Pendant
une longue période de plus d'un demi-siècle, de 1789
à 1857, les 2 principales villes des Mauges ont
été rivales pour obtenir ou rester
sous-préfecture, mais également le siège de
diverses administrations importantes comme les contributions
indirectes, les tribunaux, les prisons, les grandes
écoles.
Le 29 janvier 1790, Pierre Lecoq, 1er maire de
Cholet, avait obtenu pour sa ville le siège du chef lieu de
district, tout en demandant qu'y soit installée une cour de
justice royale. Le 14 juin de la même année, le
curé Davy, curé de Saint Philbert en Mauges, inaugurait
et présidait dans la salle des Cordeliers la première
assemblée électorale du district. C'est ce même
curé Davy qui avait reçu mission de
l'évêque, en compagnie du vieux curé Guy
René Tharreau, de Maulévrier, de délimiter les
compétences territoriales du May, Bégrolles et Saint
Léger. C'est le ruisseau du Gué Briant qui devait
délimiter ces territoires (1).
(1) D'après Célestin Port, le
"Gué Briand" est le nom local du Beuvron qui forme la limite
avec le May, et l'Epinette qui limite Saint Léger de la
Séguinière.
Cholet, qui comptait alors 9 000 habitants,
devenu district, regroupait 9 cantons (Montfaucon, Le Longeron, Saint
Macaire, Le May, Chemillé, Trémentines,
Maulévrier, Gesté et Roussay). Ce vaste territoire
comptait, avec Cholet, près de 55 000 habitants.
Le 29 mars 1791, le district de Cholet
présentait un projet modifiant les circonscriptions
ecclésiastiques. Y étaient supprimées les
paroisses de Saint Pierre de Cholet, Saint Melaine, Saint Gilles,
Notre Dame et Saint Pierre de Chemillé. Etaient
érigés en paroisses La Chapelle Rousselin, Toutlemonde,
en succursales Bégrolles et Saint Georges des Gardes, et en
simples oratoires Saint Léger et la
Jubaudière.
Par son importance, sa population, ses
industries, Cholet devait logiquement devenir le siège de la
sous-préfecture, et non Beaupréau qui ne comptait que
600 habitants. La Révolution a dépeuplé et
réduit en ruines ces deux villes. Le tribunal fut
transféré à Beaupréau en l'an 3, le
district en l'an 8 avec tous les services administratifs et
judiciaires.
"Napoléon s'est trompé."
C'est ce qu'affirma un orateur lors de la session du Conseil
Général de 1839 : "Il s'est trompé sur
Beaupréau comme il s'est trompé sur le reste de la
Vendée et sur la ville qui porta son nom et qui, elle aussi,
est restée stationnaire malgré les millions
dépensés pour la créer." (2)
(2) La Roche-sur-Yon : ville
napoléonienne dont le nom est source de querelles au
gré des changements politiques du XIXe siècle : elle
est débaptisée et rebaptisée à 8 reprises
: Napoléon, Bourbon-Vendée,
Napoléon-Vendée.... Elle reprend son nom d'origine La
Roche-sur-Yon en 1870.
En érigeant Beaupréau en
chef-lieu d'arrondissement, Napoléon a-t-il voulu appliquer
une tactique politique personnelle consistant à implanter ses
administrations en milieu hostile, dans un but de surveillance et de
pacification ? C'est une question qui reste posée. En effet,
rien ne prédisposait Beaupréau à devenir le
siège du chef-lieu d'arrondissement, sauf sa position
géographique au centre de ce territoire.
Les années qui ont suivi ont vu
s'affronter les deux tendances opposées, l'une désirant
le transfert des administrations à Cholet, l'autre leur
maintien à Beaupréau, tout en développant leurs
propres arguments.
