ugène PERRUSSOT

nstituteur à Saint Léger sous la Bussière
avant la guerre de 14-18 (1902-1914)

par Michel Guironnet - juin 2007

 

 

es nouvelles de Jean-Jacques Perrussot, petit-fils d'Eugène, en juin 2007

 

 

 

 

 

 

 

 

Eugène vers 1902
en poste à St Léger

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette carte postale ancienne date du début des années 1900 et représente l'ANCIENNE "maison d'école", vieille bâtisse aujourd'hui démolie. C'est dans cette école que sont arrivés Eugéne et Sylvie, venant de Chaume près de Marmagne.
Les portes du rez-de-chaussée sont respectivement la classe des garçons à gauche et celle des filles à droite. Mon père Henri est né dans cette maison.
Lorsque la maison d'école actuelle a été terminée, l'ancienne a été complétement rasée et l'emplacement incorporé dans le parc du château de M. Plassard.

 

Cette carte a été signée par Adéle Meunier, une amie de famille, institutrice à St Clément les Mâcon. 
Elle était la marraine d'André, frère d'Henri et Emile. L'adresse a été écrite par Eugène.

 

Cette photo représente les 3 enfants d'Eugène et de Sylvie, devant la NOUVELLE école, terminée en 1903. Elle date de 1905 ou 1906.
De gauche à droite : Henri (né le 28 février 1903), André (né le 4 février 1901) et Emile (né le 5 août 1896)

 

les 3 enfants d'Eugène et Sylvie : Henri (papa de Jean-Jacques), André et Emile

 


 

le journal Le Matin du 12 juillet 1905

 

 

En 1905, Eugène est âgé de 36 ans.

 

 

recensement de 1906 de La Belouze (Saint Léger sous la Bussière) - archives de Saône et Loire
Apparemment, Eugène, c'est le patron !
:o)

 

 

alheur à domicile

 

Eugène Perrussot est marié depuis le 22 septembre 1895 avec Sylvie Jacquard. Etant tous deux instituteurs, ils logent dans l'école communale de Saint Léger, à la Belouze.
Le père de Sylvie, instituteur en retraite, vient de temps en temps les voir. Ainsi, il peut découvrir ses trois petits enfants : Emile, dix ans ; André, cinq ans ; Henri, trois ans.

Ce dimanche de fin juillet 1906, les époux Perrussot ont, peut-être, invité toute leur famille pour fêter l'anniversaire d'Emile, né le 5 août 1896.
Survient le drame :

"L'an mil neuf cent six et le vingt-trois juillet, à midi, par devant nous Plassard Claude Jules… maire et officier de l'état civil de la commune de Saint Léger sous la Bussière… sont comparus : Jacquard Ernest, instituteur, âgé de quarante ans, domicilié à Oran (Algérie) et Perrussot Eugène, instituteur, âgé de trente-sept ans, domicilié à Saint Léger sous la Bussière, le premier, fils du défunt ; le second, gendre ;
lesquels nous ont déclaré que hier soir à neuf heures, au domicile du gendre sus désigné, Jacquard Jean, instituteur honoraire, âgé de soixante-douze ans, domicilié à Verdun sur le Doubs, né à Diconne, fils de Jacquard Emiland et de Jacques Marie, décédés, marié à Gaffiat Charlotte Félicité, domiciliée en dernier lieu à Verdun sur le Doubs ; est décédé au domicile précité ainsi que nous nous en sommes assuré par notre transport auprès du défunt.
Dont acte que nous avons signé avec les comparants après lecture faite."

On imagine la stupeur et la consternation dans la famille et le village.

 

tombe de Jean Jacquard, dans le cimetière de St Léger sous la Bussière :
"Jean Jacquard
Instituteur honoraire
né le 11 Septembre (7bre) 1833
décédé le 22 Juillet 1906"

 

Cette photo date de juin 2007 et représente la mairie et l'école actuelle. 
On peut lire sur la plaque : "Ecoles Jules Plassard - fondées en 1903".

 

 

lainte (Eugène doit-il demander Pardon ?)

 

Par courrier du 21 juillet 1908, une "affaire" est communiquée à l'Inspecteur primaire d'Académie à Mâcon :
Il est expliqué que Monsieur Pardon, "ancien secrétaire de la Caisse des Ecoles, a adressé à M. le Préfet un mandat poste de 37 francs 10 (de) reliquat."
Il lui a transmis, en même temps, une lettre du 17 juillet 08 dans laquelle il lui signale "un individu qui est le secrétaire de la mairie de St Léger mieux que le maître d'école ; et le parfait valet du grand seigneur."

