LE CHEMIN DE GRANDE CIRCULATION N°11
DE BEAUPREAU A CHOLET, PAR SAINT LEGER

 

Le projet de liaison routière entre Beaupréau et Cholet est longtemps resté non prioritaire. Lors de sa construction, les travaux n'avancèrent que très lentement, soit par manque de financement, soit par désintéressement, comme nous le verrons par la suite.

Extrait du cahier des charges de 1808 concernant la partie comprise entre Cholet et Saint Léger :

"… pour l'ouverture d'une route tendant de Cholet à Beaupréau, traversant la forêt de Cholet, on lui donnera 20 m de largeur, la largeur des fossés sera prise sur celle-ci en sorte que la route sera réduite à 16 m d'un fossé à l'autre, mise à prix 1368 f. La terre des fossés sera rejetée sur la forêt et disposée en talus battu dans lequel on plantera 6 brins d'épines racinés par mètre. Pour éclairer la route, on essartera un espace de 40 m de largeur, on déracinera toutes les cépées de bois, de mort-bois et les arbres à haute tige. Les cavités résultant de cet essartement seront comblées et le terrain nivelé. L'adjudicataire fermera, aux 2 extrémités, l'ancienne route par les fossés sur toute la largeur de la dite route."

 

1912 - la route Cholet / Beaupréau

 

Le 19 mars 1808, le marché est attribué à Gabriel Jacques Delaunay pour 1363 f. mais en raison des guerres de l'Empire, les fonds ne sont pas débloqués. En décembre 1816, au registre des délibérations du conseil municipal de Cholet est portée la mention suivante :

"au nombre des chemins vicinaux dont l'état a été envoyé et le devis dressé, celui de Cholet à Saint Léger servant à la communication avec Beaupréau, chef-lieu d'arrondissement, est en fort mauvais état et l'un des plus fréquentés." Les travaux seront réalisés par des ouvriers sans travail, on ne disait pas encore au chômage.

Sous le Premier Empire, la ville de Beaupréau est considérée comme la ville la plus importante de l'arrondissement, de par sa position centrale, son activité et sa population. De plus, elle est le siège de la sous-préfecture, du tribunal et d'une prison, ainsi que d'importants établissements d'enseignement, qui lui donnent une importance que la ville de Cholet ne possède pas, de par sa position géographique et à peine relevée de ses ruines.

A cette époque, de nombreuses routes sont mises en chantier dans le Maine et Loire. Si on parle un peu de la route Beaupréau-Cholet, c'est comme simple embranchement pour rejoindre Cholet, mais pas comme une grande voie de circulation dont on ne voit pas alors l'intérêt. Si l'on se réfère au rapport du Conseil Général de 1808, la route importante envisagée est l'axe Beaupréau-Nantes passant par Bégrolles et Saint Macaire (extrait des délibérations du Conseil Général, année 1808) :

"La route de Beaupréau à Chollet, si l'on a point d'égard à vos réclamations, ne peut être regardée que comme un embranchement par lequel on irait, en passant par Saint Philbert, joindre à Saint Macaire la route de Chollet à Nantes par Gesté.
Vous avez sollicité une communication directe entre Chollet et Beaupréau, et vous l'obteniez si la route eut passé par Bégrolles. Le chef-lieu perd le plus grand avantage qu'il puisse retirer de la route de Nantes, ce si elle passe trop loin de ses murs. On ne doit pas regarder à quelques mètres de plus lorsqu'on traverse déjà la route ouverte de Chollet à Beaupréau et de la Chapelle du Genêt à Beaupréau, qu'on travaille sur un terrain beaucoup plus facile et surtout lorsqu'il s'agit de procurer d'avantages d'une ville comme Beaupréau dont la prospérité doit rejaillir sur tout l'arrondissement. Nous vous proposons donc de vous en tenir à vos anciens cahiers et persister à demander que la route de Chollet à Nantes passe par Bégrolles et Beaupréau. Jusqu'ici les plans et devis n'ont point été envoyés, même pour la direction projetée.
"

 

1912 - la route Beaupréau / Cholet

 

