LOUIS AUGUSTIN DE VILLENEUVE, DERNIER SEIGNEUR DU PONTREAU

 

 

Le Pontreau, ancien fief et seigneurie avec "hostel noble" appartenait au 16e siècle à la famille Chenu, d'où son nom à l'époque de Pontreau-Chenu.
Plusieurs propriétaires se succéderont au cours du 17e siècle, puis ce sera la famille Béritault qui en sera propriétaire jusqu'à la Révolution.
Le Pontreau sera saisi et vendu comme bien national le 27 Germinal an VI à Sauveur Joseph Gaudolphe, marchand de bois à Paris.

 

 

Louis Augustin de Villeneuve sera le dernier à porter le titre de Seigneur du Pontreau, bien que cette seigneurie n'ait pas fait partie des biens de cette famille.
L'a-t-il habité, sachant qu'il est dit aussi seigneur de la Poisetière ?

Louis Augustin est né au May le 28 février 1756, de l'union de Gabriel Louis de Villeneuve, seigneur de la Poisetière et du Cazeau, et de Marie Charlotte Elisabeth des Herbiers de l'Etenduère.
Agé de 33 ans, il a épousé le 17 février 1789 à Tours
Marguerite Magdeleine Le Gardeur, de Repentigny, âgée de 20 ans, qui était la fille de feu François Le Gardeur, seigneur de Repentigny, au Canada (1) , capitaine des frégates du Roy.
De cette union est né un fils le 17 mars 1790 à Tours.

En ce début de la Révolution, Louis Augustin est absent et représenté par son père lors de l'établissement d'un acte en faveur de son fils, le 27 juillet 1793.
Marguerite Magdeleine son épouse est dite décédée. En fait, Louis Augustin avait émigré pour rejoindre l'armée des princes et intégrer le cantonnement d'Enghien le 19 février 1792.

Son émigration est avérée lors de l'inventaire de ses meubles en sa maison de la Poisetière le 28 juin 1792.
Le 10 juillet 1792, il est inscrit sur la liste des émigrés et y sera toujours inscrit sur les listes établies postérieurement, ainsi que lors de la succession de son père en 1797.

Ainsi Louis Augustin n'a pas participé à la guerre de Vendée comme il a parfois été dit, souvent confondu avec son cousin germain Louis François Elisabeth de Villeneuve, condamné à mort le 28 nivôse an 2 par le tribunal révolutionnaire de Nantes.

 

 

Nous connaissons bien la famille de Villeneuve, du Cazeau. Faisons maintenant connaissance avec la famille Le Gardeur et avec quelques membres de cette famille.

(1) Le nom Le Gardeur de Repentigny appartient à une importante famille de la noblesse canadienne. Elle est connue et citée dans les archives coloniales à Aix en Provence, ainsi qu'aux archives départementales de Tours.
La ville de Le Gardeur de Repentigny n'existe plus officiellement depuis juin 2002. Le nom de Le Gardeur a été conservé pour un quartier de la nouvelle ville de Repentigny.
Le territoire de cette ville faisait autrefois partie de la seigneurie de la Chesnaye, concédée en 1647 par la Compagnie de la Nouvelle France à Pierre Le Gardeur de Repentigny, originaire du Pays d'Auge.
De petite noblesse normande, originaire de Thury-Harcourt, Pierre avait débarqué à Québec le 11 juin 1636 avec sa mère, sa sœur Marguerite et son frère.
Devenu Amiral de la flotte, il est décédé en mer en 1648, des suites d'une épidémie qui s'était déclarée sur son bateau.
Le nom de Repentigny lui venait d'une localité du Calvados. Son fils Jean Baptiste fonda Repentigny en 1670.
Situation : région administrative de Lanaudière, comté de l'Assomption, municipalité de
Repentigny [cliquez sur le lien], au Nord de Montréal sur la rivière Assomption - ville jumelée avec Bergerac.

 

en rouge, le Québec, nation au sein du Canada
sa capitale est Québec et sa métropole Montréal

 

en rouge, Repentigny

 

Jean Baptiste Le Gardeur et son épouse Marie Catherine Juchereau de Saint Denis eurent au moins trois fils connus :

* Pierre Jean Baptiste François Xavier, né le 20 mai 1719 à Montréal. Impliqué dans une affaire de meurtre et gracié par le roi.
Rentré en France, sans doute comme ses frères, lorsque le Canada fut cédé aux Anglais
Présenté au roi en 1769 en vue d'aller servir aux Indes où il resta environ six ans sans revenir.
Obtint le grade de Colonel et Major dans la Compagnie des Indes.
Décédé à Pondichéry, paroisse Notre Dame des Anges le 26 mai 1776 à 57 ans.