Le maître en question est Eugène Perrussot, instituteur au village depuis bientôt six ans. Le "grand seigneur" dont il serait "le parfait valet" n'est autre que le M. le Maire Jules Plassard.

L'inspecteur écrit dans sa réponse du 24 juillet :
"Si M. Pardon a des griefs à formuler contre l'instituteur de St Léger sous la Bussière, il n'a qu'à adresser une plainte précise en citant des faits qu'une enquête pourra vérifier.
Tout récemment, cet instituteur m'a transmis, pour approbation, les statuts d'une Caisse des Ecoles.
Il est donc peu vraisemblable qu'il ait pu dire "qu'une Caisse des Ecoles était inutile."
Si M. Perrussot a manqué à ses devoirs de neutralité et d'impartialité, il sera facile au plaignant de préciser dans quelles circonstances.
Une enquête pourra alors être faite et des conclusions fermes pourront être déposées."

 

érite Agricole

"Paris, le 10 août 1909
Le Ministère de l'Education nationale demande des renseignements "concernant M. Perrussot, instituteur à St Léger sous la Bussière."

L'inspecteur primaire de Mâcon répond le 15 août :
"M. Perrussot est un instituteur sérieux, correct et dévoué. Très attaché à son école et à sa commune, il a groupé toutes les familles dans des œuvres de première utilité au point de vue agricole et social.
Il s'est surtout occupé des mutuelles agricoles de toutes sortes. J'estime que son zèle et les résultats obtenus méritent un encouragement du Gouvernement de la République."

Eugène en parlera dans ses carnets de guerre

L'inspecteur donne son avis favorable à la décoration du Mérite Agricole pour Mr Perrussot, distinction obtenue en 1910.

Dans ce dossier, sont notés "les services rendus et récompenses obtenues dans les concours régionaux, départementaux, comices, etc" :

"Est secrétaire trésorier de ces diverses sociétés. A obtenu une médaille d'argent au Comice agricole de Tramayes en 1908."

 

 

L'rdre du Mérite Agricole

 

L'Ordre du Mérite Agricole fut institué par décret du 7 juillet 1883, suite à une proposition du ministre de l'Agriculture Jules MÉLINE, soucieux de récompenser plus largement le monde agricole qu'il n'était possible jusqu'alors par un contingent annuel limité de Légion d'Honneur.

Dans son rapport de proposition au Président de la République, Jules GRÉVY, le ministre MÉLINE constatait que "la population agricole est considérable, plus de 18 millions de Français vivent de cette industrie, qu'on peut appeler la mère de toutes les autres, et contribuent puissamment par leur travail au développement de la richesse publique" et que "dans cet immense personnel d'agriculteurs, d'agronomes, de professeurs, de savants, le labeur est incessant, les dévouements nombreux et les récompenses rares."

Le décret d'origine ne prévoyait que 1000 Chevaliers devant avoir "rendu des services à l'agriculture, soit dans l'exercice de la pratique agricole ou des industries qui s'y rattachent, soit dans des fonctions publiques, soit dans des missions ou par des travaux scientifiques ou des publications agricoles."

Le décret de 1883 ne créa que le grade de Chevalier. Ce fut par le décret du 18 juin 1887 que fut institué le grade d'Officier et enfin celui de Commandeur par le décret du 3 août 1900.

En 1896, Jules MÉLINE décida de réformer l'Ordre : il faut désormais "avoir exercé pendant 15 ans au moins, avec distinction, des fonctions se rattachant à l'Agriculture ou compter au moins 15 ans de pratique agricole pour être admis dans l'Ordre."

les décorations d'Eugène

 

La monographie sur Saint Léger sous la Bussière, rédigée par Eugène Perrussot en 1909, explique :

"Associations agricoles : Les associations agricoles sont toutes de formation récente, mais sous ce rapport St Léger n'a rien à envier aux communes où les associations de cultivateurs sont en honneur. Nous citons par ordre de fondation les diverses sociétés que St Léger possède :