En 1809, les discussions traitent de nombreux chantiers et ponts en construction, mais pas directement de la route de Beaupréau à Cholet. La priorité reste à la route de Beaupréau à Nantes par Bégrolles et Saint Macaire. Des crédits ont été alloués mais les travaux n'ont pas été entrepris malgré les besoins nombreux et variés :

"… deux points de contestation sur la direction de deux routes de cet arrondissement (Beaupréau)… celle de Saumur à Nantes passant par Villedieu, Gesté et Chemillé… Partant de Cholet, devant passer par Saint Macaire et Villedieu, ou par Bégrolles, pour arriver à Gesté ? Ces considérations qui pourraient déterminer la préférence pour l'une ou l'autre de ces directions vous seront présentées. Vous émîtes votre vœu en faveur de celle de Bégrolles et votâtes une somme de 4.000 francs pour y être appliquée et vous venez de voter encore une somme de 8.000 francs pour y être employée…"

Toujours dans les délibérations du conseil municipal de Cholet du 29 décembre 1816 : "La Révolution n'a pas supprimé la corvée. Concernant l'entretien des chemins, les contribuables ont la possibilité d'effectuer eux-mêmes les journées de travaux en fournissant les animaux de trait ou de payer en espèces. La plupart des contribuables qui seront appelés à fournir des journées pour réparer les chemins vicinaux préfèreront payer en argent et ainsi on aura trouvé du travail pour les ouvriers qui en manquent."

En 1817, on constate lors d'une réunion que rien n'a été entrepris sur la liaison routière Beaupréau-Cholet, qui est nommée route n° 11. En conséquence, il n'est demandé aucun crédit pour l'année suivante.

C'est cette même année qu'est créé un poste de voyer rural dans chaque arrondissement. Il sera chargé de l'inspection des chemins vicinaux, de la constatation des infractions, et de s'assurer de l'exécution des travaux ordonnés. Il sera aidé en cela par les gardes champêtres et les maires des communes. Son traitement de 1.200 francs devait être complété par la moitié des amendes constatées, l'autre moitié allant au garde champêtre ayant indiqué les infractions. On peut imaginer les abus que ce système pouvait créer !

 

1919 - la route Cholet / Beaupréau

 

En 1818, la route de Cholet à Beaupréau par Bégrolles n'est toujours pas utilisable sur sa longueur prévue de 17.600 mètres. Aucun fonds n'est alloué. Pourtant, il est mentionné que cette route est destinée à assurer un débouché vers la mer des produits manufacturés à Cholet. L'année suivante, il est demandé de presser les travaux de la route n° 11 pour qu'elle soit ouverte promptement. Malgré les fonds alloués, en 1824 le Conseil Général constate qu'aucune somme n'a été affectée à la route n° 11, et en conséquence l'ingénieur en chef demande que ces sommes soient allouées à d'autres chantiers déjà en cours :

"... en examinant les états de situation et les demandes remises par l'ingénieur en chef, votre bureau de bien public a remarqué qu'aucune disposition n'était faite pour l'emploi des fonds aux routes n° 11 de Cholet à Beaupréau et n° 13 de Beaupréau à Nantes… et qu'il propose de les appliquer à des routes qui auraient déjà des travaux commencés, parce que l'ingénieur ordinaire dans l'arrondissement (Beaupréau) duquel elles sont situées est trop surchargé pour qu'il puisse terminer avant les projets pour lesquels les travaux doivent s'exécuter..."

En 1825, le conseil d'arrondissement de Beaupréau presse l'ouverture de la route n° 11 et de l'utiliser dans l'état où elle se trouve, sans attendre son achèvement définitif :

"... le conseil de cet arrondissement (Beaupréau) est d'avis d'ouvrir les routes départementales en entier avant de s'assurer de leur achèvement partiel. Cette proposition ayant paru réunir l'assentiment du Conseil Général lorsqu'elle lui a été présentée, votre bureau de bien public n'a pas cru devoir en développer les motifs, il vous prie seulement de vouloir bien prononcer votre décision. Ce principe adopté pourrait être annoncé directement et appliqué à la route départementale n° 11 de Cholet à Beaupréau, dont le conseil débattra. Il vous demande avec instance la prompte exécution, il reste 6.000 francs de disponibles, 4.000 francs sont employés au paiement des indemnités de terrain, 4.000 francs et de nouveaux fonds que vous voudrez bien accorder dorénavant à faire ouvrir la route et à faire l'aqueduc du Sauvageau…"

