Personnage
peu connu car ayant fait sa carrière loin de notre
région, il a laissé le souvenir d'un officier aux
convictions marquées, soucieux des conditions de vie de ses
soldats.
Jean Victor Tharreau est né le 15
janvier 1767 à Bégrolles, paroisse du May, fils de
Pierre Alexis Tharreau, dit des Germonières, négociant
à Bégrolles. Engagé comme volontaire en 1792,
élu Adjudant Major du 2e Bataillon de Maine et Loire, et parti
en septembre pour la frontière du Nord. Général
de Brigade en 1794 et Chef d'Etat Major à l'Armée des
Ardennes, il est affecté sur se demande à
l'armée du Rhin et nommé le 22 Brumaire an 8 au poste
de commandant en chef-gouverneur de la ville et citadelle de
Strasbourg, des citadelles de Khel et de Vieux Brisach.
Ce texte est écrit d'après son
registre de correspondance commencé le 10 Ventôse an 7
(29 février 1799) et se terminant le 28 Frimaire an 8 (19
décembre 1799), donc une courte période de sa
carrière militaire.
Ayant refusé de voter le Consulat et
l'Empire, il fut de ce fait mis à l'écart de
l'armée de 1802 à 1809. Il a trouvé la mort
à la bataille de la Moskova le 7 septembre 1812, C'est
grâce aux nombreuses démarches de sa veuve que son nom
fut inscrit sur l'Arc de Triomphe à Paris (660
personnalités y ont leur nom - le sien apparaît sur la
11° colonne). A Versailles, on peut également voir son
buste avec ces simples mots : Général Tharreau,
né au May. Une caserne de Cholet a porté son
nom.
Madame Tharreau est inhumée dans le
cimetière d'Orvault (Loire Atlantique) avec le coeur de son
mari.
la tombe du général,
à Orvault
La vie
dans les citadelles
|
En cette fin d'année 1799 (Frimaire an
8), l'hiver est particulièrement rigoureux en Alsace.
L'armée du Rhin fait face aux armées coalisées
prussiennes et autrichiennes fortes de 6 000 hommes (régiments
du Wurtemberg-Infanterie, régiments de cavalerie du Kaiser,
etc). voir ci-dessous l'état descriptif des troupes de
l'ennemi
Des espions renseignent l'ennemi, des
déserteurs renseignent les généraux
français contre paiement mais l'argent manque, comme manquent
les troupes aguerries, remplacées par de jeunes conscrits peu
habitués au froid, peu entraînés, mal
armés et mal nourris. Dans son ordre du jour, le commandant en
chef stimule et encourage ses jeunes conscrits nouvellement
affectés.
Les citadelles de Strasbourg et de Khel sont en
mauvais état et ne résisteraient pas à un assaut
de l'ennemi. Le fleuve et les canaux sont gelés, d'où
une garde doublée et une veille renforcée, l'ennemi
pouvant profiter de la glace pour traverser et attaquer
Strasbourg.
plan de la citadelle de Strasbourg
(avant 1800)
C'est dans ces conditions que le
général Collaud, gouverneur de la citadelle,
cède ses fonctions au général Jean Victor
Tharreau nommé Général-Gouverneur et commandant
supérieur de la citadelle de Strasbourg et de celles de Khel
et Vieux Brisach (Il sera cité dans le texte sous son titre
de Gouverneur). Dès sa prise de fonction, il fixe son
quartier général à la Rubertsau, n° 29,
village situé à la périphérie nord-est de
Strasbourg, dans une propriété lui appartenant et
où viendra le rejoindre son épouse Anne Marguerite
Charlotte. La Rubertsau était renommée pour son calme
et la fertilité de ses jardins en raison du limon
laissé par les fréquentes inondations du Rhin. Tout
proche, le fort Saint Louis, construit par Vauban, faisait partie des
défenses de la ville.