1° - Une Mutuelle-Bétail qui groupe 42 membres, qui assure 64000 F de bestiaux d'espèce bovine et qui a plus de 1200 f de réserve après avoir payé plus de 1500 F de sinistres depuis sa fondation qui remonte au 1er avril 1906.
2° - Un Syndicat agricole qui a pour objet l'achat d'engrais, de semences, d'instruments agricoles (37 membres) et qui a été fondé en 1908.
3° - Une Mutuelle-Incendie qui ne fonctionne que depuis le 1er janvier 1909 (60 membres expectants, 14 assurés depuis le 1er janvier 1909).
4° - Une Caisse de retraites agricoles qui fonctionne depuis le 1er juillet 1909 (26 membres). A cette Caisse est annexée une Mutuelle scolaire qui groupe 50 enfants de la Commune. "

Dans la deuxième partie de la monographie est exposé plus en détail le fonctionnement de ces diverses sociétés

"Syndicats agricoles : En 1908, a été fondé dans la commune, sur l'initiative de M. Plassard fils, maire et conseiller d'arrondissement, un syndicat agricole qui groupe 37 membres.
Cette association a pour objet l'achat d'engrais, de graines, d'instruments et objets agricoles. La cotisation est de 1F par membre.
Le syndicat est affilié (coût 5F par an) à la Coopérative agricole du Sud-Est, dont le siège est, 17, Rue Centrale, à Lyon.
Dans la campagne qui vient de s'écouler, il a été acheté par l'intermédiaire du Syndicat pour 1121F90 de marchandises. C'est peu, dira-t-on ; mais il ne faut pas se montrer trop exigeant pour un début. Nous sommes à une période d'essai : les cultivateurs ont
voulu essayer les engrais chimiques. Ils agissent d'abord avec prudence. Nous espérons que la campagne qui va s'ouvrir donnera des résultats encore plus appréciables.
Toujours sur l'initiative de M. Plassard, une société d'assurances agricoles contre l'incendie fonctionne dans la commune depuis le 1er janvier 1909.
La Société qui ne fait que débuter compte 14 assurés qui ont contracté des assurances pour une valeur de 160000F et 60 membres expectants qui assureront, au fur et à mesure de l'extinction de leurs anciennes polices, pour plus d'un million de francs de risques agricoles.
On prévoit 12 à 15 nouvelles polices pour 1910.
La Société est réassurée au Sud-Est. Elle a obtenu une subvention de l'Etat (500F) et est pourvue d'une pompe à incendie qui a été mise à sa disposition par le fondateur de la mutuelle-incendie.
Une mutuelle-bétail existe à St Léger depuis 1906.
Cette société groupe à l'heure actuelle 42 membres. Elle assure 160 animaux de race bovine. La cotisation est de 1% de la valeur assurée. Les pertes sont payées les ¾ de l'estimation.
Depuis sa fondation, la Société a payé 12 sinistres pour une somme de 1500F et elle possède en caisse 1200F de réserves.
Elle n'est pas réassurée à une Caisse régionale.
Il est question de créer une Caisse de Crédit Agricole dans la commune - et de construire un local - nous tenons ces renseignements de M. Plassard fils - qui servirait de lieu de réunion aux diverses sociétés agricoles de la commune. Espérons - et avec M. Plassard, espérer n'est pas un vain mot - que ces deux projets se réaliseront bientôt."

  

alade

"Ecole Jules Plassard" à Saint Léger le 25 juin 1910 :
Eugène Perrussot demande à l'inspecteur primaire d'Académie "un congé d'un mois pour raison de santé à partir du 1er juillet 1910."

"J'ai tenu à faire ma classe jusqu'au 1er juillet parce que la fréquentation était assez bonne jusqu'à présent.
Puis je dois suivre un traitement (douches, bains, exercices, etc) et j'ai préféré prendre congé en juillet pour ne pas perdre le bénéfice de mon traitement."

Sa demande est accompagnée d'un certificat médical du "Docteur en Médecine F. MARTZ", 1bis Boulevard de la République à Chalon sur Saône : "M. Perrussot est atteint de néfrite ? avec troubles nerveux et a besoin d'un mois de repos."
Ce docteur F.MARTZ est, entre autres, "médecin accoucheur de la maternité Boucicaut."

Avis favorable lui est donné. "Un suppléant serait nécessaire."