 

1957 - la route Cholet / Beaupréau

 

En 1826, 6.000 francs son attribués à la route n° 11, dont 5.000 pour la terminer entre Cholet et Saint Léger. Les deux années suivantes, il est demandé la somme de 14.678 francs pour l'achever. Un cantonnier est affecté à la portion de route entre Saint Léger et Cholet. Il est constaté en général que, sur le département, beaucoup de routes sont entreprises mais aucune n'est terminée. Il en est de même pour les routes de grande communication.

"… neuf routes royales traversent le département de Maine et Loire en formant une étendue de 396.581 mètres ou 89 lieues depuis 1821, et plus particulièrement depuis 1823. Les crédits ouverts pour leur confection et leur entretien ont reçu un accroissement. Le crédit est actuellement d'environ 290.000 francs mais un tiers de cette somme a son application spéciale à la construction de plusieurs ponts. D'ici bien des années, celui du duc de Bordeaux exigera une allocation considérable. Le pont de Bourguignon et celui du Lion ne tarderont pas à être terminés. Mais la dépense qu'ils exigent ne peut guère manquer de se reporter sur d'autres constructions analogues. Il ne reste donc pour la construction et l'entretien proprement dits des routes royales environ 170.000 francs, somme qui est reconnue depuis longtemps insuffisante…"

"… les routes départementales couvrent 559.227 mètres ou 126 lieues. Beaucoup sont entreprises, aucune ne se termine et les grandes communications restent toutes incomplètes. C'est un état de chose qui doit se prolonger…
Le Conseil Général s'explique sur la nécessité d'ouvrir la route n° 11 de Cholet à Beaupréau, dont la direction serait par Andrezé en passant par les landes de Bégrolles. Il forme la demande de la somme suffisante pour aboutir à ces travaux. Il pense que 20.000 francs complèteront le nécessaire pour assurer la communication entre Beaupréau et Cholet…
Ouverture de la route n° 11 de Cholet à Beaupréau : qu'il soit voté pour cette route une somme de 14.678 francs et qu'il y soit joint la somme de 6.000 francs demandée par l'ingénieur de l'arrondissement pour la route n° 13 de Beaupréau à Saint Florent…
"

 

1957 - la route Cholet / Beaupréau

 

Dans son rapport du 9 août 1830 à Guizot, ministre de l'intérieur, le préfet de Maine et Loire Félix Barthélémy déplore le faible avancement des travaux de la route Cholet-Beaupréau, préconise les moyens à y consacrer et décrit les raisons qui, pour lui, doivent faire activer l'achèvement des voies de communication, axes de pénétration de la civilisation :