Malgré le ton relativement posé
des comptes-rendus de réunion dont on sait qu'ils ne relatent
pas toujours l'exacte vérité, on peut penser que les
discussions devaient être animées au conseil
d'arrondissement ou au Conseil Général. En voici
quelques exemples :
Un orateur lors de la session du Conseil
Général de 1831, expose : "Il ne s'agit point de
punir Beaupréau pour la raison qu'il recèle des
bandits, des brigands. Sa population excellente et
hospitalière n'est point coupable. C'est uniquement une
question d'intérêt public. La centralité ne peut
influer en faveur de Beaupréau. Il faut donner à
Beaupréau et à ses cantons voisins qui manquent d'une
population capable de résistance des moyens d'empêcher
les rassemblements qui troublent la paix publique. Il faut dans ce
pays pendant plusieurs années un assez grand nombre de troupes
pour neutraliser les efforts du despotisme et du fanatisme, et
Beaupréau ne peut loger la force armée si elle conserve
sa sous-préfecture et son tribunal. Si la centralité
doit être un motif de détermination, c'est surtout pour
le placement de la force armée absolument nécessaire
à Beaupréau et dans ses cantons voisins. L'exemple et
les conseils de cette puissance protectrice opéreraient la
régénération politique de cette portion du
royaume ; alors il n'y aurait plus de brigands, il n'y aurait plus de
Vendée, il n'y aurait plus de conscrits réfractaires,
et par les voies légales l'ordre public serait maintenu sans
qu'il fût besoin de désarmement, de contribution
pénale et de mesures destructives."
Beaupréau -
1903

Beaupréau -
1912
Des mesures d'ordre telles que celles
prescrites ci-dessus ont effectivement été prises lors
de périodes troublées. Le détachement
fréquent de troupes et le stationnement des forces de
gendarmerie mobile sont fréquents dans les communes qui ont la
charge des dépenses occasionnées. Pour faire face
à ces dépenses, passées et à venir, le
maire du May doit avoir recours à des centimes extraordinaires
aux contributions foncières et immobilières.
Les années suivantes (1832-1833) voient
revenir le calme dans l'arrondissement. La situation
économique est meilleure dans le département,
d'après le rapport du préfet du 31 juillet 1833. Les
travaux ont repris partout, et parfois on manque de bras. Les
fabriques de Cholet sont tellement occupées que la valeur de
leurs produits s'est accrue de plus d'un cinquième depuis un
an. Malgré l'élévation du prix de la main
d'uvre, les ouvriers sont rares. Le commerce des bestiaux est
dans un état florissant et les éleveurs ont des
bénéfices satisfaisants. Les travaux de construction
ont repris une grande activité et languissent dans certains
endroits, faute d'ouvriers.
Par contre, la récolte de
céréales est médiocre en raison de la
sécheresse, celle des chanvres aussi. Les vendanges
s'annoncent abondantes, et l'on s'inquiète de l'insuffisance
des vaisseaux pour la contenir.
La chouannerie est presque éteinte. Les
individus qui, en petit nombre, parcourent encore le pays sont sans
armes et bornent leurs exploits à maltraiter quelques
personnes dont ils croient avoir à se plaindre. Environ 40
réfractaires se cachent encore, mais la nature du pays rend
leur capture extrêmement difficile.
Une nouvelle fois est relancée la
question du transfert des administrations. En raison de la reprise de
l'activité à Cholet, notamment industrielle et
commerciale, on a jugé utile d'y installer le tribunal de
commerce, et le collège électoral y tient ses
séances.
Une nouvelle fois (1833), un orateur expose au
conseil général les raisons qui, à son avis,
doivent favoriser la ville de Cholet : "Les abords de Cholet sont
plus faciles et plus sûrs que ceux de Beaupréau.
Beaupréau n'a point de palais pour le tribunal, M. de Civrac
prétend que le local actuel lui appartient. Cholet offre un
tribunal civil, la jouissance alternative du prétoire de
commerce. Les bâtiments de la sous-préfecture de
Beaupréau seront transformés en caserne. A Cholet,
l'administration et la justice recouvreront toute leur liberté
d'action et pourront faire exécuter les ordres et les
jugements avec promptitude et fidélité.
La translation de la sous-préfecture et du tribunal à
Cholet n'est plus seulement une mesure de convenance mais elle est
devenue une nécessité dictée par les
circonstances politiques. La sous-préfecture ne peut
administrer, les magistrats ne peuvent juger sous l'influence des
balles vendéennes !"
Le rapport sur les prisons établi en
Germinal an 9 (1800) démontre l'état déplorable
de ces établissements et les conditions inhumaines de
détention des prisonniers. : "Les prisons ne servent pas
seulement à la détention des criminels, on y renferme
aussi les prévenus de simples délits, les
débiteurs et les militaires qui se sont écartés
de leur devoir. L'intérêt exige que les prisons soient
sûres, exemptes de tout ce qui peut blesser la décence
ou corrompre les murs. Les détenus devraient y jouir
d'un air pur et de commodités.