Dès le 22 Brumaire, malgré la
crue, le Gouverneur inspecte les ouvrages de défense de Khel,
les plus exposés en cas d'attaque et ne peut que
déplorer leur état. Toutefois, il est parfaitement
à l'aise dans son nouveau commandement car il connaît
parfaitement les lieux, ayant participé au siège de
cette tête de pont en l'an 4. Rapidement et comme il l'a
toujours fait dans ses autres commandements, il s'efforce de rendre
moins difficile la tâche de ses soldats. Il veille à
leurs conditions de vie, aux approvisionnements en vivres (viandes,
pain, eaux de vie), en bois de chauffage, en fourrage, en habillement
et recommande à ses officiers d'éviter les fatigues
inutiles aux troupes en opération. Il dénonce et fait
poursuivre les commissaires aux vivres qui détournent les
subsistances à leur profit.
Mesures
de sécurité et de
défense
|
Dès sa prise de commandement, le
Gouverneur vérifie les mesures devant assurer la
sécurité de la place et en décide de nouvelles,
applicables immédiatement. Les portes de la citadelle
resteront fermées, sauf celle des pêcheurs, qui ne sera
fermée qu'à onze heures du soir. Exceptionnellement,
elle sera ouverte ponctuellement pour laisser entrer des officiers de
l'état-major munis d'un laisser-passer portant le sceau du
Gouverneur. Seuls les généraux Beauregard et Bonnamy
ont libre passage. Le 16 Frimaire, le gouverneur doit prendre des
mesures encore plus restrictives. Apprenant que de nombreux officiers
de la division de Khel quittent leur poste pour venir coucher
à Strasbourg et y logent sans autorisation, il ordonne de les
faire arrêter pour être conduits à son quartier
général. De plus, la porte des pêcheurs sera
fermée à 9 heures du soir.
La Villa Schmidt a
été bâtie sur des fondations de la batterie sud
de la forteresse de Khel, en Allemagne
Les ouvrages en avant de Khel
nécessitent d'importants travaux de réfection. Des
réparations sont urgentes dans les axes de communication, la
redoute étoilée est particulièrement
exposée. La caponnière qui doit couvrir et faciliter
les manuvres de l'artillerie n'est pas achevée. 2 000
travailleurs civils des départements voisins sont
convoqués pour y travailler. Seuls 500 se sont
présentés, le département de la Meurthe ayant
nettement refusé de répondre à cette
convocation. Le 4 Frimaire, le Gouverneur s'adresse aux
administrateurs du Bas-Rhin pour leur rappeler qu'ils doivent fournir
des hommes pour achever les travaux de la tête de pont de Khel.
Devant ce qui semble être de la mauvaise volonté, il
leur demande à nouveau de tenir les engagements qu'ils avaient
pris lors de leurs délibérations. 40 hommes sur les 100
demandés à ce département se sont
présentés, fournissant 600 journées de travail
alors que 1 500 journées sont nécessaires. Les voitures
qui devaient être fournies par les cantons pour être
employées aux mêmes travaux ne sont pas arrivées.
Les administrateurs sont mis en demeure d'appliquer les
arrêtés qu'ils ont pris afin de faire cesser la
pénurie de moyens et les maux que supportent les soldats.
La situation au Vieux Brisach est encore plus
difficile : deux escadrons du 6e Dragons se fondent
littéralement dans la boue, 120 chevaux peinent à
assurer le service, les hommes manquent de tout et la relève
ne vient pas. Les eaux basses des bras du fleuve doivent permettre
l'établissement d'un pont sur pilotis où existe
déjà un pont de bateaux, ce qui doit faciliter le
passage et les transports d'une rive à l'autre. En effet la
navigation est gênée par les glaces dérivantes,
les embarcations n'étant pas adaptées risquent de
couler. Si le Rhin venait à charrier des glaces lui aussi, les
approvisionnements et la sûreté du Vieux-Brisach ne
seraient plus assurés. Le commandant de cette place n'a pas un
seul cheval pour manuvrer son artillerie afin de régler
ses tirs en fonctions des besoins.
Vieux Brisach, ville allemande
située sur le Rhin, vue depuis la
France
La 2e compagnie du 8e régiment
d'Artillerie vient cantonner à la Robertsau. Les charretiers,
les chevaux de trait, les pièces et les caissons sont
placés à la citadelle et gardés en permanence
par 4 hommes et un brigadier. Les charretiers sont assimilés
aux militaires, ils ont droit aux mêmes fournitures de
casernement, aux distributions de vivres et au bois.
