SAINT
LEGER SOUS CHOLET
DES CHEMINS DE LA MÉMOIRE
AU DEVOIR DE MÉMOIRE
|
|
Comment
garder le souvenir des jeunes gens de Saint Léger, partis aux
armées et qui ont laissé leurs vies, loin de leur
village, dans des contrées perdues d'Europe, d'Asie, d'Afrique
ou d'Amérique ?
De la Révolution jusqu'à 1814,
les opérations militaires se déroulaient hors des
frontières de la France. Ensuite, le territoire national a
été envahi et occupé à plusieurs reprises
par les armées ennemies coalisées (Russie, Prusse,
Autriche, Angleterre en 1814 et 1815), puis les Prussiens en 1870
(ils sont venus jusqu'à Baugé) et les Allemands en 1914
et 1940. On peut donc considérer que les soldats morts au
combat en défendant notre pays sont "Morts pour la France",
bien que cette formule ait été attribuée plus
tard pour les morts de la guerre 1914-1918.
2009 - le monument aux morts de St
Léger sous Cholet, dans le cimetière
Les communes de Bégrolles et du May ont
honoré la mémoire des jeunes gens morts au combat lors
de la guerre de 1870, en inscrivant leurs noms sur le monument aux
morts. A Saint Léger, trois jeunes tués en combattant
en 1870 contre les Prussiens méritent de ce fait d'avoir leurs
noms gravés sur le monument aux morts de la commune. Les actes
de décès ont été transmis à Saint
Léger et transcrits sur les registres de l'Etat Civil. Il
s'agit de :
- Louis Tharreau, de la classe 1873,
né au May le 5 juin 1841, fils de Mathurin, cultivateur aux
Audouins et de Jeanne Durand, est signalé disparu le 11
janvier 1874. Son jeune frère Célestin pourrait de
ce fait être dispensé de service militaire. Soldat au
90e Régiment de Ligne. Décédé le 30
octobre 1870 en combattant contre les Prussiens pour la
défense de la ville de Dijon.
- Paul Chevalier, né au May le
3 octobre 1847, fils de Jean, tailleur d'habits à St
Léger et de Jeanne Dupont. brigadier au 1er Régiment
du Train d'Artillerie, fait prisonnier de guerre lors de la
capitulation de Metz le 29 octobre 1870 et disparu en
captivité. Acte de disparition rédigé le 1er
octobre 1875.
- René Victor
Brunelière, né à Saint Léger le 16
février 1848, fils de Julien Pierre, journalier au Landreau
et de Victoire Cailleau. Soldat au 98e Régiment de Ligne,
décédé à 22 ans le 16 décembre
1870 à l'hospice civil de Briey des suites des blessures
reçues sur le champ de bataille.
Copie - Extrait des registres
des actes de l'état civil de la ville de
Briey
"L'an
1870, le 16 décembre à trois heures du soir,
par devant nous Jean Charles Rollin, remplissant les
fonctions d'officier de l'état civil de la ville de
Briey, chef lieu du premier arrondissement de la Moselle,
ont comparu Albert Magrot, charpentier, âgé de
44 ans et Jean Auguste Stile, commis greffier
âgé de 29 ans, domiciliés tous les deux
au dit Briey, et voisins de la personne
décédée, lesquels nous ont
déclaré que Victor Brunelière,
célibataire, soldat au 98e régiment
d'infanterie française, âgé de 22 ans,
domicilié à Saint Léger,
département de Maine et Loire, né au dit Saint
Léger le 15 Février 1848, fils de Pierre
Brunelière et de Victoire Caillot son épouse,
sans autres renseignements, est décédé
à Briey aujourd'hui à 9 heures du matin,
à l'hospice civil, où il avait
été déposé par suite de
blessures reçues sur la champ de bataille.
Après nous être assuré de ce
décès nous avons aussitôt dressé
le présent acte que les comparants ont signé
avec nous
.
Briey le 15 février
1873
|
L'administration des armées de la
Révolution et de l'Empire, puis de la République, a
permis la constitution d'archives où l'on peut rechercher les
noms des soldats disparus loin de chez eux, et ainsi faire revivre
leur mémoire. De 1793 à 1880, 78 jeunes gens de la
commune du May (y compris Bégrolles et Saint Léger),
incorporés dans les armées impériales, royales
où de la République, sont morts loin de chez eux.