En décembre 1910, l'inspecteur primaire à Mâcon reçoit une lettre de St Léger datée du 30 :
"J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un certificat médical attestant que Papa est incapable de reprendre sa classe et qu'il a besoin d'un congé pour se rétablir… Papa vous prie de lui envoyer un suppléant pour lundi…"
Cette lettre est signée "Emile Perrussot, fils de M. Perrussot, instituteur à St Léger sous la Bussière."

Le certificat médical joint au courrier d'Emile précise : "M. Perrussot est atteint de rhumatismes musculaires suraigus, au point de ne pouvoir remuer ni la tête ni les bras."

Avis favorable, encore, à un congé de 15 jours avec envoi d'un suppléant.
"Les élèves sont nombreux et fréquentent bien en ce moment. La classe est unique."

 

 

extrait des délibérations du Conseil Général de Saône et Loire (session de septembre-octobre 1912)

  

 

ruits de guerre et préparation militaire

 

evoirs d'instituteur et devoirs d'officier

Le 20 février 1913, Eugène Perrussot répond à la question de son Inspecteur d'Académie :
"…Pour faire suite à ma demande (d'absence) en date du 12 février, qu'il s'agit d'une période de 13 jours supplémentaire pour laquelle l'Autorité militaire me laisse libre de choisir l'époque (c'est Eugène qui souligne).
Cette période ne me dispense pas d'un appel pendant les vacances. En vertu de la loi du 13 juillet 1909, les officiers de complément peuvent obtenir, sur leur demande, l'autorisation d'accomplir 2 périodes dans leur arme, en dehors de l'époque des vacances.
C'est pour cette raison que j'ai demandé à accomplir une période au mois de juin à Epinal sur la proposition de l'autorité militaire.
Après les examens du certificat d'études, les écoles se vident par suite des travaux des champs (fenaisons, etc), c'est l'époque la plus propice pour une absence.

De plus, j'ai actuellement, au moins, 50 séances de 2 heures et de 3 heures employées aux œuvres post-scolaires (4 séances par semaine depuis le 10 octobre). A la fin de l'année scolaire, j'arriverai au chiffre de 70 à 80 séances.
Dans ces conditions, les deux mois de vacances ne seront pas de trop pour me reposer de ce surmenage, en supposant que l'autorité militaire ne m'adresse pas un ordre d'appel.

Je voudrais concilier mes devoirs d'instituteur et ceux d'officier de complément (1) et ne pas être au dessous de ma tâche comme soldat.
Ma position d'officier ne m'est pas nuisible, au contraire, car j'ai pu créer, de ce chef, une Société de Tir (2) qui groupe actuellement 32 jeunes gens qui échappent à nos adversaires .

Puis-je espérer obtenir un congé et par conséquent un suppléant dans le mois de juin pendant mon absence de 13 jours ? Et ce suppléant sera-t-il à la charge de l'Etat ?"

(1) Officier de complément était l'appellation, à l'époque, de l'officier de réserve.

(2) Il faut comprendre les organisateurs et animateurs d'activités éducatives et sportives des écoles privées.

Le 22 février 1913, l'inspecteur lui écrit :
"Je vous prie de vouloir bien faire connaître votre situation exacte au point de vue militaire : bureau de recrutement, grade, corps d'affectation, et d'indiquer la durée et la date de chacune des périodes d'instruction militaire que vous avez accomplies (Circulaire nationale du 13 juillet 1909 publiée au Bulletin départemental N° 330)."

 

 

ervice militaire (extrait du Dictionnaire de l'Enseignement de Ferdinand Buisson)

La loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l'armée a supprimé toutes les dispenses. Les membres de l'enseignement public n'ont plus, en conséquence, à contracter un engagement décennal en vue d'une réduction du temps de présence sous les drapeaux. Ils sont soumis au droit commun.

Toutefois l'article 41 de la nouvelle loi avait laissé subsister en faveur des instituteurs publics la faculté d'être dispensés de l'un des deux appels auxquels ils sont assujettis pendant leur temps de service dans la réserve de l'armée active. Mais ce dernier privilège a disparu à la suite du vote de la loi du 14 avril 1908 réduisant la durée des périodes d'instruction des réservistes et des territoriaux.

Les seules mesures spéciales qui visent les membres de l'enseignement public, au point de vue des obligations militaires, s'appliquent à l'époque de leur convocation pour les périodes d'exercices dans la réserve et dans l'armée territoriale.