"J'ai l'honneur de vous rendre compte de ma tournée dans l'arrondissement de Beaupréau. Je vais avoir celui de vous entretenir aujourd'hui des mesures que je crois susceptibles de civiliser cette contrée, où l'influence des prêtres a survécu à celle des nobles. Beaupréau, chef-lieu de l'opinion vendéenne, est entouré de couvents de Trappistes, de Trappistines et de toutes espèces de reclus dont les austérités rappellent celles des fakirs. Cette ville n'est qu'un bourg silencieux comme un cloître et qui ressemble plutôt à un village espagnol qu'à une ville de France. L'école secondaire ecclésiastique, établie dans un vaste local, est tout à fait jésuitique et nourrit la jeunesse des plus mauvais principes politiques et religieux ; aussi est-ce une pépinière de prêtres exaltés et ultramontains. J'ai la preuve que ces jeunes têtes sont pleines d'idées opposées à l'ordre des choses actuel, surtout depuis qu'ils sont en vacances. Il n'y a pas de mauvais bruit qui ne soit répandu dans les campagnes qu'ils parcourent jour et nuit et en tous sens pour détériorer l'esprit public. Outre le séminaire d'Angers, il existe en Maine et Loire deux écoles secondaires ecclésiastiques à Beaupréau qui contiennent 300 élèves… L'établissement de Beaupréau est dirigé par l'abbé Montgazon que j'ai vu. C'est un homme fin et qui est précisément tel que vous me l'indiquez dans votre lettre du 4 octobre.
Cet abbé et les prêtres de ces contrées sont les maîtres de ce pays, à raison de l'influence qu'ils y exercent. Aussi voient-ils à regret les routes qu'on y perce de Beaupréau à Cholet et à Saint Florent, parce que la civilisation arrive par les grandes routes et les canaux et pénètre avec peine dans les pays inviables. Ils tiennent même peu à ce que les autorités de l'arrondissement, si vivement réclamées par la ville de Cholet, restent à Beaupréau, car ces fonctionnaires partagent un peu l'influence dont ils sont si jaloux. Aussi est-ce pour moi la raison la plus puissante de maintenir le chef-lieu à Beaupréau. Bref, ils voudraient maintenir éternellement dans son état actuel cet oasis d'ignorance et de superstition qu'ils considèrent comme leur domaine.
Voici les moyens que je crois susceptibles de faire cesser cet état de choses : avancer de suite des fonds spéciaux, sauf à les faire voter plus tard par le Conseil Général, pour pousser avec activité l'achèvement de la route de Beaupréau à Cholet, sur laquelle je n'ai vu qu'un fort atelier, et celle déclassée de Beaupréau à Saint Florent. Cette mesure donnerait de l'ouvrage à un grand nombre d'ouvriers qui en manquent, et tendrait au maintien de la tranquillité publique. On travaille à l'exécution de ce projet, mais pas avec assez d'activité…
" (Anjou historique n° 178)

 

"René Delhumeau, charretier, né à Brissac, 54 ans, au service de M. Onillon, entrepreneur de la grande route de Saint Léger, est décédé hier, sur les 10 h du matin, audit Saint Léger, commune du May" - état civil du May - 21 août 1831

 

1831 - Les 20.000 francs débloqués serviront à des travaux neufs et au salaire d'un cantonnier. Le conseil formule des observations sur les raisons qui poussent à achever cette route :

"… Le pays où est placée cette route et la dépense déjà faite par l'entrepreneur, laquelle s'élève déjà à plus de 10.000 francs sur les fonds du budget... Déjà M. le directeur général a accordé sur l'exercice 1830 et sur celui de 1831 un secours de 20.379 francs. En accordant ces fonds, M. le directeur général des Ponts et Chaussées a formellement exprimé l'intention de continuer à venir au secours de cette partie du département en invitant le Conseil Général à faire pour ces routes ce qui lui serait possible. Le Conseil, comptant sur les promesses de M. le directeur général, a négligé d'autres services importants pour satisfaire aux vœux de M. Bérard. Il attend avec confiance qu'il accordera les fonds nécessaires pour entretenir l'achèvement de ces travaux et d'offrir les moyens d'occuper une partie de la population qui ne serait que trop disposée, à défaut d'ouvrage, à prendre part aux troubles qui agitent ce pays. Le Conseil demande instamment au Gouvernement d'affecter sur les fonds du trésor dans l'exercice 1831 une somme de 20.000 francs égale à celle votée sur son budget départemental. Pour la route n° 13 de Beaupréau à Saint Florent, sa demande sur les mêmes motifs politiques qu'il a développés pour la route n° 11 de Cholet à Beaupréau. Une condition toute particulière doit fixer l'attention du Gouvernement, c'est que cette route, ainsi que celle n° 11, servent à établir une communication si nécessaire entre Cholet, Beaupréau et la Loire, si les évènements de ce pays devenaient tels que la présence de troupes nombreuses serait nécessaire. Cette route serait la seule par où l'artillerie ou le matériel pourraient pénétrer dans ce pays…"

 

en rouge la route n°11, devenue aujourd'hui RD 752

 

L'insécurité règne toujours dans les Mauges, et cette situation est de nouveau évoquée lors de la session du Conseil Général de 1833. La somme allouée pour la route n° 11 s'élève à 18.508 francs. Les sommes importantes consenties chaque année montrent l'importance que l'on attache à l'achèvement de cette route, ou tout au moins à l'entretien qui permet de l'utiliser avant son achèvement complet :

"Le Conseil Général appelle l'attention du Gouvernement sur l'esprit hostile manifesté jusqu'à ce jour par la majeure partie du clergé du département et principalement par les jeunes ecclésiastiques..."