Quelques-uns sont morts au combat, comme les trois cités
ci-dessus, les autres sont morts de maladies graves (typhus,
dysentrie, typhoïde, diphtérie et fièvres) ou de
froid, dans tous les pays d'Europe, d'Afrique et en France (46 sont
décédés en France, 11 en Algérie, 3 en
Italie, 3 en Martinique, 6 en Espagne, 5 en Prusse, 2 en Belgique, 1
en Autriche et 1 en Crimée). Liste disponible sur
demande
Au début du Premier Empire, de nombreux
jeunes se sont empressés de se marier car une loi exemptait de
service militaire les jeunes gens mariés ou pères de
famille. Devant les besoins en hommes pour l'armée, cette loi
ne fut plus appliquée et l'on peut retrouver sur les registres
du May la naissance d'un enfant, en l'absence de son père
retenu aux armées, "au service de sa majesté
l'Empereur". Le 12 mai 1816, alors qu'il était à Saint
Hélène, Napoléon en dictant ses mémoires
disait en parlant du décès des militaires
français en terre étrangère : "Le militaire
n'est jamais chez l'étranger lorsqu'il est sous le drapeau ;
où est le drapeau, là est la France."
Malgré les bouleversements des
années de guerre, la gestion et l'administration de millions
de soldats a étonnement bien fonctionné, malgré
les erreurs et oublis que l'on relève encore aujourd'hui. Ces
erreurs existent à Saint Léger comme ailleurs dans les
autres communes.
C'est ainsi que des soldats de Saint Léger "morts pour la
France", dont les actes de décès ont été
transcrits sur les registres d'état civil de la commune, ne
sont pas inscrits sur le monument aux morts. C'est étonnant et
difficile à expliquer.
Lors du décès d'un militaire, une
règle simple devait s'appliquer : les soldats de Saint
Léger, originaires ou non de la commune, mais
domiciliés à Saint Léger lors de leur
départ aux armées, avaient cette adresse saint
légeoise dans leur dossier militaire. En cas de
décès, l'autorité militaire adressait l'avis de
décès à la mairie de Saint Léger, commune
du dernier domicile. La mairie enregistrait l'acte de
décès sur les registres d'état civil de la
commune.
Il est évident que, dans un tel cas, si ce soldat n'est pas
inscrit sur le monument aux morts de Saint Léger, il ne sera
inscrit nulle part ailleurs. Mais des erreurs ont été
commises, tant par les services de l'armée que par les
communes, erreurs et oublis qu'il faut sans doute attribuer aux
conditions difficiles de cette période de guerre.
Voici quelques exemples :
- Ferdinand Drouin est né le 6
février 1884 à Chavagnes en Paillers
(Vendée). Son père était journalier à
la Tavennerie dans cette commune. Le jeune Ferdinand était
venu travailler à Saint Léger comme domestique
à la ferme de la Poissardière, où il avait
fixé son domicile. Il a fait toute la guerre au 277e
Régiment d'Infanterie et était décoré
de la croix de guerre. Face à l'ennemi, il a
été tué dans la Somme le 26 avril 1918.
Son acte de décès a été adressé
à la mairie de Saint Léger et transcrits sur les
registres d'état civil. Il devrait donc avoir son nom sur
le monument aux morts de la commune. Pourquoi n'y figure-t-il pas
?
Curieusement, il est inscrit sur la liste des Morts pour la Patrie
de Saint Léger, liste établie le 24 Décembre
1918 par Raymond Bondu, le fils de l'instituteur et
secrétaire de mairie.
Ce qui est étonnant, il ne figure plus sur les plaques
apposées dans l'église, ni sur le monument aux
morts.
Volonté de la municipalité d'alors ou oubli ? S'il
n'est pas inscrit à Saint Léger, il ne sera inscrit
nulle part ailleurs. Certains nous disent encore aujourd'hui que
"C'était un domestique de ferme et qu'il n'était pas
de Saint Léger."
Avait-il moins de valeur qu'un Saint6Légeois ? La
règle doit s'appliquer pour lui comme pour les autres
"Morts pour la France".
- Voici un autre cas sans explication et
allant à l'encontre du précédent :
Jean Charles René Boisdron est né à
Saint Léger le 23 janvier 1894. Il était cultivateur
avec son père Jean Baptiste à la ferme de
l'Echasserie. Mobilisé comme soldat au 5e Régiment
de Cuirassiers, il a été tué face à
l'ennemi au bois de Sénécat (Somme) le 4 avril 1918.
Son acte de décès, transmis à la mairie de
Saint Léger, a été transcrit sur les
registres de l'état civil, mais son nom ne figure pas sur
le monument aux morts. Grosse erreur et oubli de la mairie
?
- Mais ce dernier cas est encore plus
étonnant :
Jules François Marie Métayer est né le
24 mars 1887 à Bégrolles en Mauges, où son
père exerçait la profession de charron. Il avait
épousé Juliette Marie Louise Hy, de Saint
Léger, où ils demeuraient tous les deux.
