La famille VALENTIN au Hameau de La Garde et aux Lévriers
à St Léger sous la Bussière, entre 1804 et 1830
  
 

 

laude VALENTIN, "illetéré, de ce enquis"

 

 

En guise de préambule

Ne pas savoir signer de son nom équivaut-il à ne savoir ni lire ni écrire ?
Bien souvent, dans les registres paroissiaux et d'état civil, le rédacteur de l'acte assimile les deux.
Peut-on dire, à l'inverse, que lorsqu'un ancêtre sait signer il sache lire et écrire ?

La lecture des actes "aux parties" pour leur approbation après la rédaction par le curé, le maire ou le notaire sous entend que les personnes concernées ne "lisent pas l'acte" mais "l'écoutent".

Cela entraîne d'ailleurs de fréquentes erreurs d'orthographe et des variantes dans l'écriture des noms de famille : noms écrits phonétiquement, selon ce qu'a entendu le rédacteur.

Cet article n'a aucune prétention "scientifique".
Pour cela, il faudrait dépouiller des milliers d'actes, tirer des statistiques, comparer les époques, les régions…
Ce n'est qu'une modeste contribution à ses vastes questions.

 

Claude Valentin, illétéré

Notre ancêtre Claude VALENTIN est né à Cours, en Haut Beaujolais, le 30 juin 1749.

Lorsque, avec Claudine CORGIER, il établit le 3 septembre 1774, devant Maître THIVEND, leur contrat de mariage, le notaire de Cours indique que ledit ACCARY (un témoin) a signé mais n'ont signé ni MERCIER (aussi témoin) "ny les parties pour ne le scavoir faire, ainsy qu'ils l'ont déclaré".
Quand ils se marient le 18 octobre 1774 à Cours, Claude est, comme l'un des témoins, "illitéré", c'est à dire qu'il ne sait pas lire et écrire.

Quand il fait baptiser son premier garçon Jean-Benoît né le 24 janvier 1778, avec les parrain et marraine, il est précisé "qui n'ont su signer, de ce enquis".
Pour tous les baptêmes de ses enfants, entre 1778 et 1792, il ne signe jamais.

En 1793, le 31 octobre, pour la déclaration en mairie de la naissance de sa fille Pierrette Claudine, "l'officier public" précise avoir signé l'acte "et non ledit Claude VALLENTIN, père dudit enfant…pour ne savoir écrire ainsi qu'il l'a séparément déclaré, de ce interpellé".

Même formule le 11 floréal an quatre (30 mai 1796) pour l'annonce du décès de son fils Pierre "âgé d'environ treize ans".

Le "vingt six nivôse an six de la République (15 janvier 1798)… Claude VALANTIN citoien demeurant audit Propières" comparaît en mairie, accompagné de son fils Jean-Benoît âgé de 24 ans, pour déclarer la naissance de son fils Jean-Antoine.

"L'agent municipal" précise : "J'ai rédigé le présent acte que j'ai signé avec VALENTIN père, non les témoins pour ne le savoir faire, de ce interpellés".

Claude aurait donc appris à signer, à 47 ans, entre mi 1796 et fin 1797.

Mais, bizarrement, sur cet acte ne figure aucune signature de VALENTIN !
Seul VERMOREL, "agent municipal" de Propières y a apposé sa griffe.
Il est vrai qu'il s'agit de la copie des actes d'état civil destinée au tribunal, et peut-être fut-elle rédigée après coup, une fois les déclarants partis.

Claude prend en fermage une terre à Propières.
Le bail est passé devant notaire le quinze ventôse an six (5 mars 1798), acte que toutes les parties signent "à l'exception dudit Claude VALENTIN pour ne savoir écrire ainsy qu'il l'a déclaré…"
En trois mois, il aurait perdu ses rudiments ?
Peut être est-il encore malhabile et préfère-t-il dire ne pas savoir signer ?

Claude VALENTIN, domicilié depuis peu à Saint Léger sous la Bussière, vend à Pierre COLLONGE et Jean GOUILLAND, domiciliés à Propières, un bois appellé Tailli Troncy.

Acte est passé à Matour le vingt deux prairial l'an douze de la République (11 juin 1804), "en présence de Jean Marie BREGON domicilié à Matour, et de Laurent EMIEUX, négociant audit lieu, témoins requis qui ont signés avec VALENTIN, les autres parties ont déclarés ne savoir signer, de ce enquis".

Nous avons, grâce à ce document, sa première signature :

 

Il signera un autre acte notarié cette année là, le 3 thermidor an douze (22 juillet 1804), soit quelques jours plus tard.
Il est intéressant de comparer les deux signatures :

 

En avril 1808, avec son fils Jean-Benoît, il achète la maison et les terres au hameau de La Garde, à Saint Léger sous la Bussière :

 

L'année suivante il rédige son testament.
Il a 60 ans et sa signature est ferme :

 

Michel Guironnet
décembre 2002

 

01

Petite histoire de St Léger sous la Bussière

02

Les Valentin s'installent à St Léger

03

Marraine et conscrit Valentin

04

Mariages des enfants Valentin à St Léger

05

"L'Ogre et les conscrits" (1807) 

06

Achat du domaine de La Garde à St Léger (1808)

07

Revenus des paysans et valeur de l'argent

08

Les "dernières volontés" des époux Valentin

09

Partage de propriété à La Garde (juin 1809)

10

Claude Valentin, "illétéré, de ce enquis"

11

Le mariage de Jean-Benoît (1811)

12

Histoire d'un contrat de mariage "double" (1812)

13

Le prix de la terre (1817)

14

La mort du père Claude Valentin (1821)

15

La descendance est assurée (1821/1826)

16

Les malheurs de Jean-Benoît Valentin

17

La mort de Claudine, la grand-mère (1828)

18

La mort de Jean-Benoît Valentin (1830)

19

Inventaire au domicile de Jean-Benoît Valentin

20

Vente des biens délaissés par Jean-Benoît Valentin

 

vers St Léger sous la Bussière

 

 

 

 

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