Le chemin de grande communication n° 13 de Cholet à Vallet étant en voie d'achèvement avant 1840, la commune du May est sollicitée très souvent par la préfecture pour contribuer à son entretien. Les chantiers routiers sont tellement nombreux que le manque d'argent pour les réaliser fait rechercher des combinaisons financières et emprunts repoussant leur achèvement dans une dizaine d'années.

Les routes stratégiques voulues par le gouvernement de Louis Philippe grèveront pendant de longues années le budget du département qui doit participer à leur financement.

1840 - Un progrès important vient faciliter les travaux et l'avancement rapide des routes, c'est l'emploi d'un rouleau tiré par des chevaux. Il donne d'excellents résultats, malheureusement il n'y en a qu'un. Il en faudrait beaucoup d'autres mais il n'y a pas d'argent pour en fabriquer et l'on manque de chevaux pour les tirer.

Les années suivantes, les talus et remblais des routes seront plantés d'acacias et d'aubépines à raison de 200 par kilomètre. Ces plantations doivent assurer l'embellissement, l'agrément et la sécurité des voyageurs tout en fixant la terre de leurs racines. On compte également sur la valeur du bois exploité après 50 ans. Ces plantations seront à la charge des propriétaires riverains.

En 1845, une somme de 40.000 francs est allouée à la route n° 11 dont on a enfin pris conscience de l'importance :

"Le conseil d'arrondissement de Beaupréau demande qu'il soit créé un embranchement de Cholet à la Loire, qui traverserait tout l'arrondissement du sud au nord, et qu'il serait désirable de voir aboutir à Chalonnes… Les immenses avantages que cette ligne assurerait à l'arrondissement de Beaupréau, si riche en productions de toutes natures, et à la ville de Cholet dont le commerce réclame des moyens faciles et prompts de communication et de transport... L'envoi sur Paris et la Normandie de plus de 50.000 bœufs, le transport des laines, lins, fils et tissus, des céréales, de la chaux pour l'agriculture et la construction, des fers, bois et autres matériaux, sans parler de la circulation des voyageurs, tout cela serait pour le pays et pour la compagnie qui se chargerait de l'exécution de cet embranchement la source de bénéfices considérables…"

En 1852, le route départementale n° 11 sera enfin totalement terminée et ouverte à la circulation.

Dès 1858, le département était traversé par 28 grandes routes, tant royales que départementales. Parmi celles-ci, on comptait (source : Le Maine et Loire, éditions du Bastion) :

Depuis décembre 2008, la route départementale n° 752 (ancienne RD 11) est ouverte à la circulation en 2 fois 2 voies, après plus de 10 ans d'énormes travaux routiers et d'ouvrages d'art. Elle doit se raccorder au nord de Beaupréau à une autre 2 fois 2 voies en projet en Loire Atlantique, voie dite "Grand contournement de Nantes", de Vallet à Ancenis, qui traversera les Mauges sur 24 km.

D'ici 2020, aucun point du Maine et Loire ne sera à plus de 15 minutes d'une voie rapide.

 

en rouge la route n°11, devenue aujourd'hui RD 752

 

 

les routes stratégiques

 

Louis Philippe, roi des Français, est contesté par les "légitimistes" et a de bonnes raisons de craindre un nouveau soulèvement en Vendée.

A la suite de la tentative de soulèvement légitimiste par la duchesse de Berry en 1832, le roi Louis Philippe décide la construction d'un réseau de routes dans l'Ouest, supposé permettre une arrivée rapide des forces armées.

Les articles 6 à 10 de la loi du 27 juin 1833 établissent un système de routes stratégiques dans les départements de l'Ouest. Leur objet est de mettre fin aux guerres civiles qui ont désolé la Vendée. Ces routes, soumises aux autorités militaires, sont au nombre de 38, numérotées par le règlement du 29 novembre 1833 qui en a fixé le nombre et la direction.

