à St Léger sous la Bussière, entre 1804 et 1830 |
"L'
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Le tirage au sort est pratiqué
en application de la loi du 8 fructidor an XIII (26 août 1803)
: le chiffre global des conscrits est fixé par la loi, la
répartition est faite par commune. La date du tirage au sort est
fixée huit jours à l'avance, par voie d'affiche. "Il est jeté dans une urne
autant de bulletins qu'il y a de noms sur la liste
générale vérifiée ; ces bulletins portent
un numéro différent, en commençant par le
numéro 1. Suit l'épreuve de la mesure
à la toise (minimum 1mètre 60) et celle des
"infirmités" qui pourraient rendre inaptes les conscrits. Rappelons que la conscription,
dès l'origine, ne frappait que les garçons
célibataires.
Chez les VALENTIN, trois
garçons vont être "conscrits" : Jean-Benoît,
l'aîné, a 20 ans en 1798. Jean-Marie a 20 ans en 1801. Jean-Pierre a 20 ans en 1806, c'est
de lui dont il s'agit ici. Jean-Antoine, le dernier
garçon, a 20 ans en 1818
17 ans en 1815 à la
chute de l'Empire et la suppression de l'Armée
impériale. Pour le département de
Saône et Loire, c'est donc sur le canton de Tramayes qu'il faut
orienter nos recherches (2)
: Pour l'an XI (1802-1803) le tirage a
lieu le 8 décembre 1803. Sont recrutés pour
"l'armée active" ou "le dépôt" des jeunes de
Saint Léger, le domestique Claude DESROCHES (né le 5
août 1782) par exemple. Pour l'an XII (1803-1804) toujours
pas de VALENTIN. Pour l'an XIV (1805) et pour 1806,
pas de VALENTIN. Le contingent du canton est de "onze
hommes pour l'armée active, six hommes pour la
réserve"
Enfin, c'est dans le recrutement pour
1807 que nous retrouvons Jean-Pierre VALENTIN. Dans la case "observations" il est
précisé : "A été admis au tirage
quoiqu'il soit de l'année dernière". La désignation des conscrits
pour le canton de Tramayes (13 hommes pour l'active et 4 pour la
réserve) a lieu le 12 janvier 1807. Il semble bien que l'installation des
VALENTIN à St Léger sous la Bussière date de
début 1804
Toujours est il que Jean-Pierre
mesure 1m 625. Sur 78 conscrits recensés,
Jean-Pierre VALENTIN tire le n°9. Il demande "à être
visité (par l'officier de santé) pour mal de
jambes". En regard, sur le registre, on note
"Réformé".
Jean TULARD, dans "La vie quotidienne
des Français sous Napoléon" écrit : "Seule solution possible pour
échapper au service si l'on a tiré un mauvais
numéro et satisfait aux conditions physiques exigées :
le remplacement" Pendant 5 jours après les
opérations de tirage au sort, le conscrit peut substituer le
nom d'un réserviste au sien. Le remplacement est limité aux
conscrits d'un même canton et de la même
classe. "Un acte notarié est
généralement passé entre les parties
Après 1810, on a de grandes
difficultés à trouver des candidats remplaçants,
et les prix montent devant la prolongation des hostilités.
"Le remplacement introduisait une
autre injustice, celle de l'argent. Michel Guironnet (1) Nous empruntons ce titre au
chapitre XII de " La vie quotidienne des français sous
Napoléon " de Jean TULARD, ouvrage où nous avons
puisé l'essentiel des informations concernant la
conscription (2) Listes nominatives des conscrits
aux archives de Saône et Loire à Mâcon : R1 (an 8
à an 12) R2 (an 12 et an 13) R4 (an 14) R7 (1806) pour
l'arrondissement de Mâcon 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 vers St
Léger sous la Bussière
C'est de la conscription
qu'est née, après 1809,
la légende de l'Ogre.
Un ogre qui, tel le Minotaure de l'Antiquité, réclame
son contingent de jeunes hommes à
dévorer..."