Elles ont fait l'objet de deux instructions ministérielles concernant, l'une, les membres de l'enseignement public appelés à accomplir des périodes d'instruction en qualité d'hommes de troupe (sous-officiers et soldats), et l'autre ceux de ces fonctionnaires qui ont la qualité d'officiers dans la réserve et dans l'armée territoriale.

…/…"Instruction spéciale (du 13 juillet 1909) relative à l'accomplissement, par les membres de l'enseignement public, des périodes d'instruction, en qualité d'officiers, dans la réserve et dans l'armée territoriale. (Application de la loi du 14 avril 1908) :

Prescriptions générales : le ministre de la guerre a fixé, ainsi qu'il suit, les conditions dans lesquelles les membres de l'enseignement public devront accomplir leurs périodes d'instruction militaire, en qualité d'officiers, soit dans la réserve, soit dans l'armée territoriale :

1° - Ceux qui sont officiers de réserve seront affectés à un corps actif dans lequel ils accompliront leurs périodes d'instruction pendant les manoeuvres d'automne, c'est-à-dire pendant les vacances scolaires.

2° - Ceux qui sont officiers de l'armée territoriale seront affectés au dépôt et accompliront leurs périodes d'instruction au corps actif de rattachement pendant les vacances scolaires (entre le 15 août et le 25 septembre pour ceux d'entre eux qui sont instituteurs).

Toutefois, les membres de l'enseignement public qui appartiennent à l'une des deux catégories ci-dessus visées pourront, s'ils le demandent, effectuer en dehors de l'époque des vacances scolaires quatre de leurs périodes d'instruction, savoir : deux périodes dans la réserve au moment des exercices d'ensemble de leur corps d'affectation (tirs de combat, manoeuvres avec tirs réels, évolutions, manoeuvres spéciales), et deux périodes dans l'armée territoriale au moment de la convocation de leur corps territorial.

Mesures à prendre par les autorités scolaires : la convocation des membres de l'enseignement public qui appartiennent, en qualité d'officiers, à la réserve ou à l'armée territoriale, devant avoir lieu normalement pendant les vacances scolaires ainsi qu'il résulte des prescriptions qui précèdent, il n'est pas nécessaire de prévoir des mesures spéciales pour assurer le service de ces maîtres, lorsqu'ils sont appelés sous les drapeaux, sauf dans le cas particulier où, sur leur demande, ils seraient convoqués au cours de l'année scolaire, dans les conditions ci-dessus indiquées.

Les autorités académiques et départementales devront, dans ce cas particulier, s'inspirer des prescriptions contenues dans l'instruction ministérielle du 15 mars 1909 relative aux hommes de troupe.

Lors de l'accomplissement de la première des deux périodes qui peuvent être effectuées, soit dans la réserve, soit dans l'armée territoriale, en dehors de l'époque des vacances scolaires, sur la demande des intéressés, la dépense éventuelle résultant de la suppléance du maître appelé sous les drapeaux sera réglée dans les conditions prévues aux pages 3 et 4 (A, B, C, D) de l'instruction ministérielle précitée, tandis que pour la seconde desdites périodes, soit dans la réserve, soit dans l'armée territoriale, aucune dépense de suppléance ne pourra incomber à l'Etat, ni aux établissements.

Les autorités académiques et départementales devront tenir un contrôle spécial des membres de l'enseignement public qui appartiennent, en qualité d'officiers, à la réserve et à l'armée territoriale, et y indiquer la durée et la date de chacune des périodes d'instruction militaire accomplies par les intéressés."

 

Le 25 février Eugène lui apporte les réponses suivantes :
"Classe 1889, recrutement d'Autun
Nombre de périodes dans la réserve : 5
Ces périodes ont toutes été accomplies pendant la période des vacances. Elles sont de chacune 28 jours.
Nombre de périodes dans la Territoriale : 3, de 13 jours à 10 jours
Ces périodes ont été accomplies pendant la période des vacances, sauf une qui a été accomplie en juin 1907.

Total des périodes : 8, dont 5 de 28 jours, 2 de 13 jours, et 1 de 10 jours accomplies pendant les vacances scolaires, sauf une accomplie en juin 1907 en congé régulier.

Grade : Lieutenant de Territoriale (60e Régiment). Désigné comme officier mitrailleur pour suivre les écoles d'instruction à Epinal en 1913."