Les mouvements de l'ennemi sont connus du
Gouverneur, il connaît le nom de tous leurs régiments et
leurs officiers, grâce aux renseignements fournis par les
espions qu'il a fait arrêter et aux déserteurs qui se
présentent aux avant-postes français. Par mesure de
sécurité préventive, il a fait défendre
aux habitants du village de Soudheim toute communication avec Khel et
surtout avec Strasbourg. Ce village successivement occupé par
les troupes françaises et par l'ennemi, ce dernier peut y
avoir établi des espions.
De nombreuses vivandières et
blanchisseuses sont employées près des troupes qui
utilisent leurs services. Le Gouverneur fait établir la liste
nominative de ces employées : celles qui se rendent
près des troupes de Khel devront désormais avoir une
autorisation personnelle pour franchir le Rhin. On soupçonne
que des personnes étrangères au service se glissent
dans les détachements et trompent les postes de garde pour
pénétrer dans la citadelle et renseigner
l'ennemi.
De même le Gouverneur fait expulser les
habitants de Khel qui y résident sous prétexte de
cultiver leurs propriétés, alors que l'on est en plein
hiver. Le bien du service exige qu'ils ne puissent s'approcher des
avant-postes : il donne des ordres précis pour que les
propriétés soient respectées. Ces ordres visent
à débarrasser Khel de tant de gens qui, n'ayant aucun
revenu, deviennent dangereuses par les intelligences qu'ils ont avec
l'ennemi. Le Gouverneur est informé que l'officier de garde au
pont de Khel ne fait pas son devoir correctement et laisse passer la
Rhin à des citoyens non munis de passeport, malgré ses
instructions.
Les approvisionnements et leur acheminement
sont vitaux pour la garnison, surtout en saison d'hiver. Mais la
pénurie est en tout et le Gouverneur doit intervenir chaque
jour pour assurer le minimum à ses soldats. Il doit s'adresser
aux commissaires ordonnateurs, responsables des marchés et des
fournitures, mais aussi démunis face à la
pénurie chronique.
le gouverneur Jean Victor
Tharreau
L'eau-de-vie manque, elle doit être
distribuée aux soldats montant la garde dehors, souvent les
pieds dans l'eau suite au débordement des rivières. Les
magasins de Metz et de Landau qui doivent fournir cet alcool ne
répondent pas. Le 27 Brumaire, le Commissaire ordonnateur
informe le Gouverneur que le bois de chauffage va manquer. Les
courriers adressés au ministre de la guerre à ce sujet
restent sans réponse. Les jours suivants, la situation reste
inchangée malgré les demandes
réitérées du général gouverneur
qui ne manque pas de rappeler les graves conséquences qui vont
en découler pour les jeunes conscrits, pas encore
accoutumés aux privations et au froid. Pourtant des stocks
importants de bois sont constitués pour l'approvisionnement de
la citadelle en cas de siège, mais il est interdit d'y puiser
sans autorisation du gouvernement.
Le 30 Brumaire, le Gouverneur informe le
Commissaire ordonnateur, vu l'absence de réponse du ministre
de la guerre et malgré l'interdiction énoncée
par le gouvernement, qu'il a décidé de passer outre car
les soldats ne peuvent se passer de bois (nécessaire au
chauffage et à la cuisson des aliments) et ordonne la sortie
de 500 cordes de bois prises sur les approvisionnements de
siège. C'est la quantité de bois nécessaire pour
assurer les besoins de la division pendant la première
décade de Frimaire an 8 (soit 50 cordes par jour). Les
réserves des magasins du siège sont
évaluées à 4 000 cordes
Le 10 Frimaire, les 500 cordes de bois sont
brûlées, les fournitures de bois n'ont pas repris. Vu
l'urgence et le froid, toujours sans réponse du ministre et du
général en chef, le Gouverneur met à la
disposition du Commissaire ordonnateur 400 nouvelles cordes de bois
et 50 livres de chandelle, à prendre dans les magasins
d'approvisionnement de la place, à charge de remplacement par
les fournisseurs qui seront envoyés par le gouvernement. De
plus, il indique dans une lettre au général en chef
Lecourbe "dans une saison aussi rigoureuse, le bois est aussi
nécessaire aux soldats que le pain."