De toutes les prisons du département, aucune ne réunit
les avantages de la sûreté et de la salubrité.
Elles sont trop petites, les prisonniers des deux sexes y sont
confondus, l'air y est malsain et leur santé s'y
altère. Ils n'en sortent qu'avec des murs encore plus
corrompues. Les besoins en réparations sont urgents pour
qu'ils ne puissent s'en échapper et qu'ils soient à
l'abri des intempéries."
La prison de Beaupréau présente
le même tableau affligeant, la disposition des locaux est dite
"vicieuse" et très incommode. Il est vivement demandé
d'en changer ou d'en construire une autre. Et déjà est
évoquée l'éventualité d'une
translation
à Cholet. La seule amélioration
notable remarquée est l'attribution d'une somme de 250 francs
par le Conseil Général pour concourir à
l'uvre de bienfaisance de Mme la Dauphine pour l'appropriation
d'une chapelle à l'usage des prisonniers.
En 1835, il faut bien constater que rien n'a
changé et le Conseil d'Arrondissement de Beaupréau
décide de construire une nouvelle prison dans sa ville. Il est
admis maintenant que la prison actuelle est une
propriété privée, dont l'expulsion peut
intervenir à tout moment. Une demande de subvention est
formulée mais, faute d'argent, la construction est
ajournée.
1838 - La crainte toujours possible de perdre
sa prison incite le Conseil Municipal de Beaupréau à
rechercher la possibilité de construire de nouveaux
bâtiments. Il offre pour cela de céder au
département à titre gratuit un emplacement pour y
édifier ces constructions neuves. Si le terrain est
disponible, le Conseil d'Arrondissement n'a pas les moyens financiers
de ce projet et demande au Conseil Général d'en avancer
les fonds. Les finances du département ne permettent pas cette
dépense et le projet est ajourné.
En outre, la commission qui en est
chargée met le préfet en garde contre l'acceptation de
ce terrain proposé : il romprait le statu quo et semblerait
prendre parti dans la querelle qui oppose les villes de Cholet et
Beaupréau. En effet, des démarches sont en cours avec
le gouvernement et une décision est attendue avec impatience
par le Conseil Général.
Dans l'attente d'une solution, il faut accepter
de faire les réparations indispensables afin de
prévenir l'évasion des prisonniers.
Cholet - porte de la
prison
Le tribunal de Beaupréau était
situé dans l'ancienne collégiale Sainte Croix.
C'était avant la Révolution une chapelle fondée
par les seigneurs de Beaupréau et dépendante du
château, où des chanoines y faisaient un office
journalier. Elle est réclamée par M. de Civrac comme sa
propriété. Il n'est donc pas question pour le conseil
d'arrondissement et pour le conseil général d'engager
des travaux dans ce bâtiment tant que le propriétaire ne
sera pas clairement défini. Il est là encore
envisagé de rechercher un bâtiment plus adapté
aux fonctions de tribunal et de prison. De plus, vers 1815, à
la suite du changement de gouvernement, il apparaît que, par
mesure d'économie et de modernisation des administrations, de
nombreux tribunaux doivent être supprimés ou
déplacés.
En outre, selon une opinion émise parmi
les magistrats eux-mêmes, ces derniers souhaitent
éloigner le plus possible le tribunal des justiciables, pour
leur enlever le désir de plaider sans raisons toujours bien
valables, en leur imposant par l'éloignement des frais de
déplacement.
Beaupréau - la place du
marché et l'ancien tribunal
Le 1er décembre 1807, le Conseil
Municipal de Cholet demande que soit installé dans sa ville le
tribunal de commerce. Il expose que cet établissement a toute
sa place à Cholet, centre important de commerces et de
manufactures de mouchoirs, toiles, linons, bazins, draps de coton,
coutils, percales, calicots et taffetas. Ainsi la ville de Cholet
remplit toutes les conditions exigées par le code du commerce,
et obtiendra satisfaction quelques années plus tard
(décret impérial du 6 octobre 1809 concernant
l'organisation des tribunaux de commerce).