Chaque maire dresse la liste des individus concernés
(garçons de 20 ans).
Une liste générale est établie pour chaque
canton, affichée dans tous les villages, où un registre
est ouvert pour les réclamations.
Il a lieu au chef lieu de canton (en l'occurrence Tramayes pour le
village de St Léger sous la Bussière) en
présence des conscrits, des maires, de l'officier de
gendarmerie et de l'officier du recrutement.
Chaque conscrit, suivant l'ordre dans lequel il figure sur la liste,
est appelé à tirer un bulletin
Le nom de chaque conscrit, ses prénoms, son domicile, celui de
ses parents, sa profession sont inscrits vis à vis du
numéro obtenu
Plus le chiffre est élevé, plus le conscrit a des
chances de demeurer civil.
Un n°1 voue immanquablement au départ ; celui qui
dépasse la centaine autorise l'espoir de rester au
village
"
Les jeunes militaires sont alors incorporés pour cinq ans...
au moins.
Le mariage est même, pour certains, une façon
d'éviter la conscription grâce à de faux
certificats !
A la fin du Directoire, il est "insoumis".
Il se marie en 1811.
Il est réformé en 1803 pour défaut de
taille.
Il se marie en 1808.
Les deux frères sont inscrits dans le département du
Rhône, habitant alors à Propières en Haut
Beaujolais.
Il ne semble pas qu'il soit "conscrit" mais nous perdons sa trace
après cette date
Serait il enrôlé comme "Marie-Louise" (nom donné
aux très jeunes conscrits des classes 1814 et 1815
appelés sous les drapeaux dès 1813 sous la signature de
l'impératrice régente) dans les dernières
guerres impériales ?
Evidemment on ne relève aucun VALENTIN
Jean-Marie est déjà réformé depuis
juillet dans le Rhône !
Sont "conscrits" à St Léger, entre autres, "Joseph
BERTOUX, né le 2 avril 1783, laboureur
Jean Marie
DUSSAUGE, né le 20 novembre 1782, laboureur
Pierre
LAROCHETTE, né le 1er juin 1783, domestique" (ces familles
deviendront alliées aux VALENTIN).
Logiquement, Jean-Pierre, né en 1786 à
Propières, devrait être inscrit cette année
là !
Il ne l'est pas non plus dans le Rhône
Bizarre
?
Pour St Léger, on relève les noms de quelques conscrits
:
Il est le dernier de la "liste définitive, par ordre
alphabétique, du canton de Tramayes" :
"n° 78 - VALANTIN Jean-Pierre.
11 7bre 1786 (sa date de naissance en septembre)
1m 625. Propriétaire. Né à Propières.
Résidence personnelle : St Léger.
Noms et prénoms des père et mère : Claude et
Claudine CORJET (en fait, il s'agit de CORGIER)
Domicile des père et mère : St Léger " (R10
archives de Saône et Loire)
Est il possible que notre ancêtre n'ait pu être
recensé en 1806 car il était alors "en transit" entre
le Rhône et la Saône et Loire ?
Ou bien, venant d'arriver après "les opérations de
tirage" de 1806, il soit d'office "admis au tirage" pour 1807
?
Mais les documents "militaires" laissent un blanc de 3 ans et demi,
entre deux conseils de recrutement : celui de Jean-Marie à
Propières, le 11 juillet 1803, et celui de son frère
Jean-Pierre, à St Léger, le 12 janvier 1807.
Il est incorporable après le tirage au sort alors que son
frère (1m 558) est réformé d'office pour
quelques centimètres de moins !
Il a donc de fortes chances de partir à l'armée
d'active.
Comme ses deux frères aînés, Jean-Pierre ne
partira pas à l'armée ni à la guerre.
Il faut faire vite pour trouver un remplaçant.
Mais, au pire, on peut se faire remplacer après avoir
été incorporé
"
Seuls les riches pouvaient se faire remplacer
On mesure le désespoir des familles en de pareilles
circonstances."
février 2001