 

 

a vie militaire d'Eugène Perrussot

 

Cet état de services est rédigé grâce à son dossier de la Légion d'Honneur et d'un état manuscrit de la main même d'Eugène Perrussot, papier conservé dans son dossier d'instituteur :

"Jeune soldat appelé dispensé (en vertu de) Article 21 de la classe 1889 de la subdivision d'Autun" "N° 73 de tirage dans le canton de Couches les Mines" "N° 2357 au Registre matricule du Recrutement"

10e Régiment d'Infanterie (R.I) Soldat 2e classe 11 novembre 1890
29e R.I Caporal 23 septembre 1891
"Envoyé en congé le 23 septembre1891 en attendant son passage dans la réserve de l'armée active qui aura lieu le 1er octobre 1893"

10e R.I Caporal 12 juin 1893 - Sergent 1er octobre 1893
334e R.I Sous Lieutenant de réserve 8 mai 1896
56e R.I Sous Lieutenant de réserve 7 mai 1898

"Maintenu dans son grade et dans son emploi par décision de M. le Général Commandant le 8e Corps d'Armée en date du 14 août 1903"
60e Régiment Territorial d'Infanterie Sous Lieutenant territorial 27 mai 1904
Lieutenant 9 septembre 1905

 

Le 26 février, l'inspecteur primaire s'adresse à son supérieur, inspecteur principal pour avoir son avis "sur la demande de M. Perrussot".
En effet, selon la circulaire de 1909, "aucune dépense de suppléance ne peut incomber à l'Etat pour la seconde des périodes d'instruction militaire qui peuvent être effectuées dans l'armée territoriale en dehors de l'époque des vacances."
Pendant l'absence de M. Perrussot, "le service scolaire peut il être convenablement assuré par le personnel de l'école de filles ?"
L'inspecteur avait d'abord écrit "Mme l'institutrice Per...(russot)" mais a rayé ces mots.

"Dans ces cas, je suis tout disposé à accorder une autorisation d'absence à cet instituteur. Dans le cas contraire, je ne pourrais lui faire accorder qu'un congé sans traitement pour convenances personnelles."

Le lendemain, l'inspecteur primaire confirme à son supérieur hiérarchique "que le service scolaire pourra être assuré sans inconvénient pendant 13 jours du mois de juin par l'institutrice (Sylvie Perrussot, épouse d'Eugène) et l'adjointe (Madame Roux)."
De ce fait, l'inspecteur "exprime l'avis que M. Perrussot peut être autorisé à s'absenter à cette époque pour répondre à l'appel de l'autorité militaire."
Reste à M. Perrussot "à faire connaître la date de la période d'instruction militaire qu'il doit accomplir."

 

fficier mitrailleur

Le 10 avril 1913, Eugène informe son inspecteur : "Je suis convoqué pour accomplir un période de 13 jour à Epinal, à partir du 9 juin prochain, dans le service des mitrailleuses. Ma femme assurera le service à partir de cette époque."

Il lui confirme le 13 juin "qu'en vertu d'un ordre du Ministre de la Guerre" il se rendra "à Epinal le 8 juin pour y accomplir une période d'instruction en qualité d'officier mitrailleur, jusqu'au 22 juin…"

Comme prévu avec "Monsieur l'Inspecteur d'Académie", "pendant mon absence, ma femme assurera le service de sa classe et de la mienne."

 

Eté 1913 : escapade en Algérie

 

 

es mitrailleuses dans l'Armée française avant la Grande Guerre

Notes extraites de l'excellent et très complet site sur les mitrailleuses http://pageperso.aol.fr/mitraille123/index.htm