Dans sa délibération du 18
août 1836, le Conseil Municipal de Cholet prie de nouveau le
Conseil Général pour que le tribunal civil soit
transféré à Cholet, et sollicite le gouvernement
pour que dans la prochaine session des chambres, il soit pris un acte
législatif qui ordonne la translation.
1839 - L'administration supérieure a eu
à examiner en 1832 un projet tendant à
transférer à Cholet le chef-lieu d'arrondissement. A la
suite d'une instruction complète et régulière,
deux décisions ministérielles, du 20 octobre 1832 et 2
décembre 1833, ont rejeté ce projet.
A la suite de ces décisions, si le
projet a paru définitivement abandonné, une demande
subsidiaire a été plusieurs fois adressée au
gouvernement, à l'effet d'obtenir qu'à défaut du
chef-lieu administratif, le tribunal de première instance
fût au moins transféré à
Cholet.
Presque chaque année, le Conseil
Général eut à s'occuper, soit principalement,
soit subsidiairement, de cette demande et à prendre, dans la
limite de ses compétences, des délibérations
à ce sujet.
Les institutions publiques ne peuvent exercer
leur influence qu'autant qu'elles sont secondées par le pays
où elles sont placées. La ville de Cholet réunit
toutes les conditions désirables pour posséder le
tribunal civil. Elle est la 3e ville du département et la
seule qui ait une grande importance dans l'arrondissement. Sa
population est de 7 000 âmes et il faut ajouter la population
de ses fabriques. Elle est déjà pourvue d'un
collège, d'un tribunal de commerce et ses hommes de loi, elle
est le centre d'affaires commerciales et civiles. Le tribunal civil y
serait dont bien placé.
Pour preuve que sa ville est prête
à accueillir le tribunal, le Conseil Municipal de Cholet offre
de mettre à la disposition de cette juridiction 6 jours par
semaine la salle où siège le tribunal de commerce, avec
les chambres accessoires du conseil et du greffe. De plus, il accepte
de pourvoir aux dépenses de construction d'un prétoire
et des prisons nécessaires, en soulignant que c'est du canton
de Cholet que proviennent les deux tiers des affaires traitées
par le tribunal de Beaupréau, faisant remarquer en même
temps que Cholet est déjà le siège de
l'entrepôt des tabacs et du bureau des Ponts et
Chaussées.
En 1845, les tisserands sont en grève et
causent des émeutes et des désordres. De nouveau, le
maire et son conseil demandent le transfert du tribunal pour avoir
les magistrats sur place et juger rapidement les fauteurs de
troubles.
Dès 1862, le projet de construction d'un
tribunal et d'une prison présenté par l'architecte
départemental Paul Jumelin est accepté. C'est le 13
avril 1864 que la décision est prise d'implanter ces
édifices à l'emplacement laissé libre par la
destruction du château. Le tribunal s'élève
à l'emplacement de la cour d'honneur du château et la
prison qui y faisait suite était édifiée sur les
fondations de l'ancien rempart.

Cholet - le Palais de
Justice
les contributions
indirectes
|
Une demande globale de translation de toutes
les administrations de Beaupréau à Cholet ayant
été repoussée, le maire de Cholet et son conseil
décidèrent d'agir au cas par cas, ce qui devait
s'avérer plus judicieux et plus efficace.
Un orateur, favorable à cette mesure,
déclare au cours d'une séance du conseil
général : "Il ne s'agit point de punir
Beaupréau pour la raison qu'il recèle des bandits, des
brigands. Sa population excellente et hospitalière n'est pas
coupable. C'est uniquement une question d'intérêt
public. Les registres de l'état civil, les caisses publiques
seraient bien plus en sûreté à Cholet, ville de 8
000 habitants que dans Beaupréau qui n'en a que cinq à
six cents et qui, ouverte de tous côtés, ne
présente aucun moyen de résistance."
Un premier transfert d'administration en 1829
surprend tout le monde : c'est sans concertation ni consultation
préalables que la direction des contributions indirectes est
transférée de Beaupréau à Cholet,
à la stupéfaction générale. Le Conseil
d'Arrondissement, le Conseil Général, les
autorités réagissent vivement et réclament la
révocation de cette mesure qui, selon eux, est un acte de
faiblesse si l'on a cédé à des exigences de
parti, et qui porte atteinte au principe d'unité dans la
direction des services publics.
