le
"château"
"A
côté de la maison communale, une ruelle conduit
au "château". Celui- ci est constitué d'un
ensemble architectural de logis et dépendances
agricoles des XVIIIe et XIXe s., agencé autour d'une
cour fermée et rectangulaire. On
pénètre dans la cour par un passage charretier
à arcades surbaissées. A l'intérieur de
ce passage est visible une porte à linteau droit et
arc en plein cintre à clé.
Dans son ouvrage sur "Les
anciennes usines sidérurgiques de
Saint-Léger", Marcel Bourguignon éclaire un
peu notre lanterne sur les origines de cette maison forte.
"Maximilien-François-Alexandre Demanet contracta
mariage en la chapelle domestique du Châtelet
(Habay-la-Neuve), le 22 février 1700, avec
Marie-Josèphe de Bruneau. En 1708, Guillaume-Mathias
van Beul vendit à Maximilien-François Demanet,
vicomte d'Ahérée, seigneur des deux Gruneries,
et à Marie-Josèphe Bruneau, sa femme, le fief
au village de Saint-Léger comportant maison, grange,
écuries, basse-cour, enclos, jardins, terres,
prés, terrage et revenus pour le prix de 2.000
patagons (...)
(...) Ils firent bientôt valoir d'autres
prétentions et revendiquèrent la haute,
moyenne et basse justice sur tout le village. Le duc
d'Anjou, qui exerçait alors la souveraineté
sur le pays, leur accorda satisfaction moyennant 1900
écus en 1708, mais à titre d'engagère
seulement comme le montre l'acte de mise en possession
établi le 2 mai 1709 (...)
(...) François-Alexandre prit désormais le
titre de seigneur de Saint-Léger. Il fixa sa
résidence au village et c'est à lui que l'on
doit la construction du "château". Au vrai,
c'était un simple manoir avec ferme, entouré
d'un assez grand jardin où l'on a construit depuis
l'école et la maison communale. La famille Demanet,
qui ne tarda pas à être fort nombreuse, s'y
installa et y vécut, comme on dit, noblement,
c'est-à-dire sans travailler manuellement et en
s'instituant bienfaitrice de la paroisse.
Le titre de vicomte d 'Ahérée fut reconnu
à Maximilien-François-Alexandre par lettres
patentes du 30 juillet 1712. On lui donna désormais
les pompeuses qualifications d'écuyer, vicomte
d'Ahérée, seigneur haut, moyen et bas
justicier des deux Gruneries et de Saint-Léger. Elles
ont, sur le papier, très belle apparence, mais
dissimulent à peine une vie pénible et
besogneuse. Si les notaires et les cours de justice se
montrèrent complaisants, le curé du village,
enregistrant les actes de baptême, mariage et
décès des membres de la famille, n'accepte
jamais d'inscrire le titre de seigneur de Saint-Léger
(...)
(...) Maximilien-François-Alexandre se montra, du
reste, un industriel particulièrement diligent,
s'occupant personnellement de la direction de ses usines,
fréquentant les ventes de bois et assistant aux
adjudications, ce que ne faisait de son temps aucun autre
propriétaire de forges. La sidérurgie
connaissait alors une période de
prospérité : on pouvait s'en remettre à
des collaborateurs et se contenter de percevoir les
bénéfices de l'exploitation (...)
(...) Cette vie active, que compliquaient les procès
qu'il eut à soutenir sans cesse contre les habitants
du village, ne lui permit pas d'atteindre un âge
avancé. Il mourut à Saint-Léger, le 5
juillet 1743 (...)
(...) Maximilien-François-Alexandre avait joint dans
les derniers temps à tous ses autres titres, celui de
seigneur de la Locquerie, fief dont la situation
géographique m'est inconnue, mais qui n'était
pas luxembourgeois. Il usait volontiers de son cachet aux
armes ci-après : de gueules au lion d'or
lampassé et couronné d'azur à la
bordure d'argent chargée de huit flammes d'or;
supports : deux lions d'or."
Les classes maternelles et
primaires occupaient une grande partie de la maison
communale. Je garde de nombreux souvenirs de cette
époque. Un jour, il faudra les sortir de ma
tête pour les faire revivre. Le plus intense, c'est
celui de la fenaison. En juin, les charrettes
chargées de foin passaient en crissant devant
l'école. Le parfum des herbes séchées
montait et pénétrait dans la classe par les
fenêtres basculées. Cette odeur m'enivrait :
elle était promesse de deux longs mois de vacances,
de liberté. Bientôt, champs et bois seraient
à nous !"
Source : Joseph
Collignon in "Le Gletton, mensuel de la Gaume et d'autres
collines" - juillet/août 1999
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