Après la mitrailleuse de Reffye, une nouvelle mitrailleuse manuelle fut élaborée par l'atelier de Puteaux et adoptée en 1892. Elle était nettement plus légère et maniable. L'apparition des mitrailleuses automatiques depuis 1884 et l'invention de Maxim devaient définitivement faire avorter le projet de la nouvelle mitrailleuse manuelle française. Après de nombreux essais des mitrailleuses alors disponibles, le comité de l'artillerie proposa d'adopter la mitrailleuse Hotchkiss. Elle équipa ainsi les bataillons de chasseurs alpins et vosgiens à partir de 1903.
Dès 1905, la Puteaux fit son apparition, pour être progressivement remplacée par la mitrailleuse de St Etienne modèle 1907, qui était bien plus fiable. Les mitrailleuses Hotchkiss et Puteaux furent réparties aux colonies, aux troupes de forteresse (équipées de mitrailleuses Hotchkiss) puis dans la cavalerie (mitrailleuse de Puteaux essentiellement) avec la création des sections de mitrailleuse de cavalerie.
En 1914, peu de temps avant le conflit, les matériels sont transformés et de nombreux marchés sont passés avec des firmes étrangères (Colt et Vickers).
Il existe alors, au sein de l'armée française : des mitrailleuses Puteaux, des mitrailleuses St Etienne 1907 et 1907 T, des mitrailleuses Hotchkiss type 1900, des mitrailleuses Hotchkiss type 1914 (puis tous les modèles qui en dérive), des mitrailleuses Colt et des mitrailleuses Vickers.

 

 

 

 

 

 

 

 

Au plus fort du combat, quand ta chanson fait rage,
Mitrailleuse, tu sais nous rendre le courage.

 

 

 

 

 

 

 

Nous tiendrons ! dit la mitrailleuse
Perçant l'air de sa voix railleuse.

 

Le 24 janvier 1914, Eugène fait une nouvelle demande à son inspecteur primaire "au sujet d'une période de 14 jours que je dois accomplir à Belfort. Le Colonel me demande une réponse pour le 1er mars."

"Je tiendrais à faire cette période pour ne pas perdre le bénéfice de la précédente accomplie comme mitrailleur. Deux périodes consécutives ne sont pas de trop pour être apte à ce service très intéressant. Ce n'est pas du temps perdu…"

 

 

tilisation des mitrailleuses françaises avant la Première Guerre mondiale

 

Notes extraites de l'excellent et très complet site sur les mitrailleuses http://pageperso.aol.fr/mitraille123/index.htm

"Au début de son emploi, la mitrailleuse fut considéré comme étant une arme de la défensive. Sa capacité offensive ne fut admise que tardivement et ne figure dans le règlement qu'à partir du 19 juillet 1912 : "Les mitrailleuses interviennent dans le combat offensif en renforçant par leur feu celui des troupes de combat".

Son emploi tactique offensif est cependant grevé de nombreuses conceptions erronées, qui auront des conséquences tragiques en 1915 et 1915 : "L'infanterie agit par la combinaison du mouvement et du feu, son but est d'avancer, le feu n'est que l'auxiliaire du mouvement. La marche en avant de l'infanterie, bien plus que son feu qui parfois n'est pas très meurtrier, constitue la véritable menace qui détermine la retraite de l'ennemi". "L'infanterie doit marcher et tirera pour marcher, la mitrailleuse doit tirer et marchera pour tirer"... La mitrailleuse est peu mobile et n'accompagnera jamais les vagues serrées de fantassins chargeant l'ennemi sans aucune préparation du terrain.

 

 

Certaines notions, qui seront systématiquement mis en application quelques années plus tard sont pourtant évoquées dans la formation des mitrailleurs avant guerre : "On fera appel à la mitrailleuse pour remplir dans l'offensive quelques missions spéciales : couvrir les flancs d'une attaque, occuper les points d'appui à mesure qu'on s'en est emparé, jalonner une position de repli, (...) dans l'attaque des points d'appui." Il ne s'agit là que de quelques missions spéciales et il faudra encore attendre avant de voir ces notions appliquées lors des combats offensifs.

En France, la mitrailleuse est alors considérée comme l'auxiliaire de l'infanterie, sans tactique spéciale : "(...) la section de mitrailleuse, à laquelle manque la capacité offensive résultant du mouvement en avant, ne peut agir qu'en liaison intime avec l'infanterie dont elle est l'auxiliaire", "la mitrailleuse est au contraire l'auxiliaire de l'infanterie dans toutes les circonstances du combat rapproché", "(...) il faut donc éviter d'engager prématurément les mitrailleuses et aussi de les grouper." (Règlement sur les sections de mitrailleuses d'infanterie, 25 novembre 1912)