Les routes stratégiques sont destinées à faciliter les opérations et les approvisionnements des armées en cas d'insurrection. Elles sont mises au gabarit des routes impériales. Elles ont en outre offert la possibilité de développer le commerce, car étant utilisées comme des routes normales. Elles ont également initié les troupes aux travaux publics, grâce à l'emploi sur les chantiers des soldats du 36e régiment de ligne.

La loi a affecté un crédit de 12 millions de francs pour leur construction et les départements ont été appelés à participer à la construction des routes de Poitiers à Nantes et de Saumur à la Rochelle. L'entretien a été réparti financièrement entre l'Etat (2/3) et le département (1/3).

 

Beaupréau

 

Le décret du 3 juin 1832 fait proclamer l'état de siège dans le département de Maine et Loire, et les régiments de ligne procèdent au désarmement des campagnes. En vertu de la loi du 27 juin 1833, une commission, composée du préfet, du général commandant le département, de deux inspecteurs des Ponts et Chaussées et de l'ingénieur en chef, trace un plan général de 12 "routes stratégiques" , 6 de 118 km sur la rive gauche de la Loire et 6 de 128 km sur la rive droite.

Selon le dictionnaire Littré, les "routes militaires" ont 8 m de largeur avec les fossés, et sont destinées à faciliter le déplacement rapide et en toute sécurité des troupes chargées de maintenir l'ordre, d'où leur rectitude et leur longueur. Elles devaient donc permettre aux troupes de pénétrer dans les Mauges et en Vendée pour réprimer les tentatives de soulèvement. Elles se sont ajoutées aux 396 km de routes royales et aux 572 km de routes départementales déjà existantes.

Les travaux sont achevés en fin d'année 1837.

Avec le temps, l'absence de soulèvement dans l'Ouest et les meilleures relations avec l'Angleterre ont fait perdre leur importance aux routes stratégiques. Elles furent déclassées et intégrées dans le réseau des routes impériales et départementales.

Le décret du 10 juillet 1862 a supprimé ces "routes stratégiques" dont le nom rappelait trop de tristes souvenirs.

Extrait du rapport du Conseil Général de 1833 relatant les évènements qui ont motivé la construction de ces routes stratégiques :

"M. le Préfet retrace en peu de mots au Conseil les douloureuses circonstances sous lesquelles s'ouvrirent la dernière sessions.
Les soulèvements qui s'opérèrent le 23 mai et le 4 juin furent étouffés dès le 11 le même mois par la répression des rebelles près de Jallais, grâce au zèle admirable des gardes nationales et au courage infatigable de nos soldats.
Ces essais de guerre civile si promptement déconcertés ont démontré l'impuissance des ennemis du Gouvernement à reconstituer l'ancienne Vendée. Il ne reste plus aujourd'hui de ces soulèvements partiels que quelques bandes peu nombreuses, poursuivies de toutes parts par les soldats. Elles ont commis dans l'arrière-pays de Segré des excès graves envers quelques habitants, et notamment envers les malheureux Guitré et Cheray, qu'elles ont assassinés. Sur la rive gauche de la Loire, elles ont récemment dévalisé la perception de Coron qui avait négligé de se faire escorter, et tiré des coups de fusils sur un détachement. Mais ces actes, si fâcheux qu'ils soient, ne peuvent avoir une importance grave. L'administration fait tous ses efforts pour détruire ces derniers restes de la chouannerie et elle considère l'établissement d'une gendarmerie nombreuse comme le moyen le plus efficace pour atteindre à ce but. Elle regrette que ses vœux à cet égard n'aient pas été accueillis par l'autorité supérieure et elle invite le Conseil à y joindre les siens…
"

 

Cholet

 

Extrait du rapport du Conseil Général de 1834 sur les routes stratégiques :

