"Au
13° siècle, l'abbaye d'Orval obtint un tiers de
la dîme de Saint-Léger. C'est sans doute
à cette époque qu'elle acquit une partie du
moulin banal situé à l'emplacement du
bâtiment appartenant actuellement à Eric Bouvy.
Lors de la constitution du
cadastre de 1766, l'abbé et les religieux d'Orval
déclarèrent le possession de onze
seizièmes du moulin banal de Saint-Léger, les
cinq seizièmes restants appartenant au domaine de sa
Majesté l'impératrice
Marie-Thérèse. C'est pour cela que
l'adjudication pour le bail à ferme était
faite par les officiers de la gruerie d'Arlon.
Ce moulin banal se composait d'un moulin à eau avec
un logement pour le meunier, de petites écuries et
d'une scierie adjacente.
le
moulin du Marache vers 1903
A l'époque
française, le gouvernement mit en vente les biens
ecclésiastiques.
C'est le 16 nivôse an V, c'est à dire le 6
décembre 1796, que les onze seizièmes du
moulin "ci-devant banal" de Saint-Léger que
possédait l'abbaye d'Orval furent vendus et
adjugés au citoyen Beuvière de Charleville
pour la somme de huit mille francs. La part du gouvernement
autrichien avait déjà été
achetée par le meunier, François Musquin.
Ce moulin, couvert d'ardoises, comportait quatre places au
premier étage, c'est à dire une cuisine, un
poêle et deux chambres, non compris une cave, une
dépense et l'emplacement de deux tournants. La
scierie adjacente, avec ses outils, appartenait
dèjà au meunier qui avait ajouté,
construites sur son propre terrain, une bûcherie et
une chambre à four. Ces derniers bâtiments
étaient couverts de pierres plates.
Quelques années plus
tard, le moulin du Marache fut acheté par
Pierre-François Vériter, meunier et brasseur.
Celui-ci, né à Sivry, mais venu tout jeune
à Saint-Léger, où naquirent ses
frères et soeurs, possédait aussi la brasserie
voisine, située au bas de la ruelle qui descend de
l'arcade. Ce bâtiment, aujourd'hui disparu, a eu comme
derniers propriétaires les époux André
Robert et Rosa Clément. Mais avant 1832
Pierre-François Vériter avait vendu ses usines
de Saint-Léger pour acheter une ferme à Fratin
où il est mort en 1840.
Le moulin du Marache fut
acquis par Jean-Joseph Pierron qui ajouta une huilerie
à son usine.
Mis en vente en 1857, ce moulin fut acheté par
Jean-Baptiste Clément, dont les frères avaient
construit en 1848 un autre moulin au Pachy sur la route de
Virton. Jean-Baptiste Clément avait d'abord
exploité une auberge qu'il avait vendue en 1854, pour
louer à la veuve Gillet les bâtiments de la
Demoiselle, qui avaient abrité pendant quatre ans la
faïencerie Fossion. Il y avait installé un
moulin à farine, une huilerie et une foulerie. Mais
il avait trois fils ; deux de ceux-ci exercèrent
aussi le métier de meunier : Gaspard au Marache et
Jacques à la Demoiselle. Gaspard abandonna la
profession de meunier pour celle de cultivateur et les
bâtiments du Marache furent vendus à Joseph
Bruon qui conserva la scierie mais n'exploita plus le moulin
et installa un atelier mécanique. Quant à
Jacques Clément, il hérita du moulin de la rue
de Virton construit par ses oncles, le moulin de la
Demoiselle ayant été acheté par
Théophile Péchon.
En 1913, Joseph Bruon quitta
Saint-Léger avec sa famille pour s'établir en
France. Jules Reizer acheta les bâtiments et
remplaça l'atelier de mécanique par un atelier
de menuiserie et un magasin de meubles. Il installa un
nouveau haut-fer dans la scierie. Il produisit aussi de
l'électricité pour le village pendant quelques
années, jusqu'en 1923.
Après la guerre de
1940, c'est son fils Robert Reizer et son gendre René
Guelff qui continuèrent à exploiter la
scierie. Jusqu'en 1956, celle-ci fut activée par
l'eau du canal, ensuite ce fut par un moteur
électrique. Après le décès de
son beau-frère, Robert Reizer continua à
travailler à la scierie jusqu'en 1984.
Cette
année-là, les bâtiments furent
achetés par Eric Bouvy. Ce dernier utilisa encore la
scierie du Marache jusqu'en janvier 1988 avant de
transférer cette activité dans de nouvelles
installations à la rue d'Arlon. Aujourd'hui, l'ancien
moulin du Marache abrite son atelier de menuiserie.
Source : Julien
Rongvaux in "Le Gletton, mensuel de la Gaume et d'autres
collines" - n° 280-281 - juillet/août
1999