Ses reproches vont également au
Commissaire des guerres Bourgeois et portent sur l'absence de moyens
de transport qui fait souffrir la troupe car les subsistances
n'arrivent pas. Il demande que deux voitures soient laissées
en permanence à chaque bataillon. Le 19 Frimaire, les
fournitures de viande vont manquer pour les divisions de Khel et du
Vieux-Brisach. Nouvel appel cette fois au Commissaire
général pour des mesures promptes pour remédier
à cette situation : "les troupes ne pouvant tenir avec de
l'eau et une ration de pain."
Le 20 Frimaire, la situation est
inchangée et le gouverneur autorise de nouveau la sortie de
900 cordes de bois, précisant cette fois que "le bois est
aussi essentiel au soldat en cette saison que le pain et l'air".
Puis une nouvelle fois, le 25 Frimaire, même opération
pour 600 cordes de bois et 1 400 livres de chandelles. Le 28
Frimaire, avec l'accord du général en chef, le
Gouverneur fait extraire 30 000 livres de viande salée des
mêmes magasins du siège. Pour assurer la
préservation et éviter les vols et le pillage de ces
denrées, il fait placer des sentinelles devant les magasins et
entrepôts.
Toutes ces démarches pour assurer les
approvisionnements de ses soldats ont montré au Gouverneur
qu'il ne peut guère se fait d'illusions sur l'aide que peuvent
lui apporter les différentes administrations. Il sait ne
pouvoir compter ni sur les administrations départementales, ni
sur les promesses du ministre de la guerre. Il envisage donc, sur les
recommandations du général en chef, d'avoir recours aux
réquisitions militaires à compter du 1er
Nivôse.
La majorité des troupes est
composée par les bataillons auxiliaires des volontaires
provenant des départements nouvellement créés.
Ils ont remplacé les troupes aguerries qui ont
été déplacées vers les lieux sensibles
face aux troupes ennemies. Le gouverneur ne peut que faire constater
à ses généraux l'état des troupes mises
à sa disposition et ce souci vient s'ajouter à ceux
déjà décrits.
Le bataillon auxiliaire de la Seine vient de
prendre position à Strasbourg, venant de Khel où il y
rejoint le bataillon de la Marne. Le bataillon de la Haute Marne qui
doit remplacer le bataillon de ligne de la 9e demi-brigade
légère n'est qu'à moitié armé, ce
qui le rend inutile pour le service. Ce bataillon, joint à
celui de la Seine, compromettrait le salut du poste important qu'est
la citadelle de Khel. Ces jeunes soldats ne savent pas tirer un coup
de fusil et ne résisteraient pas à une attaque de
quelques bataillons ennemis. Ils sont donc ramenés à
Strasbourg. Le bataillon des Vosges n'a pas de fusils et les autres
bataillons qui arrivent sont dans le même dénuement,
parfois pis. Les quelques armes qui existent sont d'emprunt et de
mauvaise qualité.
"Que faire avec des hommes sans fusil, non
instruits, sans habitude de la guerre ?" demande le gouverneur au
général Gudin. "Pas un seul officier, pas de vieux
soldats
Que faire en cas d'attaque de l'ennemi qui,
d'après les rumeurs, serait informé de cette situation
?" La question se pose aussi de savoir si des conscrits mal
organisés, mal instruits, sans armes, sont bien à leur
place dans un camp où le soldat a besoin de la cuirasse de
toutes les épreuves engendrées par la fatigue et les
privations pour résister aux rigueurs de la saison.
