les nouvelles mesures sont encore peu pratiquées en Mâconnais !) sept décalitres de maïs, sept décalitres doubles de fèves, un hectolitre de noix et deux décalitres de châtaignes, estimés cent cinquante francs

150F

11/ douze hectolitres de truffes (pommes de terre), estimés vingt francs

20F


mesure à grains

joug

Total du présent invantaire montant à la somme de cinq cent vingt neuf francs

529F

Duquel état estimatif nous notaire susdit avons octroyé acte aux parties pour servir ce que de raison. Dont acte fait, lu aux parties par le notaire et passé à Tramayes en son étude après midi, le sept novembre mil huit cent douze,

en présence de Louis SANGOUARD, propriétaire demeurant à Tramayes, et de Michel CINQUIN, cordonnier demeurant au même lieu, témoins requis et soussignés avec ledit BERTHOUD, ledit FOUILLOUX et nous notaire ;
et non ladite DUFOUR veuve FOUILLOUX et ladite Jeanne Marie FOUILLOUX qui ont déclaré ne le savoir, de ce enquis et sommés.

BERTOU (Léger) FOUILLOUX (Claude) VALAIENTAIEN (Jean Pierre VALENTIN)
CINQUIN (Michel) SANGOUARD (Louis) BRUYS, notaire

Les photos sont extraites du site du musée agricole de Botans, près de Belfort : http://museeagricole.botans.free.fr/visite/visite.htm
Dans une ferme bâtie en 1830, ce musée expose les différentes étapes du développement du machinisme agricole depuis 200 ans, ainsi que les objets et outils de la vie d'antan de cette région du nord-est de la Franche-Comté.

 

Vous pourrez lire avec profit l'article
"Histoire d'un contrat de mariage double",
entre Jeanne Marie Fouilloux et Jean Pierre Valentin d'une part,
et Claude Fouilloux et Claudine Berthoud d'autre part,
dans "la saga des Valentin", ou bien

 

Jean Bareau, reçu à l'Hôtel des Invalides (1694)
L'année 1789 vue par le curé de la paroisse
Chez une cultivatrice mâconnaise en 1812
La chute de l'Empire en Mâconnais (1814-1815)
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vers St Léger sous la Bussière

 

 

 

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