La section est considérée comme l'unité de manoeuvre : "elles agiront le plus souvent par sections, en liaison immédiate avec les troupes d'infanterie, au milieu desquelles elles trouveront des emplacements favorable et convenablement abrités" (Règlement sur les sections de mitrailleuses d'infanterie, 25 novembre 1912)
(...) La conception française sur les mitrailleuses est de les considérer comme renfort de feu, particulièrement aptes à venir renforcer les fractions déjà engagées ; "Souples et légères, occupant un espace insignifiant, n'ayant besoin pour s'abriter que d'un couvert très léger (...), elles ont particulièrement aptes à renforcer le feu des fractions déjà engagées."
(...) Du côté français, le "rendement" de la mitrailleuse n'est pas celui escompté. Les Français réalisent alors que la mitrailleuse est une arme redoutable, mais seulement dans des mains expérimentées. L'instruction des mitrailleurs ne s'improvise pas ; il va falloir la maîtriser.
"Le chef de section de mitrailleuses dispose habituellement de trois séances par semaine pour l'instruction technique de ses mitrailleurs. Ces séances sont prises en dehors de l'exercice principal de la journée. Les mitrailleurs titulaires participent à tous les exercices : tir, service en campagne, etc, de la compagnie où ils sont en subsistance." (Règlement français des sections de mitrailleuses, 1913)

 

 

rincipe de l'organisation française à l'entrée en guerre

Les mitrailleuses sont affectées soit à l'Infanterie, soit à la Cavalerie. Elles sont groupées par section de 2 pièces ; une section par bataillon dans l'infanterie (3 sections par régiment actif, 2 sections par régiment de réserve, 1 section par bataillon de chasseur). Dans la cavalerie, une section est affectée à chaque brigade.

Jusqu'en 1915, la section est l'unité de manoeuvre de base pour les unités de mitrailleuses. Chaque bataillon possède alors sa section de 2 pièces. Dans l'infanterie, on compte donc 6 mitrailleuses par régiment d'active à la mobilisation (...) Une division d'infanterie, en août 1914, peut aligner au maximum 24 (ou 28) mitrailleuses.
Chaque pièce est servie par un caporal chef de pièce, un tireur, un chargeur et un aide-chargeur. La section est en principe sous le commandement d'un lieutenant, souvent remplacé par un sous-officier chef de section (sergent). On trouve également 4 pourvoyeurs, un armurier et un télémétreur.

 

Faute de réponse, Eugène Perrussot renouvelle sa demande le 17 février 1914 :
"J'ai accompli en 1913 une période comme officier mitrailleur à Epinal. Pour compléter mon instruction, je suis proposé pour une nouvelle période, du 28 juin au 12 juillet, à Belfort, en la même qualité.
Cet appel coïncidant avec l'époque des travaux des champs (fenaison et moisson), c'est-à-dire avec le moment où la fréquentation scolaire est la plus mauvaise, je viens vous demander l'autorisation d'accomplir cette période.
Ma femme prendrait les garçons pendant mon absence…"

 

 

ruits de guerre

Discours de Jean Jaurès à Rochefort, le 5 juillet 1914
"…Depuis dix ans, il n'y a pas une année où ne se répande la rumeur de la guerre imminente.
Les crises d'alarme se succèdent : Tanger, Casablanca, Agadir, Bosnie-Herzégovine, expédition de Tripolitaine, guerre des Balkans où, entières, des armées ont été fauchées non par les balles, mais par le typhus et le choléra.
A chaque instant, à chaque minute, les hommes, les peuples, interrogeant l'horizon, se disent : est-ce qu'on ne va pas être appelés à la guerre ?
Pourquoi, ô mort ! viens-tu nous prendre des milliers et des milliers d'êtres pour les dévorer ? Quel est ton titre ? Que veux-tu ? Alors, on dit : il y a un traité secret... Régime absurde ! Et même quand elle n'éclate pas, la menace de guerre laisse un froid entre les nations. On se menace, on se regarde d'un oeil sombre : Toi, tu veux m'attaquer. Non, c'est toi... C'est là toute l'histoire..."

 

 

nfance à Toulon et arrivée en Saône et Loire (1869-1885)
remières années dans la carrière d'instituteur (1885-1888)
nstituteur à Saint Emiland (1888-1901)
nstituteur à Marmagne (1901-1902)
nstituteur à Saint Léger avant la guerre de 14-18 (1902-1914)
oilu au front (1914-1919)
ernières années à Saint Léger puis à Saint Clément lès Mâcon, retraite et décès à Flacé
(1919-1930)

 

Michel Guironnet - juin / août 2007

 

 

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