Le 18 Frimaire,
l'état des troupes de la garnison de Strasbourg est
le suivant :
|
- la 14e demi-brigade d'infanterie
légère
- la 101e demi-brigade d'infanterie de
ligne
- les brigades auxiliaires des Vosges, de la
Haute Marne, de la Corrèze et du Pas de Calais qui sont
intégrées dans les unités
anciennes
- le 6e régiment de
dragons
infanterie de ligne
française
Les liaisons télégraphiques et le
courrier sont placés sous la responsabilité du citoyen
Chappe, directeur du télégraphe à Strasbourg. Il
remet chaque jour la correspondance au général Jordy,
commandant de la place, chargé de le remettre au gouverneur.
Un planton d'infanterie est placé en permanence à la
poste aux lettres militaires. Le directeur Chappe est prévenu
de cette disposition afin que le courrier et les
dépêches soient apportés au Gouverneur dès
leur arrivée. Le 26 Brumaire, le télégraphe
informe le quartier général que l'armée de
France est victorieuse, qu'elle s'est emparée de Modane, a
pris 16 canons et fait 4 000 prisonniers.
Claude Chappe (1763 - 1805),
ingénieur, inventeur du télégraphe optique qui
porte son nom
Prestation de serment : les
autorités, les administrateurs militaires et tout ce qui
compose la garnison de Strasbourg doivent se réunir le 30
Brumaire à midi pour prêter le serment voulu par la loi
du 19 Brumaire. La division de Khel prêtera le même
serment, les troupes qui ne pourraient être retirées de
leurs positions prêteront isolément le serment : "Je
jure fidélité à la République
fondée sur les trois grandes bases de l'Egalité, de la
Liberté et du système
représentatif."
ORDRE DE LA
DIVISION
"Les
Bataillons auxiliaires sont prévenus qu'ils seront
incessamment incorporés dans les demi-brigades de la
Division.
Les Officiers et les Sous-Officiers
suivront la destination de leurs corps respectifs et seront
à la suite dans les demi-brigades auxquelles ils
seront attachés.
Les Officiers et les Sous-Officiers
que les murs et l'intelligence distingueront pourront
être placés définitivement et même
obtenir de l'avancement.
Jeunes conscrits, vous qui
êtes appelés à la tâche honorable
de défendre votre pays, vous trouverez dans les corps
où vous allez entrer des amis et des frères.
Vous allez faire partie de ces invincibles phalanges qui
depuis le commencement de la guerre ont moissonné
tant de lauriers ; que la confiance vous rapproche, que
l'amitié vous unisse.
Et vous, vieux soldats de la
Liberté, accueillez avec empressement vos jeunes
camarades, donnez l'exemple de cette heureuse
intrépidité que le succès a si souvent
couronné, donnez-leur aussi l'exemple de la
discipline qui fait la force des corps et des armées,
une paix honorable en sera le prix."
Signé : le
Général de Division
|
Le 3 Frimaire, le comte de Marweld,
général major au service de l'Autriche, sollicite
l'autorisation de passage sur le territoire de la République
pour des individus suisses désirant rentrer dans leur pays.
Dans sa réponse courtoise, le Gouverneur refuse ce transit, en
indiquant que le lieu de passage possible se trouve sur la ligne de
l'armée d'Helvétie, tout en regrettant de ne pouvoir
concourir, en cette circonstance, à ce qui semble être
un acte d'humanité.
Le 25 Frimaire, le Gouverneur est
informé que le major général Marweld propose un
armistice. Craignant une ruse ou une manuvre de l'ennemi, il
enjoint à tous les généraux d'éviter tout
contact de ce genre et en informe le général Baraguey
d'Hilliers, qui commande l'aile gauche de l'armée.
Etat des troupes
ennemies - voir (1) (2) (3)
|
Etat des troupes ennemies
commandées par le Prince Archiduc
Charles d'Autriche, établi d'après le rapport des
déserteurs ayant rejoint les lignes
françaises. Cet état varie chaque jour en fonction
des renseignements qui parviennent à l'état-major qui
est ainsi bien informé des mouvements et des effectifs qui
font face aux armées françaises. Ces troupes sont
évaluées ainsi :
Cavalerie : 3 000 hommes du
régiment du Kaiser, des hussards de Blaukaistein, des dragons
de Latour et les uhllans de Merkfelden ; une division de ces
régiments est de service sur la ligne de front.