Incorporé comme Sous-Lieutenant au 269e Régiment
d'Infanterie, il est décédé de ses blessures
le 10 décembre 1914 à Villers-Chatel (Pas de
Calais).
Curieusement, deux avis de décès sont parvenus
à la mairie de Saint Léger, à quelques jours
d'intervalle. Le décès de Jean François Marie
Métayer a été "logiquement ?" transcrit deux
fois sur les registres de l'état civil
et son nom
inscrit deux fois sur le monument aux morts !...
Comment expliquer de tels dysfonctionnements ?
Faut-il les attribuer aux conditions difficiles de l'époque,
liées à la guerre ? Très
certainement
Et pour terminer, comment ne pas citer
l'étrange aventure survenue en 1870 à un jeune soldat
de Saint Léger, lors des combats contre les Prussiens
envahissant la France :
Louis François Audusseau est
né le 1er mars 1846 à la Brosse (du May à cette
époque), fils de Louis Audusseau et de Renée Babonneau.
Au mois d'août 1870 il a été incorporé
comme Garde Mobile au 29e Régiment de Marche.
Lors des combats de Cercottes (près d'Orléans) contre
les Prussiens, voulant porter secours à son sergent
grièvement blessé et le porter, il s'est
débarrassé de son sac contenant tout son
matériel et son livret militaire.
Après cette bataille, son régiment a fait mouvement
à partir de Vierzon pour rejoindre l'armée de l'Ouest
en direction de Montluçon. Au cours de ce repli, atteint de la
variole, Louis François a été conduit le 9
janvier 1871 à l'hôpital de Montluçon. Il y est
décédé le 28 Février 1871.
Faute de livret militaire pour prouver son identité et n'ayant
aucun camarade de son régiment près de lui pour
témoigner, son acte de décès fut établi
au nom du soldat Louis Augustot.
Ce n'est que le 17 avril 1873 que le tribunal de Beaupréau,
après plus de deux ans de procédure, a rendu sa
véritable identité à Louis François
Audusseau.
Etaient témoins à cette dernière audience
:
- son oncle Alexis Babonneau, cultivateur au
Pontreau
- son oncle Dominique Babonneau, cultivateur
au Pontreau
- son frère Célestin Audusseau,
cultivateur à la Soulière, du May
- son frère Joseph Audusseau,
cultivateur à la Brosse, de Saint Léger
- son cousin Alexis Babonneau, bourrelier au
May
Florimond Gillet est né le 6
avril 1921 à Chantonnay (Vendée). Pendant la guerre, il
était domicilié à Saint Léger avec son
épouse et instituteur à l'école publique de
garçons (actuel Centre Social - 2010).
Ses anciens élèves se souviennent de son courage et de
sa fermeté vis-à-vis de l'occupant allemand. Un jour de
1943, alors que les élèves et le maître
étaient en classe, leur attention fut vivement alertée
par des coups de feu tirés à proximité. Le
maître est sorti et s'est trouvé face à des
soldats allemands jouant à la petite guerre dans la cour et
les jardins de l'école. Il s'est opposé à leur
présence en ce lieu, leur intimant l'ordre de quitter
l'école immédiatement. Il avait du courage, nul doute
que cela aurait pu lui coûter très cher.
Incorporé comme soldat au centre d'instruction de l'Infanterie
au camp du Ruchard (Indre et Loire), il est mort pour la France le 23
août 1945.
Son nom ne figure pas sur le monument aux morts de Saint
Léger.
Après avoir recherché et parcouru les chemins de leur
mémoire, il reste à accomplir le devoir de
mémoire envers ces jeunes tués en luttant contre
l'ennemi sur le sol français.
Il est faux de dire qu'ils ont donné leur vie, on a pris leur
vie, en pleine jeunesse.
Leurs noms sont maintenant cités, avec leurs camarades morts
pour la France, lors des cérémonies
commémoratives du 11 novembre.
Il reste à les graver dans le marbre.
le bourg (avant
1863)
|
|
la commune (depuis
1863)
|
|
la carte de Cassini - le cadastre
|
|
les moulins à
vent
|
|
la métairie de la
Croix
|
|
le chemin de la
Vacherie
|
|
le manoir du
Landreau
|
|
le dernier seigneur du
Pontreau
|
|
les chemins de la
mémoire
|
|
les voies de communication dans la
commune
|
|
le chemin de fer
d'intérêt local
|
|
la route n°11 de de
Beaupréau à Cholet
|
|
a-t-on voulu punir Beaupréau
?
|
|
le général
Tharreau
|
|
Merci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info