Cette mesure a-t-elle été prise
dans l'urgence et dans la crainte de voir enlevée la recette
de cette administration comme ce fut le cas à Coron et dans le
Segréen ?
Beaupréau -
1914

Beaupréau -
1918
L'administration supérieure a eu
à examiner en 1832 un projet tendant à
transférer à Cholet le chef-lieu d'arrondissement de
Beaupréau. A la suite d'une instruction complète et
régulière, deux décisions ministérielles
du 20 octobre 1832 et 2 décembre 1833, ont rejeté ce
projet.
A la suite de ces décisions, si ce
projet a paru définitivement abandonné, une demande
subsidiaire a été plusieurs fois adressée au
Gouvernement à l'effet d'obtenir qu'à défaut du
chef-lieu administratif, le tribunal de première instance
fût au moins transféré à
Cholet.
Presque chaque année, le conseil
général eu à s'occuper, soit principalement,
soit subsidiairement de cette demande et à prendre, dans la
limite de ses compétences, des délibérations
à ce sujet.
1839 - Dans ces circonstances, le Garde des
Sceaux a informé le Ministre de l'intérieur qu'il lui
paraissait important de donner à cette affaire d'une nature
fort grave une solution définitive et demande au Conseil
Général de donner une dernière fois un avis
motivé afin d'en apprécier les avantages, ainsi que les
inconvénients.
Le débat qui s'est engagé alors a
vu les partisans du maintien et ceux du transfert exposer longuement
leurs arguments. Ces arguments sont toujours un peu les mêmes
à chaque séance, mais renouvelés et longuement
développés.
Pour Beaupréau, l'on fait ressortir
l'antériorité du siège des administrations, la
position centrale de la ville au sein de l'arrondissement, le calme
qui règne maintenant dans les Mauges, l'accès
facilité par de nouvelles routes, l'habitude prise par les
administrés de venir à Beaupréau y régler
leurs affaires.
Sollicitées par le préfet, les
communes sont invitées à donner leur avis sur la
question du transfert des administrations de Beaupréau
à Cholet. Il en ressort que 52 communes sur les 75
interrogées sont opposées à ce
projet.
Tout en exposant les mêmes arguments
connus et favorables au maintien du statu quo, le maire du May et son
conseil, par 7 voix contre 2, s'opposent à la translation
envisagée. Dans cette délibération en
séance extraordinaire du conseil municipal du May du 10 mai
1832, il est précisé en outre "que dans
l'intérêt de la civilisation et de l'émancipation
morale et politique du pays, le siège de la
sous-préfecture et du tribunal doivent évidemment
être conservés à Beaupréau, centre de la
contrée la plus arriérée." (sic)
Le recrutement des conscrits s'y opère
sans difficultés, les contributions sont payées, les
lois partout exécutées. Par contre, on convient que
l'existence à Beaupréau est monotone, que les
magistrats et fonctionnaires en souffrent, malgré la
qualité et la distinction de ces personnels.
Pour Cholet, les nouvelles routes et la
facilité des communications qui en découle font
disparaître en grande partie les inconvénients de sa
position en limite de l'arrondissement. Puis on ne manque pas de
souligner à nouveau que Beaupréau n'est autre qu'un
bourg dont la population ne dépasse pas 800 habitants, dans
lequel personne ne veut et ne peut demeurer. Magistrats,
avoués, gens d'affaires, tous se plaignent de cette
résidence, certains refusant de rejoindre leur poste qui reste
vacant plusieurs mois. Cette ville est-elle de nature à se
développer, à s'accroître, on soutient que
non. Depuis 40 ans, depuis même que sont construites de
nouvelles routes, elle n'a pas fait le moindre progrès. Aucun
établissement ne s'est élevé en son sein, elle a
perdu ceux qu'elle possédait, l'école des arts par
exemple. Il est évidemment qu'elle n'a pas
d'éléments d'accroissement.
Depuis 47 ans, toutes les fois que le
gouvernement a éprouvé des embarras, il y a eu
insurrection dans la Vendée. Cette insurrection s'est
fomentée en partie aux environs de Beaupréau. On
accorde que la guerre civile n'y est plus possible, mais la
chouannerie et ses suites pourront-elles être
évitées dans des temps malheureux ? Or, à la
moindre apparence de troubles, la ville de Beaupréau cesse
aussitôt d'être sûre, les communications sont
interceptées. On ne peut y appeler de témoins, y
conduire ni y retenir aucun prévenu politique, l'action de la
justice s'y trouve paralysée.