Infanterie : 3 000 hommes des
régiments du Wurtemberg, des corps francs Croates-Esclavons et
des Manteaux-Rouges.
(1) Aux
avant-postes de gauche
|
Infanterie : La Légion de Varmsen
Manteaux-Rouges, composée de deux bataillons de douze cents
hommes chacun. Ce corps est cantonné dans un village en avant
et à gauche d'Offenbourg, à une lieue de cette ville,
il paraît que c'est Vichr. Cette légion détache 3
Compagnies pour faire le service des gardes avancées. Ces
Compagnies sont relevées tous les quatre jours. Ce corps garde
la route d'Offenbourg.
Cavalerie : Le régiment de
Mersèle Hullans cantonné dans un village près de
celui des Manteaux-Rouges, il paraît que c'est Vattersvech. Un
escadron est détaché tous les quatre jours pour le
service des postes.
(2) Aux
avant-postes de droite
|
Infanterie : Les Esclavons
(slaves de Croatie) dont le déserteur ne peut
déterminer le nombre ni les cantonnements.
Cavalerie : Les Hussards du
Kaizer gardent la route de Rastat. Le déserteur ne sait pas le
nombre d'escadrons de service ni où ils cantonnent.
Le baron de Klavier, colonel des
Manteaux-Rouges, commande les avant-postes.
Un bataillon de ligne est en garnison à
Offenbourg. Toute l'infanterie est campée le long des
montagnes. Le camp de quatre bataillons entre Velstet et Hoffhorst
est levé. Les Hussards de Blankenstein sont partis. Les
Dragons de Latour sont, d'après le rapport, à un
endroit nommé Ottenau que le déserteur dit être
à trois ou quatre lieues de Kehl, il est probable que ce soit
la petite ville d'Oppe qui se trouve à peu près
à cette distance. Ils ont avec eux des paysans armés.
Les redoutes près de l'auberge sur la route d'Offenbourg sont
armées.
Toute la cavalerie et l'infanterie ont
marché sur Francfort et sur Mayence, il ne reste plus qu'un
régiment d'Esclavons et un de Manteaux-Rouges, les Hussards de
Blankeistein et les Dragons de Cobourg. Les paysans armés font
le service. Le Général Mertell a établi son
quartier à Oberkirk. Le Général Ginrgay,
commandant les avant-postes, demeure à Offenbourg. Il n'y a
plus le long des hauteurs que des dépôts de cavalerie et
d'infanterie. Les Dragons du 13e Régiment ont relevé
les Dragons de Cobourg qui sont partis.
Les Croates ont relevé les Esclavons,
deux compagnies de paysans armés.
Les Hussards du Kaiser et les Hullands sont
revenus, les Dragons du 13e Régiment ont relevé les
Dragons de Cobourg qui sont partis. Les Hullands de Mankenflein
passent demain la revue du Général Mervelt. Ce
Général s'est établi de nouveau à
Offenbourg. Il est arrivé quelques Dragons de ligne, entre
autres les régiments de Clairfait et de Michel
Wallis.
Les paysans sont armés, organisés
et ont des officiers nommés entre eux. Dans tout le pays
jusqu'à Rastatt et plus loin, au signal de trois coups de
canon tirés de la tour de Gegenbach, tout doit prendre les
armes.
Les Hullands et les Manteaux-Rouges aux
avant-postes de gauche, sur la route de Murlen. Les Dragons de Latour
sur la route d'Offenbourg. Les Blankenstein sur la route de Rastatt.
Le Général Mervellt est à l'abbaye de
Chultenberg, l'état-major des Hullands à Diglingen,
l'état-major des Latour est à Offenbourg, celui des
Manteaux rouges est à Meisenheim.
A Oberchauder Schouken, il y a deux
régiments d'Esclavons. Il ne connaît de cavalerie en
arrière que les Hussards du Kaiser.