* Louis, né à Montréal le 5 août 1721, marié le 20 avril 1750 à Québec avec Marie Magdeleine de Chaussegros.
Officier dans les troupes de marine, il commença à servir à 13 ans et monta rapidement en grade : Enseigne dans les troupes de marine en 1741, Enseigne à pied et 1748, Lieutenant en 1751, Capitaine en 1759.
Il prit part à toutes les campagnes qui se déroulèrent au Canada contre les Anglais, principalement dans le Michigan.
Commandant le Fort Saint Joseph, puis le fort situé sur sa seigneurie de Sault Sainte Marie en 1752, il servit également en Acadie et participa à de nombreuses batailles (New York en 1758).
Refusant la domination anglaise, il participa à la retraite de Montréal et rentra en France après la capitulation.
En 1762, à la tête d'un détachement de 200 hommes, il se mit en route pour Terre Neuve mais fut pris par le Dragon, vaisseau anglais.
Il continua ensuite à servir dans les troupes coloniales.
En 1769, il commandait à l'île de Ré. Il était présent à Tours au baptême de sa nièce
Marguerite Magdeleine le 27 mars 1769.
En 1773, avec le grade de Colonel, il commandait le "régiment d'Amérique" ; à ce titre, en 1777, il avait la charge des régiments de Guadeloupe et de Martinique.
En 1783, il sera nommé gouverneur du Sénégal, territoire rendu à la France par le traité de Versailles.
Rappelé en France en 1786, il a quitté l'île de Gorée le 24 avril sur la Bayonnaise. Il avait à son actif 16 campagnes, 12 combats et 2 sièges.
Il est décédé à Paris le 11 octobre 1786.
Son fils Louis Gaspard, né le 10 juillet 1753 à Québec, fut lieutenant de vaisseau et commanda le port de Point-à-Pitre.

* François Marie, né le 15 septembre 1725 à Montréal A épousé à Tours le 25 juin 1766 Marguerite Jeanne Mignon
François Marie émigra en France en 1741. Il commanda les troupes de marine à Rochefort.
Chevalier de l'ordre de Saint Louis en 1761, Capitaine de frégate en 1767, il est décédé dans cette ville le 16 janvier 1769.
Dont deux enfants :

- Marguerite Magdeleine (épouse de Louis Augustin de Villeneuve) qui est donc née après la mort de son père.
Elle fut confiée aux Ursulines de Tours. Le notaire Beauregard fut chargé de ses affaires et de pourvoir à ses besoins.

- Pierre François Xavier, né le 17 novembre 1767 à Tours St Vincent.
Entré très jeune à l'école royale militaire, il est nommé aspirant en 1782, puis garde marine à Rochefort en 1784.
Embarqué sur le David à bord duquel il accomplit une campagne aux Antilles jusqu'en 1786, puis passé sur la Seine dans l'escadre de Beaumont.
En 1787-1788, il effectue une croisière sur la Fauvette sur les côtes d'Afrique, puis une campagne sur la Bienvenue aux Indes orientales en 1791.
Revenu en France, il émigra pour s'enrôler dans l'armée des princes où il servit dans la cavalerie comme officier au régiment d'Hector avec lequel il participa au débarquement de Quiberon.
Echappé au désastre, en 1796 il participa avec les Anglais à la prise de Sainte Lucie puis resta à la Martinique alors anglaise.
De 1797 à 1802, il est dans la milice du Lamentin
(2) jusqu'à la paix qui lui permit de rentrer en France, à Tours.
Au retour des Bourbons, il reçoit la croix de Saint Louis et le grade de Capitaine de vaisseau.
Nommé maire de Genillé près de Loches, il décède le 4 décembre 1820 à Tours.

 

 

 

 

Pendant tout ce temps, qu'est devenu Louis Augustin ? Avait-il retrouvé Pierre François Xavier à l'armée des princes ? Nous n'avons malheureusement aucun renseignement à ce sujet.

Nous ne possédons que son acte de décès établi le vendredi 27 juin 1818 par Manuel Areto Perez, curé de la paroisse de Notre Dame de la Délivrance des Trois Islets, ile de la Martinique, faisant les fonctions d'officier civil, conformément à l'arrêté du gouvernement colonial :
"Deux témoins, monsieur Adrien Bools de Pourtolas, ci-devant Lieutenant commandant de la paroisse et y demeurant, et monsieur de Gâtineau, âgé de 34 ans, sont venus déclarer le décès survenu dans une maison du bourg appartenant au Chevalier Lalong de Férol, de monsieur
Louis Augustin de Villeneuve, du Cazeau, comte de la Poisetière, âgé d'environ soixante ans, né dans la paroisse de May, bas Anjou, diocèse de la Rochelle, fils légitime de haut et puissant seigneur Gabriel Louis de Villeneuve, chevalier, seigneur du Cazeau, Plainchêne et autres lieux, et de feue haute et puissante dame noble Marie Elisabeth, des Herbiers de l'Etenduère, son épouse, époux de noble dame Legardeur de Repentigny."

Comment expliquer la présence de Louis Augustin à la Martinique après une si longue période ?
Malgré les démarches d'Alexandre Bourbon, époux de Marie Anne Gabrielle de Hillerin, il était toujours inscrit sur la liste des nobles émigrés, et pendant une longue période risquait d'être arrêté s'il revenait en métropole.
A-t-il préféré rester dans cette région où il avait des attaches familiales près des membres de sa belle-famille : Louis Le Gardeur, qui comme colonel avait la charge des régiments de Guadeloupe et de Martinique, et
Pierre François Xavier Le Gardeur, qui commandait la milice du Lamentin, en Martinique alors aux mains des Anglais ?

C'est une explication, est-ce la bonne ? Mystère.
Louis Augustin n'a jamais revu sa terre natale.

 

 

Documentation obtenue près des organismes suivants :

Yves Meignan - 2020.

 

 

 

 

 

le bourg (avant 1863)

la commune (depuis 1863)

la carte de Cassini - le cadastre

les moulins à vent

la métairie de la Croix

le chemin de la Vacherie

le manoir du Landreau

le dernier seigneur du Pontreau

les chemins de la mémoire

les voies de communication dans la commune

le chemin de fer d'intérêt local

la route n°11 de de Beaupréau à Cholet

a-t-on voulu punir Beaupréau ?

le général Tharreau

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

 

https://www.stleger.info