Le 29 février 1848, le Conseil Municipal
de Cholet adresse une nouvelle demande au gouvernement provisoire de
la République. Puis M. Cailly, maire, et son adjoint M. Loyer,
se rendent à Paris comme délégués de la
ville de Cholet afin d'obtenir la translation tant
désirée. Cette démarche a-t-elle porté
ses fruits ? Toujours est-il que, par arrêté du 12 mars
suivant, M. Bordillon, commissaire du Gouvernement républicain
dans le département de Maine et Loire, prescrit le transfert
immédiat du chef-lieu d'arrondissement de Beaupréau
à Cholet et la centralisation de tous les services
administratifs, judiciaires, financiers et militaires au nouveau
chef-lieu d'arrondissement de Cholet.
Les évènements politiques de juin
1848 ne permettront pas l'application de cet arrêté et
la situation restera inchangée.
En décembre 1851, le vote favorable de
Cholet lors du plébiscite incite le maire M. Boutillier Saint
André et son Conseil Municipal à adresser ses
félicitations au président de la République
Louis Napoléon.
En définitive, les démarches
pressantes et répétées du maire de Cholet, le
rapport de MM. Richard et Gélusseau (1853), mais aussi, dit-on
alors, le succès du comte de Civrac aux élections
législatives, confirmant l'opposition de Beaupréau au
gouvernement, vont finalement aboutir au transfert tant
attendu.
Le 14 novembre 1857, sur proposition du
préfet, le maire de Cholet Gustave Richard et son Conseil
Municipal s'engagent à prendre à leur charge tous les
frais occasionnés par le transfert de la
sous-préfecture de Beaupréau à
Cholet.
Le décret impérial du 16 novembre
1857 va officialiser cette décision. Le 27 novembre suivant,
M. Gélusseau donne lecture du décret impérial au
Conseil Municipal qui, aussitôt, dans la
délibération qui suit, et dans les termes
élogieux employés à cette époque,
remercie et exprime au nom de la population choletaise
"l'expression de sa reconnaissance et de son
dévouement."
Le 9 décembre de la même
année, la ville de Cholet achète pour 78 000 francs la
maison de Mme veuve Peltier pour servir d'hôtel de la
sous-préfecture. C'est un ancien hôtel particulier du
faubourg du Bretonnais ayant appartenu à François
Tharreau, composé de 2 étages en tuffeau, avec terrasse
dominant le jardin, et de 2 pavillons d'entrée et
dépendances encadrant la cour d'honneur fermée par une
grille.
Les dépenses occasionnées par cet
achat, les travaux de réfection et d'entretien grèvent
le budget de la ville. C'est pourquoi, en 1862, le Conseil Municipal
de Cholet propose de céder au Département le
bâtiment occupé par la sous-préfecture, ainsi que
les dépendances. Le Conseil Général est d'avis
d'accepter cette offre, mais sans aucune compensation, à
charge pour la ville de Cholet de terminer les travaux qui sont en
cours et d'y joindre un petit terrain appartenant à Mme
Peltier.
Yves Meignan
Sources :
- Archives du Conseil
Général de Maine et Loire
- Archives municipales de
Cholet
- Bulletin de la SLA année
1953
- 20 siècles d'histoire de
Cholet
- Vendée Angevine
(Célestin Port)
- Anjou Historique
- Cahiers des
Mauges
le bourg (avant
1863)
|
|
la commune (depuis
1863)
|
|
la carte de Cassini - le cadastre
|
|
les moulins à
vent
|
|
la métairie de la
Croix
|
|
le chemin de la
Vacherie
|
|
le manoir du
Landreau
|
|
le dernier seigneur du
Pontreau
|
|
les chemins de la
mémoire
|
|
les voies de communication dans la
commune
|
|
le chemin de fer
d'intérêt local
|
|
la route n°11 de de
Beaupréau à Cholet
|
|
a-t-on voulu punir Beaupréau
?
|
|
le général
Tharreau
|
|
Merci
de fermer l'agrandissement sinon.
https://www.stleger.info