Voici la lettre du soldat Jollivet, du
bataillon de Maine et Loire, fait prisonnier des Autrichiens, ayant
regagné les lignes françaises et depuis
emprisonné à Strasbourg, lettre adressée au
général Tharreau, Gouverneur de Strasbourg :
"De
la prison militaire de Strasbourg, le 9 Pluviôse an
8
Citoyen
Général,
Je prends la liberté de
m'adresser auprès de vous, comme ayant
été fait prisonnier à la retraite de la
ligne de Mayence, à la bataille de Wortme, il y a
environ quatre ans, servant dans le premier bataillon de
Maine et Loire comme grenadier postiche.
Me voyant prisonnier des
Autrichiens et ayant été presque
déshabillé tout nu, étant dans la plus
grande des misères, je me suis décidé
à prendre du service pour n'être pas si
malheureux, dans l'espoir de rentrer en France
aussitôt que j'y verrai possibilité.
Ainsi, Citoyen
Général, jusqu'au 7 Brumaire dernier, aucun
avant-poste ne m'ayant été confié que
ce jour-là, je n'ai pu rentrer en France plus
tôt. Je me suis donc rendu aux avant-postes de Kehl le
7 de Brumaire, de là on m'a envoyé à
l'état-major à Strasbourg.
Citoyen Général,
comme je doute si l'on vous en a rendu compte, je vous prie
de prendre part à ma situation qui est des plus
malheureuses, étant renfermé dans les prisons
de Strasbourg depuis ce temps. Je me nomme Michel Jollivet,
déserteur des Dragons de Latour.
Citoyen Général, je
me repose sur votre humanité, vous obligerez un
malheureux qui en attend réponse.
Votre subordonné :
Jollivet
|
Rentré de Russie à bride
avalée, Napoléon organise la défense du
territoire national pour sauver l'empire de son fils. Après
ses victoires de Bautzen et Lutzen sur les Russes et les Prussiens,
un armistice est signé le 4 juin 1813. Mais cet armistice est
un piège qui laisse le temps à l'Autriche de se joindre
aux autres coalisés.
Le 26 juin à Dresde, Napoléon
recevait Metternich se présentant en arbitre, mais en
réalité en futur belligérant. Napoléon
pensait que son beau-père ne lui ferait pas la guerre. Visite
capitale, duel historique, Napoléon questionne : "Apportez
vous la guerre ou la paix ?" , puis il poursuit : "Vous voulez
donc la guerre ? Et bien nous la ferons. J'ai détruit
l'armée prussienne, j'ai battu les Russes, vous voulez votre
tour, je vous donne rendez-vous à Vienne."
Napoléon et Metternich
à Dresde, en 1813
Metternich reste muet, puis déclare
paisiblement : "J'ai vu vos troupes, il n'y a que des enfants.
Vous avez fait périr une génération, que
ferez-vous quand ceux-ci auront disparu ?"
Après un moment de colère,
Napoléon reconduit le ministre Metternich et lui dit en le
quittant : "Vraiment, vous ne me ferez pas la guerre, n'est-ce pas
?" Metternich regarde l'Empereur avec hauteur, lui si
obséquieux d'habitude, et laisse tomber : "Vous êtes
perdu, Sire, je m'en doutais en venant ici, maintenant je le
sais."
C'en était fini en effet. Sous les coups
des armées coalisées, en dépit de
l'héroïsme de ses soldats, Napoléon vaincu sera
exilé à l'île d'Elbe... En attendant les cent
jours et Sainte Hélène.
D'après "L'Aiglon",
d'André Castelot
Yves Meignan, d'après le registre de
correspondance original manuscrit du Général Tharreau,
tenu pendant son temps de commandement comme gouverneur de la
citadelle de Stasbourg - décembre 2018
le bourg (avant
1863)
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la commune (depuis
1863)
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la carte de Cassini - le cadastre
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les moulins à
vent
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la métairie de la
Croix
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le chemin de la
Vacherie
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le manoir du
Landreau
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le dernier seigneur du
Pontreau
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les chemins de la
mémoire
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les voies de communication dans la
commune
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le chemin de fer
d'intérêt local
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la route n°11 de de
Beaupréau à Cholet
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a-t-on voulu punir Beaupréau
?
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le général
Tharreau
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Merci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info