"M. le Préfet a mis sous les yeux du Conseil Général un rapport de M. l'ingénieur en chef des routes stratégiques sur la situation de ces routes, et un aperçu des dépenses auxquelles elles donnent lieu. Il en résulte que ces routes ont dans le département une longueur totale de 270.000 m ou 67 lieues et demie, dont la dépense est évaluée à 3.089.000 francs. M. l'ingénieur a la certitude que cette somme ne sera pas dépassée. En effet, d'après les projets détaillés et approuvés, une longueur totale de 131.352 m ou 34 lieues et demie ne coûtera pas plus de 1284 francs 79, c'est-à-dire moins de la moitié de la somme totale, et encore où n'a pas été déduit les rabais qui ont été consentis par les adjudicateurs et qui sont déjà assez considérables. Les travaux sont commencés sur plusieurs points et tous les projets seront soumis et pourront être approuvés avant la fin de l'année courante.
Mais les routes stratégiques forment un réseau avec les routes royales et départementales, et celles-ci surtout sont loin d'être achevées dans le département. Il prie M. le préfet d'engager le Conseil Général à faire des sacrifices pour achever promptement ces routes, sacrifice qui tourne à l'avantage du département en augmentant avec les communications la prospérité du pays…
Le Conseil Général, considérant que l'ouverture de la route stratégique n° 3 de Saint Lambert du Lattay à Champtoceaux et cette n° 32 de Montjean à Jallais rend inutile celle de la route départementale n°17 de Chalonnes à Jallais sur une longueur d'environ 14.600 m, considérant en outre que le tracé, proposé par l'ingénieur en chef, de Jallais à Saint Léger des Bois, sur la route départementale n° 11 de Cholet à Beaupréau, ne présente qu'une longueur de 12.300 m, ce qui fait une différence en moins de 2.300 m et que cette communication serait plus avantageuse au commerce et à l'agriculture, en même temps qu'elle procurerait les moyens d'éclairer la pays est d'avis :
1°/ que le route départementale n° 17 prenne la dénomination de route de Cholet à Chalonnes
2°/ que la dite route départementale n° 17 soit faite de Chalonnes à Saint Laurent de la Plaine (lieu d'embranchement de la route stratégique n° 32) et qu'ensuite elle soit continuée de Jallais à Saint Léger des Bois en passant par le May…
"

Extrait du rapport de la session de 1836 :

"A la session de 1835, le Conseil avait voté 3.441 francs pour l'entretien des routes stratégiques à livrer au public en 1836. La commission, considérant que ces routes stratégiques de l'Ouest ne peuvent être assimilées qu'à des routes royales créées dans un but d'intérêt général, celui de rendre impossible le retour des guerres civiles qui ont désolé ces contrées, il est raisonnable que le Gouvernement prenne à sa charge une dépense faite dans son intérêt… si on laissait encore à leur charge l'entretien de ces routes militaires ouvertes par une haute pensée politique, la pacification du pays…"

Numérotation des routes stratégiques dans le département :

 

Yves Meignan

 

 

 

Je suis revenue dans ma commune...

"Dénichée dans une brocante, cette plaque a été sauvée de la casse et a retrouvé son village d'origine.
Je suppose qu'elle a une longue et grande histoire à nous raconter, que nous ne connaîtrons jamais.
C'est bien dommage, après ce long voyage qu'elle a parcouru toute seule.
Je sais qu'elle a eu chaud durant plusieurs années, servant de plaque de cheminée, mais le principal est qu'elle soit de retour.
Après quelques heures de restauration, elle nous dévoile son secret : ses inscriptions !

 

 

Fixée par 4 tire-fond, elle était très sûrement située route de Beaupréau, sur la façade de cette maison, à gauche (?) :

 

 

Plaque en fonte de 800 X 400, elle doit dater des alentours de 1860, peut-être avant, et a dû être démontée lorsque Saint Léger des Bois (ou Saint Léger du May) est devenu Saint Léger sous Cholet en 1888.
On remarquera que la départementale Cholet-St Florent avait à l'époque le numéro 13. Aujourd'hui, elle porte le n° 752.
Voilà une histoire qui se termine bien."

Daniel Guyon - octobre 2004

 

 

 

 

le bourg (avant 1863)

la commune (depuis 1863)

la carte de Cassini - le cadastre

les moulins à vent

la métairie de la Croix

le chemin de la Vacherie

le manoir du Landreau

le dernier seigneur du Pontreau

les chemins de la mémoire

les voies de communication dans la commune

le chemin de fer d'intérêt local

la route n°11 de de Beaupréau à Cholet

a-t-on voulu punir Beaupréau ?

le général Tharreau

 

 

Merci de fermer l'agrandissement sinon.

 

 

 

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