Le
13 mars 1828, "Claudine CORZET
profession de cultivatrice,
âgée de soixante dix ans
est
décédée ce jour d'hier, heure de dix du matin,
dans son domicile situé au lieu de La Garde."
le Hameau de La Garde,
à St Léger sous la Bussière, en 2003
"Dès le trépas survenu,
on allait prévenir le sonneur qu'en Mâconnais on appelle
toujours le marguillier.
Celui-ci annonçait la mort du défunt par la sonnerie
des cloches.
Dans la plupart des paroisse, on sonne différemment pour un
homme, une femme ou un enfant.
A cette sonnerie, les paysans s'arrêtent, souvent l'air
impressionné, et disent d'un ton grave : "Il y a de la
mort"
Dans le Clunisois, on tintait la cloche huit fois pour un homme et
neuf fois pour une femme.
On affirmait, lorsqu'on en demandait la raison, que c'était
parce que la femme avait une côte de plus que l'homme, Dieu en
ayant enlevé une à Adam pour créer
Eve." (1)
"Claudine CORZET", ainsi que
l'orthographie l'acte d'état civil, est déclarée
"fille légitime des défunts Claude CORZET et Antoinette
BRIDET, à leur décès meuniers à
Propières
veuve de Claude VALENTIN."
Les erreurs sont nombreuses : il
faut, bien sûr, lire CORGIER pour le nom de famille.
Bien souvent, les actes d'état
civil sont rédigés "phonétiquement" par des
personnes ne maîtrisant que très peu les rudiments de
l'écriture.
Ainsi, les noms de famille se trouvent parfois bien changés,
et la famille n'est pas en mesure de corriger puisque, ne sachant ni
lire ni écrire, elle se fie à la lecture faite avant
les signatures !
Il est vrai que les parents de
Claudine CORGIER étaient meuniers à Propières,
en Haut Beaujolais.
Mais c'était il y a plus de cinquante ans "sous l'Ancien
Régime."
Les enfants de la défunte se trompent de prénom pour
leur grand-père qu'ils n'ont pas connu : Claude (l'oncle de
Claudine) au lieu d'Antoine
et leur grand-mère
était une BRIDAY, originaire de St Igny de Vers.
Ce sont les 2 garçons de
Claudine, Jean-Pierre et Jean-Benoît, qui déclarent le
décès en mairie.
Tous deux résident à La Garde.
Ils signent l'acte avec Jean PHILIBERT, maire du village.
Décédée "munie
des sacrements de l'Eglise, âgée d'environ quatre-vingt
ans", les funérailles de "Claudine CORGER" ont lieu le 13 mars
"en présence de Jean-Pierre VALENTIN son fils et de
Léger BERTOUT, beau-fils de la défunte " (son gendre,
veuf depuis 1811 d'une autre Claudine VALENTIN).
Ils signent le "registre de catholicité".
Les autres enfants doivent être
présents, mais ne savent pas écrire.
Si Jean-Benoît avait été là, il aurait
probablement signé !
Claudine a survécu presque 7
ans à son mari Claude.
70 ans à la mairie, 80 ans à l'église !
Quel âge avait, à son décès, Claudine
VALENTIN ?
Elle naît le 3 février
1749, elle meurt donc à 79 ans passés, "dans sa
quatre-vingtième année."
C'est le curé qui a raison !
Michel
Guironnet
janvier 2002
(1) Gabriel JEANTON "Le
Mâconnais traditionaliste et populaire - Naissances, mariages,
sépultures" (1920)

|
vers St
Léger sous la Bussière
|
|
https://www.stleger.info